18/11/2014
Maxime Hauchard (djihadiste de l'Eure) et le désert mental de la société marchande
Le constat des spécialistes devrait faire réfléchir :
Ex-chef des négociateurs du RAID (police nationale), Christophe Caupenne – photo ci-contre – connaît bien la sociologie des nouvelles violences. Ce matin, vers 8h 20, il était l'invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC pour parler de Maxime Hauchard et de son copain : les deux jeunes Normands devenus bourreaux-stars chez Daech. S'appuyant notamment sur une étude du CPDSI*, Caupenne a expliqué que, parmi les jeunes de l'Hexagone devenant djihadistes, on trouve désormais :
- nombre d'enfants des classes moyennes
- élevés sans aucun repère,
- qui ont fait des dépressions nerveuses,
- et qui se sont auto-recrutés pour le djihad grâce à l'internet,
- leur porte d'entrée dans le djihad étant les théories du complot ominiprésentes sur la toile (version « complot contre l'islam »),
- après avoir été formatés mentalement par l'ultra-violence de jeux vidéos comme Call of duty, souligne Caupenne.
Notons ces six données. Elles obligent à nuancer les explications habituelles sur le « djihadisme français ».
Maxime Hauchard, du petit bourg de Bosc-Roger (une commune pavillonnaire « où rien ne se passe », selon Le Courrier de l'Eure), n'était pas un immigré. S'il a choisi de devenir un avatar djihadiste (sans rien connaître de religieux, comme beaucoup d'islamistes), c'est pour des raisons propres aux adolescents du désert occidental. Et par désir d'une violence collective et absolue. Une de ses camarades de lycée en témoigne : c'est dès 2009, à l'âge de 17 ans, que Hauchard a décidé - sous l'influence de l'internet - qu'il était un djihadiste. Il s'est mis à envoyer des tweets « qui n'étaient pas seulement de la religion », dit la jeune fille : « on voyait qu'il avait un problème... » Ce problème était le désir de tuer, sous un prétexte ou un autre. Et c'était quatre ans avant que le garçon prenne (spontanément) l'avion pour Istanbul et aille se présenter aux djihadistes à la frontière turco-syrienne... Maxime Hauchard a déclaré en août dernier, à BFM-TV, s'être radicalisé « avec des vidéos sur Internet ». On connaît ces vidéos djihadistes : elles sont absurdes mais d'une grande efficacité émotionnelle, scénarisées de façon quasi-hollywoodienne, exactement comme les jeux vidéo qui sont l'univers de millions de gamins.
D'où les constats de Caupenne et des sociologues, cliniciens sans parti-pris :
- les jeunes de nos classes moyennes qui se « djihadisent » via le Net sont un pur produit de notre société ; enfants de familles consuméristes, ayant grandi dans un désert intellectuel et moral, ils sont polarisés sur l'ultra-violence par l'audiovisuel, la Toile et les jeux vidéos. Dans ce monde commercial, l'ultra-violence n'est qu'un produit de consommation vide de sens**. La consommation étant l'unique horizon occidental, les jeunes prennent l'ultra-violence, qui en fait partie, pour un univers normal... Mais, étant jeunes, ils sentent le besoin de trouver un univers (de violence) qui affirmerait avoir du sens. La seule offre dans ce domaine est aujourd'hui le djihadisme ! D'où, chez les ados, la diffusion aberrante de l'expression « faire le djhad » alors qu'ils n'en ont aucune compréhension réelle, ni religieuse ni géopolitique.
Cette dimension comportementale propre aux Occidentaux n'invalide évidemment pas la dimension islamique du djihadisme : sa mythologie se réclamant du Prophète... Dans le vieux film Khartoum de Basil Dearden (1966), le Mahdi de 1880 parle déjà comme le « calife » al-Baghdadi en 2014 ; il joue sur les mêmes frustrations populaires face aux impérialistes.
Mais ce n'est que la moitié du problème ! Nous serions ineptes de refuser de voir l'autre moitié : le fait que le désert mental de la société de marché produit chez nous une génération d'adolescents en déshérence, orphelins de toute éthique et de toute culture, et livrés au décervelage d'un entertainment pervers effaçant le bien et le mal*** – parce qu'il fait commerce de tout et notamment des ténèbres au fond de l'homme.
Que faire ? La question ne se pose pas seulement à la police des frontières. Elle se pose avant tout aux éducateurs : parents et enseignants. Elle va du plus direct au plus difficile.
Le plus direct est de chasser le libéral de notre tête. Autrement dit : 1. cesser de croire que notre système économique et commercial est dans l'ordre normal des choses ; 2. comprendre que ce système a fait le vide en supprimant (comme « freins à la croissance » et « tabous religieux ») toutes les normes non-marchandes, dont la distinction du bien et du mal ; et que dans ce désert se lèvent les djinns de nos ténèbres intérieures, dont le système fait commerce comme de tout le reste. Il n'y a d'éducation possible qu'en rejetant le libéralisme, ce totalitarisme du non-sens commercial.
Le plus difficile sera d'élever les enfants dans des «zones libérées» mentales qui soient pas des ghettos de l'esprit. Mais l'épanouissement de ces enfants, leur accès à la liberté profonde (et a fortiori leur immunité face aux virus mentaux diffusés par le système), exige que les familles rompent avec le règne de l'absurde - et commencent par discerner d'où il vient.
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* CPDSI : centre de prévention contre les dérives sectaires.
** L'ultra-violence de mercenaires d'armées privées (désormais idéal américain) ne fournit qu'une réponse insuffisante au besoin d'absolu de l'adolescent.
