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02/04/2014

Nouvelles attaques des libéraux contre le pape François

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La mobilisation des idéologues libéraux face au pape François ne cesse de s'intensifier : après les économistes pieux, voilà les profs bobos :

 

 

  

 


La Tribune, 2/04 : deux profs de business, Marc Guyot et Radu Vranceanu (Essec), s'en prennent au pape François. Extraits, avec les bourdes soulignées et nos commentaires en rouge :

 

<< A l'occasion de la première année de pontificat du Pape François, une des questions qui ont le plus agité les observateurs est celle des convictions économiques de ce Pape, semblant aux antipodes de celles de ses prédécesseurs... [ Les libéraux sont des ignorants volontaires. Ils refusent de lire Centesimus Annus et Caritas in Veritate, pour ne pas devoir constater que les analyses des papes ''prédécesseurs'' sont en phase avec celles de François ].

 

...Ses positions sont clairement antilibérales, et pour être tranquillement antilibéral le Pape a annoncé qu'il n'était pas marxiste, annonce qu'on peut traduire par :  "je ne suis pas marxiste alors laissez moi être anti-libéral tranquillement"... [ Les libéraux fonctionnent par classification simplificatrice  : ''marxiste'' / "non-marxiste'', etc. Sauf que la phrase du pape, à laquelle ils font allusion ici, avait justement pour but de dépasser les classifications : "le marxisme est une erreur mais j'ai connu des marxistes qui étaient des gens très bien'', etc. Rien à voir avec ce que MM. Guyot et Vranceanu veulent comprendre. ]

 

...Dans son schéma anti libéral, le Pape oppose de façon manichéenne d'un côté un monde "libéral", qu'il décrit comme le règne de la compétition sans autre règle que la loi du plus fort, et d'un autre côté, un monde où le gouvernement, axé sur le bien public et conscient du primat de l'humain sur la richesse, interviendrait pour corriger les inégalités et s'assurer de l'accès de chacun aux biens de première nécessité.... [ Si quelqu'un n'est pas ''manichéen'' [*], c'est bien le pape. Quant à la description que ce pape donne du monde capitaliste libéral, c'est... une description ! Mais les libéraux ne supportent pas que l'on décrive le libéralisme réalisé ; ils lui opposent un libéralisme idéal, perpétuellement à venir comme l'était autrefois le communisme : ce qui permet d'écarter les faits. (En cataloguant bien sûr  l'adversaire - ''manichéen'' -  pour le disqualifier sans avoir à le réfuter). ]  Exemple :

 

...Pour enfoncer le clou, le Pape prétend qu'il n'a jamais vu de débordement positif du développement économique, tiré par le développement des marchés, profiter aux plus pauvres. Si son diagnostic s'appuie sur l'observation des favelas en Argentine ou au Brésil, on pourrait lui donner raison. Est-ce pour autant une preuve que l'économie de marché ne contribue pas à la réduction de la pauvreté ? Bien au contraire. Etant donné les conditions nécessaires pour obtenir un système libéral, et le fait que ces conditions sont absentes dans la plupart des pays d'Amérique Latine, le résultat obtenu est exactement ce qui arrive en l'absence de libéralisme à savoir, pauvreté, corruption, absence d'infrastructure publique et une Eglise qui déploie des efforts colossaux pour contrebalancer, dans la limite de ses moyens, les conséquences usuelles d'un gouvernement interventionniste dans une économie non libérale... [ Ces dix lignes, on peut les réutiliser en remplaçant ''l'Amérique latine'' par n'importe quelle autre région du monde : chaque fois, les profs libéraux vous démontreront que si le libéralisme y donne de mauvais résultats, c'est que ''les conditions nécessaires pour obtenir un système libéral ne sont pas réunies.'' Même en face du scandale des subprimes aux USA, ils vous diront la même chose : c'était de la faute, non des prédateurs privés dérégulés, mais de la présence d'un Etat fédéral ; Etat dont la suppression serait ''une condition nécessaire pour obtenir un système libéral'', etc. ]  ...D'ailleurs :

 

Sa compréhension [celle du pape !] de la crise de 2008, supposée causée par l'idéologie de déréglementation, prête également à sourire, quand on songe que les marchés financiers sont l'une des activités les plus régulées au monde... [ Les deux profs ont osé écrire ça, et pour dire leur mépris à ce pape dont les facultés de ''compréhension'' leur paraissent ''prêter à sourire''...  Hélas pour eux, le monde entier connaît la réalité : faute de recadrage du casino financier par le politique, le système marche vers une catastrophe pire que la précédente. Ce dont le prof bobo se fiche éperdument. ]

 

...L'opposition du Pape au libéralisme, qu'il conçoit comme un monde sans règles, et sa position en faveur d'un interventionnisme actif de gouvernements bienveillants et compétents (vraisemblablement en lutte contre les spéculateurs, multinationales et autres accapareurs de légende) semble liée au primat de l'argent et à la négation de l'humain qui existerait dans la première société et non dans la seconde. Il est vrai que l'économie de marché n'affiche pas ostensiblement le primat de l'humain ; elle semble n'avoir pour objectifs que le maintien de marchés concurrentiels pour l'ensemble des biens marchands, le maintien d'une structure de concurrence à l'intérieur du pays, la mise en place du libre échange avec les pays extérieurs et l'organisation de marchés du travail et du capital flexibles. Mais elle est particulièrement humaine, car elle protège le bien le plus important de la personne humaine qui est la liberté d'action, y compris d'action économique... [ Pure langue de bois des années 1990 : on s'étonne qu'elle soit encore en circulation en 2014 malgré le bilan ! Ces axiomes du prof bobo n'ont pas les résultats qu'il leur prête. Et les vrais effets sont pervers... ''Organisation du marché du travail et du capital flexible'' est une phrase particulièrement scandaleuse quand on pense à ce qui se passe réellement. Quant à ''liberté d'action'' : c'est par antiphrase ? ]

