« Ni regret. Ni amertume. Encore moins d'aigreur envers quiconque. Juste une conviction : le système politique est mort... Depuis longtemps. » Signé : « Girardin Olivier (@OGirardin1968) December 7, 2014 ». C'est le tweet posté dimanche par le candidat PS à l'élection partielle de l'Aube, dans une circonscription de droite où il venait de se faire éliminer au premier tour par le candidat FN (arrivé numéro 2 derrière le candidat UMP, successeur de Baroin).
« Le système politique est mort », constate Girardin. Il ne dit pas : « le PS est mort », ou moribond ; il dit : « le système politique ». De quoi parle-t-il ? Du système électoral bipolaire ? Pas seulement. De la représentativité des partis ? Sans doute plus. Du pseudo-présidentialisme à la française : 1958 révisé 1962 ? Certainement, en dernière instance. La présidence Sarkozy (convulsive) et la présidence Hollande (trou noir) ont montré l'usure de la formule : n'importe quel politicien de troisième zone se sent obligé de briguer l'Elysée comme autrefois la présidence du conseil général ; c'est exactement le contraire de ce que de Gaulle voulait, ou disait vouloir mais sans illusions.
A partir de ce coma de la présidence, tout le reste tombe en catalepsie. Le bloc majoritaire de gauche ou de droite (pilier de la Cinquième) se délite. Le « régime des partis » revient, mais plus personne – ni les partis eux-mêmes – ne croit aux partis : parce que plus personne ne croit au politique, qui a ostensiblement abdiqué entre les mains de la finance voilà vingt-cinq ans. Les partis ne sont plus que des syndicats d'appétits, mais ils se disputent un gâteau de moins en moins substantiel : l'Etat devient étique. Si l'on veut faire du gras, il faut aller dans les multinationales...
Même les membres de la classe politicienne commencent à convenir de tout ça, comme le montre le tweet de M. Girardin.
Y a-t-il un espoir ? N'essayons pas d'en fantasmer un sur la scène politique actuelle : ce serait irréaliste. Laissons quelques-uns faire leur expérience partisane ; ils en reviendront vite, écoeurés – sauf ceux qui auront obtenu un strapontin au prix de leurs convictions. Nous, soyons concrets. « La finance de l'ombre est revenue à son niveau de 2007 », constatait Boursorama en novembre. Le nouveau séisme financier se prépare. Cette fois les Etats ne pourront plus le contrebalancer ; le système financier qui a déstructuré le monde se désintègrera lui-même, avec des conséquences sociales et humaines dévastatrices. Que pouvons-nous faire ? Le débat est ouvert. Voici déjà l'avis de Pierre Huet, dont je reproduis ici le commentaire publié ce matin sous une note du 20/11 :
« ''Vivre comme il convient", ainsi Olivier Rey résume-t-il une conclusion qui donne l'impression d'un constat d'impuissance face à une catastrophe prochaine. C'est probablement vrai, mais, comme disait un qui n'était pas très catholique, "il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre", et un autre, qui n'était pas du tout chrétien, "tout désespoir en politique est une sottise absolue" : aussi cette recommandation de vie convenable a-t-elle, peut-être, une dimension politique. Si notre monde va dans l'impasse, il y a peut-être moyen de travailler à un changement de modèle qui engendre le moins de malheurs possible. Au moins le constat d'Olivier Rey a-t-il le mérite de repérer quelques fausses pistes, telles que soigner la démesure par des solutions supranationales encore plus démesurées, ou fragmenter les structures politiques en entités plus humaines mais incapables de tenir têtes aux empires financiers ou militaires ; et en lisant ceci il est difficile de ne pas penser à l'Europe des régions que voudraient certains. La taille de nos sociétés, à tous les sens du mot : commercial, social, sociétal éloigne les hommes les uns des autres et fait croître l’individualisme. Alors travaillons à retisser ces liens dans nos familles et dans la vie publique en renouant avec notre histoire et notre civilisation commune. Retroussons nos manches. »
Commentaires
TRANSITION
> La situation actuelle ne semble pas désespérer Gaël Giraud. Une 'transition écologique' est encore possible...
http://www.humanite.fr/steve-keen-et-gael-giraud-leconomie-est-semblable-lastronomie-davant-copernic-558878
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Écrit par : isabelle / | 09/12/2014
@ isabelle
> Il n'y a jamais eu autant d'économistes et aussi bons mathématiciens.
S'ils servaient à quelque chose, ça devrait se savoir.
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Écrit par : Pierre Huet | 09/12/2014
LA PHOTO
> Remarquable photo. D'ou vient-elle? d'un film sur une maffia ?
PH
[ PP à PH - Du Web... Sans source, et avec une indication vague laissant entendre qu'il s'agissait du véritable enterrement d'un véritable personnage au nom sicilien, au Canada semble-t-il. Mais sans garantie ! J'ai surtout été séduit par le côté 'QRM sur Bretzelburg" des impers gris et chapeaux tyroliens. ]
Écrit par : Pierre Huet / | 09/12/2014
@ Pierre Huet
> La constitution d'une doxa, tant en mathématiques qu’en économie a, semble-t-il, pétrifié la ductilité du raisonnement :
"ils prétendent être mathématiques, mais en fait, ils sont « mathématistes ». Ils utilisent les mathématiques comme cela leur convient et ne tiennent compte que des résultats qui leur plaisent. [...] L’économie refuse de faire de même et d’accepter les résultats qui sapent les croyances" (toujours dans le même article).
On peut supposer, bien entendu, que les motivations de l'"orthodoxie financière" ne sont pas celles du bien commun.
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Écrit par : Isabelle / | 10/12/2014
ÉLUDÉE
> à propos du lien fourni par Isabelle, il est symptomatique que la réponse à la question :
"Vous défendez l’utilisation des mathématiques. Mais le problème de l’économie ne provient-il pas de sa séparation d’avec les autres sciences sociales ?"
soit éludée (rien sur les sciences sociales).
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Écrit par : franz / | 10/12/2014
LIBERALISME
Ça alors, même un site qui se réclame de Jean Ousset voit clair sur le libéralisme, le libertaire, le TINA et compagnie ! Il fait juste une confusion sur "conservateur" dans le dernier paragraphe, mais je n'aurais pas cru qu'il fasse des liens clairs entre libéral, libertaire...
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Écrit par : Aurélien Million / | 10/12/2014
à A.M.
Non, c'est moi qui ai coupé. Je vous explique pourquoi par message personnel. Voyez votre boîte mails.
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Écrit par : PP à Aurélien Million | 11/12/2014
> Je vous l'ai renvoyé.
- Pour vos contradicteurs : expliquez-leur en quoi l'argument de la "démocratie" est annulé par le conflit d'intérêts régional !
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Écrit par : PP à Aurélien Million / | 11/12/2014
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