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13/12/2014

Le robocapitalisme n'aura plus besoin des gens

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Cédric Ingrand (LCI), qui revient du Japon, y a remarqué les outils du capitalisme final : ce sera la "croissance sans emplois" :


Dans un magazine de télévision, chronique du journaliste de LCI :

<< ''Un robot en plus, un emploi en moins'', criaient les manifestants des années 1970, à l'époque où les robots arrivaient dans l'industrie. Le mouvement ne s'est pas inversé depuis, au contraire. Au Japon, où j'étais cette semaine, les robots arrivent dans les services, comme agents d'accueil dans les boutiques de Nespresso ou vendeurs pour l'opérateur de mobiles Softbank. Des robots qui prennent des emplois, préfigurant une ère pas si lointaine où la machine pourrait occuper l'essentiel des emplois, à part les plus haut-de-gamme peut-être, signant la fin des espoirs de plein-emploi des sociétés modernes. La plus grande révolution technico-économique de l'ère moderne, plus impactante encore que l'arrivée de l'internet, et une transition qui ne se fera pas sans douleur. Et le pire serait à venir, le jour où les machines apprendront plus vite que l'homme et nous verront comme un inconvénient sur notre route. De quoi rejoindre les plus pessimistes des prédictions de la science-fiction. Mais ces robots sont si mignons. >>

Cédric Ingrand n'est pas un romancier de SF : journaliste spécialisé dans les hautes technologies, blogueur high-tech sur le site officiel de LCI, chroniqueur high-tech à l'émission de l'inusable ultralibéral Jean-Marc Sylvestre, il est au carrefour des technosciences et de l'économie. Ce qu'il explique sur les robots tuant l'emploi n'est pas un raccourci polémique : c'est un constat factuel.

Qu'il le publie dans un magazine populaire de grande diffusion (même si c'est en page 149)  est un indice. Jusqu'à présent, la perspective de la ''croissance sans emploi'' était semi-confidentielle ; les initiés n'en parlaient qu'entre eux, pour ne pas achever de couler le Pacte de responsabilité dans l'opinion publique... Si les citoyens réalisaient que les cadeaux aux grandes entreprises servent notamment à investir dans la robotisation, la fable du ''million d'emplois'' se retournerait contre M. Gattaz. Or l'idée n'est plus confidentielle, puisqu'elle filtre dans un magazine télé ! Il se passe quelque chose.

Cédric Ingrand suppose que les emplois ''les plus haut-de-gamme'' échapperont à la prise du pouvoir par les machines. Ce n'est pas du tout certain. Début novembre 2014, la presse économique nous a appris que le new management faisait un saut qualitatif brusque : la firme Deep Knowledge Venture (DKV), société de capital-risque basée à Hongkong ''et dont le rôle est d'investir dans de jeunes sociétés de biotechnologie'', vient de donner à un ordinateur le statut légal de membre du conseil d'administration. ''Sa voix comptera autant que celle des autres administrateurs'', souligne la firme ! Cette machine se nomme VITAL, acronyme de Validating Investment Tool for Advancing Life sciences : ''Outil d'investissement pour les sciences de la vie''. Le robot VITAL, nous explique-t-on, ne produit pas que des ratios financiers : ''Il va beaucoup plus loin. Il a en mémoire une gigantesque base de données sur les technologies du secteur, les entreprises, les fournisseurs d'appareils médicaux et de médicaments, les agences gouvernementales (qui décident de la santé en particulier), les institutions financières, les instituts de recherche...''

La présentation ajoute que VITAL, n'étant pas humain, vaut beaucoup mieux qu'un administrateur en chair et en os : ''Ses décisions ne sont pas biaisées par son humeur du moment, le fait qu'il ait plus ou moins bien dormi, fait un repas indigeste, se soit querellé avec son conjoint ou se fasse du souci pour l'un de ses enfants...''

Premier administrateur non-humain au monde, le robot VITAL n'est ''sûrement pas le dernier'', annoncent les journaux. Selon Martin Dewhurst et Paul Willmott, directeurs chez McKinsey (conseil en stratégie), l'intelligence artificielle va ''bouleverser le rôle des dirigeants'' en se substituant à eux. Selon Jeremy Howard (université de San Francisco), ''les gens sous-estiment massivement l'impact que les techniques analytiques modernes combinées aux masses de données disponibles vont avoir sur leurs entreprises et sur la société, pour une raison simple : les possibilités offertes par ces techniques évoluent de façon exponentielle et l'esprit humain ne peut l'envisager. '' (Le Monde, 1er novembre 2014). Selon les chercheurs Carl Benedikt Frey et Michael Osborne (Oxford), l'intelligence artificielle menace désormais 47 % des emplois aux Etats-Unis et 140 millions de ''travailleurs du savoir'' à travers le monde. C'est du haut en bas de l'échelle des salaires que la robotisation va détruire les postes.