 

...Le principe de l'économie de marché est de briser la puissance du grand capital en imposant une certaine dispersion des firmes et en leur imposant une pression qui les contraint à se mettre au service des consommateurs. C'est là tout le principe de la concurrence et de son fer de lance juridique et opérationnel, l' « Antitrust ». Lorsque le capital est fragmenté,  lorsqu'il est reparti entre plusieurs entreprises, une concurrence vive renverse le rapport de force entre le capital et les consommateurs, quel que soit leur revenu. La réalisation de profits positifs est conditionnée, non plus à l'exploitation d'une rente de monopole par des corporations, mais à l'innovation et à l'efficacité. Le plus grand nombre d'individus a ainsi accès au plus grand nombre de biens, au meilleur prix possible et profite en permanence des améliorations que la recherche et l'innovation peuvent apporter. Le système se passe donc de la bonne volonté des patrons. Ils sont « domptés » et leur énergie, leur appétit de pouvoir et de puissance sont mis au service du plus grand nombre... [ On est pris de fou-rire. On a l'impression de lire une page onirique d'un vieil auteur marxiste, imaginant ce que sera la société sans classe... Mais pour le malheur des hommes, le boniment du libéralisme utopique a permis la concrétisation du libéralisme réalisé : et celui-ci ne ''brise'' pas ''la puissance du grand capital'', c'est le moins qu'on puisse dire. ]



[Et ici, l'imposture absolue :] ''Le fonctionnement de l'économie libérale échappe donc complètement au Pape puisque celui-ci pense que les pauvres ne profiteront jamais du système car les riches ne voudront jamais partager. La magie du système libéral est qu'il profite à tous, sans avoir besoin de la bonne volonté des puissants. C'est un système qui est vertueux par lui-même et qui ne nécessite pas que ses membres aient la vertu du partage. Bien évidemment s'ils l'ont, l'ensemble fonctionne tout aussi bien. De plus, ce système est en conformité avec la doctrine sociale de l'Eglise en ce qu'il repose sur la responsabilité individuelle et la liberté d'entreprendre. Jean Paul II, dans son encyclique, Centesimus Annus, avait bien rendu cette justice à ce système en soulignant que « il semble que, à l'intérieur de chaque pays comme dans les rapports internationaux, le marché libre soit l'instrument le plus approprié pour répartir les ressources et répondre de façon appropriée aux besoins ». [ Le passage mis en gras est le mensonge habituel des libéraux en milieu catho. Ils le serinent dans les pieux colloques, et leurs auditeurs ne voient pas que : a) "marché libre'' et ''libéralisme'' ne sont pas synonymes ; b) ''marché libre'' est une notion susceptible d'interprétations divergentes, de la plus prudente à la plus dérégulée ; c) Centesimus Annus (que les deux profs n'ont pas lue) souligne que le politique doit soustraire aux marchés les biens humains ''trop précieux et fragiles'' pour être laissés à leur arbitraire  - et cette idée contredit à elle seule la totalité du libéralisme ; d) la doctrine sociale de l'Eglise est autrement plus vaste et nuancée qu'une idéologie de la ''responsabilité individuelle'' et de la "liberté d'entreprise'' ; e) cette responsabilité et cette liberté sont - de toute façon - mises à mal par le libéralisme réalisé, autrement dit la loi de la jungle... ]



L'article se termine par un hymne au Doha Round qui n'a pas encore tout dérégulé, mais qui un jour y parviendra inexorablement : glory glory hallelujah ! Parions que ce jour-là sera la Fin de l'Histoire, l'Horizon Indépassable, et la vergogne d'un pape socialiste qui déçoit la bonne société.



 

NB - La multiplication en France des attaques libérales anti-pape, d'abord sournoises, puis (dans La Tribune) aussi grossières que celles de Forbes Magazine, ne doit pas rester inaperçue dans l'Eglise : même si cette guérilla libérale est compromettante pour une certaine droite catho, qui préférerait regarder ailleurs... en la laissant se développer. Donner tort au pape sur un terrain aussi grave n'est pas anecdotique. La justice sociale est en cause : donc l'Evangile ! Ne permettons pas que se multiplient, sans réponse, les colloques et conciliabules où se dit que ''Jean-Paul II était un libéral contrairement au malheureux pape François qui n'est qu'un péroniste'', etc. C'est l'heure de choisir : avec l'Eglise ou contre elle.


__________

[*]  Par abus de langage, les libéraux qualifient de "manichéennes" les références non-marchandes qui permettent de critiquer leur axiome : "n'importe quoi doit pouvoir se vendre et s'acheter"; axiome dont dépendent toutes les autres "valeurs d'aujourd'hui". La soi-disant "éthique libérale" se réduit ainsi à dénoncer ce manichéisme (nommé aussi "intolérance", par un autre abus de langage). 

