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09/03/2015

Paris : curieux débat à Saint-Lambert

25f9c1066090c2cfc95ede1724322a54.jpgSur le site Le Rouge et le Noir, Bougainville analyse ici  le quasi-débat (historien chrétien v/ intellectuel néopaïen) qui s'est tenu à St-Lambert de Vaugirard, Paris XVe, il y a quelques soirs : 


 

Le milieu catholique français a un problème : une frange de ses jeunes (post-MPT) nourrit un complexe d'infériorité par rapport aux « identitaires », qui sont issus du courant néopaïen. Pourquoi ce complexe ? A cause d'une triple crainte : 1. la crainte (inavouée) que les néopaïens ne soient plus réalistes que les chrétiens dans leur vision du monde actuel ; 2. la crainte (explicite) que les néopaïens n'aient de grands arguments historiques, spécialement à propos de l'Antiquité ; 3. la crainte (obsessionnelle) que les néopaïens ne surclassent les jeunes cathos de droite dans le registre de la posture virile. Cette triple crainte est une fêlure, susceptible de disloquer des identités catholiques individuelles... qui ne sont parfois qu'un surmoi familial et « culturel »*.

Les jeunes catholiques ne sont pas conscients de l'enjeu. Leurs interlocuteurs néopaïens le sont.

Lisez avec attention ce passage de l'article de Bougainville. Il relate la fin de la conférence : 

<< [Alain de Benoist], en guise de conclusion programmatique, dessine une convergence pagano-chrétienne possible : contre la démesure et l’absence de références. Il ajoute : « je me réjouirais de la disparition du christianisme s’il y avait quelque chose de meilleur qui s’annonçait. Mais je ne le vois pas » Puis, il achève son propos en faisant l’éloge de Dominique Venner, suicidé à Notre-Dame de Paris en mai 2013. « J’admire son acte... En temps de paix, le suicide est le geste le plus noble qui soit. Je vous remercie ». Il semble savourer la situation de clore le débat ainsi, applaudi par un public en bonne partie chrétien, à la fois stupéfait, poli et soufflé par cette ultime provocation... >>

Vous avez bien lu : ce public de paroissiens applaudit. Qu'applaudit-il ? La conclusion de l'orateur : c'est l'usage. Mais aussi le contenu de cette conclusion : l'éloge d'un suicide devant un maître-autel de cathédrale ! Se suicider peut être vu comme un acte noble, même si Chesterton (cité par Bougainville) pense le contraire. Se suicider devant l'autel du Christ, lorsque l'on est un antichrétien, est une profanation absolue et un reproche radical lancé au christianisme. Le suicidé avait ses raisons philosophiques ; ceux qui partagent sa philosophie le saluent et l'approuvent. Une seule catégorie de gens ne pouvaient pas applaudir ce puissant acte de guerre métaphysique contre le christianisme : et ce sont les paroissiens catholiques ! Or ils ont applaudi.

Ou plus exactement : ils se sont retrouvés en train d'applaudir, à la fois, l'orateur et ce qu'il venait de dire. On imagine la stupeur de Chesterton – ou la fureur de Léon Bloy – devant ce public de bien-pensants applaudissant une profanation.**

Maintenant, relisez les deux premières lignes du récit. L'orateur a proposé aux catholiques une main tendue : un peu mutatis mutandis ! comme Maurice Thorez en avril 1936***. Thorez proposait aux catholiques le terrain de la justice sociale ; Alain de Benoist propose aux catholiques la résistance à la « démesure » et à « l'absence de références ». Les grands-parents des bons bourgeois de Saint-Lambert poussaient des cris d'horreur devant la main tendue de Thorez. Les bons bourgeois de Saint-Lambert ont applaudi la main tendue d'Alain de Benoist  et (inséparablement) son apologie du suicide dans la cathédrale. Ils n'ont pas vu que ce suicide était un chef d'oeuvre de « démesure » et qu'il manifestait, quant au sens de l'existence, des « références » radicalement incompatibles avec la foi chrétienne.

Une grande partie du public catholique français – contrairement au public catholique italien – n'est pas habituée aux débats : ce qu'elle demande au catholicisme, c'est le confort de « valeurs » censées immuables et indiscutables. Dans la société postmoderne toutes les valeurs sont discutables, subjectives, évanescentes. Or le courant néopaïen, protéiforme, changeant sans cesse de références philosophiques et n'ayant pour fil conducteur que la christophobie, fait partie de la culture postmoderne, avec laquelle il a plus d'affinités qu'avec l'esprit catholique ! Il serait bon que les jeunes cathos de droite s'en aperçoivent. D'autant que c'est eux surtout, et peut-être exclusivement eux, qui sont impressionnés par les néopaïens...

Conseillons-leur de s'informer. Ils se rendront compte, au passage, que leurs trois craintes sont sans fondement.

 

 _______________

* un « culturel » composé de « valeurs » héritées mais coupées de l'essentiel : le parfum d'un vase vide, n'en déplaise au cardinal Sarah.

** Reconnaître à ce suicide sa nature d'acte métaphysique antichrétien, c'est le respecter pour ce qu'il est. Ne pas lui reconnaître cette nature, tenter, soit de l'atténuer, soit d'en faire « le premier martyre de la Manif pour tous » (ânerie dite à un micro en 2013), est irrespectueux.

*** « Nous te tendons la main, catholique, ouvrier, employé, artisan, paysan, nous qui sommes des laïques, parce que tu es notre frère et que tu es comme nous accablé par les mêmes soucis... » 

 

 

12:41 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : idées

Commentaires

FANTASME

> Dans les liens de l'article Wikipédia sur le GRECE, se trouve un mémoire sur "la Nouvelle Droite et la religion", dont je mets le lien ci-dessous ; sa lecture est fort instructive pour comprendre le procès que font les néo-païens au judéo-christianisme (ascétisme forcené et mortifère, rejet du beau comme idolâtrie, totalitarisme latent, etc.)
http://religion.info/pdf/2005_12_moos_nd.pdf

Dr Z.


[ PP à Dr Z. - C'est une vision fantasmatique et phobique du christianisme. Mais elle surfe sur l'ignorance religieuse et historique actuelle, y compris dans les milieux "catholiques". ]

réponse au commentaire

Écrit par : Dr. Zurui / | 09/03/2015

Journal de Goebbels :

> "14 décembre 1941 – Le clergé est antinational.[…]
Par toute sa conception et sa structure intellectuelle, le christianisme sera toujours opposé à une vision nationale forte. C'est que son essence même est entièrement marquée par le judaïsme... En réalité, le christianisme est une doctrine de la déchéance. Pour un homme moderne, il ne mérite que le mépris intellectuel"

En effet, le chrétien refuse le tribalisme masturbatoire de l'auto-suffisance nationaliste autant que le délire abstrait de la partouze internationaliste***.
Le chrétien aime Dieu plus que tout et son prochain, frère que le Père lui a donné, comme lui-même. Il n'a aucun sacré compte à régler avec qui que ce soit, il veut du bien à tous parce qu'il veut le Bien (lequel s'appelle Jésus = donc évangélisation).

