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03/05/2015

Allemagne : bonne et mauvaise conscience

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Relents chez Sloterdijk  /  mais courage du président Gauck :


 

 

Dans son nouveau livre [1], le philosophe allemand Sloterdijk déploie une bonne conscience suspecte à propos de ce qu'il nomme un « krach mental » de la France. Ce krach est, dit-il, l'échec historique des Français à s'adapter à la modernité atlantique, puis à la mondialisation libérale [2]... L'Allemagne a su s'adapter, souligne-t-il : « après 1945 elle s'est remise à repenser [3] de fond en comble ses valeurs traditionnelles » ! Mais la France, pour sa part, n'a pas su s'adapter... La France  a choisi la voie maladive... Elle s'est créé, affirme Sloterdijk, « deux types de fausses consciences » : prétendre « que les Français avaient gagné la guerre aux côtés du général de Gaulle en adhérant à la Résistance », et prétendre « aussi avoir gagné la guerre mais aux côtés du camarade Staline, en adhérant symboliquement à l'Armée rouge ». Voilà la faiblesse française : avoir trouvé ces deux postures ! Selon Sloterdijk, cette « double mythologie » a tenu jusqu'à la fin du XXe siècle : et c'est ce qui explique, selon lui, que la France ait tardé à se soumettre à l'ordalie du Global (dont juin 1940 avait été un bon prélude). Bien sûr, le professeur allemand s'afflige pour cette si gracieuse France où il faisait bon vivre : « Elle aura toujours été pour moi cette fiancée tant aimée, tant désirée, tant admirée que l'on n'a pourtant jamais pu épouser... » Promenade, mademoiselle ?

Ignorant les réalités du système ultralibéral (que pourtant il prône), et retournant étrangement aux années 1940, la dissertation de Sloterdijk est elle-même une mythologie. Mais elle n'est pas absurde : elle donne une impression de redite, de déjà vu, quelque part entre les mondanités littéraires du capitaine Jünger en 1941 [4] et le mépris du maréchal Keitel outré, le 11 mai 1945, de voir le drapeau français parmi ceux des Aliés : « und die Franzosen auch !!! ».

Sloterdijk fait aussi penser à cette aile (peu connue) des néos actuels, qui trouvent à l'ultralibéralisme une joyeuse dimension darwiniste augmentée par l'électronique.

Voilà pour la bonne conscience allemande.

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Keitel : "Und die Franzosen auch !!!"

 

Voyons maintenant la mauvaise concience. Elle est plus honorable. Dans une déclaration-choc à la Südddeutsche Zeitung (2/05), le président de la République allemande, Joachim Gauck, contredit tout le gouvernement Merkel (et le patronat berlinois) au sujet des réparations de guerre que l'Allemagne refuse à la Grèce : « Nous sommes, déclare-t-il, les descendants de ceux qui ont laissé un sillage de destruction derrière eux en Grèce... Il est juste qu'un pays aussi conscient de son histoire que le nôtre évalue quelles possibilités de réparation il peut y avoir. » Prononcées par le respecté Gauck, chef honorifique de l'Etat, ces paroles donnent raison à l'ancienne revendication grecque, réexprimée récemment par Alexis Tsipras. Le président Gauck met ainsi en difficulté morale le vice-chancelier SPD Sigmar Gabriel, qui qualifiait de « stupide » la demande de réparations, et la chef de file de la CSU bavaroise, Gerta Hasselfeldt, qui traitait cette demande de « manoeuvre de diversion bon marché »... Mme Hasselfeldt fait profession de catholicisme : encore un cas de déconnection entre la théorie et la pratique ! Quant à M. Gabriel (fils de l'un des 8,5 millions de membres du NSDAP), et à presque tout le reste des dirigeants allemands, ils croient avoir intérêt à maintenir la « fausse conscience » – comme dirait Sloterdijk – consistant à déclarer que « la question des réparations est juridiquement et politiquement close ». C'est une affirmation beaucoup moins excusable que le gaullisme ex-post des Français en 1945. Et c'est une falsification historique, comme le président Gauck vient de l'avouer avec courage : honneur à lui.