 

 

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Commentaires

LES ÉVÊQUES

> C'est grave. Il faudrait que les évêques de France montent au front, fassent acte d'autorité et mettent les pieds dans le plat avec un grand coup de trompette médiatique, non ? Vous, PP, pouvez vous permettre de le leur suggérer ?
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Écrit par : Alex / | 02/04/2014

PROPOSITIONS "LIBÉRALES"

> Il me paraît urgent de proposer une solution libérale à ces deux professeurs (salariés pour qui la prise de risque est éminemment connue):
la délocalisation.
Avantages:
- vivre dans des pays où la main d’œuvre bon marché n'est évidemment pas exploitée.
- bénéficier des salaires avantageux de cette main d’œuvre.
- pouvoir être mis en concurrence par des appels d'offres pour chacun de leur cours.
- apprendre la mobilité et la flexibilité de l'emploi.
- constater les effets de leurs théories (rien ne vaut de véritables travaux pratiques)
- accessoirement apprendre à rédiger un commentaire de texte cohérent.
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Écrit par : Albert E. / | 02/04/2014

PERLES RARES

> Merci pour ce trésor ! Il recèle en effet quelques perles rares.
L'exemple de l'Amérique latine (que le Pape connaît certainement mieux que ces deux brillants économistes) est frappant : comment balayer d'un haussement d'épaules ce qu'en mathématiques on nommerait démonstration par l'absurde (exhibition de la preuve de ce qu'une assertion - en l'occurrence le supposé "débordement positif du développement économique, tiré par le développement des marchés" - est fausse) en décrétant que "les conditions nécessaires pour obtenir un système libéral" ne sont pas réunies...
Ce dernier argument ressemblerait presque à du Lénine : où l'on voit que les pensées utopiques - communistes ou libérales - achoppent toujours sur la réalité.
Il est effarant de lire aussi de la part d'économistes (censés être des êtres rationnels) des propos comme "La magie du système libéral est qu'il profite à tous".
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Écrit par : Sven Laval / | 02/04/2014

AU BIENHEUREUX JEAN-PAUL II

> En ce jour anniversaire du rappel à Dieu du bienheureux Jean-Paul II, confions-lui les chefs d’entreprise qui mettent en œuvre des gestions RH indignes. Face aux patrons requins, soyons unis et solidaires : « Solidarnosc ! »
Je confie au bienheureux JPII et à la communauté des priants de notre ami PP, mon nouveau patron, Christophe. Je me confie moi-même à leur prière, en prévision du combat que nous allons devoir mener, face à ce chef d’entreprise, en tant que salariés, pour que notre travail soit respecté !
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Écrit par : Denis / | 02/04/2014

LA CRISE BANCAIRE VUE DE L'INTÉRIEUR

> Quelques réflexions de quelqu'un qui a vécu la crise bancaire de l'intérieur.

Je dirais qu'il s'est agi AVANT TOUT d'une crise provoquée par la concurrence exacerbée que se livraient les banques. Riccardo Rebonato, un auteur qu'on ne peut soupçonner d'être anti-libéral (il a fait sa carrière sur les marchés, chez RBS et maintenant PIMCO, soit le plus gros fond d'investissement obligataire au monde - 2000 milliards de dollars, eh oui ...) raconte dans son livre "Plight of the Fortune Tellers" la scène suivante. Un peu avant le cataclysme, un dîner réunit les patrons des plus grosses banques américaines. Ils arrivent tous au même constat: nous sommes en train de déconner. Comprenez, nous savons que nous ne devrions pas prêter à tous ces emprunteurs sub-prime (i.e. les plus risqués). Mais nous le faisons quand même. Pourquoi? Parce que pour le moment, ça rapporte beaucoup d'argent et comme les autres le font, il faut bien que nous suivions le mouvement. En fait, ce qu'il faudrait, c'est que la SEC (le régulateur américain) INTERVIENNE POUR NOUS INTERDIRE COLLECTIVEMENT DE CONTINUER. Parce que de nous-même, on ne le fera pas. Autant pour les adversaires de l'état ...

Voilà, ce n'est pas plus malin que ça. Un mélange de lâcheté individuelle, d'âpreté au gain et un système pervers. Pervers car effectivement, il est très difficile de savoir quand une bulle va exploser. Et partant, de convaincre son conseil d'administration que c'est maintenant qu'il faut arrêter. Quand vous êtes un CEO, vous avez intérêt à ne pas vous louper sur le timing. Parce que si la bulle tarde à exploser et que votre CA voit que vos concurrents continuent à s'en mettre plein les poches ... il ne va pas rester longtemps patient avec vous. Est-ce que vous n'êtes pas en train de phantasmer d'ailleurs, avec vos histoires de bulle? Il y a des tas d'analystes sérieux qui nous disent que tout va bien. Etc ...

Hors des USA, des tas d'autres banques se sont cassé la gueule à cause de la même logique rudimentaire: les autres arrivent à des rendements de 20%, donc nous aussi. C'est ça être un vrai leader visionnaire, un qui fait la couv des magazines. Et ne venez pas suggérer que votre banque à vous, elle n'a pas les moyens de courir aussi vite, à moins de prendre des risques inconsidérés. Qu'est-ce que c'est que cette mentalité de looser? Vous croyez que votre CA va longtemps garder un minus défaitiste comme vous quand tant d'autres se pressent à sa porte en affirmant "Yes, we can!" Vous rêvez mon cher. Vous manquez de réalisme et d'efficacité!

Autre effet pervers de la concurrence: tout le monde réduit ses coûts. Et bien entendu d'abord sur les fonctions non directement rentables, comme la gestion des risques. Il faut reconnaître que la mise en place des normes Bâle 2 représentaient pour les banques un effort très conséquent. En conséquence de quoi, le raisonnement était avant tout: comment mettre tout ça en place à coût minimal. C'était à peu près le seul souci. J'ai gardé de cette époque le souvenir que réfléchir était un luxe qu'on ne piyvait se permettre. Un manager compétent, ce n'était pas quelqu'un qui faisait les choses bien. Non. C'était quelqu'un qui parvenait à donner l'impression que les choses étant bien faites tout en dépensant le moins d'argent possible.

