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15/03/2015

"Dieu a envoyé le Fils dans le monde non pour condamner le monde, mais pour qu'il soit sauvé par Lui"

 Henry-Ossawa-Tanner Study-for-Nicodemus-Visiting-Jesus.jpg

         Pour nous, disciples du Fils,  un examen de conscience :


 

Jean 3:16-21

16 Oui, Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu'ils aient la vie éternelle. 17 En effet, Dieu a envoyé le Fils dans le monde non pas pour condamner le monde, mais pour qu'il soit sauvé par lui. 18 Celui qui met sa confiance en lui n'est pas condamné, mais celui qui n'a pas foi en lui est déjà condamné, car il n'a pas mis sa confiance en la personne du Fils unique de Dieu. 19 Et voici en quoi consiste sa condamnation : c'est que la lumière est venue dans le monde, mais les hommes lui ont préféré les ténèbres, parce que leurs actes sont mauvais. 20 En effet, celui qui fait le mal déteste la lumière, et il se garde bien de venir à la lumière de peur que ses mauvaises actions ne soient révélées. 21 Mais celui qui a une conduite conforme à la vérité vient à la lumière pour qu'on voie clairement que tout ce qu'il fait, il l'accomplit dans la communion avec Dieu...

 

C'est un fragment du discours de Jésus à Nicodème. Ce dernier est un personnage historique attesté par ailleurs : Nicodèmos est la version grecque (usage d'époque) du prénom du notable judéen Naqdimôn ben Gouriôn, membre du sanhédrin de Jérusalem. On le retrouve en Jn 7:50 et 19:39... « Maître » au sein du réseau pharisien, Nicodème sympathise pourtant (en secret [1]) avec l'enseignement de Jésus [2]. Il n'est donc pas de ceux qui clament leur malaise doctrinal devant ce Jésus dont lpastorale accomplit la Loi en la libérant du légalisme. [3]

L'évangile de Jean est la charte de cette libération, souligne André Chouraqui : « Désormais l'adhérence à Iéshoua conditionne non seulement l'appartenance de l'homme à la communauté nouvelle qu'il fonde, mais le salut du monde lui-même. »

Le salut ? C'est de mettre en Jésus sa foi : c'est-à-dire sa « confiance ». (Son « adhérence »,  hébraïse André Chouraqui).

Qui ne mettrait pas en Lui sa confiance ?  Dans cet évangile selon Jean, Jésus dit à Nicodème :« Celui qui fait le mal déteste la lumière, et il se garde bien de venir à la lumière de peur que ses mauvaises actions ne soient révélées.» 

Ainsi, commentent les exégètes, « Jean semble suggérer qu'au fond de lui-même, celui qui fait le mal en est conscient, et donc s'efforce de le cacher aux autres et peut-être de se le cacher à lui-même. L'homme a donc une conscience coupable, mais il n'est pas prêt à renoncer à son péché. »

Cette schizoïdie de l'homme explique-t-elle la violence du « rejet de la culpabilisation », qui nous anime depuis le triomphe de la mentalité néolibérale ? Explique-elle par conséquent la violence du rejet « des religions » par notre idéologie officielle ?

Sans doute. En partie. Mais les chrétiens occidentaux (ce qu'il en reste) auraient tort d'en déduire une vision manichéenne du monde : « eux » contre « nous » ! Ce serait contraire à l'Evangile. En Jean 3:17, le Fils ne vient pas condamner le monde mais le sauver. Cela veut dire : faire connaître la lumière à l'humanité, non former une secte repliée sur elle-même.

Cela ne veut pas non plus dire : approuver le sombre de ce monde, mais ouvrir le chemin de la lumière à « ceux qui sont assis dans les ténèbres » (psaume 107 v.14, Isaïe 9:1, Matthieu 4 :16, Actes 26:18).

Comment « ceux qui sont assis dans les ténèbres » auront-ils le sentiment qu'il existe une lumière, si les porte-lumière donnent le sentiment d'être des éteignoirs ?

C'est tout le problème de la nouvelle évangélisation. Et la raison du discours du pape François à la Curie :  appel à ne pas donner du catholicisme un visage rebutant.

D'où l'urgence, pour nous laïcs catholiques, d'un travail de discernement à propos de nos réflexes, de nos attitudes et de nos mots d'ordre parfois obsessionnels : ces mots d'ordre qui tourbillonnent sur Twitter sans souci de l'effet produit. Twittons-nous pour concrétiser des intentions évangéliques ? Bien ! Twittons-nous pour parader, « parti catho » auto-proclamé ? Mal ! Et si ce parti véhicule des leit-motive incompatibles avec les paroles de Jésus, nous nous retrouvons pharisiens, voire sadducéens : posture gênante à l'approche du Vendredi Saint... C'est l'heure d'un examen de conscience pour nous tous. 

