08/01/2015
Réflexions sur le drame d'hier
Douze familles ont perdu l'un des leurs. La compassion les entoure. Manifestations en France et dans le monde, cloches de Notre-Dame, minute de silence, deuil national proclamé par l'Elysée... L'horreur d'hier matin se prolonge en consternation :
Beaucoup de commentateurs affirment que nous sommes tous « stupéfaits ». Est-ce le mot ? Je ne crois pas. Le carnage d'hier est tout sauf surprenant. Deux éléments lui sont visiblement associés.
L'un des deux est la position du gouvernement français dans le chaos politico-militaire d'Afrique et du Proche-Orient. Chaos caractérisé par de vastes zones obscures... Pour mémoire : en 1995, les huit attentats à Paris et dans le Lyonnais avaient été officiellement attribués aux islamistes algériens du GIA ; mais d'autres pistes ont été évoquées par des enquêteurs... En 2015, il ne serait pas étonnant que la participation de la France à des opérations dans l'espace politique arabo-musulman lui attire des représailles d'origines plus diverses qu'on ne le croit.
L'autre élément, souligné par la mise en cause de trois jeunes Français d'origine algérienne dans le massacre d'hier, est l'échec de « l'intégration » pour un certain nombre de fils d'immigrés. Cet échec est la cause motrice de la dérive terroriste ; c'est seulement ensuite que cette dérive s'exprime dans le jihadisme, auquel certaines mosquées (telle la mosquée Adda'wa du quartier Stalingrad à Paris dans le cas des frères Kouachi) offrent un milieu favorable. Pourquoi « l'intégration à la française » envoie-t-elle des centaines de jeunes en Irak et en Syrie ? L'une des réponses possibles est le néant de l'idéologie officielle de notre société de marché, que le roman de Houellebecq met en scène après tant d'autres. On ne peut pas intégrer des gens à rien... Sur ce fond de néant, augmenté de chômage et de frustrations, naît la rage aveugle qui est la vraie nature de l'engagement « jihadiste ». On connaît la suite.
Quoi qu'en disent les marchands d'illusion, les musulmans sont en France et n'en partiront pas. Mais peut-on rendre cet islam compatible avec la société française ? Ce n'est pas simple. Notre société, réduite au matérialisme mercantile, n'a plus de règle commune. L'idéologie officielle consiste à idolâtrer « les minorités » ; la coexistence de ces minorités (religieuses et même non religieuses !) est censée être assurée par « la laïcité à la française »**, comme si le mot « laïcité » s'était substitué au mot « nation ». Mais qu'est-ce que cette « laïcité » ? Ce n'est plus celle de 1905, qui se contentait de mettre une cloison entre la religion et l'Etat. C'est une laïcité antireligieuse. Quand on reproche aux religions d'exister, on ne peut pas les faire coexister... François Hollande a déclaré hier que les dessinateurs de Charlie Hebdo étaient « nos héros » : le mot tient debout en tant qu'hommage funèbre, à des journalistes assassinés dans l'exercice de leur métier. Osera-t-on néanmoins rappeler que le thème constant de ce journal était la lutte contre les trois religions catholique, juive et musulmane ? Il ne s'agissait pas d'anticléricalisme (si ce mot avait un sens hors du catholicisme), mais bien de haine contre les religions en tant que telles ; religions dont les malheureux journalistes de Charlie semblaient n'avoir aucune connaissance.
Ils se savaient menacés mais maintenaient la pression, ce qui était indéniablement courageux ; le drame est qu'ils visaient les religions en soi et non leurs dérives, faisant ainsi cadeau de l'islam aux jihadistes, du judaïsme aux colons racistes et du catholicisme aux intégristes (encore que ces derniers n'aient pas grand'chose à voir avec les deux autres). Fausse symétrie, facilité polémique, grande injustice dans tous les cas... Mais c'est la logique de la « culture de la dérision », produit des années 1980 devenu toxique dans le monde de 2015. C'est la culture de presque tous les « humoristes » des médias. Cette « dérision », fondée sur le ricanement perpétuel et voilant une étrange forme de haine nihiliste, est le stade ultime de ce qui fut l'esprit de 1968 : elle ne correspond en rien aux besoins d'aujourd'hui. Le résultat de cette haine antireligieuse, c'est la manifestante psychothérapeute interviewée hier soir à la République et qui déclarait : « Les religions c'est de la merde, Charlie c'est le droit de penser ça. » Phrase bien représentative de la boboïsation du sectarisme antireligieux...
On me reprochera de dire ces choses alors que douze personnes sont mortes hier. Mais réfléchir sur les causes de leur mort n'est pas leur manquer de respect. Je me souviens des dessins de Cabu et de Wolinski dans L'Enragé de 1968 (qui se souvient encore de L'Enragé ?), et j'ai, scotchés dans ma cuisine, plusieurs Cabu et Willem de 2013-2014 qui me font rire chaque fois que je les regarde. Leur esprit ne m'est pas étranger : c'est parce que je le connais bien que je me permets de l'analyser.
En fin de compte, qui donc donne l'exemple de « l'unité nationale », comme dit M. Hollande ? Les représentants des trois religions que Charlie vitriolait chaque semaine. J'ai parlé des cloches de Notre-Dame. Je pourrais y ajouter le cardinal, l'imam et le rabbin en tête du rassemblement de deuil hier à Lyon : trois silhouettes religieuses contre lesquelles Charlie s'acharnait, et qui se retrouvent pour pleurer la mort des acharnés.
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* pléonasme, puisque la « laïcité » n'existe qu'en France.