Pour ce qui est de la "déchéance" supposée du christianisme, le Reich de 1000 ans en a duré 12 et l'Eglise en déjà 2000 et ne cesse de s'étendre (sauf pour les euro-centrés)

***qu'elle soit un résidu marxiste ou actuellement financière ou purement fantasmée type hyper-classe bobo.
______

Écrit par : E Levavasseur / | 09/03/2015

DES COURS

> "la crainte (explicite) que les néopaïens n'aient de grands arguments historiques, spécialement à propos de l'Antiquité "
Voilà pourquoi, en parallèle des écoles de prière et d'oraison et des services sociaux de paroisse, il faut développer les cours de philo et d'anthropologie catholique.

EL


[ PP à EL :
- et des conférences-débat d'histoire ! ça se fait dans ma paroisse.
- Il faut aussi développer ça dans les aumôneries de lycée et les mouvements de jeunes. Pour éviter que tel mouvement scout (je ne dis pas lequel) soit infiltré. Ce qui explique bien des choses ensuite, p. ex. sur la Toile. ]

réponse au commentaire

Écrit par : E Levavasseur / | 09/03/2015

OPTIQUE

> à EL et PP - Pour cela il faudrait que les organismes culturels cathos plus ou moins labellisés changent d'optique. Au lieu de chercher à rendre le catholicisme compatible avec la culture technoscience-Medef. Suivez mon regard.
______

Écrit par : Seb / | 09/03/2015

MAIN TENDUE

> N'oublions pas l'autre main tendue : celle d'Auguste Comte, grand prêtre de l’humanité, au Général des Jésuites, afin de constituer une « sainte ligue » visant rien de moins que la réorganisation du « pouvoir spirituel ». Le positiviste Alfred Sabatier, qui avait été chargé par le Pontife de la rue Monsieur des négociations avec les Jésuites, a bien été forcé de reconnaître son échec.
Mais il y a eu bien d'autres tentatives d’approches de l’Eglise catholique par des groupes positivistes. Aussi tard qu’en 1925, par exemple, des positivistes ont proposé à l'archevêque de Paris de collaborer ensemble à « l'oeuvre de la régénération d'une société gravement malade. »
D’ailleurs, Alain de Benoist ne serait-il pas davantage influencé par Auguste Comte que par un vague paganisme ? Sa mise en accusation du christianisme, considéré comme le grand responsable de l’individualisme ainsi que de l’anarchie sociale amenée par les idéaux libéraux et démocratiques, irait plutôt dans ce sens (même s’il n’a pas renoncé à la causalité divine).
______

Écrit par : Blaise / | 09/03/2015

Débat en débat ...

> "Une grande partie du public catholique français – contrairement au public catholique italien – n'est pas habituée aux débats" écrivez-vous.
Vous semblez vous en étonner!
Votre étonnement m'étonne.
Pour fréquenter depuis si longtemps la Mère Église, ses réunions, ses conférences, ses tables-rondes et autres Temps forts ... j'ai compris que la discussion n'était pas une vertu ni le doute une qualité.
Soumission et obéissance ne sont que les seules vertus admises comme formes expressives de la charité et de la fraternité.
Alors que l'on ne vienne pas s'étonner devant moi du manque d'esprit critique de la gent catholique, on ne récolte que ce que l'on a semé.
Et si vous voulez des exemples demandez-les moi je me ferai un honneur mais dans l'humilité, de vous fournir dates, lieux et personnes. ... Mais vous devez bien en avoir aussi et de très nombreux ....
______

Écrit par : Albert E. / | 09/03/2015

STRIP-TEASE

> Non ! le plus urgent c'est de faire des expos dans des chapelles avec strip-teaseuses sur l'autel, comme cela avait été fait à Quimper
-www.leparisien.fr/loisirs-et-spectacles/la-strip-teaseuse-de-l-eglise-a-gagne-18-12-2009-748816.php
-www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/finistere/cap-sizun-29-strip-tease-sur-l-autel-art-ou-provocation-10-12-2009-692954.php
-et bien sûr Golias avait trouvé ça rigolo : http://golias-news.fr/article3285.html
-suicide applaudi chez les nationaux-"cathos" (qui vous parlent avec horreur des églises profanées !)
-strip-tease trouvé rigolo chez les progressistes (qui vous parlent avec horreur de la femme chosifiée !)

@ PP
'faut qu'on parle
j'ai besoin de vos lumières
______

Écrit par : E Levavasseur | 09/03/2015

DÉBAT

> 1/ pourquoi mettre en cause la paroisse de st Lambert et ses "bourgeois" ? Le débat était organisé dans une salle de son centre, mais ce n'est pas le curé qui l'a ouvert et promu, à ce que je sache.
2/ le complexe de certains jeunes cathos envers les néopaïens est inquiétant, mais je pense qu'il est bien plus banal et logique que vous semblez le penser. De notre temps, l'Église offre (fort heureusement !!) bien peu d'excuses aux impulsions violentes et vengeresses que la plupart des humains éprouve naturellement, sans l'aide de quelque idéologie que ce soit. Alors, ils trouvent l'herbe plus verte ailleurs. C'est tout à fait normal ; et il faut s'en féliciter. Imaginez, il y a quelques siècles, l'Église leur permettait de s'assumer catholiques tout en conservant leurs idéaux de petit soldat matamore : quel syncrétisme affreux. s'ils disent (je cite l'article) que l'Église est une fiotte, c'est qu'ils ont déjà compris quelque chose... ils sont déçus. première étape !!
3/ que peut-on donc souhaiter à ceux qui sont dans cette confusion ? Je ne pense pas que la réponse soit politique, elle est spirituelle. Ces jeunes là connaissent bien mal leur religion. Alors donnons-leur les moyens de se retrouver face au mystère de la vie de Jésus-Christ dans son aspect le moins édulcoré. Et puis après, ils feront leur choix. Beaucoup partiront peut-être : comme beaucoup de disciples du temps de Jésus, insatisfaits de son apparente apathie politique. Mais cela fut toujours ainsi, PP !! Et notre temps propose aux gens des choix bien plus nets qu'en d'autres époques. On ne peut plus se cacher.
4/ on pourrait espérer que l'Église explicite ce choix plus clairement, ait le courage de sa spiritualité au risque de perdre la moitié de ses troupes. Certes, mais attention de ne pas tomber dans l'excès inverse, et de croire l'Église complice. J'ai tourné dans bcp de paroisses à Paris ou ailleurs et jamais je n'y ai jamais entendu d'homélie susceptible de justifier ce genre d'attitude et de séduction, même dans des messes de forme extraordinaire auxquelles j'ai assisté parfois pour ma culture liturgique et pour briser un peu les routines (si vous relevez ce détail et le montez en épingle, je vous prendrai en flagrant délit de journalisme !!). Bien au contraire.
5/ LAST BUT NOT LEAST soyons patients envers ces personnes ! les accuser de manière agressive et parfois méprisante comme vous le faites souvent n'arrangera pas les choses ; vous passerez juste pour un prog' socialeux de mauvaise foi à leurs yeux. Jésus a bien supporté la fougue de Pierre, parfois fermement, mais la plupart du temps avec patience. J'ai des amis très portés sur un catholicisme "de combat" pseudo-politique, et je constate que cela vient surtout d'un très gros manque de vie spirituelle personnelle et de pratique des sacrements. manque dont est victime la société entière. rien de très affreux. il faut les inviter à mieux comprendre. s'ils refusent de s'engager vraiment dans la vie spirituelle, alors il faut les corriger la prochaine fois qu'ils se disent catholiques : ils ne le sont pas ; ou à peine "de culture". et sûrement pas "de combat". car l'arme du chrétien, ça s'appelle la croix. mais dans tous les cas, se rappeler qu'ils sont jeunes, et que les jeunes parisiens vaguement intellectuels sont logiquement bien plus intéressés par ce qui brille que par ce qui se cache. combien de prêtres ou de théologiens ont eu leur période nietzschéenne avant de comprendre quelque chose à l'évangile... alors patience, encore une fois !!
au plaisir !