Quand elle parviendra à son stade suprême, l'Idole Argent avec sa ''culture du déchet'' (comme dit le pape François) n'aura même plus besoin de ses adorateurs.

Si nous ne voulons pas devenir les chimpanzés du futur, il est temps de le faire sentir !

 

 

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Commentaires

RIEN COMPRIS

> Mais non vous n'avez rien compris, ce qui nous menace c'est le socialo-communisme, critiquer le capitalisme c'est rouvrir le goulag, Sarko vient de l'expliquer dans sa conférence au Qatar (un pays qui défend la libre entreprise) !
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Écrit par : Oncle Hubert / | 13/12/2014

LANGAGE

> Il faut le reconnaître, « culture du déchet » est une expression plus percutante et plus immédiatement compréhensible que ne l’était la « culture de mort » chère à Jean-Paul II. Même si la signification est la même. Un des petits progrès apporté par François, c’est justement la simplification du langage.

Blaise


[ PP à Blaise - Non seulement plus compréhensible, mais plus précis : le mot "déchet" oblige les fidèles à remonter aux causes de cette "culture", les structures de péché économiques. Du coup on voit apparaître, sur des sites cathos français jusque-là très "oncle Hubert", des considérations antilibérales inattendues. Alleluia. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise / | 13/12/2014

CURIEUSE ÉPOQUE

> Curieuse époque, en effet, que la nôtre, où semble se réaliser ce qui relevait encore naguère de la littérature d'anticipation (et dans un autre registre, de la blague épaisse ou absurde, selon les talents - qu'on songe au "mariage pour tous").
Il y a trente ans, les ouvriers étaient accusés de ne pas vivre avec leur temps lorsqu'ils protestaient contre la robotisation des usines, de même qu'il y a deux cents ans les "luddites" anglais qui détruisaient des métiers à tisser. Le fait que des emplois plus qualifiés soient maintenant menacés par cette évolution - à laquelle les détenteurs desdits emplois ont parfois contribué - ouvrira-t-il les yeux des "décideurs" ou au moins des cadres ? Nous verrons. Espérons-le.
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Écrit par : sven laval / | 13/12/2014

DEMAIN

> La bourse est depuis pas mal de temps gouvernée par les ordinateurs.
Maintenant les entreprises vont être dirigées par des ordinateurs.
Demain les gouvernements seront exercés par des ordinateurs (les petits blagueurs diront qu'avec FH nous ne perdons pas au change).
______

C'est dans la logique du tout libéral, où l'économie ne doit obéir qu'à des lois mathématiques ou logiques du genre l'offre et la demande, prix de revient etc...
Et à ce petit jeu les ordinateurs sont bien meilleurs que nous.
Et comme l'économie est devenu le facteur primordial, QED ou CQFD.

Comme je le disais, ce système est fou car il retire le facteur humain de l'équation. Que vaut un système qui calcule juste mais ne sert pas l'homme?

@sven laval: les "décideurs" et les cadres ne décident plus grand chose en fait, ils suivent les consignes (baisser les coût internes, restaurer le cash flow, augmenter les bénéfices d'un facteur à deux chiffres...). Le bateau est ivre mais la réalité pas très poétique. Et il n'y a plus de pilote dans l'avion.