12:24 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (38) | Tags : charlie hebdo
Commentaires
ANALYSE
> Analyse très pertinente comme toujours. Merci !
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Écrit par : Edmée Cazanoles / | 08/01/2015
TROIS JOURS
> Trois jours de deuil national : sans précédent.
Les malheureux caricaturistes de Charlie avaient donc plus d'importance que toutes les victimes de tous les attentats, plus tous les morts de l'armée depuis dix ans, etc.
On se demande si certains commentateurs de ce blog sous la note d'hier ont jamais eu un numéro de Charlie Hebdo entre les mains. Je parle du CH des dernières années, pas de celui de Cavanna évidemment.
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Écrit par : Michel Biguet / | 08/01/2015
ORPHELINE
> Analyse admirable. Face à ce drame les réactions dans les media nous donnent le sentiment d'une classe politico-mediatique submergée par ses affects d'adolescents.
Notons la réaction débile de Marine Le Pen : proposer un référendum sur la peine de mort. Ajouter la mort à la mort. Consternant.
Décidément, la France, ici bas, est bien orpheline...
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Écrit par : Frédéric Ripoll / | 08/01/2015
VIDE
> La minute de silence, l'outrage ultime...
Deux nihilismes se sont affronté, celui du "respect pour rien" et celui du "rien qu'Allah", provoquant l'annihilation de douze personnes.
On rend hommage à tout ça avec une minute de... rien.
C'est peut être justifié, le vide qui rencontre le vide produit du vide, honorons ça par du vide.
Qu'en penser finalement ? Rien.
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Écrit par : RH / | 08/01/2015
PEU
> Peu de lecteurs de ce blog sont en âge de se souvenir de 'l'Enragé' !
PH
[ PP à PH - Exact. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 08/01/2015
DÉCENNIES
> Vous dites qu'on ne s'intègre pas à rien, et justement en repensant aux causes possibles de cette barbarie je me suis dit qu'on ne donne pas envie à ces jeunes issus d'autres univers culturels d'adhérer au nôtre puisque nous dénigrons, salissons, avilissons perpétuellement notre histoire et nos ancêtres ; nous noircissons notre histoire or comment respecter une culture présentée comme raciste / colonialiste / exterminatrice.
Je pense que cet autodénigrement perpétuel ne peut que renforcer, nourrir, gonfler la petite pointe initiale de mépris pour les mécréants qu'on a pu éventuellement inculquer à ces jeunes.
Corriger ce travers demandera un effort culturel global impliquant médias, écrivains, artistes divers, éducation nationale et prendra des années, des décennies, mais je pense que c'est un aspect de la solution.
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Écrit par : DV / | 08/01/2015
ADULESCENTS
> "Une classe politique submergée par ses affects d'adolescents" et incapable d'aider l'opinion à faire place à la raison (en rappelant par exemple la tuerie de la mairie de Nanterre au printemps 2002 - commise par un ancien membre du parti des Verts, trésorier départemental de la Ligue des droits de l'homme - ou les applaudissements des bobos-socialo-médiatiques lors des attentats de la bande à Baader il y a une petite quarantaine d'années). Merci pour votre analyse.
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Écrit par : B.H. / | 08/01/2015
> merci.
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Écrit par : nussbaumer / | 08/01/2015
IRRESPONSABLES
> La haine. C'est le mot qui revient comme un leitmotiv. Aujourd'hui, la haine est portée au pinacle; et, malgré tous ces morts, la classe médiatico-politique ne cesse d'en rajouter des couches. Tous des irresponsables.
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Écrit par : Blaise / | 08/01/2015
LA STUPEUR
> Une chose est certaine : l'attentat était prévisible et attendu, même si la cible, le moment choisi et le mode opératoire ne pouvaient être connus. Tôt ou tard, cela devait arriver. La « stupéfaction » dont parlent les journalistes, ce n'est donc pas l'étonnement devant un événement qu'ils n'auraient pas su prévoir; c'est plutôt la stupeur, l'horreur qui les a saisi une fois que l'irrémédiable a été commis.
Et puis ce questionnement douloureux qui taraude la conscience des proches, et qu'on ne peut raisonner : "pourquoi lui?"
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Écrit par : Blaise / | 08/01/2015
CELA DIT
> Charlie Hebdo a beaucoup fait pour la pensée unique, pour la caricature, qui est la négation de la pensée (contrairement au simple dessin de presse), pour la stigmatisation, contre la diversité d'opinions, contre la liberté d'expression d'idées hors-piste, pour la banalisation du mépris, etc.
Ce journal a pourri mes we d'enfant chez mon père, qui, athée bouillonnant, y était accro, tandis que ma mère essayait de me faire connaître le Christ. J'y ai vu des Vierge-sex toy, des papes dans toutes les positions, des Christ bafoués, et tenant les discours les plus abjects, etc.
On leur doit de se faire traiter de beauf ou de facho dès qu'on se dit catho, obscurantiste quand on trouve que l'IVG c'est moyen, etc.
Je leur dois une source infinie d'humiliations - et la crispation identitaire de l'Eglise de France, ses curés en soutanes, son retour au latin etc, viennent en partie de là, me semble-t-il.
Et lorsque les caricatures de Mahomet sont sorties, je me suis dit qu'ils déliraient complètement. La liberté des uns s'arrête là où celle des autres commence, on ne peut pas prendre son pied à toujours voir jusqu'où on peut aller trop loin, à scruter le toujours plus, sonder le toujours pire, en considérant qu'il est interdit d'interdire.
