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30/09/2014

Pour retrouver une agriculture saine

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Par Serge Lellouche, synthèse du livre 

Le sol, la terre et les champs  (C. et L. Bourguignon) 


 

 

 

Claude et Lydia Bourguignon

Le sol, la terre et les champs ;

Pour retrouver une agriculture saine

 (Éditions Sang de la Terre, 2009)

 

***

Claude Bourguignon fut parmi les premiers scientifiques, dans les années 70, à alerter sur les processus de destruction des sols. En 1990, il crée avec sa femme Lydia le Laboratoire Analyses Microbiologiques Sols (LAMS), laboratoire indépendant et précurseur, au service d'agriculteurs dont ils analysent les sols et auxquels ils proposent des alternatives agricoles, aux quatre coins du monde.

http://www.lams-21.com/artc/Le_LAMS/5/fr/

On peut se procurer leur livre ici :

http://www.sangdelaterre.fr/le-sol--la-terre-et-les-champs---claude-et-lydia-bourguignon_135_21.html

***

 

Quel est le propos de ce livre? En substance, ceci : confier à l'agriculture industrielle, ses gros tracteurs, son armada chimique et ses firmes biotechnologiques, la gestion parcimonieuse et responsable des si subtils équilibres naturels qui font la vie des sols et des champs, est du même ordre d'aberration métaphysique que de confier à un troupeau de rhinocéros sous cocaïne la formation artistique de jeunes, frêles et talentueuses danseuses classiques potentiellement promises aux plus grands ballets mondiaux. Que le puissant et vénérable rhinocéros nous pardonne cette infamante comparaison, mais c'est très précisément ce qu'il s'est produit sur la planète terre, notamment depuis la fameuse et désastreuse «révolution verte».

Claude et Lydia Bourguignon (CLB) prouvent qu'il existe encore en ce bas-monde des experts dont les connaissances les plus pointues dans leur domaine de compétence sont inséparablement liées à un rapport d'émerveillement et de distance pleine de respect devant les mystères de la vie. Autant qu'un réquisitoire contre l'agriculture industrielle, ce livre est un hymne à la vie et un plaidoyer pour une agriculture d'autant plus féconde pour les hommes qu'elle se met au service de cette terre nourricière.

Tel un cri d'alarme, un vibrant appel au sursaut vital, ils nous invitent à une transformation complète de notre relation à la terre, en réapprenant à la connaître, à l'écouter et à l'aimer, d'abord par la redécouverte de ce monde si méconnu qu'est celui des sol et de ses habitants. Le renouveau de l'agriculture passera en premier lieu par la prise en compte de la complexité du champ, des innombrables et imprévisibles interactions vivantes qui le traversent, que l'agronomie dominante, enfermée dans son carcan mental technoproductiviste mortifère, est totalement inapte à saisir.

L'agronomie est morte, vive l'agrologie clament nos auteurs, avec la conscience aiguë que nous voilà en présence d'une question de vie ou de mort pour l'humanité entière : «L'impasse dans laquelle est tombée l'humanité n'a pas de solution purement scientifique ; elle ne peut avoir qu'une solution spirituelle d'abord et scientifique ensuite. Ce ne sont pas des insecticides plus puissants qu'il faut à nos plantes, mais des conditions de culture plus équilibrées et plus harmonieuses. Ce ne sont pas des antibiotiques plus performants qu'il faut à nos troupeaux, mais un peu d'affection et de respect de notre part (…) La terre souffre, et ce n'est pas de pansements dont elle a besoin, mais d'amour.»

Ainsi peut démarrer ce voyage, depuis ce monde obscur et riche de tant de promesses, qu'est le monde des sols : «entrons-y sur la pointe des pieds»...

 

1. Les sols ont été réduits à un simple support physico-chimique par l'agriculture hors-sol de ces cinquante dernières années, au mépris de la complexité vivante qui le constitue. La salinisation des sols, l'érosion, les inondations, les chutes de rendements sont aujourd'hui les fruits noirs de ce mépris et les signes déjà tangibles que «lorsque l'on chasse la nature, elle revient au galop».

Fabriqué par Dieu avec de l'argile, l'homme, par sa substance même, vient de ce sol dont il est pétri, et les langues latines ont articulés étymologiquement les mots humus, homme et humilité : «Cette attache primordiale de l'homme avec la terre se rompra avec l'agriculture et plus précisément avec le labour. Tant que l'homme n'éventre pas la terre, celle-ci le nourrit abondamment, dès que l'homme la déchire elle fait pousser les ronces et les chardons. C'est la malédiction biblique qui pèse sur Caïn.»

Le sol se caractérise à la fois par sa composition organominérale et par sa fragilité. Il se constitue par l'union de l'argile et de l'humus, fine synergie des attaches de composés minéraux provenant de la roche, et de composés organiques issus de la litière : «Or ces attaches sont électriques et donc très fragiles. C'est pour cela que l'homme a déjà détruit deux milliards d'hectares de sol.» CLB, à l'appui d'une très riche documentation graphique et photographique, nous expliquent remarquablement dans leur livre ces processus à l'oeuvre, montrant notamment l'importance vitale des racines, des vers de terre et des microbes comme facteurs de décomposition de la roche en argile, et de remontée vers la surface d'éléments qui permettront la vie et la maturité du sol.