 

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[1] En secret parce que c'est dangereux. Nicodème vient voir Jésus de nuit : « vraisemblablement par peur, comme cela est souligné dans plusieurs passages de notre document [l'évangile selon Jean]... L'auteur même de notre document ne veut pas être nommé, et le traducteur en langue grecque ne le nomme pas. Peur de qui ? Des hautes autorités de Jérusalem, évidemment, comme notre document le dit expressément, ainsi que le livre des Actes, plusieurs passages des lettres de Paul, et le livre de l'Apocalypse. » (Claude Tresmontant, Evangile de Jean, F.X. de Guibert 1994).

[2] Nicodème, comme Joseph d'Arimathie, est sans doute membre de la tendance Hillel du mouvement pharisien (celle qui défendra les droits légaux de Jésus au sein du sanhédrin). Jésus n'est pas pour autant « un pharisien », comme le voudrait un certain néoconformisme religieusement-correct depuis plus de trente ans : il suffit de lire les polémiques du rabbi galiléen, par exemple chez Luc (11:37 à 12:12). Constat d'André Chouraqui (Johânan, JC Lattès 1993) : « L'évangile de Jean est en grande partie la réponse donnée par le christianisme naissant à la théologie pharisienne qui voyait le salut d'Israël dans son repliement autour de la tora elle-même, entourée d'une haie pour la protéger contre le risque de voir disparaître les derniers survivants d'Israël et les vestiges de sa langue, de sa culture et de sa religion. »  Des prédécesseurs du cardinal Burke ?  

[3] Ces pharisiens et leur surenchère pour la conservation-des-valeurs sont disqualifiés par Jésus. Ils vont donc s'allier aux sadducéens pour Le faire crucifier... Le légalisme est une tentation meurtrière : pervertir la "fonction de service" en "pouvoir sur les mentalités", dévier la mission spirituelle en mépris de l'humain ! D'où, aujourd'hui, certaines allergies au très christique pape François.

 

 

Commentaires

CONCURRENCE

> N'oublions pas la concurrence victimaire par rapport aux juifs et aux musulmans, que l'on retrouve chez un certain nombre de catholiques, notamment des journalistes, et qui se diffuse comme un poison.
Ou encore l'attitude purement réactive qui consiste à dénigrer l'autre pour se croire grandi: ainsi, la façon dont toute une frange du catholicisme français a faite sienne la cause de Sylvain Gouguenheim, - l'Islam étant, par excellence, la figure adverse de la Chrétienté. Mais alors, nous avons dérivé d'un désaccord engageant la foi à une guerre des civilisations.
Toujours cette obsession de la frontière! on se croirait au Far West. L'embêtant, c'est que dans les westerns, les cow-boys n'évangélisent pas les Indiens : ils leur tirent dessus.
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Écrit par : Blaise / | 15/03/2015

LES PHARISIENS

> Le monde pharisien ne devait pas être homogène, puisque les écoles d'Hillel et de Shamaï se "chamaillaient", et que le Talmud dit, si je me souviens, quelque part qu'il y a sept sortes de pharisiens et qu'une seule est honorable.

AM

[ PP à AM :

En fait il y en a deux sur sept. C'est dans le Talmud de Jérusalem, traité Berakot IX, 14b :
"Il y a sept espèces de pharisiens :
- le pharisien qui courbe les épaules et étale sa piété aux yeux du monde entier;
- le pharisien qui reprend sans cesse sa lecture et pense devoir accomplir encore un commandement de plus :
- le pharisien accommodant, qui se fait discret sur le compte des bonnes et mauvaises actions, afin de commettre le péché tout en disant qu'il accomplit les commandements ;
- le pharisien parcimonieux, qui se vante de tout économiser pour donner son argent aux bonnes œuvres ;
- le pharisien culpabilisé, qui demande aux gens de lui dire quels péchés il a commis ;
- mais il y a aussi le pharisien qui accomplit le bien par crainte de Dieu, comme Job ;
- et le pharisien qui accomplit le bien par amour de Dieu, comme Abraham." ]

réponse au commentaire

Écrit par : Aurélien Million / | 15/03/2015

LE TABLEAU

> De qui est ce magnifique tableau ?