CELA DIT. Nous sommes en France. La France a depuis longtemps un problème avec les religions, n'en retenant que ce qu'elles peuvent avoir de négatif, méprisant tout ce qu'elles peuvent apporter dans tous les domaines, surtout le domaine social. C'est dommage, mais c'est comme ça. Si on n'est pas content, on peut tenter l'Italie, l'Espagne, ou ailleurs. L'esprit de caricature, c'est l'esprit français: l'impertinence, la morsure, dans la chanson, dans le dessin, dans le pamphlet, dans la satire, c'est un héritage de Voltaire, Montesquieu etc, et, si cet héritage a ses limites, il a aussi ses richesses. Voltaire a eu raison de dénoncer le fanatisme religieux. Les claques que l'Eglise s'est parfois prises lui ont donné de quoi s'affiner, s'épurer, progresser vers plus de vérité.
En nous humiliant, Charlie a avivé chez moi le désir de témoigner du Christ tel que je le connais, doux et humble de coeur, prince de la Paix, ami inconditionnel, bon pasteur, qui donne Sa vie pour ses brebis. Ca a été un aiguillon de tous les instants. Pas confortable, mais utile.
Et je préfère un pays où on a le droit d'aller trop loin qu'un pays où on est surveillé sur ses moindres syllabes. La liberté d'expression devrait avoir ses limites: mais qui les fixerait, et selon quels critères? Toute caricature de la religion est un appel quasi-direct de Dieu à lutter contre nos pharisianismes, nos manques de communication, nos attitudes de citadelle assiégée, nos manques de lumière.
A qui la faute si nous sommes caricaturés, sinon à nous-même (je sais, je simplifie un peu)? Remarquez que le pape François a très peu eu les faveurs de Charlie depuis son élection. N'est-ce pas parce qu'il a su faire passer quelque chose de l'Evangile que les autres n'avaient pas su faire passer?
La provocation est un appel incessant à la sainteté et à la conversion. Jésus nous provoque. Jésus a caricaturé les pharisiens, qui "filtrent le moucheron et laissent passer le chameau". Et nous? Ne faisons pas avec ces caricaturistes ce qu'ils font avec nous, n'en garder que le mal: il y a beaucoup de leçons d'humilité à recevoir d'eux. Ils ont su piquer de saintes colères, pas seulement des triviales ou des poisseuses. Sachons les en remercier. Et prions pour qu'un jour on puisse aller les embrasser là-haut.
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Écrit par : Sophie6 / | 08/01/2015
ALORS ?
> Plusieurs milliers de personnes encore place de la République ce jeudi soir. C'est une émotion collective, bobo sans doute mais tout de même.
Reste à savoir ce qui va en sortir. Dimanche le gouvernement et son parti auront du mal à dire que le crime d'hier est de la faute des Français parce qu'ils accueillent mal les immigrés.
Les manifestants ne se laisseront peut-être pas tromper par les discours dimanche.
Alors ? encore de l'eau au moulin de Marine Le Pen, cette fois dans le courant bobo qu'elle avait du mal à toucher ?
Après tout je connais des bonnes âmes qui pétitionnaient pour l'immigration il y a vingt ans et qui sont devenus quasi lepénistes aujourd'hui "parce que les musulmans sont anti-femmes".
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Écrit par : Nati / | 08/01/2015
PAS D'ACCORD
> Surprise de lire ce billet et les commentaires, que je trouve un tantinet "à côté de la plaque". Tout à fait d'accord sur le défaut d'intégration, mais sur Charlie Hebdo qui aurait trop critiqué la religion en soi? Et cela viendrait de la "dérision des années 80"? Quand Voltaire parle du "fanatisme", il parle de la religion tout court, quelle qu'elle soit. C'est pénible, ce n'est pas ma tasse de thé, mais c'est une vieille tradition française, et je suis quand même heureuse qu'on puisse "critique la religion en soi" ou "une religion en soi" dans ce pays. L'esprit des lumières, c'est en effet cela : on ne peut pas dire que ça date des années 80 ou de 68 comme l'écrit Libé. Et donc oui, c'est un organe assez représentatif de la culture française, pas de ce qu'elle a de meilleur peut-être, mais c'est comme ça. Quand Hollande a parlé des "héros", il parlait aussi des policiers (c'est très net dans sa phrase), et non de Charlie en tant qu'athée. Manif bobo???? Mes élèves ruraux étaient très affectés et auraient voulu manifester eux aussi.
Maud
[ PP à Maud :
- Franchement, lisez-vous 'Charlie' ? Ce que vous en dites me laisse penser que non. Pour y trouver "l'esprit des Lumières", il faudrait une dose de bienveillance exceptionnellement élevée.
Les phobies de ce journal n'avaient rien à voir avec les polémiques de Voltaire. Dans 'Charlie', des insultes ordurières et aucun argument ; aucune connaissance, même, de ce qu'ils prétendaient dénoncer. Les seuls articles intelligents de l'hebdo étaient ceux du regretté Bernard Maris, et ceux qui concernaient l'écologie.
- En ce qui concerne les effets catastrophiques (pour les chrétiens) des provocations antimusulmanes de 'Charlie", je vous suggère de lire les commentaires d'Eric Levavasseur sous cette note et celle d'hier.
- Vos élèves ont été touchés comme des milliers d'ados par la formidable mobilisation émotionnelle (télévisions-réseaux sociaux) : phénomène chaque fois irrésistible, souvenez-vous de la mort de Diana. Mais lisaient-ils 'Charlie' ? J'en serais surpris...