Ils nous laissent déjà entrevoir l'étendue du massacre qu'entraîne le labour et l'usage de pesticides, techniques du mépris de tous ces mouvements internes allant de la couche minérale du sol vers sa couche organique : «Il devient alors très important pour l'agriculture de connaître cet équilibre avant de tenter toute action sur le sol. L'érosion, la salinisation et la désertification, rapides et inquiétantes qui frappent nos sols cultivés, à travers le monde, sont liées au fait que l'agronomie industrielle a rompu ces équilibres. Ceci nous amène à parler de la mort des sols qui frappe chaque année dix millions d'hectares à travers le monde.»

L'érosion est par excellence un phénomène anthropique. Partout on observe très nettement le lien entre la brusque augmentation du taux d'érosion et la généralisation des méthodes agricoles développées à partir de la «révolution verte» et son funeste cortège d'engrais et de pesticides. En zones tropicales, certains sols peuvent être ruinés par ces méthodes en moins de dix ans !

Les produits chimiques, l'irrigation à outrance et le labour, entraînent, soit la destruction de la matière organique du sol, soit sa minéralisation. Ainsi tous les micro ou macro organismes du sol, qui, on l'a vu, jouent un rôle si fondamental dans les échanges entre les profondeurs et la surface du sol, se trouvent privés d'alimentation : «Au lieu de remonter, chaque jour, dans les excréments des vers, les éléments nutritifs partent en profondeur polluer les nappes phréatiques, ou en surface polluer les rivières.» La mort biologique du sol entraîne sa dégradation chimique. Et, par la spirale d'un cercle infernal devenant fou, «dans un sol mort biologiquement, l'agriculteur augmente les doses d'engrais, chaule son sol pour lutter contre les baisses de rendements. Mais celles-ci sont inexorables car son sol n'est plus dominé par les lois de la vie, la remontée biologique des éléments, mais par les lois physiques de l'univers : la lixiviation, le lessivage, c'est à dire la mort.»

Dans ce déni de la vie des sols par l'agriculture industrielle, on est ramené à cette phrase terrible de Chateaubriand : «La forêt précède les peuples, le désert les suit.»

Cette dynamique de naissance, de maturation et de mort des sols souligne l'urgence de sortir d'une conception étroite et simpliste du sol, comme simple support : «une agriculture durable doit se baser sur l'agrologie, c'est à dire sur la compréhension des lois du sol.» C'est à une transformation radicale du rapport à sa terre que l'agriculteur va devoir procéder. Plutôt que de se focaliser sur la performance agro-athlétique de la plante, avec les outils de l'agrologie, il doit observer avec la plus fine attention le profil de son sol, évaluer ses changements de couleur, la profondeur des enracinements, la présence de vers de terre, etc... Il doit réapprendre à regarder, à toucher et à sentir son sol, tel «Ibn Al Awwan (qui) mettait du sol dans l'eau de pluie, agitait et buvait ». « En connaissant le sol de ses parcelles, l'agriculteur changera son attitude. Ce ne sera plus alors l'indice des prix du marché ou le montant des subventions qui lui dicteront le choix des espèces à cultiver mais le souci de chercher les rotations et les espèces qui entreront en équilibre et même en symbiose avec ses sols ». Des régions entières, par exemple l'Afrique tropicale, pourraient «se sauver de la famine avec ces techniques, aussi anciennes que simples, que sont le marnage et le compostage et les couvertures permanentes des sols ».

Au nom du respect vital de cet équilibre des sols, qui rend la fertilisation possible, il est notamment impératif d'abandonner le labour. Celui-ci déchire si violemment la surface du sol «que la matière organique ne peut plus se transformer en humus à l'intérieur des profonds sillons» ; il faut le remplacer par le semis direct sous couvert, qui, CLB n'hésitent pas à le dire, «est la plus grande invention agricole depuis que l'homme cultive la terre». Sur cette technique agricole révolutionnaire, on se reportera à ce lien très éclairant : https://www.youtube.com/watch?v=TyRWHPevc7A

L'on ne comprend rien à la vie sur Terre, à son potentiel et à sa fragilité, si l'on ne se penche sur ce grouillement de macro et micro organismes, végétaux et animaux, qui effectuent discrètement dans ce monde invisible des sols, un travail d'une importance capitale par «leur rôle d'interface entre le monde minéral et le monde vivant»... dans l'indifférence quasi-générale, notamment des agronomes, beaucoup plus enclins à se pencher sur les récoltes : c'est moins mystérieux, ça se pèse et ça se palpe.

Les macro-organismes végétaux du sol sont les racines, beaucoup plus importantes en volume que les parties aériennes. Les racines de certains arbres descendent jusqu'aux nappes phréatiques : «lorsqu'on sait cela, on n'est plus étonné de voir des arbres bien verts en plein désert». En s'infiltrant partout, les racines rendent la terre plus légère, aérée et grumeleuse.

La macrofaune comporte plusieurs groupes d'animaux, tels les mammifères, les arthropodes, les mollusques et les vers de terre. Les mammifères se répartissent entre, d'un côté, les rongeurs qui creusent d'immenses réseaux de galeries permettant à l'air et à l'eau de pénétrer massivement le sol, et, de l'autre côté, les taupes. Celles-ci participent également de l'aération du sol, et par les taupinières, permettent une remontée du sol profond : «L'adaptation des taupes à la vie souterraine est un chef-d'oeuvre de la nature. En effet, leur fourrure ne peut pas être mise à rebrousse-poil, ce qui permet à l'animal d'avancer et de reculer dans les galeries».

