Dîner BNP : Hollande demande grâce à Obama

 

Devant les dix milliards de dollars de l'amende américaine,

le désarroi de "Mr Holland" fait peine à voir : 

 

Dîner avec Obama ce soir chez Guy Savoy, déclarations hier au G7 : François Hollande se débat entre des impératifs contradictoires. D'un côté il doit prendre la pose : « Nous attendons la réciprocité et le respect... Les sanctions américaines contre la BNP pourraient avoir des conséquences économiques et financières sur l'ensemble de la zone euro... » Mais on doit rester un bon vassal : « Nous sommes dans des négociations, c'est vrai [le traité de libre-échange], nous avons de bons rapports avec les Etats-Unis et nous souhaitons les garder... »

Garder de bons rapports signifie notamment, dit-il, « respecter la justice américaine » : parce qu'elle est « indépendante », affirme-t-il.

La justice américaine est sans doute indépendante. Mais de quoi ? C'est M. Obama (non le président de la Cour suprême) qui avait prévenu Hollande en lui disant « on va vous tomber dessus », à propos de la présence d'intérêts français en Iran.

Et cette querelle sur l'Iran n'est pas seulement une question de juridisme américain, glory glory hallelujah etc. C'est aussi (dans quelle proportion ?) une question d'intérêts américains, financiers et industriels, qui veulent évincer les concurrents sur le futur marché iranien. Tout le monde le sait, même M. Hollande.

N'accablons pas ce pauvre homme. Il est pris dans le casino global. Si la BNP n'avait pas libellé ses transactions iraniennes en dollars, elle n'aurait pas eu à se refinancer auprès de la Fed, opération qui faisait passer la banque française par le « territoire » juridique US... et donnait une arme à la justice new-yorkaise – même si la France n'avait aucun embargo contre l'Iran à cette époque... En règle avec la loi française, la BNP s'exposait aux foudres de la loi américaine, comme avant elle ING (La Haye) condamnée à payer 619 millions de dollars en 2012. L'amende exigée de la BNP est énormément plus lourde, parce que son intention est hostile et géostratégique (bien que la France de 2014 soit déjà ratatinée) ; cette hostilité américaine suffoque M. Hollande. Il ne s'attendait pas à ça.

Pauvre Flanby, what did he expect ? Interrogé par la presse parisienne, le professeur de finances Patrick Bolton (université Columbia) se demande pourquoi la BNP libellait ses transactions en dollars : « Des avertissements n'ont pas dû être écoutés », estime-t-il. Puis il s'étonne que cette banque française ait tenté de doubler les Américains alors qu'elle est dans leur système et ne peut donc pas se défendre, ce qui donne la mesure de la situation européenne. « La BNP n'a pas forcément intérêt à entreprendre une procédure judiciaire, en raison de ses gros enjeux aux Etats-Unis et auprès de ses clients, notamment les entreprises multinationales... » Vous voyez de quoi l'Elysée est prisonnier.