*** Dans le dernier Disney, Maléfique, la méchante reine-sorcière avec ses ailes de chauve-souris devient ainsi le héros positif. C'est d'ailleurs elle (pas le ridicule prince Charmant mâle) qui réveille la princesse d'un baiser. Ce produit standard du marketing déconstructeur est un long-métrage « pour public familial », nous dit la critique.
11:50 Publié dans Idées, Société | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : djihadistes français
Commentaires
BRIGADISTES
> Les membres des Brigades Rouges étaient de jeunes Italiens qui ont appliqué les idées enseignées en fac de philo dans les années 60 en Italie ou qui étaient publiées dans la littérature nihiliste encensée par les bobos de l'époque.
Ce n'est pas un historien réac qui le dit, c'est Pierre Milza (un des responsables de l'institut François Mitterrand) dans son 'Histoire d'Italie'.
Si l'on part du principe qu'interdire une chanson qui dit "donnez-moi des balles pour la police municipale" est une atteinte à la liberté de création artistique alors qu'elle s'adresse à des gamins influençables et laissés à eux-mêmes, de quoi se plaindre ensuite ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 18/11/2014
ISLAM
> à PP - Le djihadisme est un mouvement politique qui se sert du levier religieux. Cette analyse ne plaît pas aux identitaires "catholiques" qui disent que l'islamisme est le summum de l'islam authentique. Ils font de l'islamophobie anti-immigrés un de leurs deux leviers à eux (l'autre étant le culte obsessionnel de la Famille). Dans les deux cas Dieu est au placard.
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Écrit par : Lambert / | 18/11/2014
SYMPTÔME
> Je ne sais pas si l'islamisme est le summum de l'islam mais enfin, il m'en semble quand même un symptôme caractérisé. Car il est bon de rappeler que le djihad est parfaitement islamique, que Mahomet a lui-même massacré à tour de bras lors de ses conquêtes, et que le Coran et les hadiths sont d'une clarté cristalline sur le sort réservé aux infidèles. La question n'est donc pas la légitimité du djihad - aucun musulman sérieux ne peut la nier - mais bien qui a le droit d'appeler au djihad. Je peux me tromper mais il me semble bien que le djihad est très codifié et que seul le Calife peut en théorie appeler au djihad. Or il n'y a plus de Calife, et c'est là que le premier groupuscule venu se sent habilité à se réclamer du djihad.
Bref, certes, le désert intellectuel et moral actuel sert la cause des extrêmistes de tout bord.
Mais n'évacuons pas trop vite le lien entre islam "orthodoxe" et islamisme. L'islamisme ne se nourrit pas seulement de rêveries mais aussi des textes sacrés de l'islam... Et le jeune maxime ne se serait jamais enrôlé sans une "publicité" islamiste efficace.
Rappelons aussi que lorsque des catholiques deviennent fondamentalistes ou intégristes (comme la FSPX par exemple), ils prient le chapelet ou, à la rigueur, saccagent des "oeuvres d'art" douteuses. Il ne me semble pas avoir encore vu de chrétien égorgeant un autre être humain en criant "Gloire à Jésus-Christ" mais je peux me tromper...
Alors que conclure ? Je pense qu'il est urgent pour l'Église d'évangéliser deux terrains :
1- Celui des athées/agnostiques/indifférents qui otn perdu tout repère. Et particulièrement dans les quartiers sensibles.
2- Celui de l'islam car les musulmans aussi ont droit à la vérité, à la paix et au Salut.
Car nombre d'individus se font musulmans par ignorance de la vérité chrétienne...
Cordialement
Xavier
[ PP à Xavier - Qui veut "évacuer trop vite" ? Ne craignez rien : une grande partie de la cathosphère française se voue à répéter que l'islam c'est le mal et puis c'est tout. Pour faire dérailler l'orchestre il faudrait plus que notre petite voix, ici, ajoutant qu'il y a aussi de la faute
du crapuleux système occidental ! Mais il faut tout de même quelqu'un pour décrire ce qu'une grande partie de la cathosphère française "oublie" : la moitié de la réalité. ]
réponse au iommentaire
Écrit par : Xavier / | 18/11/2014
@ Lambert
> Je me permets de rappeler que l'islam EST politique par nature. La distinction temporel/spirituel est une idée chrétienne. Donc bien sûr que le djihadisme est politique, puisqu'ils veut imposer, du moins en théorie, la loi d'Allah.
Ainsi, je ne sais pas si se poser la question d'un lien entre islam et djihadisme est islamophobe, mais pour avoir lu le Coran, quelques hadiths jugés authentiques et morceaux choisis de la sira de Mahomet, force est de constater que le "beau modèle" de l'islam ne fut point un pacifiste, et que l'égorgement des opposants est une pratique politique utilisée par Mahomet.
Ce qui manque, c'est une vraie réflexion sur l'islam, qui soit à la fois libre des préjugés islamophobes et des islamophiles (car vouloir faire de l'islam une religion de paix et d'amour relève davantage du préjugé idéologique que de la réalité). Une vraie réflexion critique et objective en somme. Et bien sûr l'évangélisation... toujours l'évangélisation.
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Écrit par : Sceptique / | 18/11/2014
LES TEXTES
> Les djihadistes n'ont pas le monopole de l'instrumentalisation du religieux, certes, cependant la distinction entre Dieu et César n'existe pas dans l'Islam ce qui pose un réel problème. Pas que cela d'ailleurs.