Pourquoi tant de banques ont-elles investi dans les produits structurés basés sur les subprimes sans prendre plus de recul? Parce que prendre du recul n'était pas obligatoire, que ça aurait couté de l'argent (1 ou 2 employés specialisés à qui on aurait laissé du temps) et qu'on avait déjà assez dépensé de fric sur les sujets obligatoires. Et puis à quoi bon? Tout le monde en achète, non? Si ce nest pas suffisant comme preuve qu'il n'y a pas de risque ... je ne sais pas ce qu'il vous faut!
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Écrit par : luc2 / | 02/04/2014

ROBOTS

> Le pire, face à des nabots minables de cet acabit, c'est que toute discussion est impossible. (Attention : tous les libéraux ne sont pas des monstres : pour paraphraser François, le libéralisme est une erreur mais j'ai connu des libéraux qui étaient des gens très bien !)

Ils parlent "mécanique" quand on leur parle "être humain", et ils tournent en boucle sur leurs deux théorèmes et demi, quand on peut leur opposer toute la culture classique, toute la philosophie, toute la théologie, toutes les grandes sagesses du monde entier, la réalité, les papes et le magistère, le bon sens, ma grand-mère, la fin du pétrole, TOUT, non : 2 théorèmes minuscules.

Des robots, des automates formatés. Aucune ouverture. A rendre fou.
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Écrit par : PMalo / | 02/04/2014

AU MOINS

> Au moins, ils ne font pas appel à Aristote et Saint Thomas d'Aquin pour démontrer que le pape François (qui n'a étudié ni Aristote ni Saint Thomas, les lacunes de la formation des séminaires sud-américains étant bien connues) ne comprend rien à rien en économie.

Feld


[ PP à Feld :
- Le libéral libertin est logique, donc il est dans son droit.
Mais le libéral catho n'est pas dans son droit : il prend une pose qui l'oblige à nier la réalité. C'est le chien Rantanplan, qui prend (ou feint de prendre) les Dalton pour la gentillesse même. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 02/04/2014

RÉEL

> On se croirait en effet revenu à l'époque du "socialisme réel" et autres billevesées marxistes-léninistes. Les empires et les idéologies passent, la folie humaine demeure.
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Écrit par : JG / | 02/04/2014

PAUVRE TYPE

> Plunkett, plus ça va et plus il y a des fois où je me dis que vos obsessions anti-libérales d'un autre âge vous font dire n'importe quoi ! Oui, n'importe quoi ! ET de plus en plus ! Cela ne vous est jamais venu à l'esprit qu'il y avait des gens qui pouvaient avoir du bon sens, parmi ceux que vous vilipendez sans relâche avec vos préjugés socialo-judéo-chrétiens à deux balles ?

http://www.liberation.fr/economie/2014/04/02/pascal-lamy-prone-des-petits-boulots-payes-en-dessous-du-smic_992696

Et là, vous répondez quoi ? Ce sont quand même des gens qui connaissent un minimum leur sujet. Et qui aiment leur pays. Oui, Monsieur, qui aiment leur pays. Et qui sont un peu moins c…que nous , aussi :

http://french.france.usembassy.gov/prog20140213.html

Pauvre type, va !
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Écrit par : Feld / | 02/04/2014

VINCENT CHEYNET

> "Le fonctionnement de l'économie libérale échappe donc complètement au Pape puisque celui-ci pense que les pauvres ne profiteront jamais du système car les riches ne voudront jamais partager. La magie du système libéral est qu'il profite à tous, sans avoir besoin de la bonne volonté des puissants (…)"

Ah! Le mythe du ruissellement…Il y en a qui croient encore que c'est vérifié dans la réalité. Assez récemment, je l'ai lu sous la plume… d'un prêtre (qui a pourtant un parcours hors normes, ce qui est normalement le gage d'un certain non-conformisme) :

http://www.hommenouveau.fr/catalogue/livres/5REVOL/la-revolution-chretienne.htm

A côté de ça, on assiste, hors de la cathosphère, à des rapprochements assez inattendus (et souvent percutants ! ) avec la pensée sociale de l'Eglise.

J'ai lu "Décroissance ou décadence", le dernier ouvrage de Vincent Cheynet, le patron du mensuel "la Décroissance" :

http://www.lepasdecote.fr/?p=767

Pour moi, peut-être le "choc de lecture" 2014 . Si, si… Si V. Cheynet n'était pas à peine plus âgé que moi, je pourrais dire que c'est un livre testament. A la fois terriblement lucide et profondément…humble. Tout ce qui est développé, mois après mois dans 'La Décroissance', réuni en un seul ouvrage. Avec toujours ce point de vue qui détonne au sein du "décroissance-land" français : libéralisme économique et libéralisme culturel sont indissociablement liés. Et l'issue de tout cela ne peut se trouver que dans un changement anthropologique majeur, qui dépasse les seules forces humaines, sur le plan individuel et a fortiori au niveau collectif…

Je pense que cet ouvrage peut toucher des chrétiens a priori éloignés des problématiques de la décroissance. Surtout avec ce titre plutôt "décalé" (le terme "décadence" n'est pas très décroisso-écolo-politiquement correct, je pense…).

A mon sens : un très grand livre… chrétien.
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Écrit par : Feld / | 02/04/2014

AU MOINS ILS ADMETTENT

> Au moins ces deux bobos admettent-ils que le pape est clairement anti-libéral, contrairement à certains économistes catholiques qui continuent à jouer l'évitement de la plus évidente évidence.

