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19/06/2014

Là où elle existe encore, la croissance n'est pas pour tous

De l'Observatoire socio-politique du diocèse de Toulon :  

 


La croissance pour tous ?

par Stéphane Duté

Le 14 juin 2014

 

 

Il est des pays où la croissance parait faire de la résistance. Oh bien sûr, ils ne sont pas légions et l’on peut légitimement se demander ce qui sous-tend cette miraculeuse « prospérité ». Il arrive même parfois que quelques économistes s’interrogent sur ces drôles de statistiques qui, objectivement, reflètent davantage la capacité des banques centrales à créer de la monnaie plutôt que celle des nations à créer de la richesse.

 

Et de fait, les États-Unis, le Royaume Uni et le Japon – puisqu’il s’agit d’eux – ont cette caractéristique en commun de créer de l’argent à partir de… rien ! A partir de rien mais dans des proportions tellement hallucinantes que ça ne choque plus personne…

Ainsi, chaque mois, la Réserve Fédérale Américaine (FED), crée entre 50 et 85 milliard de nouveaux dollars soit, en gros, ce que le François Hollande cherche à économiser annuellement avec son « pacte de compétitivité ». En moins de 5 années les USA auront réussit à tripler leur masse monétaire. Quant au Japon et à la Grande-Bretagne, ils ne sont pas en reste.

J’imagine que notre Président aimerait bien, lui aussi, se mettre à la potion magique, mais pour des raisons trop longues à expliquer, elle est pour l’instant interdite en zone Euro. Pour l’instant…

Alors la question qui se pose est la suivante : à qui profite la croissance dans ces pays merveilleux où se pratique ce que l’on nomme pudiquement une « politique monétaire non conventionnelle » lorsqu’il s’agit d’un État et « une pratique de faux-monnayage » quand un individu s’y risque ? [1]

Et la réponse, sans être une surprise, n’en est pas moins affligeante. Jugez plutôt :

•  aux États-Unis, la croissance entre 2009 et 2012 a permis à 1% des américains d’accroître leur richesse de 31,4% et aux 99% autres de l’augmenter de…0.4% (en 3 ans) [2]

•  les 1000 citoyens britanniques les plus riches du royaume se partagent 519 milliard de livres sterling, soit un tiers du PIB de leur pays. Mieux, leurs « économies » se sont accrues de 15.4% entre 2012 et 2013. [3]

•  au niveau mondial, 85 personnes possèdent actuellement autant de richesses que les 3.5 milliard de personnes les plus pauvres de la planète.

   Alors que penser de cela ? A l’évidence que la croissance n’est pas pour tous. Elle est réservée à certains. Sans doute est-ce là mon côté saint-Thomas, mais personnellement, en matière de croissance je ne crois que ce que je vois. Et la seule croissance que j’observe depuis quelques années est celle de la masse monétaire et de la fortune de quelques individus. C’est à se demander parfois si, comme l’écrit le prophète Osée, le monde n’est pas « confié à des marchands qui ont dans la main des balances fausses, et aiment à tromper ».  (Osée 12:7) [4]

-- 

Observatoire sociopolitique

http://osp.frejus-toulon.fr/publications/ 

 

Notes 

 

[1] Article « Mesures non conventionnelles » sur lesecho.fr
[2] Article en pdf « The Evolution of Top Incomes in the United States »[3] Article « Sunday Times Rich List: Wealthiest Britons own a third of the nation’s wealth » sur independent.co
[4] Article « Oxfam: World’s Richest 1 Percent Control Half Of Global Wealth » sur npr.org et article « Rendre la croissance plus inclusive pour améliorer le bien-être et renforcer l’économie – Nouveau rapport de l’OCDE » sur oecd.org
[5] Article du « Monde » « La croissance du Japon faiblit »