Annie Laurent livre une excellente analyse des problèmes structurels de l'islam intitulée “L’Etat islamique est-il l’ennemi de l’islam?" qu'elle conclut ainsi : "En fait, contrairement à ce que l’on entend dire, y compris au sein de l’Eglise, ce ne sont pas seulement les personnes musulmanes (en l’occurrence les terroristes) qui inquiètent mais plus fondamentalement les textes sacrés auxquelles elles se réfèrent.
Tant que les musulmans n’auront pas su dépasser ces obstacles structurels, aucun vrai renouvellement de la pensée islamique dans ses différents aspects (religieux, politique, social) ne sera envisageable.
En attendant, oui, l’« Etat islamique » est l’ennemi des musulmans dont il défigure l’humanité, mais est-il réellement l’ennemi de l’islam comme certains responsables politiques et religieux musulmans l’ont déclaré ?"
http://associationclarifier.fr/letat-islamique-est-il-lennemi-de-lislam/
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Écrit par : isabelle / | 18/11/2014
DÉSIR DE PUISSANCE
> N'oublions pas que Mohammed Merah s'est "converti" à l'islam juste après les attentats du 11 septembre 2001. Les djihadistes ont beau jeu d'exploiter la fascination pour la violence qu'éprouvent nombre d'adolescents, plus ou moins déboussolés.
Qu'est-ce qu'ils trouvent, ces jeunes, dans la violence djihadiste? le moyen de satisfaire leur désir de puissance illimité. Le pouvoir de s'affranchir des règles communes, à leur gré; le pouvoir de tuer; de se faire craindre. C'est l'immaturité la plus totale.
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Écrit par : Blaise / | 18/11/2014
VOYEURISMES ET TOLERANCE
> Je ne vois pas tres bien en quoi le fait de rendre un culte à la famille "met Dieu au placard".
Pour des chrétiens, Dieu nait dans une famille (pas banale, il est vrai)dans un petit village de Galilée et plus encore, y grandit en taille et en sagesse pendant 30 ans de "vie cachée". Difficile quand meme d'affirmer que la famille ne soit pas un projet de Dieu, certes toujours à sanctifier, mais néanmoins irremplaçable. Et pourtant si peu reconnu par nos pouvoirs publics!
Quant au fond, qui a suscité ce commentaire un peu biaisé de Lambert, je rejoins à 100 % l'analyse de PP qui nous invite à ne pas trop vite nous disculper de notre part de responsabilité. Comme chaque fois que Dieu est en croix, ce sont nos voyeurismes aussi qui sont crucifiés avec Lui.
Sachons donc voir, malgré nos aveuglements, qui EST en croix et qui MET en croix.
Nous y ressentirons certes la morsure d'une saine culpabilité (celle qui nous aide à entrevoir la faute commise, souvent réductible à une absence de bien, une omission).
Mais nous aurons aussi et surtout l'aiguillon de nous dire que nous avons quelque chose à changer, chacune et chacun, dans notre façon d'envisager la question de la liberté et de la tolérance.
Pour bien me faire comprendre, je laisse ici la parole à Saint Augustin:
« A force de tout voir l’on finit par tout supporter…
A force de tout supporter l’on finit par tout tolérer…
A force de tout tolérer l’on finit par tout accepter…
A force de tout accepter l’on finit par tout approuver ! »
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Écrit par : Arion / | 18/11/2014
F.D.S.
> Un "FDS" djihadiste : il y a quelques années, personne n'aurait estimé cela possible...
Mais il est vrai que l'islam le plus obtus est infiniment plus structurant que le semblant de société dans lequel nous vivons.
Tout est absurde, tout se vaut, et on s'y habitue, mine de rien.
Tiens, quelque chose qui n'a pas suscité plus d'étonnement que ça :
http://www.20minutes.fr/insolite/1483003-20141118-co-createur-simpsons-sauve-taureau-gay-abattoir
C'est vrai : le sacrifice de ce taureau eût été une "double tragédie". P...n, dites-moi que je vais me réveiller !
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Écrit par : Feld / | 18/11/2014
> Où est l'Eglise dans ces bourgs, ces communes, etc...?
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Écrit par : Gégé / | 18/11/2014
Cher Patrice,
> je souscris en tout point, mais j'ajouterais une chose : d'après les articles, cet homme avait été baptisé et eucharistié... Or d'après le portrait que vous faites, je présume que cet homme était passé au "bureau des sacrements" (citation de 'La joie de l'évangile'), qu'aucun prêtre n'avait fait de discernement, qu'on avait donné le baptême à cet enfant en sachant que ses parents n'allaient pas vraiment le catéchiser ("on ne peut pas refuser la grâce au gens!"), idem pour la communion.
De toute façon la plupart des catés dans les paroisses françaises ont abandonné tout enseignement véritable...
Résultat 1) un apostat, 2) un terrible contre-témoignage. C'est aussi en partie un échec de l'Eglise française...
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Écrit par : Maud / | 19/11/2014
ENRAGÉS
> Tiens donc, une nouvelle forme d'athées pieux! Quand je considère le visage de Maxime, je pense à nos jeunes identitaires enragés et tout cela me peine très profondément... Quelle pauvreté! Espérance pervertie, Amour absent, des coeurs réduits en esclavage... C'est toujours le même combat, celui de Jésus contre les idoles qui sont l'anéantissement de l'Homme.
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Écrit par : Pierronne la Bretonne / | 19/11/2014
LES PARENTS
> En gros on peut résumer la situation en disant que ces jeunes "djihadistes" n'ont pas eu de père, ni même de mère, non ?