@ Alex
> N'oublions pas que Thomas d'Aquin disait (en gros) que l'argument d'autorité est le dernier des arguments, et certainement pas le plus efficace. Continuons à expliquer et batailler. Petit à petit ça rentre, comme en témoignait Serge ici-même en rendant compte récemment d'une conférence de Patrice.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 03/04/2014

LIBÉRAUX : DANS L'IDÉOLOGIE PURE

> Oui, on est dans l'idéologie pure : " la magie du système est qu'il profite à tous "
... ou dans le rêve.

Mais qu'est ce qui nous vaut l'attaque concertée de ces deux profs de l'ESSEC. Ils sont les relais de qui, quelle puissance politique et/ ou économique ?

Roque


[ PP à Roque - C'est une offensive concertée, et qui monte en puissance, contre la popularité mondiale du pape François. Cette popularité leur fait peur, parce qu'elle devient une force de contestation économique. Ce qui est lamentable, c'est que certains catholiques donnent raison aux libéraux contre le pape. C'est une honte : et même une obscénité. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Roque / | 03/04/2014

LIBÉRAUX : COMME L'URSS EN FIN DE COURSE

> Une de mes conviction profondes est qu'il y a quelque chose dans l'univers mental des libéraux qui les rapproche profondément des idolâtres de l'URSS en bout de course : vous le faites très bien remarquer, c'est l'absence totale de référence au réel (pas d'analyse de la situation concrète, pas de chiffres objectifs, pas d'étude réelle de la progression de l'exploitation et de la pauvreté, pas de bilan fondé sur des relations de cause à effet entre libéralisme et génération structurelle de la dette, y compris dans les pays émergents qui ne sont pas "écrasés par les dépenses de la sécu").
Il n'y a là, en effet, que des articles de principe, des convictions abstraites, des affirmations d'autant plus péremptoires qu'imaginaires, la description d'un paradis merveilleux où les rivières sont de miel et les déserts fleurissent, et que seule la méchanceté des méchants empêche d'éclore.
C'est un fatras de rêves imaginaires, c'est de la pure pensée magique.
Pendant ce temps-là, dans le monde réel, c'est le chaos, mais depuis quand la théorie doit prendre en compte le réel ? Si le communisme échoue, c'est qu'on n'est pas allé assez loin dans le communisme. Ah non, pardon ! Je voulais dire, si le libéralisme échoue...
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Écrit par : Christian / | 03/04/2014

MAGIQUE

> "La magie du système libéral"...j'adore !
Ce matin sur le chemin de l'école, ma fille (9 ans) m'a demandé si je croyais aux fées et à la magie...Je m'en vais de de pas l'inscrire à Sup de Co !
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Écrit par : cristiana / | 03/04/2014

LES PAPES SONT FORMELS

> Il est si facile de critiquer et de pointer les inévitables failles liées a un monde déchu, mais plus difficile d'offrir un modèle alternatif credible qui allie liberté de la personne et solidarité collective, et qui puisse fonctionner MIEUX que le "marché libre".
Nous chrétiens sommes appelés à transformer le monde en étant témoins de l'Évangile, agents de charité et de miséricorde dans un monde sans lumière. On peut le faire dans n'importe quel "système" sans s'inventer de nouvelles idoles idéologiques.
Le message du pape François s'adresse a nos consciences et contient un puissant appel à la conversion, mais ne constitue nullement les fondations d'un nouvel ordre économique et financier. La structure sociale, économique et politique, quelle que forme qu'elle se donne, est faillible per se, heritage adamique, mais ce sont les âmes qui la peuplent qui doivent recevoir dans leur aujourd'hui la lumière divine pour la "transfigurer".

Ph. Martin


[PP à PM :
- Vous avez raison de dire que le "marché libre" est la seule forme d'économie viable. Vous avez tort de croire (ou feindre de croire) que le "marché libre" est le libéralisme, alors qu'il s'agit de deux choses différentes... et que l'effet pervers du libéralisme est de nuire aux libertés.
- Vous avez raison de dire que l'Eglise ne propose pas un système économique. Mais l'Eglise critique sans ambages le système économique actuel (auquel vous semblez ne rien reprocher).
- Vous avez raison de ne pas vouloir que l'on "invente de nouvelles idoles idéologiques". Mais personne ne cherche à le faire, dans le monde catholique. (À moins que vous n'appeliez "idoles idéologiques" ce qui irrite M. Gattaz ?)
- Quant au fait que des changements socio-économiques puissent être nécessaires et avoir une dimension structurelle, le magistère catholique est formel :
"La priorité reconnue à la liberté et à la conversion du cœur n'élimine nullement la nécessité d'un changement des structures injustes", soulignait le cardinal Joseph Ratzinger dans le texte de référence en la matière : 'Instruction sur la liberté chrétienne et la libération' (1986).
Le cardinal Ratzinger précisait :
"Il est donc pleinement légitime que ceux qui souffrent de l'oppression de la part des détenteurs de la richesse ou du pouvoir politique agissent, par des moyens moralement licites, pour obtenir des structures et des institutions dans lesquelles leurs droits soient vraiment respectés."
Nier la dimension structurelle des problèmes économiques, et la nécessité de changer le modèle, est l'attitude de l'individualisme bourgeois.
Ce n'est pas la doctrine de l'Eglise catholique.
Prétendre que l'Eglise s'accommode des structures iniques, revient à contredire l'Eglise. Même si cette contradiction s'enrobe de phrases édifiantes...
Il ne semble pas que vous ayez lu les textes du pape François; Ni ceux de Benoît XVI, sinon vous n'affirmeriez pas ce que vous affirmez à tort... Je vous suggère d'étudier les deux derniers documents pontificaux concernés : 'La joie de l'Evangile' et 'Caritas in veritate'. Vous constaterez qu'il vous faut, soit modifier vos opinions, soit donner tort aux papes ; ce qui serait votre droit, mais vous priverait de celui de parler au nom de la religion...
Excusez-moi de vous avoir répondu aussi nettement : mais votre ton (pour le moins péremptoire) m'y a obligé. Je ne serais pas aussi brusque si vous n'étiez aussi tranchant. ]

