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29/12/2014

S'ouvrir aux paroles du pape... ou les esquiver ?

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Libéraux, encore un effort pour accepter ce que dit François :


 

  

Sept auteurs libéraux discutent l'exhortation La joie de l'Evangile dans le dernier numéro de Liberté politique. Par une recommandable honnêteté intellectuelle, l'un d'entre eux ne dissimule pas la radicalité des passages économiques et sociaux du texte papal.

Ainsi le célèbre paragraphe 54 contre la théorie libérale du ruissellement*, et les paragraphes 55 et 56 contre l'idolâtrie du marché... Selon l'article de Pierre de Lauzun, le pape considère que ce « déplacement idolâtrique » est « systémique » et constitue « une sorte de culture commune, une structure de péché », « mais un élément nouveau est sans doute ici la dénonciation directe du rôle d'une certaine idéologie de l'autonomie absolue du marché et de ses effets automatiquement bénéfiques »... De même, souligne aussi Lauzun, le pape n'en appelle pas seulement au caritatif individuel mais « à la dimension collective, pour lui essentielle ». Et François, dit-il, demande « de revoir toute la logique de la politique économique »** avec « un appel vibrant au politique » : d'où incompatibilité (soulignons-le quant à nous) de l'idéologie libérale avec la pensée des papes.

Pierre de Lauzun a cependant des étonnements qui nous étonnent. Par exemple lorsqu'il évoque à mots couverts la hargne des conservatives (ultralibéraux) américains contre François : « l'irritation de certains économistes américains peut surprendre », dit-il... Non, elle ne surprend pas ! Ces Américains sont la véritable voix du système ultralibéral, made in USA – alors que leurs homologues français noient le poisson en célébrant un libéralisme imaginaire et bienveillant qui serait « le vrai libéralisme », jamais réalisé nulle part ; image pieuse qu'ils substituent à la réalité.

Pierre de Lauzun a un autre étonnement, la radicalité du ton de François : elle peut, dit-il, « surprendre les uns et choquer les autres... » Je sais que l'horizon de l'auteur est loin de se limiter aux uns (surpris) et aux autres (choqués), mais lisons la suite : en contrepoint de cette radicalité du pape, regrette Lauzun, on ne trouve dans l'exhortation « que peu ou pas des notions traditionnelles dans l'enseignement de l'Eglise comme la subsidiarité, la liberté, la réalisation de la personne dans le travail, et plus généralement les bienfaits de l'économie d'initiative, d'entreprise et donc de marché, si elle est bien comprise et surtout responsable... »  En réponse à cela, Pierre de Lauzun me permettra de lui faire observer que : 

1. subsidiarité, liberté, réalisation de la personne dans le travail***, sont des notions présentes dans le Compendium de la doctrine sociale dont la même exhortation du pape recommande la lecture ;

2. les cathos libéraux ont trop utilisé ces trois notions comme un enfumage pour esquiver la critique concrète du système ultralibéral : c'est peut-être pourquoi le pape ne les mentionne pas (afin de garder son tranchant à la critique concrète) ;

3. le propos urgent du pape, dans ces paragraphes de l'exhortation apostolique, n'est pas de célébrer la théorie sempiternelle de la « libre entreprise » (dont le pire ennemi est d'ailleurs le casino financier ultralibéral) : il est de tourner concrètement la conscience des catholiques vers une critique de l'utralibéralisme et de ses ravages sociaux.

De même : Pierre de Lauzun s'étonne que le pape, appelant l'Etat à redécouvrir son rôle d'outil du bien commun, n'ajoute pas une critique de « ses graves déviances »... Mieux vaut se demander si cette omission papale ne s'explique pas par une volonté de choc pédagogique : réveiller en sursaut une bourgeoisie catholique endormie dans les dogmes ultralibéraux pour lesquels « l'adversaire c'est l'Etat ».

Je conclus en m'étonnant, quant à moi, de la conclusion de l'article. Pierre de Lauzun paraît finalement donner tort aux paragraphes économiques de La joie de l'Evangile ; il affirme que la théorie du ruissellement fonctionne (contrairement à ce qu'en pense le pape) ; il affirme que l'enrichissement des plus riches et l'appauvrissement des plus pauvres « ne correspond pas aux faits pour une grande partie de l'humanité »  (il devrait en parler avec Gaël Giraud par exemple). Et il achève en déclarant, à propos de l'exhortation apostolique : « Ce n'est pas sous cet angle  (l'économie) qu'il faut principalement  aborder ce texte et les autres interventions du pape » !  On se demande si l'on a bien lu. Car :

- tout ce qui précède, dans l'article de Pierre de Lauzun, aborde au contraire l'exhortation apostolique sous cet angle ;

- si le pape a jugé nécessaire d'inclure des pages de critique économique et sociale dans une exhortation spirituelle, c'est qu'il ne sépare pas « les deux règnes » comme le faisait Martin Luther (référence religieuse libérale) ;

- un texte comme cette exhortation ne peut être abordé « principalement » sous un angle ou un autre, mais dans son intégralité organique : kat'holon, selon sa totalité ;

- aggraver la sélection « d'angle » au point de l'étendre à la façon de lire les « autres interventions du pape », venues ou à venir, serait jeter le bouchon un peu loin...