Du côté des invertébrés, l'on distingue trois groupes : «les épigés qui vivent dans l'horizon organique de surface, les endogées qui mangent les racines en profondeur, et les anéciques qui circulent verticalement de la profondeur vers la surface».

Les épigés se nourrissent de la litière de surface et participent de sa décomposition. Travaillant sous la dernière couche de feuilles, ils fuient le soleil, et sont donc détruits par les labours qui les exposent soudainement et brutalement. Par son action à la surface, rendant possible la perméabilité du sol, cette faune est pourtant indispensable à l'absorption des orages sans érosion. On comprend dès lors mieux pourquoi notre époque est autant touchée par les inondations.

Quant à elle, la faune endogée se nourrit essentiellement de racines mortes. Par son travail, elle assure la respiration en profondeur des racines. Quant à la faune anécique, la plus connue, elle est surtout constituée de vers de terre, qui effectuent d'incessants aller-retour verticaux, brassant continuellement le sol, évitant le lessivage des éléments et permettant le lien et l'apport mutuel entre l'argile des profondeurs et l'humus de surface. Dans le célèbre livre qu'il leur consacra, Darwin considéra qu'aucun animal ne joua jamais un rôle aussi important que celui des vers de terre.

Nos auteurs se penchent également vers cet infiniment petit, ce monde microscopique, là encore animal et végétal, «là où se passe toute l'alchimie de la vie». Ils soulignent toute l'importance des amibes, grandes régulatrices du monde microbien, ou des bactéries, capables de transformer toutes les substances du sol et de les faire entrer dans le monde vivant. Ils insistent sur le rôle majeur des champignons dans la fertilité des sols: «leur rôle le plus déterminant vient du fait qu'ils sont les seuls organismes sur terre, à part quelques rares bactéries, à être capables de décomposer la lignine des plantes. Or, la lignine est la principale source d'humus dans le sol. Pour effectuer ce travail fondamental, les champignons ont besoin d'un sol bien aéré, car tous les champignons, sauf ceux très particuliers du rumen des bovins, ont besoin d'oxygène pour vivre.» Vitaux pour le cycle de l'humus, les champignons sont pourtant détruits par les fongicides.

Telle est cette humble vie des sols, de laquelle tout le reste dépend. Il serait aussi criminel que suicidaire de ne pas en tirer enfin les conséquences sur le plan des pratiques agricoles : «Pour maintenir la totalité de cette faune dans nos sols agricoles, il faut diminuer les doses et les volumes de pesticides et surtout arrêter les labours et les remplacer par le semis direct. En ne perturbant plus la terre, on limite les adventices, on remonte le taux d'humus et on permet à toute cette faune de reprendre son rôle comme agent de la formation et du maintien de la fertilité des sols.»

Il nous faut réapprendre à nourrir le sol. Jusqu'à la seconde guerre mondiale, les agriculteurs utilisaient cette vieille technique du marnage, par laquelle ils épandaient de l'argile calcaire, la marne, sur leurs sols : «mais amender un sol n'est plus un souci dans une agriculture où le paysan qui fait le pays a été remplacé par l'exploitant agricole qui tue la terre.»

Outre l'argile et le lien calcium, l'agriculteur doit apporter l'humus à son sol : «En gérant, par le compostage, les cycles de la matière organique, le paysan devient un co-créateur de son sol. Il participe activement à la pédogénèse en fournissant l'humus, les microbes et la faune nécessaires à son sol (…) Pratiquer le compostage en tas ou en surface c'est remettre en route les cycles biologiques brisés par notre civilisation.» Pourtant, «la nourriture du sol par l'humus ne semble plus être une priorité pour le monde paysan ; seule l'alimentation rationnelle des plantes serait digne d'intérêt car elle crée la quantité, et pourtant tout ce qui quitte le sol doit y revenir à travers cette fermentation qu'est le compost.»

Autrement dit, pour CLB, transformer notre modèle agricole suppose d'abord de renoncer à cette mentalité d'experts cachant leur ignorance sous le vernis de leur arrogance : «C'est en fait une grande leçon d'humilité que nous apporte l'agrologie en nous forçant à connaître le milieu avant de le gérer. Jusqu'alors, les agronomes, trop fiers et trop imbus de leur savoir universitaire, arrivaient dans les pays tropicaux dont ils ignoraient tout et imposaient des systèmes de monocultures industrielles. Nous connaissons le résultat de ces pratiques archaïques, elles ont ruiné des millions d'hectares en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie tropicale.»

 

2. La compréhension première des sols nous permet maintenant de remonter à la surface et de mieux comprendre les plantes, leurs besoins, si étroitement liés à ces cycles du sol.

Après un préambule sur les grandes aires géographiques de la végétation puis sur l'origine des plantes cultivées, CLB se penchent sur l'environnement des plantes qu'il s'agit de prendre en considération pour favoriser leur développement. Ils insistent tout particulièrement sur deux facteurs cruciaux, la rotation et l'association des plantes, méprisées par une agronomie obnubilée par la monoculture, homogène et standardisée.

- La rotation, fruit de l'observation séculaire des paysans, est indispensable et augmentera les rendements, du fait que les plantes cultivées ont des exigences nutritives très variables d'une plante à l'autre. Un sol où l'on ne fait que du colza, sans rotation, se vide en souffre assimilable. Au contraire, si l'on y plante l'année suivante du blé, peu exigeant en souffre, on parviendra à maintenir un meilleur équilibre du sol. De même, alterner les cultures, c'est alterner et diversifier les systèmes racinaires, plus ou moins profonds, dans le sol. Ici, la rotation luzerne-maïs est par exemple indispensable. De plus, les rotations permettent de réduire les parasites et les mauvaises herbes, donc la dépendance aux pesticides et herbicides.