  

> L'occupation allemande de la Grèce : 476 millions de reichsmarks (11 milliards d'euros) de crédit forcé auprès de la banque nationale grecque en 1942 ; spoliation de la production économique grecque ; crimes de guerre massifs en 1944.

 

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[1] Ma France (Libella/Maren Sell, 2015).

[2] Mondialisation libérale dont le professeur allemand  donne cette définition effarante : « prescrire la liberté dans le cadre de la loi et des normes juridiques de l'Etat ». On reste muet devant ça. 

[3] Überpleonasmus.

[4] Journal parisien, in Journaux de guerre (Julliard 1990).

 

 

13:37 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : allemagne, grèce

Commentaires

JÜNGER

> Texte fort juste, mais rendons justice au capitaine Jünger, lequel écrivit dans la suite de ses journaux, le 16 mai 1945 :
"Cependant, nous ne pouvons nous dépouiller de notre appartenance à notre peuple. Il est dans la nature des choses que le malheur de notre famille, les souffrances de notre frère nous poignent plus cruellement – et aussi que nous soyons plus étroitement associés à sa faute. Elle est nôtre. Il nous faut verser caution pour elle, la payer."
Cela n'ôte rien à l'ambiguïté de ses mondanités parisiennes, mais force est de reconnaître qu'il avait une mauvaise conscience qui semble encore manquer à quelques Allemands des décennies plus tard.

sven laval


[ PP à SL - Exact. Il note aussi dans son journal son horreur devant "les abattoirs de l'Est", et parle en détails de la Shoah (p. 588 dans l'édition Julliard), y compris l'utilisation des gaz. N'en déplaise aujourd'hui à JMLP. ]

réponse au commentaire

Écrit par : sven laval / | 03/05/2015

PRESCRIPTION, PROSCRIPTION

> PP, vous vous étonnez de la définition de la mondialisation libérale.
C'est seulement qu'il n'y a plus de poste de relecteur, et donc qu'une coquille est restée : il faut naturellement lire proscrire la liberté, et non prescrire la liberté.
Euh, à la réflexion, la coquille a été laissée à dessein. Les gens ne sont peut-être pas encore assez aveulis pour accepter sans murmure la définition exacte.
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Écrit par : Bernadette / | 03/05/2015

WEHRMACHT

> Un livre qui m'a touché: "Examen de Conscience - Nous étions vaincus mais nous nous croyions innocents", écrit et publié en France par August von Kageneck, où il traite de la démission de la Wehrmacht devant le Parti et ses SS et les Einsatzgruppen, au mépris de son code d'honneur.
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/05/2015

AMERIKA

> Selon Sloterdijk, il ne faut pas se référer à de Gaulle. Ni au rôle de la Russie dans la guerre. Par différence, que reste-t-il? Un bel exemple du tropisme américain de beaucoup (trop) d'Allemands. Les USA sont le seul vainqueur qu'ils acceptent.
Ce qui explique peut être bien des aspects de la "construction européenne".
Et rappel: la claque infligée par le Bundestag au chancelier Adenauer après le traité franco-allemand, exigeant la réaffirmation de la priorité de l'alliance américaine.
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/05/2015

NIETZSCHÉEN 3.0

> Sloterdijk est avant tout un nietzschéen 3.0 et l'avoue lui-même, doublé d'un heideggerien dans le style (ma bibliothèque recèle de quelques-unes de ses oeuvres qui pourraient faire l'objet de lectures pour égayer des soirées d'hiver : à côté Derrida est limpide).
Il tente d'être original sans être dissonant, car il tient à son business.
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Écrit par : perlapin / | 03/05/2015

@ Pierre Huet

> "Selon Sloterdijk, il ne faut pas se référer à de Gaulle. Ni au rôle de la Russie dans la guerre. Par différence, que reste-t-il ? Un bel exemple du tropisme américain de beaucoup (trop) d'Allemands. Les USA sont le seul vainqueur qu'ils acceptent."
De ce côté-ci du Rhin, quelque chose qui irait dans le "bon" sens, du point de vue de l'affaiblissement du lien franco-allemand: le flinguage programmé de l'enseignement de l'allemand, à l'occasion de la prochaine réforme du collège.
http://www.europe1.fr/politique/reforme-du-college-ayrault-s-inquiete-pour-l-allemand-2429625
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Enseignement-de-l-allemand-les-craintes-persistent-2015-04-23-1305594
http://adeaf.net
http://blogs.mediapart.fr/blog/pascale-fourier/300415/stephane-le-foll-faux-chiffres-pour-vraie-disparition-de-lallemand-au-college

Menace suffisamment sérieuse pour que les autorités allemandes s'en soient émues :
http://www.lepoint.fr/monde/education-le-projet-de-najat-vallaud-belkacem-qui-agace-les-allemands-21-04-2015-1923145_24.php
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Écrit par : Feld / | 04/05/2015

AUTODESTRUCTION ?