Pierre de Lauzun a-t-il vu que son rejet de « l'angle » économique et social est de nature à délégitimer la doctrine sociale de l'Eglise tout entière, voire à désincarner le catholicisme pour le transformer en bonus « spirituel » du CAC40 ? Non, il ne peut pas l'avoir vu. Sa conclusion est un lapsus. Son article a trop d'honnêteté intellectuelle, comme je l'ai dit, pour s'achever sur un démenti infligé à lui-même.

 

_______________ 

* « Certains défendent encore les théories de la ''retombée favorable'', qui supposent que chaque croissance économique, favorisée par le libre marché, réussit à produire en soi une plus grande équité et inclusion sociale dans le monde. Cette opinion, qui n'a jamais été confirmée par les faits, exprime une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant... » (pape François, exhortation apostolique La Joie de l'Evangile).

** « Nous ne pouvons plus avoir confiance dans les forces aveugles et dans la main invisible du marché... » (ib.)

***   Sans oublier que la robotisation, ultima ratio du turbocapitalisme,  programme la disparition progressive du travail humain.

 

 

Commentaires

DÉJÀ BIEN

> c'est déjà bien que des catholiques libéraux reconnaissent qu'il y a un hiatus entre leurs opinions et ce que dit le pape. D'autres n'ont pas ce courage.
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Écrit par : jean-philippe audin / | 29/12/2014

"STUPÉFIANT"

> Il est quand même stupéfiant qu'il se trouve des gens pour croire sincèrement que le ruissellement, ou la retombée, comme on veut, puisse fonctionner dans le libre-échange mondial actuel.
Il ne faut surtout pas sortir de son bureau ni même ouvrir sa télé pour y croire! Qu'il aille voir les condition de travail du Bangladesh (pas les "head-offices" chics) et les friches industrielles chez nous.
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Écrit par : Pierre Huet / | 29/12/2014

EN PROFONDEUR

> J'avais vu il y a quelques temps cette vidéo, qui date du mois d'avril, où, commentant 'Evangelii Gaudium', Pierre de Lauzun allait effectivement tellement loin dans la traduction fidèle des propos anti-libéraux de François, sans presque jamais vraiment «oser» le contredire, que d'une part on pouvait imaginer les grincements de dents et les sueurs froides dans une assemblée pas franchement caressée dans le sens du poil, et que d'autre part on pouvait se demander si l'on n'avait pas là sous nos yeux un homme, Pierre de Lauzun, saisi par le doute profond et semblant vaciller dans ses certitudes libérales de toujours.
On sent ici un homme touché en profondeur par la portée des mots de François. C'en est même assez troublant...
https://www.youtube.com/watch?v=rsgZRjKwlYo
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Écrit par : Serge Lellouche / | 29/12/2014

LE SEUL POUVOIR

> Il va tout de même falloir se mettre en face des réalités : le casino économico-financier actuel est la grande structure de péché mondiale. Il n'a rien à voir avec la "liberté d'entreprendre".
Il vampirise et volatilise les richesses. En face de lui il n'y a rien. Il est le seul pouvoir de la planète, sans aucune concurrence.
Essayer de cacher l'existence de ce pouvoir, feindre de croire à on ne sait quel danger "socialiste" (Macron ?), c'est le discours de Sarkozy-Juppé et ils se foutent de nous.
Essayer de cacher s'être mis au service de ce pouvoir, feindre de croire que seule la droite y est, c'est le discours Valls-Hollande et ils se foutent de nous aussi.
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Écrit par : Amos / | 29/12/2014