réponse au commentaire

Écrit par : ph. martin / | 03/04/2014

TYSON ET LE BENGALI

> Sur un même ring de boxe sont réunis Mike Tyson champion du monde de boxe poids lourds et un chômeur bengali sous alimenté.
Que disent les ayatollahs du dogme libéral? Justice est assurée, puisque les gants de boxe des deux protagonistes sont de même facture, le temps de combat égal pour eux, l'espace de l'affrontement
unique et les règles du jeu constantes. Alors que le meilleur gagne!
L'arbitre impartial c'est le marché.
(in:Jean Ziegler"Destruction massive"
______

Écrit par : jean-michel / | 03/04/2014

COMME LE PAPE

> L'économie est une chose trop sérieuse pour la laisser à des profs d'éco qui n'ont jamais mis les pieds dans une entreprise.
Pour eux ce n'est que de la théorie.

Les entrepreneurs et les salariés que je connais pensent comme le pape François.
Tout salarié/entrepreneur qui connait son métier est convaincu que l'économie actuelle est justement la mort de tout esprit d'entreprise car elle repose sur le rejet du concret.

@ Alex
on peut déjà commencer avec les laïcs : bcp de cathos se présentent comme ceci (je cite) : "conservateur,libéral,ONLR".
Ils ne savent pas le sens de ces mots et répètent des slogans qui montrent l'appartenance à un groupe.
Une bonne com' ferme, claire explicative terminant par un appel à soutenir le pape en promouvant/vivant la doctrine sociale pourrait être la bienvenue mais -je vous préviens c'est difficile à dire et pénible à lire- il y a très souvent comme trois rangs d'infanterie autour des évêques : des laïcs quasi inamovibles qui font barrage, monopolisent les moyens de l'Eglise pour n'organiser en fait d'événements que du ron-ron qui leur permet de briller et/ou d'assurer leurs places.
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Écrit par : E Levavasseur / | 03/04/2014

ESCLAVES ?

> Pendant ce temps-là, Pascal Lamy nous redit, si nous étions distraits, que l'avenir du libéralisme, c'est l'esclavage :

http://www.liberation.fr/economie/2014/04/02/pascal-lamy-prone-des-petits-boulots-payes-moins-que-le-smic_992673
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Écrit par : Christian / | 03/04/2014

LIRE LES TEXTES DES ÉVÊQUES

> On demande aux évêques d'intervenir par-ci, d'intervenir par-là, de communiquer sur tel ou tel sujet urgent. Mais combien lisent les textes et déclarations d'évêques, réellement ? Je ne mets pas en cause PP, qui le fait et nous en donne des compte-rendu régulièrement. Mais avant de dire que les évêques ne font et ne disent rien, on pourrait peut-être aller chercher si par hasard, ils n'auraient pas fait... et dit.
Leurs actes et leurs discours ne sont pas repris dans les média, alors ils n'existent pas. Les sites Internet diocésains ne sont pas toujours très bien faits et très parlant. Cela ne veut pas dire que les évêques ne font rien, ne disent rien.

Je crois qu'aujourd'hui, en 2014, l'entourage des évêques n'est plus celui des années 80-90. Cessons de fantasmer sur ces laïcs cléricalisés qui formeraient une nomenklatura d'Eglise. Qui d'entre-nous propose ses services, dans l'humilité et l'obéissance, plutôt que de donner des leçons de "yaka fokon" ?
Allez travailler dans un évêché, vous verrez, la réalité à l'intérieur est bien différente de l'image qu'on en a à l'extérieur. Et j'éprouve le plus profond respect pour nos évêques, certes imparfaits comme nous, mais qui ont la patience de supporter nos jérémiades d'enfants gâtés, et qui continuent humblement à chercher à nous conduire à la suite du Christ, dans le monde d'aujourd'hui, offrant totalement leur vie et y laissant leur santé.
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Écrit par : Pema / | 03/04/2014

Mgr REY

> permettez-moi d'attirer votre attention sur ce texte de Mgr Rey où il lie défense des pauvres, de l'écologie, de la vie, de la famille, liberté de conscience en disant que cela entraîne un changement de mode de vie
(j'ai seulement survolé)

www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Mgr-Dominique-Rey-Elections-choisir-avec-clairvoyance
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Écrit par : E Levavasseur / | 03/04/2014

@Alex:

> "Il faudrait que les évêques de France montent au front, fassent acte d'autorité et mettent les pieds dans le plat avec un grand coup de trompette médiatique."

Eh bien, mon évêque a décidé de se lancer, vaille que vaille, un peu timidement/iréniquement peut-être (les trompettes de l'apocalypse sont pas trop son truc, à vrai-dire) :

http://www.lille.catholique.fr/interview-de-mgr-laurent-ulrich-actualite-1148.htm

Son bouquin :
"L'espérance ne déçoit pas. Un évêque face au monde de l'économie.", Laurent Ulrich, avec Alain Deleu, Thérèse Lebrun, Henri Madelin, Dominique Reynié, Bayard, 2014.
(pas encore lu)
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Écrit par : Albert Christophe / | 03/04/2014

@ E. Levavasseur

> je lis sur "Chrétiens dans la Cité": Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, nous écrit :

"Chrétiens dans la Cité apporte des informations utiles, souvent peu relayées par les médias français, concernant la vie de l'Eglise dans la cité, en particulier en ce qui concerne la dimension éthique et sociale. Pour sortir des "prêt-à-penser", des poncifs et des préjugés, il est nécessaire de disposer de telles informations...Lecteur assidu de Chrétiens dans la Cité, je vous encourage à le faire connaître et je vous prie de croire à mon soutien et à mon souhait, pour qu'il soit promu et connu."