> Les Allemands ont une attitude que, dans le monde, seuls les Français n'ont pas : tourner l'histoire à leur avantage. Avoir un point de vue, c'est déjà avoir une vue : nous Français n'avons plus aucune perspective, même partielle. Les Allemands étaient les plus condamnables après 1945, mais ce sont les Français qui se sont eux-mêmes condamnés à mort. Pendant que les Allemands avaient le sentiment d'écrire une nouvelle page glorieuse de leur histoire avec une politique de prise de conscience et de purification post-nazies - ce qui leur permet aujourd'hui de se montrer arrogants avec les autres pays d'Europe - la France se dénigrait et se détruisait doucement, se préparant un rôle de dominé.
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Écrit par : Guadet / | 04/05/2015

JOUISSANCE

> Il suffit de voir avec quelle jouissance les intellos français ont déchiré à partir des années 1970 le mythe tonique de la "France résistante", qui était bien un mythe mais qui servait à tenir le pays debout moralement. Le sommet de l'infamie fut atteint une fois de plus par BHL décrétant que les résistants avaient résisté "pour de mauvaises raisons".
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Écrit par : J. Sarda / | 04/05/2015

@ Guadet

> "Les Allemands ont une attitude que, dans le monde, seuls les Français n'ont pas : tourner l'histoire à leur avantage."
Autre façon de voir les choses : notre propension à porter toutes les fautes du monde, quitte à nous auto-flageller injustement, n'est-elle pas la contrepartie de la vocation universelle de la France, de sa vocation... christique ?
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Écrit par : Feld / | 04/05/2015

@ Feld

> Oui, tout à fait, l'auto-dénigrement français est sans doute parti d'un orgueil immense. C'est bien pour cela qu'une attitude plus positive serait le signe non seulement d'un redressement moral de la France, mais aussi d'une plus grande humilité facilitant et apaisant les relations avec les autres nations.
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Écrit par : Guadet / | 05/05/2015