A l'aune de ces exigences, on mesure ici encore le degré d'aveuglement de l'agriculture productiviste : «La monoculture sans rotation tend à devenir la règle et on peut voir en France des zones où l'on pratique du maïs ou du blé sur les mêmes parcelles, tous les ans, depuis trente ans. Ces cultures nécessitent bien sûr d'apporter les engrais que les microbes n'ont plus le temps de solubiliser et de traiter les cultures aux pesticides, afin de lutter contre le parasitisme. Les résultats de l'abandon des rotations se font cruellement sentir sur l'environnement, du fait de ces emplois massifs d'engrais et de pesticides (…) Les règles sages ne nous guident plus, la rotation nous fatigue, la rotation nous ennuie, le changement n'est plus de mise dans une civilisation qui rêve d'homogénéité et de recettes pratiques.»

- Outre la rotation, l'agriculteur de demain, enfin moderne, devra mieux comprendre et mettre en pratique les principes de l'association des plantes : «La sociologie des plantes est passionnante. Elle nous apprend que certaines espèces se détestent, le haricot et l'oignon par exemple, alors que d'autres se stimulent, comme l'ail et la fraise. L'association de deux plantes peut être bénéfique aux deux espèces, comme dans le cas de la carotte et du poireau qui se chassent mutuellement leurs parasites.» Pendant longtemps, les agriculteurs mélangeaient plusieurs espèces de blé dans un même champs (blé d'été, épeautre, froment), ce qui apportait notamment une sécurité face aux aléas climatiques. Autre association ancienne très avantageuse, celle des arbres fruitiers et des pâturages, qui permettait de lutter contre les parasites, procurait de l'ombre aux animaux, qui le rendaient bien aux arbres, en les fumant de leurs excréments. Il est du reste tout aussi impératif de respecter les associations en agriculture, que pour la culture forestière, les jardins et espaces verts.

Encore une occasion de mettre le projecteur sur la désinformation des lobbyistes de l'agriculture productiviste qui, dans un cynisme sans limites, ne défendent rien d'autre que les intérêts de l'agro-business, tout en se parant d'un discours humanitaire de bons philanthropes si soucieux de nourrir la planète. Voici la réponse claire de CLB à ces imposteurs (dont par parenthèse on aimerait tant que les médias catholiques cessent enfin de leur dérouler si fréquemment et complaisamment le tapis rouge) : «Nous profitons de ce chapitre pour démasquer un mensonge de l'agro-industrie. Celle-ci affirme que l'agriculture industrielle est intensive c'est faux, elle produit moins que les agricultures traditionnelles, c'est pourquoi son introduction a créé des famines dans les pays tropicaux. L'agriculture industrielle a une forte productivité du travail, c'est à dire que chaque agriculteur peut cultiver une grande surface, mais la productivité à l'hectare est faible car la monoculture et les engrais chimiques détruisent la fertilité des sols, provoquent leur fatigue et ne permettent qu'une culture par an contrairement à l'agriculture traditionnelle qui, grâce à l'association et à la rotation, peut faire jusqu'à trois cultures par an. Affirmer que l'agriculture biologique affamerait l'humanité est un mensonge, c'est exactement l'inverse qui se passe. L'agriculture industrielle a déjà détruit 1 milliard d'hectares en un siècle et continue de détruire 10 millions d'hectares par an, par l'érosion et l'irrigation et elle a été incapable d'arrêter la famine et de développer un modèle durable.»

CLB concluent ce chapitre en fustigeant la responsabilité écrasante de l'agronomie dans l'effondrement actuel de la biodiversité agricole : «En 1906, on dénombrait deux cent cinquante-trois variétés de pommes françaises. En 1986, il n'en reste plus que dix sur le marché (…) Nous n'avons gardé que les variétés les mieux adaptées à la culture moderne et au conditionnement industriel». Même chose pour le blé : on n'en cultive plus aujourd'hui en France que deux espèces, celles qui s'adaptent aux engrais, contre neuf au début du XXe siècle. Et, soulignent nos auteurs, la destruction de ce patrimoine génétique atteint son paroxysme avec les OGM, qui ne servent que les intérêts des multinationales et qui réduisent les agriculteurs à une condition d'asservissement : «Avec les OGM, la diversité... industrielle et chimique aura définitivement remplacé la diversité du vivant.»

Nous voilà clairement devant cette alternative : une agriculture de vie, civilisée, fondée dans cet acte d'humilité qui consiste à d'abord écouter, comprendre et respecter les cycles naturels des champs ; ou alors une agriculture de guerre, archaïque, brutale, menée par des contingents de vieux libidineux très impressionnés par leurs gros machins et leurs grosses machines : «Les machines agricoles ressemblent d'avantage à des engins de guerre qu'à des machines faites pour travailler la terre et récolter nos cultures. Les tracteurs ressemblent de plus en plus à des tanks, en montagne les engrais sont épandus à l'aide de canons qui tirent des obus remplis de fertilisants, l'irrigation est pratiquée avec des canons à eau et les remorques sont hautes comme des maisons. Il serait temps que les agriculteurs reçoivent des machines délicates et sensibles permettant à la fois un semis précis et une récolte respectueuse des sols. A l'époque de la robotisation, il est navrant de voir que les paysans ne peuvent disposer que d'engins archaïques et brutaux. Heureusement, le semis direct sous couvert est en train de remplacer progressivement ces machines brutales qui font bander les hommes. Comme le disait Colette : "Soulever, pénétrer, déchirer la terre est un labeur – un plaisir – qui ne va pas sans exaltation".»