Perlapin


[ PP à P.
- Je parle de paroissiens (le public, c'était eux en grande partie). Où voyez-vous que j'aie mis en cause la paroisse en soi, et moins encore son curé ?
- L'absence de réaction de paroissiens catholiques à l'éloge du suicide de Notre-Dame (alors que c'était une soirée-débat) est un sérieux symptôme : ne trouvez-vous pas ?
- Mais nous sommes parfaitement d'accord sur le fond. Comment ne pas l'être ? Particulièrement sur votre point 3.
- Navré de bousculer l'exquise sensibilité des jeunes gens, mais les choses doivent être dites, et clairement.
- Vous avez raison de souligner (point 4) que l'Eglise n'encourage en rien ce type de dérives. C'est tout le problème : via la Toile, un milieu s'est structuré qui revendique le label catholique, mais ne suit que ses propres idées fixes. Qui ne correspondent pas aux orientations du Magistère sauf sur deux ou trois points, d'ailleurs lourdement survalorisés... Comme par hasard, c'est dans cette mouvance que se localise la frange de jeunes tentés (ou complexés) par les identitaires. Comment résorber ce problème ? Je n'en sais rien. La question se pose aux diocèses. ]

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Écrit par : perlapin / | 09/03/2015

ÉLÉMENTS

> D'un autre côté, ne soyons pas trop pessimistes non plus. A la fin d'une conférence, il est d'usage d'applaudir le conférencier. A la fin d'un débat, il est d'usage d'applaudir les débatteurs. A la fin de l'un ou de l'autre exercice, il est d'usage (même si peu reconnu) que le public ne soit plus guère attentif. Comme le dit le mot d'esprit : certains parlent pendant leur sommeil, les conférenciers sont les seuls à parler pendant le sommeil des autres.
Donc, n'accordons pas une importance inconsidérée à ces applaudissements.

Bernadette


[ PP à Bernadette :
Mais l'occasion d'un débat sur le fond des choses a été manquée.
Et bon nombre de "cathos engagés", en 2013, n'ont pas vu ce que tout catholique aurait dû voir : la vraie dimension symbolique du suicide dans la cathédrale...
Force est de rapprocher ces deux éléments.
Mais vous avez raison de dire que ce problème ne doit pas être surestimé : le milieu concerné n'est pas dominant. Evitons qu'il le devienne ! ]

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Écrit par : Bernadette / | 09/03/2015

ANTIQUITÉ

> Le point "2. la crainte (explicite) que les néopaïens n'aient de grands arguments historiques, spécialement à propos de l'Antiquité" fait-il référence aux parallélismes fumeux entre notre époque et le Bas-Empire romain ?
Car voilà une époque encore si mal connue, encore objet de tant de fantasmes, qu'on lui fait dire ce qu'on veut comme peut-être aucune autre... la malheureuse. A ce rythme, les néopaïens nous feront l'apologie de Dioclétien... et de jeunes paroissiens applaudiront la mémoire de l'auteur de la dernière grande persécution.

Ph.


[ PP à Ph. - L'argumentaire christophobe des néopaïens repose sur la vulgate gibbonienne : la thèse du "christianisme-poison" qui aurait tué l'Empire... Aucun historien ne cautionne cette vision (idéologique) mais elle est incrustée dans les mentalités, notamment françaises* : ce qui fait des néopaïens une simple variante du prêt-à-penser banal.

* mon défunt ex-patron des années 1980, Louis Pauwels, en était imbu.]

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Écrit par : Phylloscopus / | 09/03/2015

OCCASION MANQUÉE

> Je crois que lorsqu'on invite Alain de Benoist à s'exprimer, on ne peut s'attendre à rien d'autre qu'à ce discours qu'il tient depuis toujours et qu'on connaît par coeur. La "convergence pagano-chrétienne" qu'il propose est évidemment une plaisanterie.
Je pense qu'il faut surtout noter que le paganisme contemporain, qui s'inspire de celui de la révolution conservatrice de l'entre-deux-guerres en Allemagne, est une idéologie disons-le carrément nazie, et donc très antisémite.
L'affaire Heidegger, qui reprend actuellement, le montre bien. Heidegger haïssait la religion catholique, au sein de laquelle il a pourtant grandi. Son paganisme (repris de Hölderlin, qui n'avait bien sûr rien à voir avec tout ça, pour sa part) a essayé de s'inscrire dans la réalité politique des années trente (cf. les "Beiträge", récemment traduits en français). Il voulait presque créer une nouvelle religion, grâce au Führer !
Vaste débat, qui ne me semble pas du tout anodin, même et surtout aujourd'hui.
...Mais, dans cette église, y avait-il un contradicteur à A. de Benoist ? ]

jem


[ PP à jem - En principe c'était un débat avec l'universitaire Rémi Brague. Mais l'assistance a eu l'impression que Brague se dérobait à la tâche de réfuter la construction argumentaire de son interlocuteur. Question de tempérament ? lassitude ? Le résultat est ce que Bougainville relate. A de B. est un combattant idéologique : mieux vaut ne pas organiser de confrontation avec lui, si l'autre orateur ne veut pas se... confronter.
Il se peut que l'attitude de Brague explique en partie la perplexité polie du public.
Mais que personne dans la salle ne soit intervenu reste un symptôme de cécité spirituelle. Un certain milieu est tellement rivé à son "antisocialisme" anachronique, qu'il ne discerne pas les autres problèmes. ]
______

Écrit par : jem / | 09/03/2015

EN EUROPE AUSSI

> Pas grand chose à craindre des arguments historiques d'Alain de Benoît, il n'est pas si calé qu'il le prétend: il devrait savoir que les sacrifices humains, ce n'était pas que chez les Aztèques, nos ancêtres les Celtes, de vrais Européens venus.... d'Asie Centrale (cf la tombe du désert de Takla-Makan contenant du tartan écossais plusieurs siècles avant JC) les pratiquaient aussi, et décoraient des édifices de têtes coupées comme à Entremont (près d'Aix en Provence). Les Grecs aussi. Iphigénie, connaît-il? Et les lapidations de victimes appelées pharmacos signalées par René Girard, le sait-il?
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/03/2015