- Nous sommes ici "à côté de la plaque", oui, en plein et délibérément. Car "la plaque", qu'est-ce que c'est ? la mobilisation émotionnelle, légitime quant au deuil, mais radicalement illégitime quant au refus de réfléchir aux causes du drame ! Je sais bien que ceux qui tentent de garder l'esprit clair en pleine éruption émotionnelle passent pour des méchants ; mais je crois que c'est eux qui font œuvre utile. Car les malheurs que l'on refuse d'analyser sont voués à se reproduire... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Maud / | 08/01/2015
PAS 'CHARLIE'
> Nous devons prier pour les victimes et les assassins.
En tant que catholiques, ce n'est pas négociable.
Pour le reste, "se dire Charlie", il s'agit de gestes symboliques qu'il serait naïf de croire sans conséquences.
Personnellement je suis chrétien /aspirant chrétien mais pas "Charlie" parce que "Charlie Hebdo" ne représente pas ma foi et donc mes idées, et parce que je refuse non seulement la récupération, l'instrumentalisation, mais même le simple flou d'une expression bâtie dans l'émotion.
Je veux qu'il soit clair que ma foi en Dieu me place sur un autre niveau -automatiquement, je n'y peux rien- que celui du pathos.
"Charlie Hebdo", c'est le contraire de la fraternité, c'est le sens de la caricature mis au service de l'ignorance satisfaite, de la haine stupide et gratuite.
C'est l'intégrisme des mots qui prétend faire la leçon aux intégrismes religieux réels ou supposés.
Or la charité chrétienne n'est pas négociable, elle ne doit pas être mise sous le boisseau par un mouvement émotionnel.
On doit la pratiquer et annoncer l’Évangile à temps et à contre temps.
Tout cela passe d'abord.
Cela entraîne une certaine rigueur dans la charité.
Nous sommes catholiques, pas romantiques.
A l'heure qu'il est, les assassinés ont vu Dieu.
De quoi croyez vous qu'ils ont besoin ? de symbolisme flou et sentimental ?
Conscients de leur erreur, n'espèrent-ils pas le développement d'une vision spirituelle et exigeante dans un monde réel, afin que d'autres ne suivent pas le chemin qu'ils se repentent d'avoir tracé ?
Sur ce blog , nous avons -modestement- combattu les risques d'amalgame et les facilités lors des différentes manifs ("Jour de Colère" etc), nous avons refusé le risque de paraître donner carte blanche à l'UMP et compagnie à de nombreuses reprises.
Et on nous en a voulu pour cela.
Ce n'est pas pour aujourd'hui foncer tête baissée, refuser de voir la récupération qui serait faite notamment si nous nous disions "Charlie".
Je regrette tellement ce qui s'est passé hier que justement je ne me dis pas "Charlie".
ce serait chérir la conséquence alors que je dénonce la cause.
"Charlie Hebdo", c'est l'intégrisme athée, indifférent aux malheurs pourvu qu'il publie. Un tel comportement, ce n'est pas la ligne éditoriale d'un catho.
On ne peut pas dire "je suis solidaire des chrétiens d'Orient" et "je suis Charlie."
Je ne peux pas dire pour LMPT, les Marches pour la Vie d'il y a qq années :
-"je refuse de prendre le risque d'être récupéré par un parti politique qui en plus n'en a rien à faire du message chrétien de fraternité", "je refuse cette instrumentalisation de cette manif par les partis libéraux, par le FN parce qu'ils n'ont rien à voir avec la doctrine sociale de l'Eglise"...
...et tout à coup, me précipiter à l'appel de l'UMPS et de l'extrême gauche et des autres avec mon badge "je suis Charlie", ce qui a pour effet de promouvoir les idées a-catholiques de ce journal, d'étouffer toute réflexion.
Vous dites comme nous que vous êtes anti-pub, que les slogans abrutissent l'esprit, anéantissent toute nuance. Alors ?
"je suis Charlie" qu'est-ce que c'est sinon un slogan relatif à des idées catho-incompatibles ?
Dites-vous "Charlie", mais à quoi cela sert-il de critiquer Sens Commun et "les cathos-bourgeois de l'UMP" alors ?
Il y a une manif prévue.
Savez vous ce qu'ils en disent ? que "c'est une manifestation en hommage aux valeurs de 'Charlie Hebdo', une certaine idée de la République".
Ces "valeurs" cette République, ce ne sont pas celles de la DSE.
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Écrit par : E Levavasseur / | 08/01/2015
à E Levavasseur,
> Effectivement, "Je suis Charlie" est un slogan du type publicitaire créé dans l'espace émotionnel et relayé par les réseaux sociaux. Malgré tout dans le fameux "Je suis Charlie", il ne faut pas y voir forcément une défense du journal satirique mais la défense du principe de liberté d'expression.
C'est pour ce principe que je m'unis à tous celles et ceux qui sont ébranlés par cet événement et qui clament "Je suis Charlie".
Mais gardons toute lucidité...
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 08/01/2015
SUIVRE
> Texte parfait, proposé en un temps record. Je fais suivre à mes proches.
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Écrit par : François Lapierre / | 08/01/2015
LA TOURNURE QUE PRENNENT LES CHOSES
> Bonjour M. de Plunkett, merci pour le billet initial et pour les compléments de réflexion que vous apportez au fil des commentaires.
Je vous remercie d'autant plus que je suis profondément choqué par un attentat qui est peut-être plus que ce qu'on entendait jusqu'ici par ce terme.
Mais je ne suis pas moins choqué par la tournure que prennent les choses avec une avalanche de pathos médiatico-politique sans la moindre tentative d'analyse.
