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14/06/2015

"Avec ce qui est petit, Dieu fait de grandes choses"

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Lectures catholiques de ce dimanche - L'amour, la grâce et notre "ajustement" (transformation radicale) :  


 

 

<<  Nos existences ne ressemblent-elles pas souvent à des paraboles dont nous perçons de temps en temps le sens quand nous réussissons à le demander avec confiance au Seigneur ? Demander avec confiance, pour un disciple du Seigneur, consiste à accepter de cheminer dans la foi, sans voir, mais avec dans le coeur la ferme assurance que s'il cherche d'abord à travailler pour le Royaume, ses efforts finiront par porter du fruit comme « le blé plein l'épi » ou « la graine de moutarde » qui finit par « étendre ses branches » (évangile d'aujourd'hui : Marc 4,26-34). Or le principal fruit (1ère lecture : Ezéchiel 17,22-24) de la vie du disciple, duquel dépend le jugement final « devant le tribunal du Christ (2ème lecture : Paul, 2Corinthiens 5,6-10), c'est la charité [1]. N'ayons pas peur ! Avec ce qui est petit, Dieu fait de grandes choses ! Avec les êtres fragiles que sont les hommes, en leur accordant sa « grâce » [2], Dieu peut communiquer son amour et permettre de « répondre à [son] amour » par le service sans compter du prochain.  >> 

Parole et prière, juin 2015

 

 

[1] Charité.Ce mot (dont le sens courant s'est rétréci au fil des siècles) a une portée infinie. Originellement, la caritas est à la fois :

le mystère même de Dieu-Trinité : d'où son amour de Créateur pour sa créature, exprimé par la Bible (« l'histoire sainte ») et porté par le Fils éternel mourant sur la croix « lieu de l'amour parfait » ;

le don de l'Esprit Saint : créant en l'homme « un coeur nouveau » (Jérémie 31,33 ; Ezéchiel 36, 25), Il fait comprendre « du dedans » ce que Jésus a dit aux hommes, qui sont ici désormais « à égalité sans distinction de temps ni de race » (P. Claude Wiéner) ;

l'amour fraternel : en germe dans l'Ancien Testament (Genèse, Exode, Deutéronome, prophètes), il éclôt dans le Nouveau  sur le modèle de l'amour même de Dieu. Venu de Lui, il retourne vers Lui via l'amour dû par chacun à tous – puisque « nous sommes le Corps du Christ »...

Une fois compris cela, on comprend l'essentiel de la démarche catholique telle qu'elle devrait être toujours et partout :

– la « charité » chrétienne est universelle : elle ignore toute barrière ethnique, sociale  ou religieuse, contrairement à ce que croient (contradictoirement mais symétriquement) les cathophobes et certains cathophiles...

– les propositions de vie catholiques s'adressent aux hommes et femmes sachant dans la foi que (par exemple) le mariage chrétien est un don mutuel total à l'image de l'abnégation du Christ... La chute verticale du nombre de mariages – même civils – dans la société de 2015 a la même origine que le recul massif de la foi catholique : une société libérale donc hyper-individualiste, fermée à toute transcendance et installant l'éphémère.

Sans la caritas (universaliste par surnature), la « religion » deviendrait syndicat de « défense de nos valeurs » : elle serait un contre-témoignage, propre à aggraver le recul massif de la foi dans la société présente. Tout doit être fait pour éviter cette dégénérescence, discrètement évoquée par le pape François lorsqu'il a reçu le groupe de jeunes Français la semaine dernière. Rappelons que parmi ceux-ci il y avait les musiciens-évangélistes du groupe Glorious, remarquablement conscients du risque et de la façon de l'éviter ! Jean 17,35 souligne que l'amour vécu par les disciples (entre eux et envers tous)  est le signe au travers duquel le monde peut reconnaître Jésus comme l'envoyé du Père ; pour que ce signe soit vécu et manifesté, la première condition est que les disciples soient tous guéris de la tentation d'ériger un catholicisme « de combat » qui ne serait plus chrétien. Il va falloir beaucoup en parler cet été, dans les rencontres de travail qui s'organisent un peu partout.

 

[2] Grâce. Venu du latin gratia, ce mot français transpose à la fois : 1. le mot grec charis, lequel transpose le mot hébreu  hén (« témoignage concret de la bienveillance ») ; 2. le mot grec eleos, qui transpose le mot hébreu hésèd (« fidélité dans l'aide agissante »). Chez saint Jean, charis-gratia désigne une relation spirituelle « organique », le Salut instauré pour l'homme par Jésus Christ : « le don rayonnant de la générosité du Donateur enveloppant la créature qui le reçoit » (P. Jacques Guillet). Si le mot grâce définit une relation « organique » divino-humaine, c'est qu'il désigne à la fois la Source du don (la personne du Christ) et son effet chez celui qui le reçoit : les dons – les « grâces » qui témoignent du rayonnement de la générosité du Donateur. Elles ne sont pas « méritées » par l'homme (par un légalisme ritualiste) mais données par Dieu, de façon libre et gratuite, à partir de l'inouï sacrifice du Fils   précise Paul dans la lettre aux Romains, 4,14.

L'activité du chrétien doit donc être (par grâce) apostolique. C'est-à-dire extravertie... Le Christ ne dit nulle part « défendez vos valeurs », mais : « de tous les peuples faites des disciples », et même : « proclamez l'Evangile à toute la création ». Il ne s'agit pas d'une affirmation d'identité, mais de la démarche radicalement inverse : sortir de soi, pour répondre et correspondre  « à la grâce » (2Corinthiens 1,12). Quand l'Ecriture dit que Dieu nous « justifie », ça ne veut pas dire qu'il justifierait nos réflexes : mais, au contraire, qu'Il nous ajuste (justice = justesse) à sa volonté.

« Telle est la justification opérée par la grâce (Romains 3, 23 s.) : de pouvoir être devant Dieu exactement ce qu'Il attend de nous, des fils devant leur Père (Romains 8, 14-17; 1Jean 2,1 s.)... »

Cette volonté divine est souvent l'inverse de nos réflexes. Et comme notre instinct est de préférer nos réflexes à la volonté divine (c'est le fond de tous les intégrismes), nous devons prier pour demander la grâce de « sortir », comme dit le pape François, de nos réflexes : « dépouiller le vieil homme », comme dit Paul dans la lettre aux Ephésiens (4,17-24). « Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée. Revêtez-vous de l'homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité. »