à PP

> sur ce point, je suis d'accord avec vous : il est dommage que ce débat n'ait pas eu la profondeur qu'il méritait.
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Écrit par : Bernadette / | 09/03/2015

BRAVO À BOUGAINVILLE

> De fait, cet article de "Bougainville" est plutôt bienvenu dans "le rouge et le noir" pour rendre compte de ce débat. Ainsi que d'autres de ses articles, sur ce site où de jeunes lecteurs pourraient se sentir un peu perdus, voire tentés par les postures "viriles" d'autres rédacteurs.
(Parenthèse en passant : "On imagine [...] la fureur de Léon Bloy devant ce public de bien-pensants applaudissant une profanation" : et comment, d'autant que Bloy se maria... à Saint-Lambert. Il n'eût sans doute pas cru à un simple hasard, mais c'est une autre affaire.)
Par exemple, du même "Bougainville", et sur un tout autre sujet, une remise à sa place d'une certaine "supplique" :
http://www.lerougeetlenoir.org/les-controverses/eglise-l-esprit-saint-regrette-t-il-son-choix
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Écrit par : sven laval / | 09/03/2015

RÉSUMÉS

> Pour dissiper la crainte n°2 sur l'Antiquité, que peut-on proposer comme livre, cours, blog ou films ?
Je pense surtout à l'époque de l'Ancien Testament qui est rapidement réduit à des fables par l'archéologie actuelle, dont les résumés se trouvent facilement sur le net (par exemple en tapant "données archéologiques sur l'Exode et Moïse/ les premiers Israélites/ conquête de Canaan", dans Wikipedia).
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Écrit par : Théophile / | 09/03/2015

CARICATURES

> J'ai lu l'article sur le débat dans "Le rouge et le noir" et j'ai trouvé Rémi Brague très bien. Que pouvait-il répondre d'autre aux élucubrations d'Alain de Benoist ?
Le genre d'ignorance historique de celui-ci n'est pas nouvelle, et je ne parle pas d'un retard d'un seul siècle. Contrairement à tout ce qu'il peut dire, Homère, le polythéisme antique et toute la culture grecque se sont retrouvés bien plus dans le christianisme que dans les dérives idolâtriques païennes ou néopaïennes. Les racines chrétiennes de l'Europe restent le meilleur accès à ses fondements préchrétiens.
Le christianisme a le tort d'être une religion du chemin, alors qu'aujourd'hui on veut du consommable tout de suite. Alors on caricature notre religion avec quelques préjugés pour pouvoir la condamner et on somme ses défenseurs de la réduire à un mode d'emploi s'ils ne veulent pas rester inaudibles.
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Écrit par : Guadet / | 09/03/2015

LISONS-LE

> A quelque chose malheur est bon : ce débat poussera peut-être plus de gens à lire Chesterton...
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Écrit par : Physdémon / | 09/03/2015

SACRIFICES HUMAINS

> Les archéologues sont admiratifs : les Gaulois étaient non seulement d'excellents métallurgistes, mais ils maîtrisaient à la perfection l'art de trancher les têtes.
Pour ce qui est des sacrifices humains, la question est délicate : les têtes coupées d'Entremont pourraient tout aussi bien provenir de champs de bataille. Les guerriers prélevaient les têtes de leurs adversaires tués comme preuve de leur bravoure, et aussi comme trophées.
Quoi qu'il en soit, cela n'aurait rien d'étonnant. Les Romains, de leur côté, sacrifiaient des humains aux dieux Mânes : c'étaient les combats de gladiateurs.
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Écrit par : Blaise / | 09/03/2015

@ PP

> En marge du débat, je m'arrête sur votre première note (*). Je ne pense pas que le cardinal Sarah puisse être enfermé dans cette phrase de son interview du JDD : « Toute la morale, toutes les valeurs chrétiennes sont relativisées ». Personnellement, j’accepte de parler « morale » ou « valeurs ». Après tout, la foi, l’espérance et la charité, pour la plupart des gens, sont elles aussi des « valeurs chrétiennes », c’est dire leur importance.
Je pense pour ma part qu’au nom de « la pastorale » de l’Eglise catholique, même si celle-ci est censée fonctionner comme un « hôpital de campagne », nous ne pouvons pas proposer n’importe quelles « valeurs ». Mgr Sarah promeut la doctrine catholique, il a raison. Vous faites de même quand vous pointez le manque de réactivité des bons paroissiens de Saint-Lambert au discours impie du conférencier.
La doctrine nous apprend par exemple que l’homme et la femme ont été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Tout homme, toute femme mérite de découvrir par la foi en Jésus-Christ cette ressemblance divine. Alors oui, les homosexuels qui louent des mères porteuses pour satisfaire leur désir de paternité, participent maladroitement à cette quête de la ressemblance, et si de surcroît ils cherchent Dieu de tout leut cœur, qui suis-je donc pour les juger ? Le cardinal Sarah, d’ailleurs, le dit clairement : dans l’Eglise, les divorcés « ont leur place » ainsi que « les homosexuels qui doivent être accompagnés dans leur foi ». Reste que cet accompagnement doit être fait avec une charité bien ordonnée et par des gens formés… et c’est ce qui manque le plus à l’Eglise aujourd’hui. La preuve, l’autre soir, à Saint-Lambert !

Denis


[ PP à D. - Cher Denis, il ne faut pas laisser croire que le Magistère est tenté de "proposer n'importe quelles valeurs" ! Une campagne pour le faire croire a commencé çà et là en 2014 et va reprendre avec virulence au printemps 2015. Force est de constater que, çà et là encore, les si nombreuses interventions parisiennes du cardinal Sarah sont présentées (sourdement) comme une sorte de mise en garde envers François. Le cardinal lui-même proteste de sa fidélité au pape et nous n'avons pas de raison d'en douter ; mais ses inquiétudes répétées sont étrangement déprimantes, à l'heure où il faudrait au contraire sonner le clairon de l'évangélisation. Et elles se prêtent (involontairement sans aucun doute) à être utilisées par la campagne en question.
Alors que nous avons le pape le plus tonique, un pape de relance et de reconstruction, comment se fait-il que des prélats s'évertuent à être déprimants ?
Je fais partie du nombre des laïcs catholiques qui refusent cela. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Denis / | 09/03/2015

