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01/01/2015

Louange du 1er janvier : "À Lui la mer, c'est Lui qui l'a faite, et les terres, car Ses mains les ont pétries..."

christianisme

 

 

 

Laudes du 1er de l'An :

une lecture du psaume 94

 


 

  

Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut !

Allons jusqu'à Lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le !

Oui, le grand Dieu, c'est le Seigneur, le grand roi au-dessus de tous les dieux :

Il tient en main les profondeurs de la terre, et les sommets des montagnes sont à Lui ;

à lui la mer, c'est Lui qui l'a faite, et les terres, car Ses mains les ont pétries.

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits.

Oui, il est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu'Il conduit, le troupeau guidé par Sa main. Aujourd'hui écouterez-vous sa parole :

« Ne fermez pas votre coeur comme au désert, comme au jour de tentation et de défi,

où vos pères m'ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit.

Quarante ans leur génération m'a déçu, et j'ai dit : Ce peuple a le coeur égaré, il n'a pas connu mes chemins... »

 

 

Spécialiste universitaire (CNRS) des psaumes, Marina Mannati explique* :

« Trouvons admirable que Dieu nous livre sa parole en la soumettant à toutes les lois de l'histoire. Chez les psalmistes, nous touchons du doigt ce qu'est une prière incarnée... L'étude de psaumes  fait comprendre qu'il nous faut assouplir nos structures mentales que nous croyons volontiers universelles ! Pour rejoindre les psalmistes, il nous faut quitter notre représentation linéaire du temps, […] entrer dans une pensée qui s'exprime par symboles et images.  […]  A la différence de nos chants accordés à notre sensibilité du moment, tributaires d'une mode passagère, les psaumes, nés dans un temps et pour un temps donné, transcendent le temps.  […]  Ils ne sont pas enfermés dans le présent : ils le font éclater par le jeu de l'imbrication des plans : ils actualisent le passé dont vit le présent et ils sont tendus vers l'avenir eschatologique. Cet éclatement du temps nous insère dans une tradition vivante et le passé cesse d'être passé : il est là, agissant, actuel.  […]  Les psaumes ouvrent aussi le présent sur un avenir en gestation. Ils font sauter les barrières d'un présent enfermé sur lui-même et qui nous enferme sur nous-mêmes. « Je souffre », « je remercie », « je suis pécheur », « je loue Dieu » ; non pas : « moi je souffre... » comme si j'étais le centre du monde, mais moi avec mes frères actuels, avec toute la tradition qui me porte, moi dont l'histoire particulière s'insère dans l'histoire du peuple de Dieu en marche vers le Royaume. »

 

Marina Mannati explique aussi :

«  Sensibilisés par les psaumes aux bénédictions de l'Alliance, nous percevrons progressivement que la bénédiction fondamentale est celle de l'Emmanuel, Dieu-avec-nous : ''Je suis votre Dieu et vous êtes mon peuple.'' La récitation des psaumes fait peu à peu abandonner l'idée d'un Dieu conceptuel (chargé de ''justifier'' l'injustice sur terre), le Dieu-gendarme, le Dieu qui parle à notre sensibilité (à notre puérilité), pour le Dieu Tout-Autre, qui a voulu habiter au milieu de son peuple, qui a voulu que son peuple soit son hôte : "avec toi pour toujours" (psaume 139,18) ! »

 

Il en ressort que les psaumes, prière du peuple de la Première Alliance (le peuple messianique), sont aussi notre prière :

« ...parce que Dieu nous les a livrés pour que nous les utilisions comme bon nous semble. Nous pouvons, dans la liberté de l'Esprit, user librement des psaumes... Notre être entier peut passer dans les psaumes ; ils sont bien notre prière, non pas étroitement individuelle, mais authentiquement personnelle. »

 

Ainsi le psaume 94 (ci-dessus) qui ouvre chaque matin la prière catholique des laudes. Prenons la résonance en nous de quelques mots :

> « Crions de joie... » Ce n'est pas une clause de style : quand le pape François nous reproche nos têtes au vinaigre, quand il reproche leurs « faces funèbres » aux prélats de la Curie, c'est une correction fraternelle dans l'Esprit Saint : sans l'espérance (dont la joie est le signe), notre foi n'est pas la foi. Si nous mesurions ce que veut réellement dire le Salut auquel nous croyons en théorie, nous n'aurions pas ces airs d'habitués, ou de « militants » hargneux, qui mettent en fuite autrui.  Seigneur, augmente en nous la foi ! (Luc 17.3-10).

> « Allons jusqu'à Lui en rendant grâce... » Notre démarche devrait être la gratitude et pas « la défense de nos valeurs » ! Que posséderions-nous qu'Il ne nous ait donné ?

> « Le grand roi au dessus de tous les dieux... » Nos petits dieux d'idées, de partis et de milieu  sont voués à être renversés par l'Esprit du Père et du Fils.  « Jésus, le Christ, lumière intérieure, ne laisse pas nos ténèbres nous parler ! »

> « A Lui la terre car ses mains l'ont pétrie... » Le sang du Christ réconciliant l'homme et son Créateur, réconcilie la Création avec l'homme qui ne cessait de révolter le sol contre lui (Genèse 4.10). Seigneur, fais-nous comprendre que nous ne sommes pas les maîtres de la terre !

> «Nous sommes le peuple qu'Il conduit... » Et non un parti prêtant ses opinions à Dieu.

> « Ce peuple a le coeur égaré, il n'a pas connu mes chemins... » Dans le climat des psaumes, nos égarements sont toujours-déjà guéris par Dieu qui se tourne / s'est tourné / se tournera / vers l'homme – et l'homme en réponse doit se tourner vers Lui : c'est en nous le mouvement étymologique de la conversion. Et c'est de notre conversion que parle la première lecture de la messe du 1er janvier, tirée des Nombres (6,22-27) : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu'Il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu'Il t'apporte la paix ! »

 

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* Pour prier avec les psaumes, Cahiers Evangile 13, Cerf 1991.

 

 

Commentaires

PSAUME

> Merci, merci, de ces bons commentaires du psaume 94. Je ne suis pas Français, mais je suis d'assez près les péripéties de la politique française. Vos commentaires de ce psaume éclairent "la dernière étape de mon pélerinage" de prêtre diocésain retraité. Encore merci.

JCA


[ PP à JCA - Merci de ce message, Père. Il me rend très heureux. Mes meilleurs vœux de sainte année 2015 ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Alleaume, Jean-Claude / | 02/01/2015

Les commentaires sont fermés.