Archaïque, mortifère et violente est une agriculture dont la fertilisation chimique des plantes ne consiste qu'en une barbare opération de dopage.

A contrario, l'agriculture de vie fertilise le sol, la plante et les champs en se fondant sur ce principe cyclique de Lavoisier : «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.» Ainsi l'agriculture civilisée restitue aux sols ce qu'elle leur a pris, et ceux-ci le rendent bien à celle-là.

 

3. L'incompatibilité entre les fins équilibres du vivant et l'agriculture productiviste, est poussée à son plus au point avec l'élevage industriel et ses techniques concentrationnaires monstrueuses. Un animal d'élevage est bien plus complexe encore qu'une plante et nécessite des conditions d'élevage bien particulières pour demeurer en bonne santé et/donc produire des aliments de qualité. Le réel étant ce qu'il est, il se trouve que pour des raisons basiquement physiologiques, le porc a besoin de fouir, la poule de gratter et la vache de ruminer. Sans quoi, leur état de santé se détériore vite et l'on rentre dans le cercle de la dépendance pharmaceutique, ce à quoi a évidemment abouti «l'élevage moderne» : «Malgré tous les résultats scientifiques qui montrent la supériorité de l'élevage en plein air pour la santé des jeunes et du troupeau, nous continuons à entasser nos animaux dans des étables de béton et de métal, et nous nous étonnons d'avoir des problèmes sanitaires. Le bâtiment ne doit en aucun cas être le seul lieu d'existence des animaux d'élevage ; le parcours en plein air leur est indispensable pour assurer leurs fonctions physiologiques.»

En matière d'alimentation, la réalité des besoins physiologiques de l'animal devrait prévaloir sur l'impératif aveugle de productivité. Dans les élevages industriels, les bovins sont gavés d'aliments concentrés pour cochons, alors que, par définition, un ruminant a besoin de manger de l'herbe. Résultat : perturbation des fonctions digestives, bouleversement de la micro flore intestinale. Les bêtes tombent malades et leurs excréments puent : «Cette odeur pestilentielle est le meilleur diagnostic de l'état pathologique de ces animaux. Un ruminant en bonne santé a des bouses qui sentent bon (…) Nos bovins sentent aussi mauvais que les porcs, ils sont tous malades. Les résultats se voient à l'abattoir : plus de 90% des bovins industriels français sont cirrhotiques, et nous nourrissons nos enfants avec cette viande.»

Merci à ces génies d'ingénieurs agronomes, inventeurs de cette brillante trouvaille : nourrir les vaches avec de la viande ! Tout cela pour en faire des athlètes à produire de la viande merdique.

De même, les volailles et les porcs, nourris au granulé unique alors qu'ils ont besoin d'une alimentation variée (graines, féculents, viandes, graisses), subissent de graves déséquilibres alimentaires, tombent malades et sont élevés à coup d'antibiotiques et autres médicaments : «Une bête n'est pas seulement une usine à viande ou à lait, elle doit assurer son système immunitaire pour se protéger des germes pathogènes. Une bête dont toute l'énergie est orientée vers une production de lait ou de viande n'assure plus sa défense. Les élevages modernes sont atteints de maladies chroniques que l'on essaye de gérer au mieux, c'est à dire aux limites économiques. De temps en temps, le système dérape, et la presse nous parle des salmonelles dans les ovaires de nos poules qui contaminent nos œufs, ou dans les carcasses de bovins qui contaminent nos steaks. On élimine les bêtes malades, on met à la porte le fonctionnaire indiscret qui a vendu la mèche, et le système continue. Jusqu'à quand? Personne ne peut le dire. »

Le bien-être d'un élevage dépend également du respect par l'éleveur de la structure sociale propre à chaque espèce. Ainsi les troupeaux de ruminants ont pour caractéristique sociale d'être hiérarchisés, de brouter et de se reposer toujours en groupe. Or la configuration spatiale des élevages industriels, leurs bâtiments hyper-concentrés, et pour tout dire leur univers carcéral, perturbent de fond en comble ces lois sociales des animaux, qui s'en trouvent traumatisés.

Ce rapport de mépris industriel aux animaux va rigoureusement de pair avec un rapport aux aliments vidé de toute substance spirituelle et réduit à leur fonction utilitaire. La façon avec laquelle l'homme tue la bête et bouffe son hamburger sont les symptômes d'une civilisation occidentale aux abois : «L'homme moderne ne veut plus reconnaître l'animal qu'il mange ; il le veut anonyme, sous forme de barquette, de croquette, de viande hachée et de sandwich. Il ne veut plus voir le sang, il ne veut rien savoir du combat de la vie. Les bêtes qu'il mange ne voient plus la lumière, n'ont plus de noms et sont abattues, froidement, rapidement, hygiéniquement et presque sans douleur. Pas de traces de meurtre, juste une angoisse qui se lit dans les yeux de ces bêtes numérotées qui partent en camion vers la mort. Juste cette diarrhée de panique qui coule sur les flancs de ces bêtes suspendues qui entendent le sifflement de la scie qui va leur trancher la gorge et qui sentent l'odeur de la merde et du sang qui giclent sur les parois en céramiques du couloir d'abattage. Plus de fête du cochon, plus de cocardes et de rubans sur l'agneau de lait. L'animal ne nous offre plus sa vie dans la fête, il meurt en silence, dans l'indifférence, sans que jamais quelqu'un ne l'ait reconnu, ne lui ait donné la valeur et l'attention que mérite tout être vivant (…) Autrefois, chaque pays avait son animal et sa plante héraldique. Le lion et la rose pour l'Angleterre, le coq et le lis pour la France, le chien et le trèfle pour l'Irlande. S'il fallait trouver un animal et une plante emblèmes pour notre civilisation, il nous semble que le rat et le gazon seraient ceux qui conviendraient le mieux.»