Analyse à laquelle se substitue un discours quasiment délirant dans lequel on abuse du champ lexical de l'émotion et de références culturelles en parfait décalage avec les faits, par exemple la référence aux Lumières.
Sans parler de la confusion entretenue, dans ces discours, entre le choc que cet événement a indéniablement provoqué dans la population, et la soi-disant participation "en masse" à des rassemblements dits spontanés qui, nous dit-on pourtant, rassemblèrent, hier soir, à peine plus de 100 000 personnes; sans parler, non plus, de la jeunesse qui est censée se sentir concernée et dont le comportement est paraît-il significatif de mille vertus civiques: j'ai assisté à la minute de silence, ce matin, au milieu d'un millier d'adolescents, ils ne se "marraient" certes pas mais ils n'avaient pas non plus le recueillement édifiant dont parlèrent ensuite les adultes qui les voyaient du haut d'une estrade...
Bref, non seulement il n'y a pas d'effort d'analyse, et on peut donc craindre les conséquences que vous craignez, mais on s'est, en outre, lancé dans un tourbillon d'auto-célébration qui aggrave les conséquences de l'absence d'analyse.
Je veux aussi témoigner du fait que -certes à l'échelle de mon entourage- un nombre non négligeable de personnes, appartenant à diverses catégories socio-professionnelles, partagent le point de vue que vous mettez en valeur et les craintes qui vont avec.
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Écrit par : C.J / | 08/01/2015
CABU ET L'ETAT
> Entendu ce soir sur Europe, la rediffusion d'une interview de Cabu en 2005 : Il s'est défendu d'être anarchiste et a dit - texto - "on n'était pas des anarchistes, ON EST POUR UN ETAT PROTECTEUR "
Ironie tragique : L'Etat n'a pas su le protéger, alors que l'Etat Islamique durant le dernier trimestre 2014 n'a pas arrêté d'appeler tous les combattants à attaquer la France, à la mettre à genoux !
Alors que l'imprudence de Charlie-Hebdo avec les Caricatures de Mahomet, demandait une vraie protection depuis 10 ans : bunker, sas, surveillance video, etc...
Et c'est cet Etat qui fait son beurre électoraliste sur les 13 cadavres étendus depuis 24h, qui utilise ce fait divers tragique pour se refaire une santé, qui instrumentalise quatre caricaturistes (les autres tués, on n'en parle pas) pour ressortir tous les oripeaux de la gauche idéologique, et récupère pour ses basses oeuvres, l'émotion populaire légitime, la pitié de tous, la compassion du reste du monde.
Cabu en vomirait.
Ironie tragique encore. Quatre anarchistes, bouffeurs de curés, pourfendeurs des religions, démolisseurs des institutions, y compris l'armée, potaches aux éculées boules puantes, contempteurs de la France et de ses traditions, coupeurs de tout ce qui dépassait, pochards et rigolards devant l'Eternel, ont eu le sort des héros : morts en service commandé, et voilà que tout ce qu'ils détestaient s'unit pour les panthéoniser : les religieux chrétiens et musulmans se tiennent pas la main, la France guerrière se met debout, l'armée mobilise, des messes sont dites pour le repos de leurs âmes, les sportifs chantent enfin la Marseillaise, Sarkozy et Hollande se congratulent, les cloches chrétiennes sonnent, le pape s'incline à leur souvenir, ainsi que la reine d'Angleterre : mon Dieu, que de caricatures qui se perdent parce qu'ils sont morts !
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Écrit par : Chantal Paule Duronnet / | 08/01/2015
Mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde (Camus)
> J'ai l'impression que cette tragédie libère un peu sur les différents médias des paroles qui n'osaient pas s'exposer jusqu'à présent.
l'enfumage politico médiatique,toujours sur le qui-vive qd même,n'arrive pas à contenir complètement le courroux de ceux pour qui " trop c'est trop".
Nommons les choses ,calmement,honnêtement en respectant la position de l'autre ,sans vouloir absolument convaincre.
Pour ma part je constate avec plaisir l'évolution assez nette de M Onfray qui ,il me semble ,d'athée devient agnostique ce qui déjà est considérable comme changement de posture:
sa réaction juste après l'attentat
http://mo.michelonfray.fr/entretiens/7-janvier-2015-itw-pour-le-quotidien-italien-la-repubblica/
et encore
http://mo.michelonfray.fr/chroniques/la-chronique-mensuelle-de-michel-onfray-decembre-2014-n-115/
M Onfray n'est pas ma tasse de thé mais il a quand même le mérite de ne pas "s'en laisser conter" je crois.
Pour ma part je soumets à votre réflexion l'exercice suivant:
comparez ce qui est dit dans leCoran et l'Evangile
comparez entre la vie de Mahomet et celle de Jésus
et dites moi comment faire cohabiter les fidèles(surtout les doctrinaires) des deux religions.
Vaste programme.
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Écrit par : philou / | 08/01/2015
RÉFLEXION
> J'ai choisi personnellement dans ce tumulte et cette hystérie de prendre de la hauteur et de garder de la distance et de la réflexion, vos deux derniers articles m'aident grandement dans cette tâche et je vous en remercie.
J'avoue que le 'Charlie Hebdo' du temps de Cavanna et Gébé ne me dérangeait pas personnellement mais c'était un temps où le droit de réponse pouvait exister, où les gens blessés par leur caricature pouvait réagir et de surcroît, leurs cibles étaient quand-même plus variées qu'aujourd'hui, depuis quelques années, la rédaction de ce journal avait une véritable obsession pour la religion, obsession qui me mettait mal à l'aise.
