La seule "croissance" est dans le Christ

 

La terre et le temps ont des limites : la seule croissance illimitée est spirituelle, dans le Christ qui est "au commencement" et à la fin... Lettre de Pierre et début de l'évangile selon Marc :

 

> Deuxième lecture de ce dimanche, 2P3.8-14 :

« Les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu'on a fait ici-bas, ne pourra y échapper. Ainsi, puisque tout cela est en voie de dissolution, vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété, vous qui attendez, vous qui hâtez l'avènement du jour de Dieu, ce jour où les cieux enflammés seront dissous, où les éléments embrasés seront en fusion. Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c'est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice... »

Comme le faisait observer Claude Tresmontant, la Bible (les deux Alliances) postule que l'univers a eu un début et qu'il aura une fin : elle ne contredit donc pas l'astrophysique, contrairement à la plupart des mythes païens. D'autre part, la Bible souligne que l'activité de l'homme devient auto-idolâtrie quand elle prétend à l'illimité  ; l'Ecriture désavoue d'avance ceux qui prétendent que l'hubris économique et financière actuelle exprime la vocation de la créature humaine ! Enfin, la lettre de Pierre contient une perspective d'eschatologie cosmique (le ciel nouveau, la terre nouvelle) et l'associe à la double attitude exigée du croyant : 1. la piété, qui inclut (dans le contexte antique) la sobriété de vie ; 2. la sainteté, c'est-à-dire – dans le contexte chrétien – l'accueil de l'Esprit Saint par chaque baptisé devenant ainsi « saint dans le Christ » (1Co 1,2, Ph 1,1).

 

> L'évangile de Marc, quant à lui, débute par ces mots : « Commencement de l'évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu » (traduction AELF), ce qui se dit  Ἀρχὴ τοῦ εὐαγγελίου Ἰησοῦ Χριστοῦ υἱοῦ θεοῦ  dans la version originale grecque.   Ἀρχὴ (« archè » : « commencement ») se dit en hébreu béréchit (« en tête ») et c'est le premier mot du premier livre de la Bible : « béréchit bara Elohîm èt ha'chamaïm vé èt ha'érets », « au commencement (en tête) Dieu créa les cieux et la terre... » L'évangile de Marc commence donc comme celui de Jean (1,1 : « au commencement était le Verbe) :  ainsi cette formule « au commencement » s'applique à la fois au Verbe créant l'univers (« par Lui tout a été fait », Jn 1.3) et au Verbe se faisant homme (« prenant chair », Jn 1.14)... Le premier verset de Marc nous annonce l'evangelion (« bonne nouvelle ») de Jésus Christ : cette « bonne nouvelle » est Jésus Christ lui-même, et c'est l'événement que nous célébrons à Noël depuis deux mille ans. Sans Jésus Christ, Noël n'a aucun sens.

Noël chrétien n'est pas une commémoration, encore moins une nostalgie. Noël est un nouveau départ, un ressourcement, une contemplation de la source : « au commencement », ἐν ἀρχῇ... Constatons au passage que l'adjectif « archaïque », dérivé de ce mot archè, est devenu au fil des âges synonyme de « très vieux » alors qu'il signifie en réalité « le plus jeune qu'on puisse imaginer » : l'instant 01 ! La foi chrétienne n'est pas un conservatoire du vieux ; c'est un ressourcement perpétuel, un rajeunissement permanent, une réactivation constante. Exactement ce que le pape François est en train de faire sous nos yeux. Prions pendant l'Avent pour que son oeuvre providentielle continue à ouvrir le coeur des non-chrétiens.