DISCUSSION

> Sans remettre en question votre analyse de fond, je partage partiellement les remarques de Perlapin.
- Il serait intéressant d'expliciter le propos sur "la démesure". De quoi s'agit-il dans ce contexte ? Y aurait-il un lien avec ce que dénoncent les objecteurs de croissance envers qui "la main tendue" est souvent défendue et appliquée ici ?
- "Une grande partie du public catholique français n'est pas habituée aux débats" : non, une grande partie des gens en général ! Le vrai débat d'idées a disparu de nos media. Il se résume bien souvent, en France, soit à des invectives et des attaques ad hominem par tweets interposés, soit à de la jacasserie ponctuée d'hilarité bêta. On ne redressera pas le niveau du "débat" en France en se contentant des émissions de seconde partie de soirée du style "On n'est pas couchés". Heureusement il reste des exceptions, y compris sur les chaînes grand public (ex : "Ce soir ou jamais").
- Vous écrivez que "ce qu'elle (une grande partie dudit public catholique donc) demande au catholicisme, c'est le confort de « valeurs » censées immuables et indiscutables" : votre diagnostic me semble très exagéré. Une grand partie, vraiment ? S'il ne l'est pas et bien c'est le signe d'un échec cuisant de la pastorale des 40 dernières années…n'en déplaise à Mgr Vingt-Trois.
- Cette débâcle exigerait alors une remise en question radicale.
- Les remontrances érudites aux "jeunes cathos bons bourgeois" dépourvus, donc, de culture religieuse, historique et philosophique si je vous suis bien (plus ou moins que la moyenne ?), ne suffiraient évidemment pas à juguler ce fiasco.

François Lapierre



[ PP à FL :

1. On ne peut pas mettre en symétrie les décroissants et les néopaïens, dans la mesure où :
a) les décroissants rejettent avec force l'idéologie des néopaïens.
b) Celle-ci est aléatoire et protéiforme, comme je le dis dans ma note. Depuis quelques années elle parle le langage décroissant : mais elle n'a jamais rompu avec le prométhéisme biotechnologique, etc.
c) On ne comprend pas les néopaïens tant que l'on n'a pas compris que leur seule constante est l'hostilité radicale (récurrente) envers le christianisme, hostilité qui trouve à s'exprimer sous tous les prétextes possibles :
- s'ils prennent la posture écologiste, c'est pour affirmer que le saccage de la planète est venu de la Bible ; mais il y a quarante ans, ils affirmaient que les écolos baba-cool venaient eux aussi de la Bible ;
- s'ils feignent de contester le Gender, c'est pour affirmer en annexe que le Gender est l'un des résultats possibles du christianisme. (Ce qui ne les empêche pas d'affirmer aussi que la vision chrétienne classique de l'homme et de la femme est incompatible avec la culture originelle de l'Europe).
d) Il est particulièrement curieux de les voir critiquer la « démesure », sachant que, par ailleurs, leur posture philosophique inclut le volontarisme illimité...
Total : quand on a affaire aux vrais décroissants, on sait ce que c'est. Quand on a affaire aux néopaïens, c'est perpétuellement changeant sauf pour l'antichristianisme. Les jeunes cathos auraient intérêt à le savoir.

2. Mon diagnostic « vous semble » très exagéré. Puis-je me permettre de vous prier de me le démontrer ? Les réalités ne sont pas toujours modérées et rassurantes, cher monsieur, quelque envie qu'on en aie.

3. Mais vous envisagez aussi que ce diagnostic soit fondé. Auquel cas vous incriminez « la pastorale des 40 dernières années ». Cependant ce n'est pas depuis 40 ans, mais depuis quelques années à peine, que la pastorale laisse sans défense le flanc droit du milieu catholique. D'abord elle n'a rien dit face au néolibéralisme, qui a rendu tout un pan de la bourgeoisie catho sourde aux appels économiques et sociaux des trois derniers papes. Puis, depuis 2013, « la pastorale » laisse métastaser un web-magistère parallèle d'ultradroite, perméable à l'extrême droite (d'où la fascination de jeunes envers les identitaires), mais surtout contraire au véritable Magistère en matière économique et sociale.

4. Je ne vois pas pourquoi vous incriminez le cardinal archevêque de Paris. Si certains prélats sont à mettre en cause dans ce domaine, il n'en fait pas partie. Pour preuve : les insultes que lui ont lancées les deuillants du suicidé de Notre-Dame, quand le cardinal s'est permis d'exprimer la position de l'Eglise catholique à ce sujet. J'ai eu ma part de ces insultes pour avoir simplement reproduit son communiqué.

5. Vous parlez de « débâcle ». C'est aussi mon avis devant certains symptômes : par exemple la non-réaction de paroissiens face à l'éloge du suicide de Notre-Dame. Ou la phrase démentielle de la personne qualifiant le suicidé de « premier martyr de la manif pour tous » (lors d'une émission).

6. Vous appelez à « une remise en question radicale ». C'est absolument mon avis. Mettre le milieu catholique français en situation de nouvelle évangélisation, exige de commencer par renverser la ragougnasse libérale-conservatrice qui fait du catholicisme une annexe de la droite séculière, y compris dans ce qu'elle a de plus antisocial. Amalgame incompatible avec tout témoignage évangélique !

7. Votre dernier point (sur les « remontrances érudites ») laisse voir une intention hostile à l'égard de ma note et de sa perspective. C'est votre droit ; quoique j'aimerais connaître le fond de pensée que vous ne nous livrez pas.
Permettez-moi de discuter un peu tout de même :
- il ne s'agit pas de « remontrances érudites », mais de tocsin élémentaire devant l'absence de notions de base qui ne devraient manquer à aucun catholique, surtout s'il se pose en super-militant. (Et là vous avez raison : si ces notions manquent, c'est que les « bonnes familles » et les aumôneries de lycée ne les ont pas fournies aux jeunes).
- Ces jeunes ne sont pas « plus démunis que la moyenne» : ils le sont tout autant que la moyenne. Ce qui nous ramène au problème précédent.
- Je discerne mal ce que vous voulez dire en parlant de l'insuffisance des « remontrances érudites ». Si vous voulez dire que l'action d'individus (comme moi et un bon nombre d'autres) n'est pas suffisante, je suis le premier à le dire. La confusion des esprits, le danger de voir une partie du milieu LMPT s'ossifier en magistère parallèle – sourdement hostile au vrai Magistère –, exigent depuis plus d'un an une « reprise en main » épiscopale qui tarde à venir. Ce retard permet le développement de campagnes d'intoxication dans la presse bourgeoise : cf les articles hostiles au pape François parus en 2014, et ceux qui se préparent pour le printemps 2015 afin de contrer l'encyclique... ]

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Écrit par : François Lapierre / | 09/03/2015