C'est la mission des parents (à commencer par le père) il me semble, de transmettre les limites, les valeurs. Lorsque la société rejette les limites, les contraintes, que l'économie devient "une guerre" de tous contre tous, qu'il faut faire "moins d'Etat", il devient logique que la vie quotidienne devienne ... la guerre civile. C'est ce qui se passe ne Syrie, en Irak & co.
Que disent nos partisans du libéralisme à tout crin ? il faut encore moins d’État en Irak ? alors pourquoi arment-ils le gouvernement en place ?
Il est interdit d'interdire .... encore un fruit de mai 68.
Tant que l'homme ne réfléchit pas au sens de la vie : quelle est la finalité de la vie sur Terre, qu'il ne met pas Dieu et l'amour du prochain en ligne directrice, toutes les aberrations et les erreurs sont possibles.
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Écrit par : Bergil / | 19/11/2014
LE MOINDRE DÉSIR
> Pour aller dans le même sens que PP, il serait important, aussi, de parler de la dictature de l'opinion dans notre monde libéral.
De même que le moindre désir de l'individu DOIT être satisfait, de même, sa moindre pensée DOIT être reconnue comme une vérité révélée, sans possibilité de réflexion.
Tous les historiens, comme moi, se plaignent de ne plus être écoutés, et que le plus ignorant se sente toujours plus savant que lui dans son propre domaine. L'idée rationnelle qui a fait la force de l'Europe - qu'on respecte dans chaque domaine la parole du plus savant dans ce domaine - n'a plus cours aujourd'hui.
Du coup, la moindre fantaisie d'ado peut se développer sans rencontrer aucune chance de critique, ni de réflexion, ni d'évolution vers quelque chose de fructueux.
Guadet
[ PP à Guadet - Et c'est le résultat de l'invasion de tout par le consumérisme. Pour le marketing tout désir est bon et doit être exaucé. Appliquez ça au domaine des pulsions de violence (comme à bien d'autres domaines), et vous avez le résultat présent. Dans l'optique libérale, rien ne permet de réguler ou réprimer les pulsions ; leur contenu n'a plus aucune importance, toute pulsion est rentabilisable. "Les vices privés font le bien public"... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Guadet / | 19/11/2014
PAS UNE SURPRISE
> Totalement en accord avec ce diagnostic dont j'ai posté le lien en commentaire sur "les réseaux sociaux" comme on dit, et j'ai vu que je n'étais pas le seul.
Ce n'est hélas pas une surprise: dès le mois de juillet, on savait en France, au plus hauts niveaux de l'Etat, que l'EIIL employait de préférence des volontaires étrangers pour les pires besognes.
Reste un autre problème de fond: la position encore trop timide des autorités musulmanes sur les ambiguïtés du Coran. C'est à elles de démontrer qu'il n'est pas intrinsèquement violent. Mais est-ce possible ?
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Écrit par : Pierre Huet / | 19/11/2014
RESTER PRUDENT
> En fait de crimes perpétrés par des chrétiens au nom de la religion il faut rester prudent. Il suffit de prendre comme exemples les plus faciles le massacre de Jérusalem lors de la première croisade, celui de Bézier lors de la répression Cathare qui fut une barbarie, les horreurs perpétrées pendant les guerres de religion etc etc…
Certes c’est un peu ancien et ne passe pas au 20h, mais tout de même soyons humbles sur le sujet et ne donnons pas trop de leçons.
Le sens de l’histoire est au contraire vers un rapprochement entre les religions révélées, de prime abord le christianisme et l’islam, en une ligue pour contrer cet ultra-libéralisme économique comme sociétale qui détruit toute humanité.
La prise de conscience et le nouveau positionnement des musulmans suite à ce lamentable mariage pour tous est annonciateur à cet égard.
Le véritable mal, c’est cette folie de croire qu’il faut suivre ses moindres pulsions ou ses moindres désirs pour s’émanciper. C’est au contraire se ravaler au rang de l’animal, pour ensuite se comporter comme tel.
Les deux religions ont un message commun à apporter à ce fléau me semble-t-il.
Mais évidemment si nombre de catholiques rêvent d’évangéliser et de convertir les musulmans « pour leur salut », un tel rapprochement va mettre un certain temps.
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Écrit par : JClaude / | 19/11/2014
@ Arion
> La citation que vous citez a toutes les chances d'être apocryphe. Personne n'a jamais pu en donner une référence précise. Attention à ne pas récupérer les grands auteurs, dont l'œuvre est déjà suffisamment profonde, pour leur faire endosser la paternité de syllogismes ou autres affirmations modernes.
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Écrit par : Marie / | 19/11/2014
LA DISTINCTION
> "Sceptique" l’ignore, mais je le renseigne : l’islam connaît tout-à-fait la distinction temporel/spirituel, en arabe akhira/dunya. Et puis, la foi chrétienne n’est pas moins politique : sans cela il n’y aurait guère eu de problème théologico-politique. Jusqu’à aujourd’hui, sans discontinuer, les chrétiens ont dû répondre à des enjeux indissociablement politiques et théologiques.
Toute distinction implique une relation ; et c’est bien la relation du spirituel au temporel qui peut, qui doit être interrogée. En particulier dans la théologie musulmane, où la réflexion a d'ailleurs commencé. Mais reconnaissons que de tels questionnements continuent à tirailler beaucoup de consciences chrétiennes, aujourd’hui encore.
Quant à la violence… la violence musulmane, y compris celle de Muhammad, était – lorsqu’on l’envisage sur la longue durée – très comparable à celle pratiquée par les empires et royaumes chrétiens de son temps. Et elle n’était pas anarchique.
Poser l’alternative : l’islam, religion de paix ou de guerre ? c’est de toute façon tomber d’emblée dans l’idéologie ou la langue de bois. Comme toutes les généralisations.