TOUS LES PEUPLES

> Encore faudrait-il que la France ait une vocation universelle particulière et surtout christique.
Cette idée de vocation universelle de la France est une invention de la Révolution française qui n'avait rien de catholique (ce qui ne veut pas dire que l'AR l'était).
Elle a été reprise par les ultras dans un sens monarchiste et catholique après 1830, et peu à peu développée après 1870 chez les rombières déçues que le comte de Chambord ait renoncé.
Plutôt que de dire que nous avions perdu par notre faute, par notre désunion engendrée par nos égoïsmes fruits de notre " des-évangélisation", on a raconté que l'effondrement était dû au complot satanique contre la fille aînée de l'Eglise des 40 rois descendants de David par Clovis, qui ont fait la France."
(sic, reprenez votre respiration).
On est allé jusqu'à inventer de fausses prophéties, à déformer les vraies, à violer le secret de l'instruction de l'enquête canonique sur La Salette, à raconter qu'un livre publié au XVIe siècle et conservé à la bibliothèque de l'Arsenal contenait l'annonce de la Révolution et "du relèvement-qui-viendrait-lorsque-Dieu-montrera-enfin à son-peuple-le-roi-selon-son-cœur- et qui-sera-des-lys-et que-tout-sera-merveilleux, il-sera-l'épée-de-Dieu-sur-terre..."
Sauf que le livre en question (le mirabilis liber) ne contient rien de la sorte et quand bien même, il s'agit d'un ramassis d'élucubrations !
Aussi bête que les niaiseries du prétendu St Malachie.
Ces histoires ne sont rien d'autres que l'équivalent vaguement christianisé de faire tourner les tables.
Il faut fuir ces trucs-là comme la peste.
Cela détourne de ce qui compte vraiment.
A raconter qu'on a une vocation universelle, on finit par ne plus faire son travail chez soi et à se croire supérieur.
Nous avons les Évangiles et le catéchisme, et directement reliés à la question "Mémoire et identité" de Jean Paul II, ainsi que les actes du colloque du Puy sur la prière pour la France et le rôle des nations, organisé par feu Mgr Brincard et le Père Peyrous.
Tout le monde a des talents donc une vocation.
Toutes les nations (au sens biblique du terme, pas au sens rousseauiste, évidemment) sont faites pour vivre l’Évangile et l'exprimer selon leur génie, leur personnalité, pour le bien de tous.
Une nation c'est un ensemble de personnes unies par une même culture disait Jean-Paul II.
Comme toute culture développe des qualités, des compétences, des perceptions, chaque nation a donc vocation à apporter un éclairage particulier sur l’Évangile (comme chaque époque, chaque architecture d'église, chaque rite, chaque soin apporté aux choses, etc.)
La France a développé une culture remarquable (comme les Grecs en leur temps), elle a donc apporté plus que les autres .
C'est tout.
Il ne faut pas chercher un sort particulier là où il n'y a qu'un principe immanent.
"Aide-toi le Ciel t'aidera", ou encore "Qui cherche trouve" : tant qu'une culture rime avec
-recherche de la Beauté dans les arts,
-recherche de la Vérité en sciences, en philosophie, en littérature, etc
-recherche de la Justice en politique,
Eh bien cette culture TROUVE.
Elle trouve le chemin de la Beauté qui est le visage de Dieu, de la Vérité et de la Justice qui SONT Dieu.
Que les peuples et les cultures entrent dans l'histoire du Salut !
C'est leur vocation, ils seront vivants quand ils y entreront.
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Écrit par : E Levavasseur / | 05/05/2015

@ Eric

> Tout ce que tu dis est vrai. Comme toutes les nations, la France a une place particulière dans le plan d'amour de Dieu. Comme a pu le dire JP II, la France est "éducatrice des peuples", pour le meilleur et pour le pire.
Tout ce qui se passe en France, en bien ou en mal, a mystérieusement des répercussions dans le monde entier.
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Écrit par : Feld / | 05/05/2015

GAUCK

> Je m'en doute que l'attitude de Gauck soit si « honorable ». Cela lui coûte peu d'être « généreux » avec un salaire annuel de 217000 euros jusqu'à la fin de sa vie. Mais qu'en dit la retraitée allemande avec sa rente moyenne de moins de 700 euros (en France 840 euros) qui déjà aujourd'hui ne sait pas comment s'en sortir. Car les «indemnisations» dont Gauck parle seront payées, comme toujours, par des «reformes» - par l'«économie dans le secteur social».
Les victimes des crimes de guerre allemandes ne sont pas les Grecs d'aujourd'hui - tout comme les Allemands d'aujourd'hui ne sont pas les coupables. Il est trop limpide que le gouvernement grec veut résoudre un autre problème...
Juridiquement, la question de la dette de guerre allemande a été clôturée par le contrat «Deux plus Quatre» du 12. Septembre 1990, signé auusi par les Grecs.
Si l'on veut dresser de bilan de la «dette historique morale» du monde, où va-t-on commencer? Chez Louis XIV qui s'est emparé de l'Alsace-Lorraine?
En plus, n'y a-t-il pas un élément personnel (le fait que son père était nazi) qui se mêle dans les propos de Gauck? Il est intéressant d'observer que ce sont souvent des fils des nazi (Sigmar Gabriel, Jürgen Trittin,...) qui cultivent un quasi orgeuilleux mythe d'une éternellle et singulière culpabilité héréditaire.
Comme il n'y avait des membres de la NSDAP dans ma famille - mais maintes victimes de nazis, imprisonnés politiques et bon nombre des soldat morts... -, je ne me vois pas dans cette lignée d'éternelle pénitence.
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Écrit par : Gert Gebhard / | 06/05/2015