Et ensuite, quelques lignes plus bas:

"Municipales pour tous
Si les « manifs pour tous » ont été pour des catholiques une première expérience politique, les municipales sont pour un certain nombre d’eux une deuxième occasion d’engagement.

Les élections municipales des 23 et 30 mars verront des candidats et des listes inspirés par les combats contre la loi Taubira et les projets gouvernementaux contre la famille. L’ampleur du phénomène est difficile à évaluer mais c’est un fait que les réseaux réactivés ou créés depuis fin 2012 (Associations familiales catholiques, Parti chrétien-démocrate, Manif pour tous…) ont servi d’incubateurs ou de viviers pour des candidatures d’un nouveau genre. Les jeunes professionnels (25-35 ans) sont largement représentés : La génération Manif pour tous débarque en politique, titrait récemment l’hebdomadaire Le Point (28/2).

Différents modes de candidature sont expérimentés. Première possibilité : rejoindre individuellement des listes « sans étiquette » ou « divers droite » (nombreuses dans les petites communes) ou encore d’union de la droite et du centre. La deuxième solution est l’entrisme, notamment au sein de l’Ump, qui a vu l’intérêt de récupérer des responsables de la Manif pour tous ses listes (ainsi celle d’Alain Juppé à Bordeaux qui accueille Édouard du Parc, chef d’entreprise de 42 ans, officiellement présenté comme cofondateur de la Manif pour tous en Gironde). Certains préfèrent le Front national dont un nombre notable de candidats, surtout dans les grandes villes, ont adhéré à la Charte proposée par La Manif pour tous ; toutefois le parti de Marine Le Pen s’est ostensiblement tenu à l’écart des manifestations de rue de 2013, estimant que les réformes sociétales ne sont que des diversions, et que les vrais problèmes sont économiques. (...)"

C'est pour le moins étonnant... Même si Mgr. Rey n'est évidemment pas le rédac'chef de ce site. La seule réserve que des "Chrétiens dans la Cité" peuvent éprouver à l'égard d'un engagement politique au sein du FN réside-t'-il dans le fait que Marine Le Pen "s'est ostensiblement tenue à l'écart des manifestations de rue de 2013" ?

On serait en droit d'attendre un peu plus de "précision" de la part d'un site parrainé - avec un enthousiasme apparemment sans réserve - par Mgr. Dominique Rey.
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Écrit par : j.warren / | 03/04/2014

@ jean-michel

> J'ai bien apprécié votre comparaison (on pourrait la faire figurer dans les manuels d'économie).

Je suggère que l'on propose à nos deux zigotos de monter sur le ring pour démontrer concrètement, en toute "liberté d'action", à Tyson la supériorité évidente de leur théorie libérale.
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Écrit par : Réginald de Coucy / | 03/04/2014

LE MONDE

> Tout d'abord, je vous remercie de la franchise de votre réponse, et des précieuses citations du cardinal Ratzinger. Il ne s'agissait toutefois pas pour moi de défendre le libéralisme ou le status quo, mais plutôt de pointer du doigt la posture facile et valorisante du critique et de dénoncer les illusions utopistes de ceux qui pensent refaire le monde. Même refait avec les meilleures intentions, le monde restera le monde, un lieu d'injustice et de péché, de mensonge et de confusion, dans lequel l'Église continuera de porter la Bonne Nouvelle et d'appeler à la conversion. Dire cela ne signifie pas qu'il ne faille rien faire ni se battre pour améliorer les conditions des plus démunis, s'engager dans la cité, contribuer aux efforts de paix et de justice sociale. Mais le faire sans animosité, ressentiment et mépris (je n'insinue nullement que c'est votre cas, entendons nous), et sans oublier que ce monde n'est qu'un lieu transitoire, que l'essentiel se joue sur un autre plan et que l'aisance matérielle est une illusion et un piège pour ceux qui l'ont comme pour ceux qui l'envient. Vu du ciel, et selon l'enseignement de Jésus, la condition du riche et de l'exploiteur, de celui qui compte sur ses propres forces pour se tailler une part du gâteau aussi grande que possible, est la plus à plaindre parmi les hommes, non?
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Écrit par : ph. martin / | 03/04/2014

BLAGUE

> Petite blague sur les économistes trouvée dans le livre déjà cité de Rebonato.
"Votre idée est très bonne en pratique, mais ça ne fonctionnera jamais en théorie".
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Écrit par : Luc2 / | 03/04/2014

Y A-T-IL LIBRE ENTREPRISE ?

> Merci à Feld d'attirer l'attention sur le lien french.france.usembassy.gov etc
Qui confirme splendidement mes obsessions asselinesques.

" l'ambassadeur Shaun Donnelly a rencontré les représentants du MEDEF et s'est rendu à l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique en France pour une réunion avec les membres de l'association "Sauvons l'Europe". " puis laïus sur le partenariat transatlantique et ses rencontres.

Après on va nous expliquer que l'UE, c'est pour faire le poids en face des Etats-Unis. On, ce sont entre autres les bons démocrates-chrétiens...

