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16/07/2015

Grèce : Berlin n'a ni bon sens économique, ni compassion

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L'attitude Schäuble vue par Joseph Stiglitz,

prix Nobel d'économie :


  

<< Ce que l’Allemagne a imposé à coups de bâton est tout simplement inconcevable. C’est aussi de la très mauvaise politique économique. On va continuer à imposer des modèles qui sont contre-productifs, inefficaces et producteurs d’injustice et d’inégalités. Continuer à exiger de la Grèce qu’elle parvienne à un budget primaire en excédent de 3,5 % du PIB en 2018 est non seulement punitif, mais aussi d’une stupidité aveugle. L’histoire récente de la Grèce l’a prouvé. Et cela va continuer à amplifier la dépression dans un pays qui a connu une chute de son PIB de 25 % depuis cinq ans. Au passage, je ne connais aucun autre exemple d’une dépression qui aurait été créée de manière aussi délibérée et dont les conséquences humaines auraient été aussi catastrophiques. Et on en remet une couche encore plus humiliante. >> 

 

<< Même le FMI [...] l’admet désormais : il faut une restructuration de la dette grecque ; mieux, un allégement. Mais l’Allemagne ne veut entendre parler ni de l’un ni de l’autre. Elle dit […] qu’il faut remettre la Grèce sur ses pieds, mais […] impose un programme qui, dans ses actes, la mettra encore plus à genoux. L’intrusion dans la souveraineté d’un pays comme la Grèce, le diktat qu’on lui impose sont très dangereux… Mais cela ne marchera pas plus avec la Grèce que cela a marché par le passé où de telles politiques suicidaires ont été imposées et appliquées. >> 

 

<< La zone euro a été créée pour que des pays se rapprochent. Désormais, elle les pousse à se déchirer et voit les éléments les plus forts dévorer les plus faibles. […] La question se pose : la zone est-elle encore réparable avec des dommages aussi importants ? […] Si la BCE autorise les banques grecques à rouvrir et qu’un accord est renégocié, les blessures peuvent en partie se refermer. Mais si l’Allemagne réussit à utiliser cela pour, in fine, exclure la Grèce, les dégâts seront tellement profonds qu’ils seront irréparables. Certes, la politique de la zone euro n’a jamais été un projet très démocratique. La plupart des Etats membres n’ont pas cherché l’approbation de leurs citoyens pour remettre la souveraineté monétaire de la zone entre les mains de la BCE. Mais au moins, il y avait une vision commune, une forme d’entraide et de solidarité. Cette vision-là est révolue... >> 

 

(Libération, 16/07)

 

 

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Commentaires

MERKEL LA GRECE ET LE MARIAGE

> Mais non voyons, Mme Merkel est le dernier grand chef d'Etat d'Europe. Cela tombe sous le sens puisqu'elle va apprendre les vertus de l'austérité nordique, du travail acharné et de l'économie aux Grecs, trop occupés à profiter du soleil et à bronzer, sans oublier que cette sainte femme tient ferme face au mariage pour tous ! Ce sont les grandes qualités qu'on lui reconnaît dans la twittosphère catholibérale (et sûrement en dehors de la twittosphère).
Après avoir songé à introniser E. Macron,à cause de ses propos sur la figure du roi, nos dignes catholiques libéraux-conservateurs vont-ils la vouloir pour reine ?

AM


[ PP à AM :
Wir wollen unseren alten Kaiser Wilhelm wiederhaben
Aber den mit dem Bart, mit dem langen Bart... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Aurélien Million / | 16/07/2015

ET RÉCIPROQUEMENT

> Nous avions déja le " NON qui est un OUI à l'Europe" . Nouvelle avancée rhétorique et même conceptuelle, dans 'Le Figaro' :
"l'accord n'est peut-être pas viable, mais il est parfaitement sensé."
et réciproquement, on suppose?
http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2015/07/15/31002-20150715ARTFIG00246-crise-grecque-non-le-plan-de-merkel-n-est-pas-injuste.php
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/07/2015

A. MERKEL ET KAISER

> "Wir wollen unseren alten Kaiser Wilhelm wiederhaben
Aber den mit dem Bart, mit dem langen Bart".
Savez ce que cela veut dire pour les non-germanophones ?

AM

[ PP à AM :
"Nous voulons ravoir notre empereur Guillaume
Mais avec la barbe, avec la grande barbe... "
Chanson satirique. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Aurélien Million / | 16/07/2015

PAS D'ACCORD

> Primo (à AM):
Ce n'est pas vrai que Merkel soutient le "mariage pour tous". Elle a maintes fois insisté sur la différence entre le mariage «Ehe» et l'union de deux homosexuels, à laquelle elle refuse d'ailleurs un droit d'adoption.
Secundo: Les Français se rendent un peu ridicules si, d'une part, ils ne savent pas gérer leur déficit budgetaire et, d'autre part, ils crtitiquent la politique financière et économique des Allemands et son auteur Schäuble.
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Écrit par : Etienne / | 17/07/2015

MERKEL ET LE MARIAGE

> A Etienne
Au fond, peu importe sa vraie position face au mariage, ce que je soulignais, c'est que Mme Merkel passe pour une résistante face au "mariage gay" dans le monde "libéral-conservateur" et des groupes LMPT.
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Écrit par : Aurélien Million / | 17/07/2015

RAUS

> Lisez ABSOLUMENT cela, c'est délicieux: http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2015/07/17/31002-20150717ARTFIG00121-pour-que-l-allemagne-sorte-de-l-euro.php
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Écrit par : ND / | 17/07/2015