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Écrit par : Blaise / | 19/11/2014
@ JClaude
> Parce que l'évangélisation, c'est aussi une manière d'être. Méfions-nous de ces convertisseurs bardés de suffisance dont l'action a pour seul effet d'accroître le fossé qui les sépare des non-chrétiens. Les missions agressives, sous la Restauration, n'auront eu d'autre effet, par exemple, que d'exacerber le sentiment anticlérical des Français.
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Écrit par : Blaise / | 19/11/2014
à Pierre Huet
> Il s’agit d’abord, si l’on veut avancer – et l’on avance – de refuser catégoriquement les antinomies simplificatrices. Ne pas s’enfermer dans la dénégation de la violence pour les musulmans, et pour les chrétiens ne pas se complaire dans l’image fantasmatique d’un islam intrinsèquement violent.
De toute façon, nous n’avons pas à demander aux musulmans de faire une présentation « clean » de leur tradition, ou de métamorphoser le Coran en clone des Evangiles. La question de la guerre, de l’usage plus général de la force, n’y est pas traité de la même manière. Simplement, nous les interrogeons amicalement : "étant donné les enjeux présents, qui vous interpellent au premier chef, comment interprétez-vous le rôle joué par la violence dans l’histoire de l’islam, surtout au temps de Muhammad et des califes bien guidés ?"
De notre côté, nous avons à combattre pied à pied l’islamophobie qui se prétend chrétienne.
Quand certains catholiques se félicitent que des musulmans se fassent massacrer, – j’ai été le témoin de tels propos – il y a de quoi s’alarmer. Parce que l'objectif des propagandistes islamophobes, c’est bien cela : instiller des ferments de guerre civile, rejouer la guerre du Liban en Europe occidentale.
Et ces gens-là, qui évoluent dans leur bulle, s’entrelisent, s’entr’écoutent, nuisent beaucoup au dialogue islamo-chrétien et à tout progrès de ce dialogue.
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Écrit par : Blaise / | 19/11/2014
La Cité de Dieu ?
> Sur la non-séparation temporel-spirituel, j'ai du mal, et les échanges que je nourris avec les musulmans de rencontre ne m'éclairent pas, à comprendre comment une non-séparation, pour moi qui a toujours assimilé le fameux: "mon Royaume n'est pas de ce monde" serait possible et même envisageable.
A fortiori (c'est intrinsèque, ou, si vous préférez, lié) comment le Califat pourrait être une construction humaine à hauteur divine.
Mais même l'augustinienne "Cité de Dieu", ou encore Utopia, vous savez, la célèbre édification fictive du martyr et Saint Patron des hommes politiques, dont un néfaste think-tank a cru bon de s'arroger la dénomination. Peu importe ce dernier point, et du reste c'est une tout autre histoire.
A titre personnel, versé, impliqué, dans l'accueil des Chrétiens d'Orient réfugiés, je veux croire que ce n'est pas l'Islam qui nous tue, mais la perversité de son instrumentalisation, je veux aussi tendre main et joue: mais reste suiveur du Christ et demande: "pourquoi me frappes-tu ?"
Pour ce qui est du fait que des baptisés enfants qui rejoignent ados le Jihâd, je rejoins l'analyse de Patrice, mais il faut la croiser davantage avec le mal mastérisé et diffus, l'espèce de relégation de l'Eglise, mal comprise, affublée de tous les oripeaux négatifs, primaires et erronés qui sont l'image de la foi chrétienne aujourd'hui en France.
Même s'il ne faut pas compter sur d'autres que nous-mêmes, qu'il nous soit permis de regretter la fausseté, l'ignorance crasse, les poncifs et lieux communs, la bile déversée sur la foi chrétienne, qui fait le lit, du moins je veux l'estimer, de la présente situation de ceux qui ont viré Jihâdistes, comme il l'a fait au reste du quotidien de l'athée consumériste, pulsionnel et égocentré, avatar civisationnel ultime de ce que l'occident a à proposer.
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Écrit par : Aventin / | 19/11/2014
GEEKS
> "Maxime Hauchard ou 'Lalou', comme l’appelait sa sœur selon 'Le Monde', ne sait même pas prononcer le mot 'Allah' en arabe -- on le remarque quand il affirme dans sa désormais célèbre interview Skype, sur BFM, que son « groupe » veut instaurer la loi de Dieu sur Terre, ou sur la « pelouse » comme on devine à l’entendre. Mais cela n’a aucune importance. Une connaissance de l’arabe, voire de l’islam, n’est pas nécessaire pour faire partie des troupes européennes de Daesh. L’ultra-brutalité et surtout une bonne connaissance de la culture et des codes du Web 2.0 sont en revanche indispensables..."
C'est à lire dans le très judicieux article de Rue 89 "Djihad reloaded - Notre culture pop retournée en arme de propagande".
http://rue89.nouvelobs.com/2014/11/18/djihad-reloaded-pop-culture-retournee-arme-propagande-256107
Navré de contredire nos monomanes obsessionnels du 'choc des civilisations', mais les faits sont là : Daech et ici, c'est la MÊME civilisation - ou plutôt, la même non-civilisation technoïde, accro à l'image-choc. D'où le boom du recrutement tous azimuts.