ALLEZ

> Ceci me rappelle mes discussions adolescentes avec mon père (oui, encore, je sais !).
Avec l'esprit de contradiction que l'on a à cet âge, je tentais régulièrement de prendre le contre-pied, avec aplomb, de ses positions sur nombre de sujets.
Avec l'assurance du jeune blanc-bec fier de ses lectures toutes neuves, je partais dans des démonstrations fort savantes (selon moi) pour lui prouver à quel point il se trompait et tentait, à partir de ses postulats, de prouver que ses conclusions étaient erronées.
Je le voyais sourire devant mes efforts. Continue mon p'tit vieux,vas jusqu'au bout, me disait-il. Et je savais que si j'allais jusqu'au bout, je lui donnerais raison. Quel enragement c'était !
j'ai ainsi envie de dire à M de Lauzun :"allez, mon p'tit vieux, encore un effort".
Sauf que M de Lauzun n'est plus un adolescent mais un universitaire et c'est bien dommage pour une fois !

gdecock


[ PP à GDC - Pierre de Lauzun est le directeur-général délégué de la Fédération bancaire française. ]

réponse au commentaire

Écrit par : gdecock / | 29/12/2014

@ Amos,

> Vous voulez-dire revenir au (si gentil) capitalisme à papa des années 50-60, d'avant la toute-puissance du casino-financier mondialisé? Euuuuuuh...
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Écrit par : Serge Lellouche / | 29/12/2014

À QUEL PRIX

> Les tenants du libre échange reconnaissent la casse sociale qu'il engendre et que l'Etat doit prendre en charge en même temps que la hausse moyenne des niveaux de vie. Il est indéniable qu'en Chine par ex. en sus d'une classe hyper riche est née une classe moyenne à côté de gens laissés de côté et n'ayant plus rien. La Banque Mondiale peut ainsi afficher qu'au cours des dix(?) dernières années connues 800 millions de personnes sont sorties du seuil de pauvreté. Avant de s'envoyer des anathèmes pour ou contre la théorie
du ruissellement encore faut-il préciser ce que l'on entend par là.
La révolution industrielle au 19ème siècle a abouti un siècle plus tard à une amélioration générale des niveaux de vie mais à quel prix ?
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Écrit par : caillaud / | 29/12/2014

C'EST COMME ÇA QUE LA CHUTE DU COMMUNISME A COMMENCÉ

> à Caillaud : il est extrêmement facile de nier, au contraire, le mythe de la classe moyenne chinoise née du libre échange (sauf si vous considérez qu'un pourcentage inférieur à 1%, ça fait une moyenne de la population), et notamment en citant la Banque Mondiale. Qui me semble dire, moi, exactement le contraire de ce que vous affirmez, en dépit de son ton marketing plein d'espoir en les lendemains qui chantent (enfin, qui marmonnent) :
le nombre de gens sortis de la pauvreté est très inférieur à ce qui a d'abord été évalué, et très inférieur à 800 millions de personne, il s'agit de sortie de l'extrême-pauvreté et non de sortie de la pauvreté (ces personnes restent dans la misère, même selon les critères des pays de richesse moyenne) ; cela se fait en vase communiquant (si quelques-uns sortent de la pauvreté en X, d'autres s'y enfoncent en Y), etc.
La Banque Mondiale insiste par ailleurs sur le manque considérable de fiabilité des statistiques et sur le manque de statistiques de longue durée pour certains pays importants (la Chine notamment).
Exemple :
http://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2010/02/17/estimates-of-poverty-in-the-developing-world-updated

La sortie de la pauvreté de ces dernières décennies est purement et simplement un mythe.
Et ce n'est pas tout d'évoquer la Banque Mondiale. Il faut citer et sourcer.
Sourcer : ce que les libéraux ne font jamais, sauf bien sûr à citer un journal ou un think tank libéral.
C'est la raison pour laquelle on entend les chiffres les plus contradictoires dans leur bouche : un demi-milliard de pauvres en moins, 700 millions, 800 millions, ou carrément un milliard pour le divertissant Christian Saint-Etienne. Mais bien sûr, un milliard ! Pourquoi pas deux ? Ou vingt ?
Par ailleurs, la défense du système par comparaisons hasardeuses avec le passé n'est pas acceptable. C'est une tarte à la crème très à la mode chez les libéraux aux abois (il devient impossible de nier que le libéralisme appauvrit tout le monde, alors on se lance dans des révisionnismes historiques plus ou moins farfelus).
Ces espèces de parallélismes sans queue ni tête relèvent d'une téléologie naïve, d'une reconstruction des séquences de l'histoire qui ont, du reste, quelque chose de délicieusement soviétique. Rien ne prouve que la situation actuelle soit comparable à celle de 1870, et du reste affirmer qu'il était obligatoire de faire travailler les mômes de 8 ans 12 heures par jour dans les mines pour parvenir un jour à la sécu pour tous, et donc qu'il fallait faire contre mauvaise fortune bon coeur en attendant, est pour moitié absurde, pour moitié obscène.
Ce n'est pas le capitalisme qui a mis fin au travail des gosses de 5 ans dans les filatures américaines. C'est Lewis Hine, et la prise de conscience sociale qu'il représente.
Vous voulez vraiment défendre ceci dans l'espoir totalement gratuit (et c'est bien la seule chose de gratuite dans tout ça) qu'un jour ça rende les gens plus heureux ?
http://www.historyplace.com/unitedstates/childlabor/