De plus, toute personne qui n'apprécie pas ces dessins se fait traiter de fasciste et montrer du doigt, c'est bien le problème.
Je suis respectueuse de la liberté d'expression mais à condition que chacun puisse donner son avis sans être victime d'une sorte de fatwa laïciste.
Car si 'Charlie Hebdo' avait (ou essayait) d'avoir de l'humour, c'était loin d'être le cas d'autres organes de presse libertaire tel 'Libération' ou 'rue89', dont les articles ou les commentaires, sont de véritables torrents de haine envers les croyants de toute obédience mais aussi d'appel à des comportements dégradants, et ils ont bien plus contribué à l'ambiance délétère actuelle que 'Charlie'...
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Écrit par : Esclarmonde / | 08/01/2015
PAIX À LEUR ÂME
> Commentaire djihadiste publié sur le net :
« Si votre liberté de parole est sans limite alors vous n’avez qu’à accepter notre liberté d’action ».
Tout est dit. La culture de mort appelle la violence et... la mort.
Paix à l'âme des victimes.
Pour le reste : c'est le début de la descente aux enfers... j'en ai bien peur.
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Écrit par : Feld / | 08/01/2015
LE DISCOURS DE RATISBONNE
> Il serait temps de relire le discours ciselé prononcé par le pape Benoît XVI à Ratisbonne.
La sphère politico-médiatique, puisant ses ricanements sur le pape dans les caricatures de 'Charlie Hebdo', a préféré se focaliser sur un petit paragraphe de la première partie (la foi sans la raison) avec les dégâts que l'on sait. Elle se gardait bien de méditer la seconde qui mettait en cause l'arrogance de l'Occident laïciste à vouloir, au nom d'une raison devenue folle, se passer de la foi.
"L’affirmation décisive de cette argumentation contre la conversion par la force dit : « Ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu » [5].
L'éditeur du texte, Théodore Khoury, commente à ce sujet:
« Pour l'empereur, byzantin nourri de philosophie grecque, cette affirmation est évidente. Pour la doctrine musulmane, au contraire, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune de nos catégories, fût-ce celle qui consiste à être raisonnable ». [6]
Khoury cite à ce propos un travail du célèbre islamologue français R. Arnaldez, qui note que Ibn Hazm va jusqu'à expliquer que Dieu n'est pas même tenu par sa propre parole et que rien ne l'oblige à nous révéler la vérité :
"Si tel était son vouloir, l'homme devrait être idolâtre (...) Dans le monde occidental domine largement l'opinion que seule la raison positiviste et les formes de philosophie qui s'y rattachent seraient universelles. Mais les cultures profondément religieuses du monde voient cette exclusion du divin de l'universalité de la raison comme un outrage à leurs convictions les plus intimes. Une raison qui reste sourde au divin et repousse la religion dans le domaine des sous-cultures est inapte au dialogue des cultures (...) Depuis longtemps, l'Occident est menacé par cette aversion pour les interrogations fondamentales de la raison et il ne pourrait qu'en subir un grand dommage. Le courage de s'ouvrir à l'ampleur de la raison et non de nier sa grandeur – tel est le programme qu'une théologie se sachant engagée envers la foi biblique doit assumer dans le débat présent. « Ne pas agir selon la raison, ne pas agir avec le Logos, est en contradiction avec la nature de Dieu » a dit Manuel II à son interlocuteur persan, en se fondant sur sa vision chrétienne de Dieu. Dans ce grand Logos, dans cette amplitude de la raison, nous invitons nos interlocuteurs au dialogue des cultures. La retrouver nous-mêmes toujours à nouveau est la grande tâche de l'Université."
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2006/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20060912_university-regensburg_fr.html
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Écrit par : isabelle / | 08/01/2015
LE J.O.
> Même le Journal officiel s'y met (évidemment c'est un peu plus discret que sur le site de "Libé" :
http://www.legifrance.gouv.fr
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Écrit par : Feld / | 08/01/2015
LE PAPE
> Je peux me tromper, mais il y a quelque chose que l'on ne voit pas dans les médias français, c'est la réaction du pape François. Or je suis surpris, en allant faire un tour sur CNN ou la BBC, on y parle quasiment que de 'Charlie Hebdo'. Que je sache, par les temps qui courent, on y apprécie pas forcément le pape François (questions économie, etc...). Et pourtant son message y est délivré in extenso à destination des victimes et de leurs proches, mais aussi pour que Dieu convertisse le coeur des auteurs de cet attentat. N'ai-je pas tout compris? Sinon, pourquoi cette réaction, selon moi étrange, des médias français ?
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Écrit par : ND / | 08/01/2015
Troublant...
> http://lepetitrapporteurdunet.unblog.fr/2015/01/08/les-incoherences-de-lattentat-de-charlie-hebdo-voici-lenquete-qui-va-vous-faire-bondir/
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Écrit par : Feld / | 08/01/2015
LE LAÏCISME N'EST PAS LA LAÏCITÉ
> Je me réfère au 4e paragraphe de votre article au sujet de la laicité. Dans son livre "Plaidoyer pour Jean-Paul II", le professeur Joel-Benoit d'Onorio faisait remarquer que l'art. 1er de la Constitution de la Ve République porte : "Elle (la République respecte toutes les croyances", soulignant le mot "respecte". Il faisait aussi remarquer que la laicité à la française est variable : l'Alsace et la Lorraine sont encore sous le regime concordataire de 1801 ; le regime des Dom-Tom est different de celui de la métropole ; autre encore est celui de Saint-Pierre-et-Miquelon. Je continue de penser qu'il est important de faire la distinction entre la laicité et le laïcisme...