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Écrit par : PP / | 19/11/2014
POURQUOI
> "Pourquoi me frappes-tu ?" voilà une bonne question. Elle permet de sortir de l’affrontement simpliste chrétienté / islam. D’ailleurs, le « me » comprends aussi bien des musulmans et d’autres confessions que des chrétiens. Dès lors qu’on s’interroge sur le pourquoi, alors il faut être réaliste et s’intéresser un tant soit peu à l’histoire récente du Moyen-Orient, depuis (au minimum) la 1re guerre mondiale et ses suites. Et les Européens, ainsi que les Etats-Unis, ont leur part de responsabilités dans la situation chaotique actuelle.
Je ne parle ici que du Moyen-Orient, puisque, sous nos latitudes, les ressorts et les motivations de la violence ne sont pas entièrement les mêmes. Par exemple, la France n’a pas de conflits de frontière, pas de revendication nationale ou ethnique en son sein, pas de régime répressif, et les institutions républicaines font largement consensus. Les raisons de basculer dans la lutte armée sont beaucoup plus minces, et nos jeunes sont obligés de s’expatrier pour goûter au fruit défendu.
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Écrit par : Blaise / | 19/11/2014
C'EST NOTRE SOCIÉTÉ QUI EST EN CAUSE
> Certes je suis chrétien parce que mon milieu en était plus ou moins, mais aussi car je crois que c'est la meilleure religion, celle qui a le plus d'atout quelque soit l'angle sous laquelle on la regarde.
Et puis n'y a-t-il pas cette parole affirmant que si c'est l'oeuvre des hommes elle s'éteindra et que si c'est l'oeuvre de Dieu il est vain de la combattre.
Voici plus de 2000 qu'elle prospère donc c'est bien l'oeuvre de Dieu, Alléluia.
Cependant humilitas, humilitas, les religions juives et musulmanes ne peuvent-elles pas prétendre être glorifiées par le même adage ?
Alors que penser ?
certains prétendent que Dieu préfère l'humilité, la soumission fut-elle entachée d'erreur à l'orgueil ! Je vous laisse deviner qui est dans quel rôle ...
Saint Paul ne disait-il pas que ses faiblesses lui éviter de tomber dans l'orgueil. N'est-il pas dit que l'orgueil est la matrice de tous les pêchés ?
Notre société est devenue tellement libertaire, tellement envahie de jeux video où il faut tuer, tellement envahie de sketches où l'on se moque tant du voisin que la compassion n'a plus de place, que le moyen finalement le plus logique de se rebeller devient le Djihad.
Si des jeunes occidentaux partent faire "leur djihad" n'est-ce pas parce que finalement c'est ce que notre société leur "offre" ?
Alors oui la conséquence n'est pas glorieuse, mais la cause n'est-elle que notre société met en germe son auto-destruction ?
La violence [d'un pan] de l'islam n'en est-elle pas non pas une cause mais simplement le réceptacle ?
(et bien évidemment retirer des passeports n'empêchera alors pas grand chose puisque la cause n'est pas là.)
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Écrit par : franz / | 19/11/2014
LES KURDES
> Salut en Christ Patrice,
Comme illustration de ce que vous avancez: les Kurdes ne sont-ils pas en majorité des musulmans, des sunnites de surcroît?
Il y a là de quoi espérer, un rayon de lumière digne du XXIe siècle.
J'aime le peuple kurde; je m'inquiète cependant en considérant le courant du PKK qui semble traîner avec lui quelque héritage stalinien bien typique, incarné par son guide Abdullah Öcalan. Peut-être que je me trompe, mais je me méfie toujours du culte de la personnalité, l'idolâtrie n'est jamais très loin...
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Écrit par : Pierronne la Bretonne / | 20/11/2014
Xavier à PP:
> Vous écrivez dans votre réponse à mon commentaire : "Qui veut "évacuer trop vite" ? Ne craignez rien : une grande partie de la cathosphère française se voue à répéter que l'islam c'est le mal et puis c'est tout. Pour faire dérailler l'orchestre il faudrait plus que notre petite voix, ici, ajoutant qu'il y a aussi de la faute du crapuleux système occidental ! Mais il faut tout de même quelqu'un pour décrire ce qu'une grande partie de la cathosphère française "oublie" : la moitié de la réalité."
Je ne sais pas trop ce qui se dit dans la "cathosphère" comme vous dites. En tout cas, chez les cathos que je fréquente, je ne vois pas de haine des musulmans, juste une interrogation légitime sur l'islam. L'islamophilie n'est pas plus ajustée que l'islamophobie. Seul l'amour du prochain nous est commandé. Quant aux idées, aux croyances et aux religions, elles peuvent et doivent être soumises à notre critique. Ainsi, il est tout aussi malheureux d'entendre des cathos faire de chaque musulman un terroriste en puissance, que de dire que la Bible et le Coran c'est ne gros pareil et que l'islam est une religion de paix et d'amour.
Bref mon humble point de vue est le suivant : aimons les musulmans - surtout en leur annonçant le plus grand bien qui existe : la connaissance du Christ sauveur -, et ayons le courage d'interroger l'islam et de dénoncer ce qui est contraire à la vérité dans cette religion.
Cordialement,
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Écrit par : Xavier / | 20/11/2014
LES DÉFAILLANCDS OCCIDENTALES
> Il est bien connu que la fulgurance des conquêtes de l'islam au VIIe et VIIIe siècle, est largement due à un substrat d'hérésies chrétiennes. L'islam s'est facilement installé dans les zones où prospéraient l'arianisme, l'hérésie donatiste, etc...
Comment ne pas voir dans les "conversions" actuelles à l'islam de jeunes Occidentaux de culture chrétienne, le résultat de défaillances dans la transmission de la foi, tant au niveau des familles, que des paroisses ou des écoles catholiques, défaillances combinées au consumérisme qui a remplacé la consommation de l'Eucharistie ?