SLOTERDIJK

> Pour ce qui est de Sloterdijk, l'ayant souvent entendu dans l'émission télévisée «Philosophisches Quartett», je me suis maintes fois demandé comment ce « nietzschéen » autoproclamé a pu acquérir le renommé de grand philosophe. Avec son langage lourd, son allemand tarabiscoté, ses tournures ampouleuses, voire nébuleuses, il est presque l'antipode de Nietzsche (au moins du point de vue linguistique...).
Je crois que son libéralisme sans transcendance, sa »Kritik der zynischen Vernunft«, s'est adapté parfaitement bien à l'air du temps. Sa philosophie fournit la base bienvenue - sinon morale, au moins idéologique - de l'hédonisme de notre époque.
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Écrit par : Gert Gebhard / | 06/05/2015

FRANÇAIS

> „Les Allemands ont une attitude que, dans le monde, seuls les Français n'ont pas : tourner l'histoire à leur avantage.“ ( etc. )
Il y a des Français, paraît-il, qui en tirent au moins un „avantage“: une arrogance vertigineuse – et une vision infatuée de soi.
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Écrit par : Jeanne / | 06/05/2015

@ Jeanne

> Ce que vous dites : "une arrogance vertigineuse – et une vision infatuée de soi."
est à mettre en parallèle avec ce que dit Gert Gebhard :
"un quasi orgueilleux mythe d'une éternelle et singulière culpabilité héréditaire. "
Cette complaisance dans la contemplation de ses fautes, que ce soit les siennes propres ou celles du peuple auquel on appartient, est aussi une forme d'orgueil.
"Ma faute est si grande ! trop grande ! jamais on a péché comme Moa. Regardez comme je suis bien, tout le monde m'a pardonné mais pas Moa, plus personne ne veut plus en parler mais Moa je continue éternellement à en parler car je veux qu'on sache que je m'en veux, que je suis si bien que je ne me pardonne pas."
Il y a des gens qui font payer aussi cher leur repentir que le mal qu'ils ont commis.
Il y a un côté Raymond Devos : "plus personne ne veut qu'on parle de mes fautes alors je veux qu'on en discute."
Ce plaisir capiteux à déballer ses fautes, à s'y vautrer longuement, est je crois la conséquence de l'esprit cocardier : déçu de constater qu'on est pas le plus fort, on braille qu'on est le plus faible, c'est une autre manière de parler de soi, de se complaire en soi-même.
Au fait que faisaient les collabos ? ils ne cessaient de médire de la France pour se faire bien voir de l'occupant : "heureusement que vous êtes là, sinon, on ne s'en sortirait pas, vous allez nous régénérer, etc etc"
Les atlantistes ont le même langage : "pff, la France... (yeux au ciel), il faut faire comme aux Etats-Unis mais ici c'est ... tellement français (moue de dégoût)... vous comprenez, avec ce lourd héritage latin et catholique..."
Ce sont des gens qui ont totalement adopté la vision WASP, la vision du boutiquier londonien du XVIIe siècle (= les Françaises sont des salopes, les Français des paresseux viveurs, tous sont légers et lâches).
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Écrit par : E Levavasseur / | 21/05/2015

VASSALES

> Est-ce une particularité de ce temps? toujours est-il qu'on voit nombre d'exemples de cet oxymorique concept de nationalisme vassal. L'Allemagne, comme le Japon ont pris une revanche économique sur la défaite militaire grâce à un ralliement sans condition au libéralisme anglo-saxon et une déculturation d'une rapidité sans exemple. Ainsi l'Allemagne a-t-elle fini par bazarder son modèle de dialogue social, corrompt-elle sa langue encore plus que nous etc.
Elle est passée sans beaucoup transition de l'orgueil NSDAP de la haine de l'autre, à l'orgueil libertaire de la haine de soi, du moins dans sa face officielle.
Mais que M. Sloterdijk se rassure sur la France, nous rattrapons notre retard: ex "le choix de l’anglais par Mme Anne Hidalgo, maire de Paris et présidente de l'Association internationale des maires francophones (AIMF), comme langue officielle de la rencontre « Hacking de l’Hôtel de Ville » qu’elle a organisée le mercredi 20 mai 2015 afin de rassembler de jeunes entrepreneurs. "
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Écrit par : Pierre Huet / | 21/05/2015

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