Cette civilisation veut détruire le réel, car le réel est complexe, infiniment complexe et nuancé, irréductible aux standards industriels, contrôlables et rentables. Ainsi cette civilisation productiviste a-t-elle détruite nos aliments de terroirs qui sont le fruit de la conjonction subtile de multiples facteurs : climat, géologie, sol, culture locale etc...

L'agriculture industrielle ne conserve que ce qui s'adapte aux conditions industrielles, d'où la disparition massive des variétés et des races animales, et l'effondrement de la biodiversité agricole. Le catalogue de pomologie de 1903 foisonnait d'une incroyable richesse de variétés, toutes dotées de noms plus poétiques les unes que les autres. Plus d'un siècle plus tard, dans la tristesse et la désolation de nos supermarchés, ne subsiste plus que quelques variétés de pommes, celles sélectionnées pour supporter les longs transports modernes. Quand on ne mange plus et que l'on est réduit à bouffer, une injection de gaz éthylène dans la chambre froide en fin de parcours pour faire mûrir le fruit, n'est que formalité, distillé au milieu des 5000 molécules chimiques d'additifs alimentaires qui dopent l'alimentation industrielle : «La diversité des terroirs et des variétés de plantes comestibles a été remplacée par une diversité chimique.»

Laissons conclure nos auteurs sur cette référence finale au Christ bafoué : «Si on supprime le vin dans l'alimentation chrétienne, ou si on dégoûte les gens de manger du pain, qui représente le corps du Christ, c'est toute une civilisation que l'on détruit. La chute de consommation du pain et le gâchis du pain en Europe (les Français jettent 400 000 tonnes de pain par an à la poubelle, c'est à dire la consommation du Portugal, car le pain ne se conserve plus), participent à la destruction de la civilisation chrétienne. Détruire la dimension sociale et culturelle de l'alimentation comme le fait l'agro-industrie participe à la déprime générale de cet Occident qui s'ennuie à bouffer ses hamburgers sans saveur. Il faudra un jour que notre société orgueilleuse reconnaisse le rôle joué par les paysans dans notre civilisation.»

 

SL - Fraternité des chrétiens indignés

 

 

 

Commentaires

RESTAURER LA VIE FAMILIALE

> Juste une remarque complémentaire: si l'agriculture est ainsi remplacée par un processus de production industrielle, c'est que cette dégradation a été "tirée" par la collectivisation des repas et de la distribution.
Une part croissante des repas sont pris hors de la maison: cantines scolaires et d'entreprises, restauration rapide, achat de plats préparés en grande distribution.
Les acheteurs des différents intervenants de ce système ne veulent pas de surprise, ils ont donc besoin de denrées strictement conforme en taille, aspect etc à des cahiers des charges.
Cela s'accorde mal à l'imprévu du vivant, cela pousse donc les agriculteurs (via les coopératives) à adopter des procédés donnant des résultats plus en plus reproductibles, donc industriels.
La sortie de ce type d'agriculture passe, au moins en partie, par la restauration de la vie familiale.
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Écrit par : Pierre Huet / | 30/09/2014

PAYSANNE

> et après ça, on va encore prétendre que les supporters d'une agriculture paysanne et biologique sont des "néo-païens adorateurs de Gaïa" ???
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Écrit par : Amicie T. / | 30/09/2014

à Amicie

> "On"... oui, Marek Halter et Larminat... peanuts.
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Écrit par : amos / | 30/09/2014

FUKUOKA ET HAZELIP

> Merci beaucoup Serge pour cette synthèse.
Le japonais Masanobu Fukuoka était un ingénieur agronome japonais et il a suivi le même cheminement de pensée que Claude et Lydia Bourguignon, son ouvrage "La révolution d'un brin de paille" est une référence dans le mouvement de la permaculture qui s'appuie grandement sur les principes de l'agriculture naturelle (non labour, mixité de cultures ..).

Une vidéo intéressante sur une actrice importante de ce mouvement d'agriculture naturelle, Emilia Hazelip et son jardin (attention, qualité d'image moyenne) :
http://www.dailymotion.com/video/xdli2j_le-jardin-de-emilia-hazelip-1995-1_lifestyle
http://www.dailymotion.com/video/xdli2g_le-jardin-de-emilia-hazelip-1995-2_lifestyle
Enfin, qqs liens au sujet de la démarche d'agroforesterie intéressante également pour ses apports en termes de fertilité, gestion de l'eau et autres (il s'agit d'intégrer des alignements d'arbres dans les cultures) :
http://www.agroforesterie.fr/
http://www.youtube.com/watch?v=IWZScVWcBgY
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Écrit par : DV / | 30/09/2014

DISCUSSION

> De belles et bonnes remarques : biodiversité des plantes agricoles, des animaux y afférents, toussa... c'est très bien.