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Écrit par : Myriam / | 20/11/2014
NI ISLAMOPHOBES, NI NAÏFS
> J'aimerais bien croire Xavier sur parole - mais ce n'est pas possible. En quelques années, via les médias classiques et le net, l'islamophobie s'est bel et bien implantée dans toute une frange du catholicisme français. Elle pénètre jusque dans certaines paroisses, elle s'immisce parfois - cas plus rare - dans les sermons. J'ai des exemples précis en tête. Je parle d'expérience.
Cela n'a rien à voir avec les interrogations légitimes et les désaccords de fond, que nous pouvons avoir, en tant que chrétiens, à l'égard de l'islam. Même si nous partageons beaucoup en commun, plus que ne le pensent les islamophobes patentés, les divergences n'en ressortent qu'avec plus de force. Pourquoi les mettrions-nous honteusement sous le tapis ?
L'islam, "religion de paix et d'amour" ? c'est une formule stéréotypée et vide de sens. Voilà la vérité. La paix et l'amour, qui est contre ? personne ! sauf que le rapport entretenu avec ces deux termes varie suivant les traditions de foi et la manière de concevoir l'alliance entre Dieu et les hommes. Sachons le reconnaître - cela ne justifie pas de verser dans l'hostilité et le refus du dialogue.
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Écrit par : Blaise / | 20/11/2014
LA VIOLENCE DU NÉOLIBÉRALISME
> Les religions ont bon dos.
Je m'étonne de retrouver dans les commentaires ici le même genre de fonctionnement que dans la pensée unique :
- Peur du fanatisme musulman
- Mais on ne peut pas être islamophobe
- Alors on met les chrétiens dans le même panier des créateurs de violence
- Et ce sont les chrétiens qui sont accusés : on cite les croisades ou l'inquisition alors qu'on n'y connaît rien.
On ne pourra jamais dire que saint Paul pas plus que Jésus ait jamais appelé à prendre les armes au nom de la religion comme l'a fait Mahomet.
En revanche, jamais le Coran ne prône le fanatisme ni la violence gratuite. Il prône dans certains cas seulement l'usage de la force, mais toujours dans la modération et la miséricorde. Contrairement à ce qu'on raconte, Islam et Christianisme ont beaucoup œuvré pour la paix et ont permis d'éviter de nombreux conflits. Les présenter comme des fauteurs de guerres est une absurdité.
La raison de la violence des islamistes doit donc être recherchée ailleurs, et je m'étonne sur ce site qu'aucun commentaire ne cite la volonté de répondre à la violence du néolibéralisme économique mondialisé.
À quoi peut se raccrocher un jeune quand il veut se battre contre l'impérialisme consumériste ? Pas aux partis soi-disant "chrétiens" ni aux partis de gauche qui en sont les complices, volontairement ou non. Alors que leur reste-t-il ?
Ne les accusons pas trop sans voir nos propres fautes et nos lâchetés qui ont permis l'instauration d'un monstre.
Guadet
[ PP à Guadet - Entièrement d'accord avec vous sur ce point ! Que les plus farouches pseudo-combattants islamophobes soient en même temps de farouches partisans du libéralisme, donne la mesure de la crétinisation ambiante. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Guadet / | 20/11/2014
LE PASSÉ ET L'AVENIR
> Je n’ai pas l’impression qu’on ait particulièrement accablé les chrétiens du passé, dans les commentaires précédents ; tout au plus, a-t-on replacé dans son contexte l’usage de la violence par l’islam médiéval, donc en vis-à-vis des royaumes et empires chrétiens. Il ne s’agissait même pas, dans mon cas en tout cas, de comparer l’islam de Mahomet et de ses compagnons à l’attitude du Christ et des apôtres. Pourquoi faire ? quel est l’intérêt ? un musulman sera le premier à reconnaître que la non-violence des Evangiles ne trouve pas son équivalent dans le Coran. Donc la question n’est pas de dire que le christianisme, ce serait pareil (voire pire). Il s’agit juste de dégonfler une baudruche, de revenir à de justes proportions.
Pour autant, ne tombons pas dans la négation des péchés du passé !
Lorsque l’Eglise par la voix de Jean-Paul II a demandé « pardon pour le péché de tous ses fils », elle a par cette « purification de la mémoire », « raffermi nos pas sur le chemin de l’avenir, nous rendant en même temps plus humbles et plus vigilants dans notre adhésion à l’Evangile ». Je viens de citer "Novo Millennio Inneunte", § 6.
Il nous faut être capable d’assumer notre histoire, éloignée ou récente, qui ne se laisse d’ailleurs pas facilement décrypter en termes de religion. Pas d’ouverture à l’avenir sans enracinement dans le passé.
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Écrit par : Blaise / | 20/11/2014
Monsieur Guadet,
> il faut lire moins superficiellement les commentaires avant de penser que les autres sont des ignorants.
Mais on a l'habitude des réactions épidermiques de certains dès que l'on ose écrire la moindre phrase qui pourrait laisser imaginer que des chrétiens n'ont pas eu une attitude irréprochable.
Raisonner qu’énoncer que des chrétiens ont commis des exactions (par égarement) au nom de leur religion, cela impliquerait de suggérer que les Évangiles prônent la violence est un parfait exemple de faute de logique.
Mais là aussi on a l'habitude.
Sinon je n'ai rien à rajouter à l'explication de Blaise (merci) qui situe parfaitement nos commentaires dans leur contexte.
Amicalement.