LEVINAS

> En complément du lien donné par Dr. Zurui, j'ai trouvé cet article où Alain de Benoist résume un certain nombre de ses "fondamentaux", comme on dit :
http://www.centrostudilaruna.it/la-religion-de-leurope.html
Il cite au passage le recueil "Difficile liberté" de Lévinas, que j'ai lu récemment. Il est intéressant de voir l'éclairage en contrepoint que ce pur produit, pour le coup, d'une "religion importée du Moyen-Orient" donne, dans le même ouvrage, sur la section heideggerienne desdits fondamentaux :
« Je pense à un prestigieux courant de la pensée moderne, issu d'Allemagne et qui inonde les recoins païens de notre âme occidentale. Je pense à Heidegger et aux heideggeriens. On voudrait que l'homme retrouve le monde. (...) Retrouver le monde, c'est retrouver une enfance pelotonnée mystérieusement dans le Lieu, s'ouvrir à la lumière des grands paysages, à la fascination de la nature, au majestueux campement des montagnes ; c'est courir un sentier qui serpente à travers champs ; c'est sentir l'unité qu'instaure le pont reliant les berges de la rivière et l'architecture des bâtiments, la présence de l'arbre, le clair-obscur des forêts, le mystère des choses, d'une cruche, des souliers éculés d'une paysanne, l'éclat d'une carafe de vin posée sur une nappe blanche. L'Être même du réel se manifesterait de derrière ces expériences privilégiées, se donnant et se confiant à la garde de l'homme. Et l'homme, gardien de l'Être, tirerait de cette grâce son existence et sa vérité.
(...)
La voilà donc l'éternelle séduction du paganisme, par-delà l'infantilisme de l'idolâtrie, depuis longtemps surmonté. Le sacré filtrant à travers le monde — le judaïsme n'est peut-être que la négation de cela. Détruire les bosquets sacrés — nous comprenons maintenant la pureté de ce prétendu vandalisme. Le mystère des choses est la source de toute cruauté à l'égard des hommes.
L'implantation dans un paysage, l'attachement au Lieu, sans lequel l'univers deviendrait insignifiant et existerait à peine, c'est la scission même de l'humanité en autochtones et en étrangers. Et dans cette perspective la technique est moins dangereuse que les génies du Lieu. »
Emmanuel Lévinas, "Heidegger, Gagarine et nous"

Notons que Lévinas n'est guère plus tendre avec le christianisme qui selon lui « maintient la piété enracinée, se nourrissant des paysages et des souvenirs familiaux, tribaux, nationaux. » Vision déformée se nourrissant de toute évidence de la caricature d'un certain catholicisme paroissial — oublie-t-il que "le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête" ?
A contrario, il salue la technique qui « nous arrache au monde heideggerien et aux superstitions du Lieu », dans une posture qu'on jugerait aujourd'hui au mieux naïve, ou d'un aveuglement dangereux (à sa décharge, il écrit en 1961, au temps on ne peut plus enthousiasmant — malgré l'angoisse atomique — de la conquête spatiale).
Et de conclure : « Le judaïsme n'a pas sublimé les idoles, il a exigé leur destruction. Comme la technique, il a démystifié l'univers. Il a désensorcelé la Nature. Il heurte par son universalité abstraite imaginations et passions. Mais il a découvert l'homme dans la nudité de son visage. »

AC


[ PP à AC
- Ce dérapage idéologique commence avec Levinas, et s'achève (beaucoup plus bas) avec BHL, en manichéisme de grande surface.
- Criminaliser l'enracinement : cette posture extrémiste est exactement ce que les néopaïens peuvent souhaiter (pour affirmer ensuite que criminaliser l'un des fondamentaux de la condition humaine fait partie du christianisme).
- Sur l'enracinement et le monde commun, mieux vaut lire Arendt et Weil ! ]
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Écrit par : Albert Christophe / | 10/03/2015

@ PP :

> Au fait, je voulais vous demander : avez-vous moyen d'insérer des liens aller-retour entre vos notes de bas d'article et les renvois à l'intérieur de celui-ci, comme le fait Bougainville dans son blog ? Si cela vous est possible facilement, ce serait un vrai plus dans notre confort de lecture, d'autant que je vous lis souvent sur mon téléphone !

AC


[ PP à AC - Je vais voir ça. ]

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Écrit par : Albert Christophe / | 10/03/2015

INTERPRÉTATIONS

> J'ai beaucoup de mal à comprendre qu'on accorde une telle importance à Alain De Benoist, d'abord en l'invitant, ensuite en partant tout un fil de discussion là-dessus... C'est curieux, j'aurais tendance à croire que le fait de l'applaudir après son intervention est non pas le signe d'un manque d'information à son sujet, mais plutôt un geste de politesse à l'égard de quelqu'un dont on sait justement qu'il n'est rien de plus que le vestige d'un mouvement de pensée qui eut son heure de gloire il y a 30 ou 40 ans. Et puis le suucide de Venner n'est-il pas d'abord le constat de son propre échec? Il n'aura rien trouvé de mieux pour se relancer que de se tuer dans une cathédrale qu'il aurait voulu voir à terre. Si vraiment la droite néo-paienne a repris un certain essor, ce doit être grâce aux moeurs et aux sentiments plutôt qu'aux idées; tout le système des valeurs consuméristes va en ce sens. (Et c'est ce monde qu'on est censé vouloir ré-évangéliser, mais sûrement pas en voulant lui parler son langage.) Se sentir inférieur face à de pareilles gens? Il faut vraiment ne pas les connaître. J'aimais bien lire la NRH fondée par Venner, mais je n'ai jamais trouvé ses éditoriaux très efficaces (je ne dis pas convaincants puisque je ne l'aurais pas été, mais j'étais curieux de voir s'ils pouvaient avoir une portée). Un ami tout à fait hostile au christianisme à qui j'expliquais le projet de cette droite néo-paienne tel que je le comprenais le jugeait parfaitement saugrenu. Il ne peut pas y avoir plus qu'une toute petite fraction d'intellos marginaux qui s'y intéresse. Non, le combat à mener n'est pas là.

Benoît


[ PP à Benoît :
- Certes, les priorités sont ailleurs !
- Mais l'article de Bougainville a attiré mon attention sur ce problème, dont je me doutais un peu mais qui se trouve là avéré.
- Le public catho de la soirée et ses organisateurs étaient-ils en mesure de voir le "mouvement de pensée" en question comme un "vestige" ? Je crains que non. Les uns et les autres pourraient bien n'avoir vu A. de B. que comme une figure de droite, un peu bizarre mais "de droite tout de même et c'est ça qui compte, non ?".
Je souhaite que votre interprétation soit la bonne, mais j'ai peur que la bonne soit plutôt la mienne... ]

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Écrit par : Benoît / | 10/03/2015

BOUC ÉMISSAIRE

> Décidément, le christianisme, à la suite de Jésus, a une vocation de bouc émissaire ! Il est pourtant aussi erroné de le voir à l'origine de l'individualisme actuel que de le voir à l'origine du saccage de la nature. Les philosophes peu chrétiens ou anti-chrétien du XVIIIe siècle feraient des coupables plus plausibles à tous les reproches de Benoist ! Et ils faisaient appel comme lui à des philosophes de l'antiquité polythéiste gréco-romaine.
Opposer Homère à saint Augustin est ridicule, tant celui-ci reste imprégné de culture antique, tandis que le premier a façonné la civilisation européenne actuelle avec ses qualités, mais aussi avec ses défauts. Relisez l'Odyssée : on peut y voir aussi bien une magnifique annonce du christianisme qu'un récit à l'origine des dérives condamnés par Benoist.
La civilisation de l'Europe chrétienne ne peut se passer ni de l'Ancien Testament ni de la mythologie grecque. On doit parler d'une dérive irrationnelle du romantisme pour expliquer la tendance à imaginer un âge d'or qu'aurait détruit l'arrivée du christianisme.
Pour nous chrétiens d'Europe, c'est au contraire l'occasion de prendre conscience du poids écrasant des acquis pré-chrétiens dans ce que nous pensons être notre culture chrétienne, non pas pour les rejeter, mais pour appréhender notre identité et nous ouvrir au dialogue.