Écrit par : JClaude / | 14/12/2014

@ JClaude :

> votre remarque est juste ; reste aux "décideurs" à comprendre qu'ils peuvent encore descendre de l'avion ou du bateau et le faire savoir de manière forte : en résumé, laisser ce système fou ne fonctionner que dans des espaces de plus en plus restreints et peu à peu s'étioler. Ce que l'on peut espérer sans trop se faire d'illusions, je vous le concède.
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Écrit par : sven laval / | 14/12/2014

@ sven laval

> Vous avez parfaitement raison. Un grand nombre de personnes ont été formées pour appliquer en bon élève sans réfléchir ni aux causes ni aux effets.
L'issue passe par deux étapes: d'abord prendre conscience que le modèle basé sur la consommation la plus forte possible est déficient (il ne rend pas heureux) et mortifère, puis descendre de l'avion comme vous dites.
Le fait est que si vous êtes seuls à descendre, l'avion continue de voler sans vous...
C'est là que la politique dans le sens noble du terme devrait prendre le relais, nulle action individuelle n'a de poids face à un système établi.
A ma très grande joie, l’Église, à commencer par le pape, nous éclaire et nous rappelle à plus de raison et de critique par rapport à notre mode de vie pour que cette prise de conscience s'opère.
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Écrit par : JClaude / | 14/12/2014

> En 1985 déjà, encore ado, j'étais sidéré par une conversation avec un type qui me disait que s'il avait à refaire des études, il se lancerait dans le "wetware", technologie alliant le vivant et l'informatique, notamment concernant le cerveau.
Le jour où on aura un cerveau de bonhomme dans une bécane, ou le contraire, bref, saura-t-on reconnaître l'humain là-dedans ?
Or si l'on nous explique que l'humain d'aujourd'hui n'en sera plus un demain, paradoxalement parce qu'il aura voulu rester lui-même en refusant de se faire implanter je ne sais quoi je ne sais où, nous aurons bien la preuve (mais un peu tard) du plus visqueux des mensonges : ce qu'on nous vend n'est pas pour notre bien, c'est pour vendre tout court.
L'avenir verra-t-il un monde de robots acheteurs s'adressant à des robots vendeurs ?
J'attends accessoirement le jour où ces mêmes robots se demanderont ce qu'ils f... là.
Les dictionnaires de philosophie les plus touffus n'ont pas d'entrée "nature humaine". C'est plus qu'une faute...
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Écrit par : F. Edserre / | 14/12/2014

DEUX DANGERS

> Ne nous laissons pas influencer par nos souvenirs de romans de science-fiction.
Il me semble que la robotisation présente déjà deux dangers :
- hausse du chômage. Dans des temps malheureusement lointains, on y voyait une chance de libérer l'homme du travail pour l'ouvrir aux loisirs, à la culture et à la méditation.
- complexification technologique restreignant la liberté et la souplesse d'action des entreprises, de la société et des individus en les rendant dépendants de quelques grandes firmes internationales d'informatique et de robotique.
Le danger réel n'est-il pas la prise du pouvoir par ces firmes ?
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Écrit par : Guadet / | 14/12/2014

ILLICH

> Ivan Illich, au début des années 1970, a aussi parlé d'un danger de l'âge industriel qui devient évident aujourd'hui avec l'informatique et la robotisation. L'outil n'est plus au service de l'homme, c'est l'homme qui est au service de l'outil. L'homme perd donc sa créativité et devient machine lui-même. Le mythe moderne du robot remplaçant l'homme et le rejetant alerte sur notre propre robotisation. Tous les jours nous nous asservissons un peu plus à la machine, préparant une trans-humanité stérile et donc fragile, qui sera balayée par la première catastrophe venue.
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Écrit par : Guadet / | 15/12/2014

> Hé oui Guadet , deux ou trois firmes pour qq milliards d'infirmes !
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Écrit par : escargolibri / | 15/12/2014

> Je me rappelle un cours d'informatique à l'université en 1990, ou notre prof nous racontait quelques anectdotes du monde informatique, dont celle ci : la dernière crise financière (en 1983 ou 1987, je ne sais plus), avait été provoquée par ... les ordinateurs !
La spéculation boursière (déjà à l'époque!) était piloté par des ordinateurs qui, ayant tous les mêmes algorithmes d'intelligence-artificielle (et oui, c'est vieux çà !), se sont tous mis à paniquer sur une petite baisse, et en quelques heures ... nous avons eu un crash.
Comment en est on sorti ? les directeurs de banque, voyant qu'il n'y avait pas d'autre issue, ont décrochés leurs téléphones pour s'appeler les uns les autre et se mettre d'accords afin de tous ... débrancher leurs ordinateurs.
Fin du crash.
J'imagine bien maintenant que nos supers directeurs seront aussi des ordinateurs qu'ils décident de s'auto débrancher ! je doute que ce soit prévus dans les programmes !
Car un ordinateur ne commet jamais d'erreur : il fait exactement ce qu'on lui dit ... de faire. Même une intelligence artificielle. Donc reste à savoir ce qu'ils ont... dans le code. Personnellement (je suis informaticien, vous l'avez deviné), je crains le pire.
Cdt,
______