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Écrit par : JClaude / | 21/11/2014
@ MM. Blaise et JClaude
> je vous cite :
"la foi chrétienne n’est pas moins politique"
On ne peut pas dire ça quand on connaît les fondements des deux religions.
"En fait de crimes perpétrés par des chrétiens au nom de la religion il faut rester prudent. Il suffit de prendre comme exemples les plus faciles le massacre de Jérusalem lors de la première croisade, celui de Béziers lors de la répression cathare qui fut une barbarie, les horreurs perpétrées pendant les guerres de religion etc etc…"
Ce n'est pas parce qu'on a donné à des guerres le nom de "croisades" ou de "guerres de religions" qu'on peut dire qu'on a "perpétré des crimes au nom de la religion". Ces guerres auraient de toute façon eu lieu, même sans prétexte religieux, ce serait trop long de vous expliquer pourquoi (j'ai passé un an à étudier les croisades à l'université). Les guerres étaient habituelles à l'époque, et elles ne se faisaient pas par frappes chirurgicales.
En revanche, l'Église a réussi à empêcher beaucoup d'autres guerres, et quand c'était inévitable, à lutter contre la pratique, qui jusque là était considérée comme juste, du massacre des vaincus. Si on a gardé le souvenir des tueries de Jérusalem et de Béziers, c'est justement parce que l'Église avait réussi à ce que ça devienne exceptionnel.
Sur les tympans médiévaux, on voit des papes et des évêques en enfer. On savait bien évidemment que se dire chrétien ne veut pas dire que certains ne pouvaient pas faire des fautes terribles. C'est pour ceux-là que Jean-Paul II a demandé pardon et nom pour l'Église ou pour la religion.
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Écrit par : Guadet / | 21/11/2014
@ PP "GEEKS"
> Passionnant et terrible. C'est "Orange mécanique" réalisé avec la complicité d'Hollywood.
Quand j'étais au lycée, un jeune un peu psychopathe se promenait partout avec un nunchaku en prenant plaisir à faire peur. Il se prenait pour Jackie Chan et faisait semblant de trouver des méchants pour les tuer. Les films de Sylvester Stallone, où le héros peut se permettre la pire violence parce qu'il combat des méchants, ont dû avoir des conséquences aussi. On ne peut plus parler de catharsis quand la violence devient trop réaliste et est présentée comme justifiée.
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Écrit par : Guadet / | 21/11/2014
PAS LES ADULTES
> Ce qui me frappe, c'est que ses camarades avaient détecté un problème, en le suivant sur le net, mais aucun adulte. Où étaient-ils? A jouer à candy crush?
Un appel à nos amis Veilleurs: s'il-vous-plaît veillez aussi sur ces jeunes seuls dans la jungle du net, allez vers eux, vous de leur génération, faites-vous des amis de ces jeunes âmes en solitude qui errent sur le net, ce sont aussi petits d'homme en danger vital! Merci pour ce que vous êtes.
Et nous adultes, réveillons-vous, nos jeunes ont besoin de vous!
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Écrit par : Anne Josnin / | 21/11/2014
@ Guadet
> « On ne peut pas dire cela », dites-vous ; et puis vous vous taisez. Je crains surtout que vous ne soyez influencé par une interprétation proprement libérale de la foi chrétienne : c’est-à-dire par le modèle de séparation de la « religion » (cantonnée dans la sphère privée) et de la politique (indépendante). Le rapport au politique dans l’islam est différent, et de toute façon connaît des évolutions suivant les contextes historiques ; mais il n’est pas « plus » ni « moins » politique.
Pour le reste du commentaire, je ne comprends pas trop la raison d’être de votre réaction. Vous me faites penser à un tireur ivre qui se tromperait de cible. Et pourtant, vous vous donnez la peine de citer le passage que vous prétendez contredire.
Je note tout de même dans ce que vous écrivez un certain relativisme éthique, vous poussant à nier la spécificité des guerres saintes, y compris d’un point de vue historique. Ce type de guerres est pourtant une nouveauté dans l’histoire du christianisme. Elles se sont par ailleurs accompagnées de nombreux massacres, déjà en amont, dans la chrétienté même : je pense aux Juifs. Par la suite, la condition des Juifs dans le monde chrétien va se dégrader.
Quand vous parlez de « religion », je suis mal à l’aise. Cela laisse entendre qu’il y aurait d’une part des guerres « religieuses » et d’autres laïques, deux types de guerre participant chacune d’une espèce différente. Ce n’est pas ma façon de voir. Ce n’est pas « la » religion chrétienne qui explique les différentes croisades en terre sainte ou ailleurs en Europe, mais une certaine configuration historique dans laquelle entrent en jeu de nombreux facteurs. Ne serait-ce pas entre autres parce que vous partez de ce préjugé religieux que vous interprétez nos commentaires de travers ?
Lorsque je citais Jean-Paul II, il était évident pour moi que : Jean-Paul II demandait pardon pour les péchés des chrétiens, individuels et collectifs – Jean-Paul II a parlé de « structures de péché ». Puisque l’Eglise (qui est le corps du Christ) est sainte. Ou alors, si l’on peut parler des péchés de l’Eglise, c’est à la manière des Pères qui écrivaient qu’elle était sainte et pécheresse. Vous m’avez mal lu.
De toute façon, quelle que soit la justification (ou l’absence de justification) d’une guerre, ou d’autres actes de violence, les chrétiens demeurent responsables de leurs actes. En fait tout homme est responsable de ses actes, même s’il n’est pas appareillé pour en faire une évaluation éthique juste (comme dans le cas de l’esclavage au XVIe siècle, par exemple).
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Écrit par : Blaise / | 21/11/2014
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