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Écrit par : Alleaume, Jean-Claude / | 09/01/2015
@ Philou
> "comparez ce qui est dit dans le Coran et l'Evangile, comparez entre la vie de Mahomet et celle de Jésus" :
sans doute avez-vous lu le 'Jésus et Mahomet' de Mark Gabriel, ancien universitaire d'Al Azhar, converti et exilé.
Quant à l'Irakien Joseph Fadelle, sa conversion a commencé par la lecture attentive du Coran.
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/01/2015
RÉFLEXIONS
> Sans aller jusqu’à dire que l’athéisme militant était caractéristique de la ligne éditoriale de Charlie Hebdo (censée n’épargner aucune autorité…), il est clair que l’expression directe de cet athéisme – la revendication d’un droit au blasphème – transpirait dans toutes les pages du journal.
Jusqu’où peut aller le droit au blasphème dans notre république laïque, lorsque notamment, sous couvert d’humour, il manifeste dans une certaine mesure la haine de l’autre, la détestation du prochain qui pense différemment ? Et les journalistes de Charlie Hebdo, tous plutôt sympathiques à nos yeux, auraient-ils franchi à cet égard une quelconque ligne rouge brisant notre capacité à vivre ensemble dans la paix ?
Je crains que nous n’ayons pas avant longtemps de réponse à cette question, « peut-on blasphémer sans haine ? »… Question à laquelle l’équipe de caricaturistes répondait – bien vite – par l’affirmative. Question à laquelle les chrétiens ont une réponse, donnée par Jésus-Christ – « Eh bien ! moi, je vous dis : “Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent” (Mt 5:44).
Les victimes de Charlie Hebdo avaient marqué notre époque de leur talent et de leurs outrances. Vont-elles être maintenant panthéonisées, comme le sont les boucs émissaires des sociétés primitives, jamais totalement innocents (cf. René Girard) ? Charb, Cabu, Wolinski et leurs collègues victimes de la/leur liberté d’expression accèdent-ils au statut de demi-dieux ? De fait, le slogan qui fait le tour de la planète, « Je suis Charlie », pourrait être interprété par beaucoup de fidèles juifs et chrétiens comme une divinisation implicite de ceux qui ont été assassinés [Dieu à Moïse, en Ex 3:14 : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : Je-Suis” ».] Charlie… leur seigneur et leur dieu ?
Je préfère pour ma part recevoir ce « Je suis Charlie » comme les larmes du Christ, le Verbe fait chair, sur les pécheurs que nous sommes et qui, faute de savoir aimer en vérité, comme Il nous l’enseigne, sont parfois sources de haine et de discorde.
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Écrit par : Denis / | 09/01/2015
@ Arnaud Le Bour
> Justement Charlie Hebdo était la licence d'insulte et non la liberté d'expression.
Les mots ont un sens.
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Écrit par : E Levavasseur / | 09/01/2015
AHMED
> Je suis Ahmed
Du nom du policier assassiné
http://1.nieuwsbladcdn.be/Assets/Images_Upload/2015/01/08/6dde3c22-975f-11e4-9b12-a686e0a8e10b_web_scale_0.2929688_0.2929688__.jpg?maxheight=460&maxwidth=629&format=jpg
www.youtube.com/watch?v=EyPxvZ8sH5E
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Écrit par : E Levavasseur / | 09/01/2015
ALORS ?
> "On est tous Charlie"....
Des milliers de chrétiens sont exterminés par l'Etat Islamique, des centaines de milliers persécutés dans le monde...
alors : "on est tous chrétiens ?"
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Écrit par : Frédéric Ripoll / | 09/01/2015
@ Pierre Huet
> Merci pour votre réponse...
Mais elle n'est pas explicite.
J'ai lu le livre de Fadelle. Quel courage ! quelle foi !
En gros :
L'Evangile dit comment il faut être (conversion toujours en devenir).
Le Coran, comment il faut faire (toujours sous le regard des autres).
Incompatibilité de 2 univers.
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Écrit par : philou / | 09/01/2015
@ F Ripoll
> Oui parce que je suis chrétien en l'occurrence.
Et si je n'ai pas la foi chrétienne ?
On peut se reconnaître néanmoins dans la morale chrétienne, reconnaître son apport à l'humanité et symboliquement user de cette phrase.
Sans la foi ni connaissance de cet apport, on peut toujours se dire indigné des persécutions des chrétiens.
Ou s'en réjouir.
De même, seuls ceux qui se reconnaissent dans la ligne éditoriale de Charlie hebdo peuvent se dire "Charlie".
S'ils sont chrétiens, alors ils se disent chrétiens en prière pour les morts et les assassins.
A vous de voir si en tant que chrétien vous vous reconnaissez dans la ligne éditoriale de Charlie Hebdo :
http://latableronde.files.wordpress.com/2013/11/images-3.jpeg?w=197
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Écrit par : E Levavasseur / | 09/01/2015
UNESCO
> Je porte à votre attention ces réflexions fort pertinentes de Philippe Quéau, sous-directeur général de l'UNESCO pour les Sciences humaines et sociales, sur l’attrait qu’exerce l’islamisme, dans ses formes extrêmes, sur de jeunes musulmans et même sur des occidentaux. Elles sont publiées sur le blogue personnel qu’il tient depuis quelques années:
« Je propose d'interpréter ces faits sous l'angle du retour des « grands récits », et de l'affirmation de la prééminence de l'idéologie dans un monde matérialiste, dénué d'idéal, profondément corrompu, et dont le pourrissement, comme pour les poissons, a commencé par la tête. Dans un monde privé de sens, tout ce qui ressemble à une explication et une vision prend une force magnétique, attractive. On ne se convertit pas et on ne part pas se faire tuer par hasard. Ce serait une tragique cécité de ne pas voir ce qui saute aux yeux. La guerre en cours est d'abord et surtout une guerre des idées, une guerre des visions du monde, et pour le dire à nouveau une guerre des « grands récits ».