Guadet


[ PP à Guadet :
- plutôt qu'avec les Lumières, c'est avec Rousseau que le courant néopaïen a des connexions.
- Plus étrange : il y a un aspect "christianisme de contrebande" dans ce néopaganisme, comme naguère (mais autrement) dans le marxisme.
Le néopaïen prétend enjamber vingt siècles et réactualiser une origine mythique : c'est un pastiche de la démarche catholique qui actualise sans cesse l'Evénement de la Croix. A ceci près : ce qui est à sa place dans le mystère sacramentel, est absurde dans une posture "historique" consistant à enjamber l'histoire... ]

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Écrit par : Guadet / | 10/03/2015

PP,

> merci pour votre réponse globalement convaincante.
Je ne me reconnais pas dans les propos du commentateur suivant qui pense converger partiellement avec moi. Les problèmes de la "pastorale" post-Vatican II, il y en a sans doute, mais ça n'est vraiment pas sur ce sujet-là qu'on peut les trouver.
En revanche, pour revenir sur l'amalgame que je pointais dans votre article par rapport à Saint Lambert, c'est tout simple : le titre. Curieux débat DE la paroisse saint-lambert, c'est un peu capillotracté. Votre article apparaît maintenant en seconde page quand on googlise la paroisse, et pire peut-être à venir ; je vous promets que je ne suis ni un paroissien régulier ni un membre de l'équipe pastorale, simplement j'ai pu constater occasionnellement la vivacité de cette paroisse et son ouverture, je trouve donc dommage que les lecteurs de votre blog l'assimilent à ce débat.
Ce fut en effet un débat tenu DANS LES MURS de la paroisse saint-lambert, et non DE la paroisse saint-lambert : on croirait à lire le titre que tous les paroissiens s'écharperaient entre pro-païens et pro-chrétiens...
Pour le reste, je vous remercie très sincèrement de la minutie que vous accordez à la lecture des commentaires de votre blog. c'est rare et précieux.

perlapin


[ PP à P. - Ayant mis l'accent sur le côté scabreux de la soirée, je comprends la difficulté pour la paroisse ; je modifie le titre. Merci de votre réponse. ]

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Écrit par : perlapin / | 10/03/2015

RÉPONSES

> Avant tout je vous remercie d'avoir publié mon commentaire et d'avoir pris soin d'y répondre avec précision.
- Sur le point 1, vos explications m'ont éclairé. C'est vrai que l'emploi d'un même mot - ici une critique de la "démesure" - pouvait laisser penser à une remise en cause sévère du gigantisme qui caractérise les sociétés riches occidentales (cf. les grands projets inutiles) qui ne savent plus quoi faire pour que la sacro-sainte croissance revienne.
- Sur le point 2, pardonnez-moi mais c'est un avis subjectif contre un autre : en quoi démontrez-vous plus que je ne le fais votre diagnostic extrapolé ? Mon appréciation me vient tout simplement de mes observations et de mes lectures et englobent l'ensemble des catholiques en France, pas uniquement ceux de Versailles ou de Paris !
- Sur le point 3, je suis navré que Perlapin ne m'ait pas compris. Je veux tout simplement dire que si de telles dérives s'observent dans une partie du public catholique et plus particulièrement chez certains jeunes, il est légitime de s'interroger sur les raisons pour lesquelles leur foi chrétienne et leur ossature intellectuelle sont si faibles et si influençables. Les néo-païens les fascinent ? Ils nourrissent des complexes d'infériorité ? Ils les trouvent plus virils ? Quand on a passé son enfance à faire des rondes autour de l'autel, chanter des chants sirupeux et indigents ou à suivre un "catéchisme" ramolli se contentant de décliner, dans un langage vaguement enrobé de mots chrétiens, les idéaux du "vivre-ensemble" et de la tolérance sans discernement, je peux éventuellement voir un lien de cause à effet, oui.
- Sur le point 4, pourquoi pas ? Vous faites la même chose avec le cardinal Sarah sans nous dire pourquoi ! Il est évident que je faisais un parallèle avec votre bas de page sibyllin.
- Sur le point 5, aucune objection. Ces applaudissements sont totalement incongrus et constituent effectivement la preuve d'une cécité qu'il convient de soigner. Personnellement j'aurais protesté ouvertement.
- Sur le point 6, d'accord aussi évidemment. La "ragougnasse libérale-conservatrice" est un boulet qu'il nous faut d'urgence balancer par-dessus bord (en ayant pris soin de le détacher de nos chevilles préalablement !). Personnellement j'ai bon espoir et je sens souffler le vent de la conversion sur ce sujet depuis quelques années, y compris chez les (ex?) "bons bourgeois" qui vous font tant horreur. Pour les paroisses essentiellement composées de personnes du 3è et du 4è âge, abreuvées de la prose hautement subversive de 'Pèlerin magazine' auquel ils sont fidèlement abonnés depuis des lustres, et - disons-le - plutôt de gauche (c'est-à-dire une bonne partie des paroisses de France finalement), ce problème n'a tout simplement même jamais existé. Ou alors si mais uniquement par suite d'une approbation routinière d'à peu près tout.
- Enfin, sur le point 7, aucune hostilité, non. Pourquoi le serais-je à l'endroit de l'auteur d'un blog que je lis tous les jours depuis des années ?
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Écrit par : françois Lapierre / | 11/03/2015