Enfin, n'oubliez pas dans votre équation la disparition de la classe moyenne. Vous allez avoir beaucoup de mal à nous prouver que l'augmentation de la pauvreté de masse dans des pays dans lesquels elle avait disparu, c'est un argument en faveur du ruissellement.
http://www.nytimes.com/2013/04/22/nyregion/city-report-shows-a-growing-number-are-near-poverty.html

Et le retour de la pression pour le travail des enfants de 9 ans, c'est du ruissellement aussi ?
http://www.theatlantic.com/business/archive/2011/11/newt-gingrich-thinks-school-children-should-work-as-janitors/248837/

Je suis très heureux, personnellement, que les libéraux en soient réduits à ces arguments absurdes, à ces chiffres truqués, à ces appels totalement inhumains à l'esclavage des enfants au prétexte qu'un jour, vous verrez, ça ira mieux. La réalité les rattrape. Le mythe devient indéfendable. On se réfugie dans la fiction. C'est comme ça que la chute du communisme a commencé.
______

Écrit par : Christian / | 29/12/2014

INCOMPATIBILITÉ

> Je suis parfaitement d’accord avec vous PP sur cette incompatibilité du libéralisme et des propos du pape François.
Je relisais et méditais récemment un évangile où apparaissent des publicains. Je suis également tombé sur l’appel de Matthieu dans Marc et le repas avec les pécheurs et les publicains qui s’en suit. Jésus le dit clairement alors qu’on lui oppose de manger avec des publicains et des pécheurs: « Ce ne sont pas les gens bien portant qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs. » (Mc2,17) Cela m’a donné de resonger aussi à l’évangile dans lequel apparaît Zachée.
M’est alors venue cette question : qui sont les publicains d’aujourd’hui ?
Les publicains étaient les collecteurs d’impôts, collaborateurs de l’occupant romain et particulièrement riches, et même semble-t-il avec une réputation de voleurs; et on a même parfois l’impression que c’est cette richesse qui pose problème. Dans Mc2, c’est d’autant plus visible que ceux qui font des reproches à Jésus sont les Pharisiens, dont on sait qu’ils étaient plutôt « la classe moyenne » de l’époque (si l’on peut s’exprimer ainsi) ou que du moins ils étaient de condition moins aisée de manière générale.
A ma question « qui sont les publicains d’aujourd’hui », je vois une réponse : les riches d’aujourd’hui. Comme ils sont, avec tout ce qu’ils ont, y compris leurs idées (qui servent essentiellement à protéger leur fortune, leur mode de vie, …).
Mais je me demande bien ce que leur dirait Jésus.
Là, j’avoue que je ne sais pas. J’ai parfois des interrogations, quand je pense, par exemple, à l’attitude d’un syndicat comme la CGT qui se refuse à toute négociation (on le sait que le motif de la lutte des classes est erroné).
Néanmoins que peut-on faire quand celui qui est en face ment, manipule, manigance, sans cesse et à grande échelle pour ne pas négocier, pour se défendre égoïstement et rien d’autre ? Quand ils fuient le dialogue de telle façon qu’aujourd’hui tout le monde s’en rend compte?
Peut-être est-ce pour cela que le pape François a un ton si radical.
Je ne pense en effet pas que céder à tous les caprices des tenants d’une idéologie « anthropologiquement erronée » selon les papes (et à mon avis mortifère) soit la solution : trop de dégâts.
Mais ce qui est sûr c’est que Jésus veut assurément les rejoindre. Ils sont après tout avec les prostituées ceux qui nous « précédent dans le Royaume des Cieux » Mt 21,31 (pourvu qu’ils se convertissent). Et quand on y songe, ce n’est pas rien.
PS : pourquoi parler de la lutte des classes ? Je viens de relire certains passages de « la dérive totalitaire du libéralisme » de Mgr Schooyans. On le sait, le livre porte en entête une lettre de Jean-Paul II qui salue l’ouvrage. Or parmi les passages que j’ai relus, je suis tombé sur la comparaison que l’auteur fait du marxisme et du libéralisme. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit ni plus ni moins que du règne de la force ; et ça ce n’est pas chrétien.
La force d’une classe contre une autre, dans un sens ou dans l’autre selon qu’on se situe après ou avant la révolution pour les marxistes, la force de tous contre tous (le 'Bellum omnium contra omnes' de Hobbes) dans le libéralisme.
Dès lors, Mgr Schooyans le montre, le droit qui en découle - n’en déplaisent aux libéraux - n’est pas un droit naturel mais un état de fait de rapports de force, c’est-à-dire un pur droit positif. Tout le contraire de ce que prétendent les libéraux.
Enfin autre passage intéressant relu : l’auteur démasque bien le tour de passe-passe sémantique qui tend à assimiler "libre entreprise, économie libre, libre marché", d’une part, et "libéralisme", d’autre part.
Ce n’est pas parce que l’Eglise admet la première série de termes et ce qu’ils signifient, qu’elle a jamais cédé au libéralisme, idéologie qui lui a toujours été étrangère.

