Etrange rapprochement entre le sport masculin et... l'insécurité féminine

Si l'étude d'Yves Raibaud (CNRS) était vraiment ce que la presse en dit, on pourrait s'interroger sur ses intentions : 

 

 

''Dans les villes françaises, rares sont les femmes qui se déplacent sans prendre quelques précautions : certaines changent de trottoir à la nuit tombée, d'autres optent pour les chaussures plates pour pouvoir sprinter'', écrit 20 Minutes, reliant ce climat d'angoisse au constat fait par le chercheur Yves Raibaud, dans son enquête sur L'égalité hommes-femmes dans l'espace urbain.

 

Or la majeure partie de cette enquête semble porter sur les centres culturels et sportifs dans les villes françaises : deux tiers des loisirs bénéficient d'abord aux garçons, constate Raibaud... ''L'idée n'est pas de dire qu'il y a des loisirs pour garçons et d'autres pour filles [*], mais bien de constater que, dans les faits, ceux-ci sont majoritairement pris d'assaut par les garçons'' : par exemple le foot et le rugby. Il faudrait ''inverser les codes'', déclare le chercheur. (La formule ne veut rien dire mais elle est tendance).

 

Ici le lecteur s'interroge. Quel lien entre le fait que les centres de loisirs sportifs sont ''pris d'assaut par les garçons'', et l'insécurité qui menace les femmes dans certains secteurs urbains, à certaines heures ?

 

Aucun lien, évidemment : à moins de croire que le quasi-monopole des garçons sur le foot et le rugby ferait d'eux des violeurs véloces, soupçon trop anti-sportif pour être retenu.

 

On se demande donc pourquoi le journaliste mélange la question des centres de loisirs et celle de la sécurité en ville. Après avoir parlé du sport il revient aux agressions contre les femmes : le rapport Raibaud, écrit-il, cite en exemple Montréal ''où certains bus sont autorisés à s'arrêter entre deux arrêts pour déposer une femme chez elle''. Ou Tokyo, ''où des rames de métro leur sont réservées''. Ou Londres, où ''des taxis roses sont mis à la disposition du public féminin''.

 

Des taxis roses ? Des rames réservées aux femmes ? Des privilèges féminins dans les bus ? Si vraiment il faut instaurer dans les transports le stéréotype  que Raibaud propose de combattre dans les centres de loisirs  (en ''inversant les codes''), c'est que les stéréotypes correspondent à quelque chose : ou que les journalistes captent mal le message des chercheurs au CNRS.

 

 

PS - Bien entendu, je ne cherche pas à minimiser la gravité des violences faites aux femmes (ni l'urgence de les prévenir et de les réprimer). Je crois seulement que cette prévention-répression relève de la sécurité publique, plus que de l'accès des filles aux centres sportifs.  Ou de la négation de l'identité sexuée.

 

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[*] Ouf. Il n'aurait plus manqué que ça, à l'ère des ABCD de l'Egalité.