Écrit par : Bergil / | 15/12/2014

LA CRÉATION

> Petite histoire [raccourcie] de la création :

Au début, la machine fut inventée pour aider l'homme dans ses tâches physiquement difficiles,
puis dans les tâhes répétitivess,
puis pour allre plus vite,
gagner plus de temps,
gagner plus d'argent.
Et puis l'homme s'est mis à admirer non plus son créateur
mais sa création.
Alors tout a commencé à aller de plus en mal :
l'homme au lieu de chercher à s'éléver vers on créateur,
s'est mis à abaisser toujours plus vers sa création
rêvant de plus en plus de lui ressembler,
rêvant de se fondre en elle...
(l'amour fusion au lieu de l'amour fécond).
La suite ? c'est demain, elle reste à écrire !
Cela va dépendre des [prières-]actions de chacun.
______

Écrit par : franz / | 15/12/2014

LE MYTHE DES LOISIRS

> Je me rappelle effectivement de cette idée très 70s d’une société des loisirs, où la mécanisation libérerait l’homme du travail. Sans doute fallait-il voir derrière l’influence d’une certaine idéologie, pour laquelle le travail était aliénant.
Et je n’ai pas remarqué que le « bon peuple », dès qu’il a un moment de libre, se précipite sur la culture ou la médiation, à mon grand regret. Pour le coup la publicité, le besoin compulsif de consommation qu’elle favorise, les émissions stupides et la novlangue (Serge où êtes-vous ?) sont la véritable aliénation.
Le nouveau clivage pourrait bien être une nouvelle forme de querelle des anciens et des modernes, entre lesdits « conservateurs » et lesdits « progressistes ».
Les progressistes sont dans la croyance que tout ce qui est nouveau est forcément mieux (un progrès), et que par dérivation tout ce qui était avant est mauvais, à bannir quand ce n’est pas à éradiquer. Le transhumanisme, le scientisme, le culte de la Raison me semblent des dérivés de ce courant profond.
Il aurait pris consistance avec la philosophie des Lumières et la révolution française. Je crois que cela a été évoqué ici par Guadet, je n’élabore pas plus étant donné l’insignifiance de mes connaissances historiques.
Je crains que les chrétiens ne soient sans autre forme de procès assignés dans le camp des conservateurs-réactionnaires par les progressistes pour rendre caduques leurs valeurs. A ces derniers de se montrer suffisamment habiles pour ne pas se laisser enfermer dans la case des « empêcheurs d’être heureux ».

@ Franz
Bien vu et bien dit.

@ Guadet
le monopole sur les systèmes d'exploitation des ordinateurs, les brevets sur les OGMs... sont aussi des dangers de prise de contrôle en sus de ceux que vous mentionnez.
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Écrit par : JClaude / | 15/12/2014

@ JClaude

> D'accord avec vous mais notez que le travail a presque toujours été considéré comme aliénant. De l'antiquité aux temps modernes, l'otium, c'est-à-dire le loisir, était considéré comme l'occupation de l'homme libre.
Au XIXe siècle, le besoin en main d'œuvre bon marché de l'industrie a conduit au contraire à faire du travail une idole pour que le prolétariat accepte sa condition. À la fin du siècle les projets pour des monuments ou même des temples le magnifiant se multiplient. Notez que, dans la Bible, le travail n'est jamais conçu comme un but en soi à la manière du XIXe siècle ou de ce début du XXIe.
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Écrit par : Guadet / | 15/12/2014

@ Guadet

> Cet éclairage est intéressant, sans doute suis-je resté sur une vision trop étroite de la dialectique du maitre et de l'esclave de Hegel.
Et vous avez parfaitement raison dans votre analyse que la Bible ne présente pas le travail comme un but en soi, mais comme une contrainte et même un châtiment.
Cette contrainte n'est-elle pas inhérente à notre condition humaine ? Constatons la destruction morale qui s'opère chez les chômeurs, privés de toute reconnaissance ou bien est-ce encore un fait de notre société occidentale?
D'ailleurs je vois là une faille dans le système libéral: qui va consommer une fois qu'une majorité de personnes sera sans emploi et donc sans revenus?
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Écrit par : JClaude / | 17/12/2014

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