JG


[ PP à JG - Il est beau, oui. Mais là où je l'ai trouvé, il n'y avait pas de légende. Donc j'ignore l'auteur. ]

réponse au commentaire

Écrit par : JG / | 15/03/2015

PHARISIENS (2)

> Les "sept espèces de pharisiens" sont aussi mentionnées dans le Talmud de Babylone, traité Sotah 22b (cité par le théologien luthérien allemand Joachim Jeremias, spécialiste du Proche-Orient ancien, dans 'Jérusalem au temps de Jésus' - Cerf 1967) :
"le premier nommé est le "parouch ('pharisien') chikmi" : sa pratique religieuse est guidée par des motifs impurs."
Schalom Ben-Chorin ("Mon frère Jésus", Seuil 1983) ajoute : "le type de pharisien de plus dangereux, c'est celui qui s'entoure de fausses apparences, et c'est sur lui que tombe la lumière crue de l'Evangile."
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Écrit par : PP / | 15/03/2015

PRECISION

> Merci beaucoup M. de Plunkett pour ces précisions sur les sept sortes de pharisiens !
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Écrit par : Aurélien Million / | 15/03/2015

@ JG,

> d'Henry Ossawa Tanner (j'ai été mis sur la piste en cliquant "inspecter l'élément").
http://www.wikiart.org/en/henry-ossawa-tanner/study-for-nicodemus-visiting-jesus-1899
http://idlespeculations-terryprest.blogspot.fr/2009/10/henry-ossawa-tanner-and-first-visit-of.html
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Écrit par : Serge Lellouche / | 15/03/2015

SOUFFRANCE

> Sur le "rejet de la culpabilité", il y a une phrase de Bernanos, je ne sais plus où, mais vers la fin, où il prédit qu'un jour prochain l'homme n'ayant plus de notion de bien et de mal, n'éprouver partant plus de culpabilité, mais gardera pourtant la souffrance, et une souffrance plus grande encore d'ignorer sa source.
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Écrit par : JG / | 15/03/2015

NICODÈME ET JÉSUS

> Nicodème vient voir si Jésus n'a pas la solution à la recherche infructueuse de la "preuve" de la résurrection pour la vie éternelle. Cette scène se passe après que Jésus ait affronté les autorités de Jérusalem à propos du Temple ("en trois jours je le relèverai"). Cette visite nocturne de Nicodème semble indiquer qu'il a pressenti quelque chose derrière la phrase de Jésus. Comme le souligne Jacqueline Genot-Bismuth ('Un homme nommé Salut', OEIL 1986), le texte grec de l'évangile cache un jeu de mots sémitiques sur 'bayit' qui veut dire aussi bien "corps" que "maison", "demeure" ou "temple".
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Écrit par : PP / | 16/03/2015

LE TABLEAU

> le tableau est d'Henry Ossawa Tanner, "Jésus et Nicodème"
mais c'est l'étude pour le tableau final
(l'étude est plus jolie que le tableau, cela arrive fréquemment avec les esquisses : la part laissée à l'imagination).
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Écrit par : E Levavasseur / | 16/03/2015

HENRY OSSAWA TANNER

> Il s'agit du peintre étatsunien Henry Ossawa Tanner (1859-1937).
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Écrit par : Blaise / | 16/03/2015

NOTICE

> Voici une notice biographique de Henry Ossawa Tanner sur le site de la Maison Blanche :
http://clinton2.nara.gov/WH/EOP/First_Lady/html/hot-bio.html
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Écrit par : Blaise / | 16/03/2015

TWEETS

> Suggestion : et si les chrétiens arrêtaient de twitter? Jésus aurait-il twitté? Montrez-moi le catéchumène qui s'est converti sur twitter!
Je sais, le pape (ou plutôt des collaborateurs) twitte... Bon, bah le pape n'a pas que des qualités, comme il l'admettrait volontiers.
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Écrit par : Maud / | 16/03/2015

> C'est vrai qu'il y a une comparaison entre les pharisiens de l'époque du Christ et certains comportements aujourd'hui.
L'Evangile et les Actes des apôtres sont une leçon pour tous les âges.
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Écrit par : Marie-Pierre / | 16/03/2015

CELA DIT

> Il faut aussi arrêter de manger des bananes.
Personne ne s'est converti en mangeant une banane.
Cela dit, qu'en savons-nous ?
En revanche ce qui est certain c'est qu'il faudrait interdire les lits.
Beaucoup de gens y meurent.
Le lit est donc dangereux.
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Écrit par : E Levavasseur / | 16/03/2015

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