ND


[ PP à ND - 100% d'accord avec votre démonstration ! Je vote l'affichage, comme on disait autrefois chez les députés. ]

réponse au commentaire

Écrit par : ND / | 29/12/2014

DISCUSSION

> Je n'ai pas eu la possibilité de lire l'article en question de P. de Lauzun aussi je m'exprime avec prudence. Je trouve votre critique de celui-ci un petit peu abusive (ne cherchez vous pas la petite bête ?) dans la mesure où il reconnait très clairement la portée de l'exhortation sur sa dénonciation du système actuel. Sa phrase finale "Ce n'est pas sous cet angle (l'économie) qu'il faut principalement aborder ce texte et les autres interventions du pape" me semble juste. Si on l'aborde uniquement sous un angle économique, on le réduit à une pensée laïque, ce n'est qu'une théorie économique de plus. C'est comme vous le dites, seulement en prenant en compte toutes ses dimensions qu'une telle exhortation doit être comprise.
Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il n'est pas nécessaire de redire dans cette exhortation ce qui a déjà été dit auparavant sur la subsidiarité ou les graves déviances de l'Etat. Cependant, c'est ici un point de détail.
Par ailleurs, j'ai lu d'autres articles de P. de Lauzun dans de précédents numéros et il est un de ceux qui expliquent de la manière la plus claire en quoi le libéralisme est foncièrement incompatible avec le christianisme.

Ludovic


[ PP à L. :
Cher ami, permettez-moi de trouver à mon tour "un petit peu abusive" la manière dont vous interprétez mon interprétation. Je m'explique :
- un "angle" est une porte d'entrée.
- La phrase de Pierre de Lauzun dit : "ne pas aborder principalement".
- Or, comment "aborder" sinon par un "angle", donc "principalement" ? (on ne peut pas emprunter deux portes à la fois).
- Le résultat objectif de la phrase de P. de Lauzun est de dissuader le lecteur de prendre la porte d'entrée économique pour aborder le reste de l'exhortation.
- En dissuader le lecteur n'est certainement pas son intention !
- Mais c'est exactement ce que souhaitent les libéraux invétérés : ceux qui pensent moins honnêtement que P. de Lauzun... (Je vous rappelle que j'insiste sur son honnêteté intellectuelle face aux propos du pape, et que je souligne donc la discordance entre sa phrase finale - un lapsus ? - et l'article qui la précède).
- Concernant cet auteur, je serais assez de l'avis de Serge Lellouche ; nous sommes en présence de quelqu'un qui est sincèrement touché par le propos du pape, et qui ne cherche pas à le contourner. Pierre de Lauzun n'est pas homme à noyer le poisson. Puisse-t-il faire école dans son milieu : c'est un voeu à formuler pour 2015 ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : ludovic / | 29/12/2014

Cher Patrice,

> Merci pour votre réponse.
Si votre conclusion est "Concernant cet auteur, je serais assez de l'avis de Serge Lellouche ; nous sommes en présence de quelqu'un qui est sincèrement touché par le propos du pape, et qui ne cherche pas à le contourner. Pierre de Lauzun n'est pas homme à noyer le poisson. Puisse-t-il faire école dans son milieu : c'est un voeu à formuler pour 2015 ! ",
alors je crois que nous sommes bien d'accord sur l'essentiel. Ce n'était pas le sentiment que m'avait donné cet article, en particulier sa conclusion, où le mot lapsus pèse lourd.
Je comprends donc que cet article s'adresse aux libéraux qui pourraient mal lire P. de Lauzun et non à à P. de Lauzun lui-même, mais il fallait un peu, vous en conviendrez, lire entre les lignes pour arriver à cette conclusion.
______

Écrit par : ludovic / | 31/12/2014

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