L'EXEMPLE ITALIEN

> Sur la plus ou moins grande culture du débat chez les cathos de France et d'Italie, je me rappelle en effet qu'on pouvait tous les soirs trouver à Rome un exposé-débat réellement "ouvert" sur les thèmes les plus divers (sociaux, politiques, culturels, économiques, anthropologiques, relations internationales, etc.) réunissant généralement un syndicaliste, des ministres, sénateurs ou députés appartenant à tout l'éventail politique, y-compris des communistes, des personnalités catholiques et également...un ou deux cardinaux.
Ces rencontres étaient également le plus souvent accessibles à tous, pas besoin de 'montrer patte blanche'.
Et tout ce petit monde, échangeait, s'écoutait, discutait - parfois avec vivacité -, mais dans une ambiance cordiale, voire amicale. Et sans aucune invective, du moins pour tous ceux auxquels j'ai assisté. Cela donnait des échanges d'une grande qualité intellectuelle.
Il est plus difficilement concevable en France, que des non-cathos invitent des évêques ou des laïcs engagés à débattre paisiblement, et l'inverse est vrai également. On trouvera également moins de débats "ouverts" et décrispés dans le milieu catho, et l'éventail des problématiques qui y seront discutées sera souvent plus limité.
Pourquoi cette différence ?
Vaste débat.
Peut-être parce que l'Eglise d'Italie a gardé davantage sa composante populaire et est présente sur tout l'échiquier politique, à droite comme à gauche, voire même - à l'occasion - au sein de la gauche radicale, sans que personne ne s'avise de remettre en cause l'authenticité de la foi d'un croyant "de l'autre bord".
Peut-être également, parce qu'une majorité de laïcs engagés italiens ont reçu avec confiance tout l'enseignement du Magistère, y-compris dans ses dimensions sociales, économiques et écologiques, sans se limiter aux "deux ou trois points" qui intéressent en priorité beaucoup de cathos français. Et surtout en tirent des conséquences pratiques, également sur la façon de faire fructifier leurs économies, de militer en politique ou dans un syndicat ou dans une association, d'investir et d'entreprendre, de consommer, voire même d'envisager les études et la carrière professionnelle de leurs enfants.
Ce qu'on y observe est simplement une réception de la doctrine sociale de l'Eglise, laquelle suppose en effet des allers- et-retour constants entre 'la théorie', et un environnement économique, social, culturel... forcément évolutif.
Et cela suppose nécessairement une vraie culture du débat, à rebours d'une culture et approche binaire - "vrai-faux", "bon-pas bon" - un peu crispée, d'une mentalité de la forteresse assiégée, et d'une vie parfois un peu confinée dans un entre-soi social et identitaire qui aura parfois tendance à confondre le catholicisme avec une orthopraxie ou une check-list un peu limitative (sensibilité politique, nombre d'enfants, lectures, fréquentations, écoles, code vestimentaire, etc.)
Les histoires nationales sont différentes - encore que l'Italie contemporaine s'est pourtant également construite dans un combat contre l'Eglise -, mais cette présence résolue et sans tabous sur un éventail de causes et de terrains sociaux bien plus large qu'en France lui vaut un respect également dans beaucoup de cercles non-chrétiens.
Et cela permet une forte présence de l'Eglise et surtout de ses laïcs dans à peu près tous les débats traversant la société italienne, sans que (presque) personne ne s'en offusque.
Cela peut nous inspirer quelques bonnes idées.
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Écrit par : jwarren / | 11/03/2015

LECTIO DIVINA

> A la lecture de l'analyse du site "lerougetlenoir", j'ai été surpris en fait par l'indigence des arguments d'A de B. Je comprend mieux les silences de R Brague qui devait s'attendre à un échange d'une autre teneur.
Des fadaises, des formules dignes d'un débat tv aux heures de grande écoute, des approximations historiques, des attitudes de révolté de classe terminale, je m'attendais à mieux.
Deux explications possibles :
- soit la "pensée" néopaïenne est rudimentaire et ses maîtres indigents
- soit il s'agit d'une stratégie conforme à l'esprit du temps consistant à vouloir écraser l'adversaire par des affirmations dont la véracité ne se mesure que par la force de conviction que l'on y met (nos hommes politiques ont sont friants !)
Quelle explication est la bonne, je n'en sait rien.
Quand à nos p'tits jeunes, ils n'ont pas applaudi des idées, ils ont applaudi un show et c'est presque (je dis bien presque !) plus grave.
Ces p'tits cathos savent bien (m'sieur le curé le leur a dit) que le suicide est un péché grave. Mais le geste (!!) de M Venner, quelle classe ! quel buzz sur le net ! Si seulement M Venner s'était donné la mort en s'exclamant "Montjoie, saint denis" !
Tout ceci, nous en sommes bien d'accord, est inconséquent et affligeant.
A cette maladie que l'on peut facilement contracter, je ne connais qu'un seul remède et des amis bénédictins me l'on souvent répété : la "lectio divina" et pour les citer :
"Je fais "lectio": Je lis lentement le texte, je le relis, je note et souligne, je repère les mots clés. Je regarde les personnages, les scènes... On parle ici de ruminer la Parole: je peux l'apprendre par cœur, l'écrire, aller voir les notes de ma Bible, les synopses... La lectio est un forage, une descente laborieuse dans les profondeurs, un puits creuser pour atteindre la source"
Et la source, la seule (le reste est du poison, c'est satan), c'est quelqu'un, c'est une personne, c'est le Christ, c'est Jésus.
Tiens donc ! ce n'est pas le Saint Père qui n'arrête pas de nous dire de revenir tout le temps à Jésus ?

G De Cock


[ PP à GDC - Pour ce que j'en connais, les arguments d'Alain de Benoist ne sont pas indigents. Ils appelleraient une réfutation frontale et engagée ; mais que les bien-pensants ne semblent guère désireux d'entendre... L'urgence, n'est-ce pas, est plutôt "d'unir toutes les droites contre la dictature socialiste" ! ]

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Écrit par : gdecock / | 11/03/2015

FOSSILISATION

> Merci pour cet article très interessant. Je déplore comme vous la fossilisation du catholicisme français en un pseudo système de valeurs bourgeoises, qu'il faudrait défendre bec et ongles.
En revanche je vois le danger beaucoup plus dans cette fossilisation que dans l'attirance identitaire et païenne d'une frange vraiment petite (minuscule même), mais qui fait beaucoup de bruit, des jeunes catholiques, souvent d'"extraction traditionaliste".
Dans ma propre expérience la majorité de ceux de mes connaissances qui se sentait attiré par un catholicisme paien de combat, passée l'adolescence, en sont vite revenu, pour être (souvent) de "meilleurs catholiques". Comme si cette attirance identitaire marquait plus leur besoin d'absolu qu'autre chose. Du coup je ne suis pas inquiet outre mesure de ce côté la.
La plupart des catholiques m'ont semblés choqués par le suicide de M. Venner d'ailleurs. Évidemment il ne s'agit pas de ceux qui crient le plus fort.
En revanche j'ai une question : je suis curieux de votre phrase concernant le suicide. Dans quelle mesure jugez vous qu'il peut être considéré comme un acte noble ?
En vous remerciant pour tout

Christian


[ PP à Christian
- J'ai envisagé l'idée d'une noblesse de l'acte par égard pour les familles de suicidés (j'en connais personnellement).
Mais je ne me permettrais pas de bâtir des raisonnements sur le suicide, qui est précisément la chose à propos de laquelle personne ne peut rien dire. En tout cas sans présomption... ]

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Écrit par : Christian / | 11/03/2015

@ Christian

> Des résistants qui se sont tués pour être sûr de ne pas parler et protéger ainsi leur camarades.
On eut aussi parler du cas de Rommel.
Il y a aussi le cas particulier dont parle saint Augustin, de ces vierges chrétiennes qui se jettent dans le vide pour éviter que le péché de viol ne soit commis sur elles.
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Tout cela est très délicat

Écrit par : E Levavasseur / | 12/03/2015

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