Rotation bi- ou triennale et compagnonnage : oui certes. Et même, mieux que rotation, assolement (qui est à la rotation ce que le système est à l'essai : une rationalisation).

Mais renoncer au labourage ? associé au passage de la rotation biennale à la rotation triennale, il a nourri l'expansion humaine du XIIIe siècle ; associé à l'assolement triennal (perfectionnement de la rotation, donc), il a nourri l'explosion démographique du XIXe siècle en Europe ! Sans doute n'est-il pas adapté partout, notamment aux terres risquant la désertification à court ou moyen terme (Sahel, certaines parties de la Chine...), mais en Europe, c'est au contraire, pratiqué avec mesure dans les régions les plus fertiles, une nécessité adaptée. Bon, après, pas partout et pas trop profond : il y a loin de la charrue du XVIIIe siècle, tirée par un cheval ou plusieurs dans la Beauce, à celle d'aujourd'hui, bien plus puissante parce que tirée par une grosse machine, massacrant les sols pauvres du Sahel.
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Écrit par : Edel | 30/09/2014

SOI-MÊME

> Edel, nos ancêtres ne possédaient pas les mêmes connaissances sur la vie du sol je pense, cependant dans certains cas j'ai lu que le labour (terres très argileuses) était un moindre mal pour que la terre sous l'action du gel s'émiette. Et puis aujourd'hui existent des machines agricoles adaptées pour l'application de cette méthode.
Sinon, vous avez raison sur le fond : le processus d'appauvrissement du sol n'est pas aussi rapide sous nos latitudes mais il existe aussi (voir ce qu'en disent les époux Bourguignon), et en outre nous avons de moins en moins de terres disponibles pour l'agriculture. Le développement de cette approche est donc tout autant vital pour nous (les partisans de la méthode disent qu'elle rend les parcelles "bio intensives").
Ceci dit je pense qu'il est important d'essayer soi-même ces techniques que ça ne reste pas de la théorie y compris dans nos potagers et parterres de fleurs.
En matière d'agriculture que des agriculteurs ou paysans essayent est une très bonne chose (que ça ne reste pas une marotte de citadins comme nous),si vous faites une recherche (culture sans labour ou culture sous couvert) vous verrez que la démarche séduit (et ce ne sont pas tous des agriculteurs bio), par exemple :
http://www.youtube.com/watch?v=jkM13icb4JU
Un exempl'eu'd'chez mwô : http://www.la-marne-agricole.com/actualites/non-labour-une-pratique-en-developpement-constant:4CMDU5CP.html
Personnellement je loue une maison depuis peu et le sol est de type sablonneux, un sol qui s'appauvrit très rapidement, j'expérimente depuis 1 an la culture sous couvert de tontes, déchets verts de la voisine et cartons.
Je constate l'efficacité au moins en matière de limitation des herbes non désirées, ces herbes s'incrustent moins facilement et s'arrachent plus facilement (il suffit de tirer) et en soulevant le couvert je vois quantité de vers de terre et des traces blanches de mycélium. Pour le rendement je ne peux rien dire je n'ai pas de point de comparaison je n'ai jamais eu de potager.
En tout cas il est vrai que la démarche pâtit d'une image utopique mais l'INRA s'est intéressé au sujet et le rapport d'étape de son étude conclue à la viabilité économique d'une parcelle de 1000 m2 en maraîchage selon la démarche de permaculture intégrant ce principe de non labour (http://jardinons.wordpress.com/2013/08/18/le-maraichage-en-permaculture-est-viable-economiquement/).
Il serait intéressant mais peut-être est-ce prévu, que ce type d'étude soit également conduite sur une culture de grands champs.
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Écrit par : DV / | 30/09/2014

LES BOURGUIGNON

> j'avais eu le grand plaisir et intérêt de "connaître" les Bourguignon via leur témoignage dans le film de Coline Serreau, "Solutions locales pour un désordre global" - que je recommande vivement si vous ne l'avez encore vu ; il suffit de les écouter pour toucher du doigt leur compétence, leur engagement et la valeur de leurs propositions

pour ma part, depuis longtemps engagée dans la recherche d'une vie cohérente à tous les niveaux - "et vous commencerez par le respect..." -, j'appuie totalement ce qui est avancé ici
je suis convaincue que ce sont nos choix de vie personnels - se nourrir végétarien, local bio et de saison par exemple, ce que j'ai fait depuis quinze ans, et parfois contre vents et marées (les vents et marées étant en l'occurrence portés par la famille... !), se laver avec très peu d'eau, recycler le max de choses etc, faire une journée sans voiture par semaine, bref adopter dans tous les détails du quotidien des comportements minimalistes, simples, frugaux,e t donc, en fait très heureux, est LA condition nécessaire et quasi suffisante pour que les choses changent réellement à grande échelle

si on cesse de consommer n'importe comment, ça stoppe la chaîne à sa source, n'est ce pas ?
je témoigne aussi qu'un choix de vie simplissime, qui sait se réjouir avant tout de la beauté des choses, dans la nature ou dans le coeur des gens, qui redonne toute sa place et son temps à la gratuité de l'échange dans l'attention réciproque, qui choisit délibérément de s'extraire des énergies d'habitude sociétales pour travailler moins (on a besoin de si peu) et aimer davantage (sans limites pour le service et le partage), ce choix de vie est profondément heureux, joyeux, libre d'inquiétudes et d'anxiété
quand on a peu, on n' a guère besoin d'assurances multiples, et quand on se nourrit correctement, on ne va plus chez le médecin (pour ma part, dix ans déjà...)