Vu par Jürgen Habermas:

> http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/5461-grece-philosophe-allemand-jurgen-habermas-gouvernement.html
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Écrit par : Pierre Huet / | 18/07/2015

@ Pierre Huet

> Je suppose que Jürgen Habermas comprend autant de l'économie que moi des mathématiques...
Si vous comprenez l'allemand écoutez plutôt ce que dit le président de l'institut Ifo P. Hans-Werner Sinn: http://www.youtube.com/watch?v=t3Y2Y5LQNz4
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Écrit par : Eliane / | 18/07/2015

PAS LUI

> Drôlement, cela ne fut pas le «génie» Stiglitz qui avait prévu la crise financière de 2008, mais l'économiste allemand Max Otte (probablement inconnu en France) qui l'avait prédit déjà en 2006 dans son livre «Der Clash kommt» - «Le clash viendra».
Tl ne voit d'ailleurs pas d'issue de la misère grecque à l'intérieur de la Zone Euro. (On en reparlera d'ici trois ans...)
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Écrit par : Etienne / | 18/07/2015

UN POINT DE VUE ALLEMAND

> [Pourquoi] «l'euro est l'instrument de la domination allemande»
Cette formule résume plus ou moins les commentaires que je lis dans la presse française et que j'entends dans les chaînes de télévison coomme France 24. Il est stupéfiant combien les perceptions des nations sont divergeantes, voire parfois totalement opposées:
A la veille de la décision du 13 Juillet, le commentateur Klaus Weber disait dans la chaîne de télévision allemande 'Das Erste': «Avec François Hollande et Matteo Renzi dans la nuque, Mme Merkel se décidéra pour l'Europe. » [»Mit François Hollande und Matteo Renzi im Nacken wird sich Frau Merkel für Europa entscheiden.«] Ce qui voulait dire dans la langue européiste de la télévision allemande [qui confond notoirement l'euro avec l'«Europe»], que sous la pression de Hollande et Renzi Mme. Merkel votera contre un grexit.
C'est essentiellement cela aussi que Mme Merkel a confirmé aujourd'hui dans le Bundestag: Pour éviter une rupture de la Zone Euro, elle a dû se plier à la volonté de la France et l'Italie. Hollande et Renzi rejetaient catégoriquement le grexit (même transitoire) que Schäuble avait proposé avec une importante remise de la dette grecque. (Les statuts de la Zone Euro exclurent une remise des dettes nationales à l'intérieur d'elle!).
Il est souvent oublié dans le débat publique que neuf autres pays (la Finlande, la Slovaquie, des pays baltes,...- la majorité de la Zone!) partageaient la position allemande et que certains d'eux exigeaient des réformes plus sévères. Comme un accord requerait le consentement de tous, c'étaient maintenant eux que Schäuble avaient «dans la nuque». Les sévères conditions posées à la Grèce pour de nouveaux crédits furent leur prix.
Même Varoufakis a entretemps compris - et avoué -, qu'un grexit aurait été la meilleur solution pour la Grèce. Non seulement aurait-il permis à dévaluer et à regagner ainsi la compétitivité, mais il aurait aussi été moins douloureux pour les Grecs. Il est une "tragédie grecque", que leur orgueil ne leur permet pas de le reconnaître - et de l'admettre.
Hélas, la France et l'Italie ont fait la sourde oreille aux meilleurs propositions de l'Allemagne et de la moitié des pays la Zone Euro [d'ailleurs en accord avec la majorité de nos économistes].
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Écrit par : Steffen Hein, Munich / | 18/07/2015

@ Eliane

> Habermas, me semble-il, ne s'est exprimé pas en tant qu'économiste mais comme observateur soucieux de la façon dont les différentes nations d'Europe perçoivent son pays, et constatant les dommages bien réels causés par cette affaire.

@ Steffen Hein

> Il y a dans de nombreux pays un conditionnement quasi idolâtrique en faveur de l'euro. C'est particulièrement vrai en France, ou, depuis des siècles, tout ou partie de nos élites dénigre le pays profond. Pour ces gens, les monnaies nationales sont ringardes. Si Schäuble avait été écouté, que n'aurait-on pas lu dans la presse française! Pour ma part je compatis à ce qu'endurent et vont endurer les Grecs. Espérons que ce ne sera pas inutile et que l'euro sombrera dans ce trou noir financier.
Peut-être les négociateurs avaient-il sur la nuque le "fédérateur extérieur " (dixit de Gaulle) de l'Europe, qui verrait d'un mauvais oeil la Grèce appeler le Grand Ami orthodoxe à son secours. Toutefois, c'est reculer pour mieux sauter.
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Écrit par : Pierre Huet | 18/07/2015

FAILLITE

> Pendant ce temps, Porto Rico a cessé de se battre pour éviter la faillite:
http://www.les-crises.fr/faillite-pendant-que-la-grece-lutte-porto-rico-sombre/
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Écrit par : François Sarrazin / | 18/07/2015

DEVANT QUI

> Regard lucide de Diana Johnston sur le contexte géopolitique et aussi les raisons de l'impuissance de la Gauche :
http://www.legrandsoir.info/la-grece-a-capitule-mais-devant-qui-exactement-counterpunch.html#.VavvuVp8tMI.twitter
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Écrit par : Pierre Huet / | 20/07/2015

Les commentaires sont fermés.