Je sais, je sais. Un certain Lyotard, avec tous ses camarades post-modernes, avait décrété péremptoirement, il y a une quarantaine d'années, la « fin des grands récits ». Nous voyons aujourd'hui à quel point ces sympathiques post-modernes se trompaient.
(…)
Aujourd'hui, il faut constater que la bataille narrative continue, mais avec de nouvelles idées et de nouveaux acteurs, et l'on observe que les ténors de naguère ont perdu la main.
Que s'est-il passé ?
Une crise idéologique profonde. Une accumulation sans précédent, sur cinq décennies, de mensonges, de tromperies, de propagande brutale, haineuse, méprisante (Viet Nam, Amérique Latine, Guerre Froide, droits civiques, etc.). Et maintenant la crise économique systémique, assortie de la trahison à grande échelle des « élites », de la voracité des hyper-riches, de la lâcheté et de la médiocrité des médias de masse, qui sont comme un concentré de glu mentale.
Quiconque doué d'un peu d'esprit critique, d'une propension à l'idéalisme, et d'une volonté d'agir, ne peut que constater l'immense écart entre la réalité du monde et les façades brillantes, mornes et vides des sociétés occidentales, les discours creux et morts de leurs dirigeants, les faux-semblants et les vrais traquenards qui partout nous environnent.
L'art du grand récit n'est pas simple. Il y faut révéler en quelques mots un grand dessein, facile à comprendre, lumineux et clair, tout en restant flou sur les moyens. Un bon récit, c'est comme un bon slogan. Droit au but, qui fasse chaud au cœur, et qui résume de longs discours.
(…)
Il faut reconnaître une certaine unité de vision à des guerriers sunnites qui évoquent aujourd'hui le califat des Abbassides. Qu'on les admire ou qu'on les exècre, je crois que c'est la moindre des choses, sur le plan du réalisme politique, que de leur reconnaître au moins un fort sens du « grand récit ».
Il y a là une indéniable cohérence historique, géographique, idéologique et religieuse. Et, donc, une attraction forte du « grand récit » sous-jacent. Même l'empire ottoman, qui n'a pas joué un petit rôle dans la région, doit reconnaître un droit d’aînesse à la civilisation qui se donna des dirigeants comme Al Mansour ou Haroun Ar-Rachid.
Je ne vais pas développer plus avant cette analyse du passé, mais simplement pointer du doigt l'absence flagrante de « grand récit » alternatif, du côté qu'on appellera « le camp occidental » pour faire court.
Le « grand récit » de la démocratie, des droits de l'homme et du développement est une petite affaire bien pépère, qui permet de faire tourner la boutique des relations internationales dans les grandes démocraties depuis soixante ans. Sur le fond, j'avoue sincèrement que je partage ces idées, en tant qu'idées. Oui, mais voilà. Là où je ne suis plus d'accord, c'est quand je constate qu'on utilise ces mêmes idées comme un « voile » verbal et idéologique, pour cacher les profondes turpitudes du « système », ce système politico-économique « néo-libéral » qui s'est maintenant littéralement emballé. »
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Écrit par : Stéphane Stapinsky / | 09/01/2015
à E Levavasseur,
> Tout en ayant une approche critique vis-à-vis de Charlie Hebdo comme vous, indiquer que ce journal était la "licence d'insulte" n'est qu'un point de vue. Ce journal était et restera un rendez-vous hebdomadaire "croustillant" pour beaucoup de lecteurs. Que vous le vouliez ou pas, on ne peut pas retirer le "label" liberté d'expression à un journal sous prétexte que leur point de vue vous heurte. La liberté d'expression se vit aussi sous cette condition.
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 10/01/2015
@ Arnaud LB
> Quand on parle d'expression, il y a "exprimer" une idée.
Il n'y en avait aucune dans Charlie Hebdo concernant la religion : des insultes, de la grossièreté, aucune analyse, rien.
Charlie Hebdo est semblable à ces groupuscules qui se sont battus rue Caummartin : le vide et la violence.
Les points de vue religieux de Charlie Hebdo (??) ne m'ont jamais heurté tout simplement parce qu'il n'y en a aucun exprimé dans ce journal.
La question n'a rien à voir avec la liberté d'expression, ne vous faites pas manœuvrer si facilement.
Ce sera mon dernier commentaire.
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Écrit par : E Levavasseur / | 11/01/2015
> Merci de nourrir notre réflexion comme vous le faites !
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Écrit par : AH / | 11/01/2015
à E Levavasseur,
> Je ne vous parle pas du fond de leurs articles et de leur incompétence en matière de religion mais seulement d'un principe.
Je ne me fais pas du tout manœuvrer car la liberté d'expression a toujours été un principe fondamental pour moi.
Merci de ne pas accuser d'être manipulés celles et ceux qui défendent la liberté d'expression sous prétexte que vous avez de la haine contre Charlie Hebdo. Malgré le mouvement citoyen de ce week-end, je demeurerai hostile à la ligne éditoriale de ce journal tout en respectant ce droit d'expression qui est aussi le leur.
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 12/01/2015
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