respirons donc ensemble le bon air de la solidarité active, levons le nez vers le soleil, soyons confiants dans la vie - ça aide, et mettons les mains dans la terre pour cultiver notre lopin personnel si nous en avons, ou agir comme possible au bureau ou à la maison pour retrouver la joie de la simplicité et du vrai.
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Écrit par : elisabeth Mazas / | 30/09/2014

TRUIE PORTEUSE

> http://www.dessinateurdepresse.com/2014/09/30/gestation-d-un-etre-humain-par-une-truie/

Sublime aboutissement du libéralisme économique et societal, convergence d'une agriculture productiviste et artificielle: la GPA par une truie !
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Écrit par : Ludovic / | 30/09/2014

@ Elisabeth Mazas

> Je vous envie... même si j'essaie, avec mes limites (et celles que m'impose le fait de vivre en proche banlieue parisienne) de suivre cette voie de la "frugalité heureuse".
Les légumes de l'AMAP, un composteur, deux poules pondeuses dans notre bout de jardin (70 m2 en rez de jardin).
Et le désir de se libérer de la tyrannie consumériste (ce qui oblige à certains renoncements...ainsi, j'ai fait réparer mon grille-pain plutôt que d'en acheter un neuf...et cela fait maintenant plus d'un mois que le réparateur attend la pièce de rechange adéquate-lol).

C'est vrai que j'aimerais pouvoir travailler moins...pour vivre plus. Mais je crois que je ne suis pas seul dans ce cas...ce qui est fou, quelque part, compte tenu du nombre de chômeurs en France.
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Écrit par : Feld / | 30/09/2014

@ Edel

> Le labourage a pour fonction de "libérer" la terre pour la plante que l'on veut produire. On a longtemps pensé qu'effectivement faire place nette était le meilleure solution.
Mais depuis une vingtaine d'année (du moins à ma connaissance) on sait que cela n'est pas le cas.
Le mieux est après récolte de semer une plante qui fixe l'azote (enrichit la terre comme un engrais mais naturellement) et quand vient le temps des semailles de couper ou effectuer un grattage superficiel ou mettre un désherbant léger pour éliminer ou du moins la réduire suffisamment pour qu'elle ne soit plus en mesure de concurrencer la croissance du semis que l'on effectue et qui peut même profiter de l'abri de cette plante pour mieux démarrer.
Donc oui : si Sully ministre d'Henri IV pouvait bien déclarer que pâturage et labourage étaient les mamelles de la France, et que le labourage est resté des siècles durant, comme LE critère nécessaire, on sait maintenant que cela est loin d'être l'optimum et peut même s'avérer être une erreur.
Enfin il est à remarquer que le labourage a pris une extension sans fin après ... la seconde guerre mondiale : quand les USA ont eu à recycler leur industrie de guerre, on a alors fait des tracteurs qu'il fallait vendre et donc y trouver des arguments ... faux : le tracteur plus puissant permet de labourer plus profond donc mieux.
Et pour le céréalier avoir un gros tracteur est devenu un signe de réussite comme pour le bobo d'avoir une grosse voiture !
et cerise sur le gâteau cela a fait tourner l'industrie chimique avec la nécessité d'apporter des engrais, là encore la mécanisation est un allié précieux.
Pourquoi ces nouvelles découvertes ne "révolutionnent" pas l'agriculture actuelle ? pour plusieurs raisons :
1) Il faut faire évoluer les mentalités de l'agriculteur auquel depuis des générations on vante le labourage.
2) L'industrie mécanisée est bien évidemment contre.
3) L'industrie chimique est bien sûr évidemment elle aussi opposée.
4) les plus gros producteurs ont des analyseurs permanent de sols qui leurs envoient des SMS "ici mettre de l'engrais", ici 'arroser" avec même les dosages à effectuer.
L'agriculteur doit donc réapprendre à observer son terrain, son semis.
Ceux qui ont franchi le pas pourtant attestent que dès les premières années des gains peuvent apparaître, du simple fait d'avoir des engins moins nombreux et moins puissant et d'utiliser moins de fuel ...
Bravo à S.Lellouche pour son article.
Concernant l'érosion des sols , certains demandent à ce que l'on replante des arbres dans les champs. Suffisamment espacés ils n'altèrent pas de façon significative le rendements, leur système racinaires n'étant pas développé à la même profondeur, il n'entre pas en concurrence avec la culture, ils permettent de luter contre les grands vents, protéger de fortes chaleurs, et peuvent apporter un revenu supplémentaire. Par contre je n'ai jamais vu d'étude chiffrée sur ce dernier point (trop récent ?).
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Écrit par : franz / | 05/10/2014

CONNAISSANCES

> Tout les organismes ne sont pas nocifs.
Le CIRAD fait bcp de choses dans plusieurs pays. Même je crois de la culture de riz "hors rizières" pour les pays qui n'ont pas assez d'eau par exemple.
Mais il vrai que j'ai des connaissances qui ont été ingénieurs agronomes auxquels on a enseigné énormément de choses que maintenant on dénonce ...
Même encore aujourd'hui la culture hors sol reste présentée par bcp de média et de politiques comme une solution pour nourrir demain le globe alors qu'il en résulte un appauvrissement qualitatif considérable.
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Écrit par : franz | 05/10/2014

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