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21/02/2015

"Notre véritable royauté au sein de la Création"

écologie,christianisme

Homélie à Copenhague pour le premier dimanche de Carême :


 

...par le P. Robert Culat, aumônier des Français au Danemark : 

 

Premier dimanche de Carême / B 

Marc 1, 12-15 

 

<< Avant de commencer sa prédication en Galilée, Jésus, poussé par l’Esprit, se rend au désert. Vrai homme, il accepte l’épreuve de la tentation pendant quarante jours, comme autrefois les Hébreux furent tentés pendant quarante ans dans le désert. Le Carême est un temps de pénitence, de purification et de renouvellement de notre vie chrétienne. C’est la raison pour laquelle, chaque année, nous commençons ce temps de préparation à Pâques en contemplant Jésus mis à l’épreuve par Satan dans le désert.

Il se préparait ainsi à l’accomplissement de sa mission : annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. Si Matthieu et Luc nous donnent le contenu des tentations du Seigneur, saint Marc, lui, se contente de signaler la tentation. Mais dans sa brièveté habituelle, il nous donne un détail que nous ne trouvons pas chez les autres évangélistes : « Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient ». D’où le choix de la première lecture qui nous rappelle l’alliance de Dieu avec Noé et tous les êtres vivants, « les oiseaux, les animaux domestiques, toutes les bêtes sauvages ».

En fait la présentation faite par saint Marc des tentations au désert nous renvoie plutôt aux deux premiers chapitres de la Genèse, les récits de la création, au commencement. Jésus est victorieux dans l’épreuve de la tentation contrairement à Adam et Eve. Il nous est présenté comme le roi de la création nouvelle. Roi ne signifie pas dictateur ou tyran. Le fait d’être roi n’implique pas l’oppression et la destruction. Après le péché des origines, l’homme et la femme qui avaient été constitués rois de la création ont exercé cette royauté d’une manière perverse. Ils se sont transformés en dictateurs et ont soumis toute la création à leur joug égoïste.

Nous nous trouvons toujours dans cette situation de nos jours pour ce qui concerne l’organisation globale de nos sociétés et particulièrement l’économie qui justifie tout au nom du profit et de la concurrence. La preuve nous en est fournie par l’extrême difficulté que nous avons à prendre au sérieux la crise écologique et à revoir notre relation avec les autres créatures vivantes. De sommets en sommets, nos dirigeants politiques et les responsables économiques avec eux se comportent en irresponsables, remettant toujours à demain ce qui aurait dû être décidé depuis des années déjà. Nous vivons clairement de ce point de vue-là dans une structure de péché.

Le tableau que Marc nous donne nous renvoie, lui, au paradis terrestre. Les bêtes sauvages représentent la création visible et les anges la création invisible. Jésus, nouvel Adam, réalise en sa personne libérée du péché l’unité de toute la création. Deux textes magnifiques de saint Paul nous permettent de comprendre en profondeur ce qui commence dans le désert alors que Jésus est vainqueur de Satan. Dans le premier, la lettre aux Ephésiens, l’apôtre décrit ainsi le projet de Dieu : « Saisir l’univers entier, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, en réunissant tout sous un seul chef, le Christ ». Dans le second, la lettre aux Colossiens, saint Paul nous montre que le Christ, roi de la création nouvelle, apporte la paix de Dieu à toute la création et à toutes les créatures : « Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total. Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix ».

Depuis le péché des origines l’homme est déchu de sa royauté sur la création. C’est le Christ qui est le roi de la création. C’est donc dans la mesure où nous vivons selon l’Evangile de Jésus et que nous cherchons à l’imiter dans notre vie que nous retrouverons notre royauté sur la création. Royauté pour Jésus signifie, nous le savons, service et don de soi, libération, reconnaissance de la primauté du Créateur, source et origine de toute vie et de toute grâce.

Et si ce temps de Carême nous était donné pour redécouvrir notre véritable royauté au sein de la création ? Alors que le pape François prépare une encyclique sur l’écologie, quelle joie ce serait pour nous de pouvoir nous émerveiller en présence de la création et de toutes les créatures ? De pouvoir dire merci à Dieu notre Père pour la beauté de sa création, le miracle de toute vie et lui demander pardon pour l’oppression que nous lui faisons subir de bien des manières. Le Créateur attend de nous que nous soyons les libérateurs de sa création. Il est grand temps que non seulement nous respections la dignité de toute personne humaine mais aussi la vie des animaux avec lesquels Dieu a aussi fait alliance et notre planète terre sans laquelle nous ne pourrions même pas exister. Ecoutons un passage de l’hymne de l’univers dans le livre de Daniel : 

Que la terre bénisse le Seigneur :

À lui, haute gloire, louange éternelle ! 

Et vous, montagnes et collines, bénissez le Seigneur, 

et vous, les plantes de la terre, bénissez le Seigneur, 

et vous, sources et fontaines, bénissez le Seigneur ! 

Et vous, océans et rivières, bénissez le Seigneur, 

baleines et bêtes de la mer, bénissez le Seigneur, 

vous tous, les oiseaux dans le ciel, bénissez le Seigneur, 

vous tous, fauves et troupeaux, bénissez le Seigneur

À lui, haute gloire, louange éternelle ! 

Et vous, les enfants des hommes, bénissez le Seigneur :

À lui, haute gloire, louange éternelle !  >>

 

 écologie,christianisme