Quelques questions aux libéraux donc, questions qui s'emboitent les unes dans les autres :

Y a-t-il libre entreprise quand un pays a obtenu que sa monnaie (papier) soit monnaie mondiale?
Y a-t-il libre entreprise quand la création de monnaie est, dans la pratique, déléguée aux banques en défaveur des états?
Y a-t-il libre entreprise quand une accumulation cauchemardesque de lois, règlements et normes entraînent des obligations hors de portée d'acteurs individuels, comme c'est le cas pour l'homologation des semences ou des parfums et huiles essentielles.?
Y a-t-il libre entreprise quand agriculteurs, artisans industriels et autres acteurs de l'économie réelle ne bizarrement pas s'autofinancer mais, une fois rachetés par des institutions financières peuvent procurer des rentabilités de 15% du capital investi?

Bizarre, ils n'en parlent pas.
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/04/2014

LES PAYS SANS ETAT

> Je ne comprend pas pourquoi tous ces fans du Zéro Etat ne partent pas s'installer en Somalie, au Swaziland, Afghanistan, Syrie (zones libérées par les rebelles de préférence), et autres Irak en puissance ! Ils auraient la joie et la satisfaction de ne plus payer de taxes pour nourrir des fonctionnaires absents (voir incompétents comme en ...).
Pourquoi dans ces pays sans Etat n'y a t il pas de flambantes multinationales (nées dans le pays, pas venu de l'extérieur), ces grandes sociétés cotées en bourse (locale) florissantes, offrant le bonheur et la prospérité aux habitants des bidonvilles qui ne sont pas obligés d'immigrer dans les pays occidentaux corrompus par une administration pléthorique et un Etat social fort !.
Qu'est ce qui manque au Soudan du Sud (dans leur belle théorie) pour être un grand pays riche et prospère (alors qu'il a du pétrole) ?
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Écrit par : Bergil / | 04/04/2014

@ Ph. Martin

> Visiblement, comme beaucoup de cathos engagés, vous n'avez lu ni 'Centesimus annus', ni 'Caritas in veritate' ou 'Evangelii gaudium'.

On se fiche éperdument de ce que Patrice de Plunkett peut penser de la question ici débattue ;-), mais ce que nous en dit le magistère doit être reçu et accueilli avec un coeur et une intelligence ouverts.
La dénonciation des structures de péché fait intégralement et explicitement partie du message du magistère des trois derniers papes, et de leurs prédécesseurs. Et le capitalisme/ libéralisme tels qu'ils se déploient sous nos yeux (à ne pas confondre avec la liberté d'entreprendre) font intégralmeent partie de ces structures, sans que le moindre doute soit permis.

Le magistère ne demande pas d'abord ou seulement aux cathos en tant que citoyens et agents économiques de mitiger les conséquences désastreuses de ce système, de s'occuper charitablement de ses victimes et laissés-pour-compte, mais bien de changer ce système profondément inique et destructeur de la société, de la création, et de l'homme en tant qu'image de Dieu.

Des alternatives existent, qui remettent l'économie au coeur des liens sociaux, au service d'une circulation de la charité entre les personnes, et non plus du seul objectif de la maximisation des profits de l'actionnaire, à court terme et par tous les moyens. Cela s'appelle l'ESS ou économie sociale et solidaire, un concept qui recouvre des réalités parfois très diverses, du bon, du très bon, du moins bon parfois, mais un progrès considérable par rapport aux structures de l'économie dite 'conventionnelle'. L'ESS resprésentait en 2012 environ 10% du PIB et 12% des emplois en France.

Les cathos auraient vocation à constituer l'avant-garde de ces nouveaux modes d'entreprendre, d'épargner ou de consommer. Ils en sont le plus souvent à l'arrière garde. Par contre, et malheureusement, beaucoup de cathos engagés, qui prient et qui communient - parfois quotidiennement - sont majoritairement présents dans les structures de l'économie conventionnelle. Certains d'entre eux occupent des responsabilités importantes dans des multinationales. Sans que leur générosité ou moralité personnelle, voire leur engagement caritatif ou au service de la mission puissent être mis en cause, ils servent des structures qui laissent le plus souvent derrière elles - également - un long sillage de souffrance et de mort, une "économie qui tue" pour paraphraser le langage direct du pape François.

Cela mérite réflexion. La conversion personnelle n'est pas un "big-bang", mais un long chemin, qui ne s'arrêtera qu'à notre dernier souffle. Cela consiste à laisser le Dieu de charité irriguer, informer, transformer chaque jour davantage notre agir quotidien le plus concret. Avant de nous engager dans une paroisse ou un mouvement, avant de faire une retraite ou participer à une mission (ce qui est louable, et même nécessaire), c'est d'abord "là" qu'Il nous attend et nous précède, au coeur de notre quotidien le plus concret, le plus terre-à-terre. Comme le disait BXVI, chacun de nos actes économiques est connoté moralement, plus ou moins moral ou immoral, il n'y a pas de neutralité en la matière.

Vous dites: "ce monde n'est qu'un lieu transitoire". Ce n'est pas une pensée chrétienne, mais bien l'influence de divers dualismes philosophiques et théologiques qui s'exprime là: peut-être des relents du jansénisme (qui a recyclé le catharisme), ou plus récemment Descartes, qui n'a pas fini de polluer et de paganiser la vision qu'ont de la Création tant de chrétiens occidentaux. Le christianisme est la religion de l'incarnation, c'est en ce monde-ci que le Christ a "pris chair", en vue de sauver et transfigurer ce monde-ci (et pas un autre), toute la Création, et pas seulement l'homme en son sein (même s'il en constitue le couronnement). Cf. Saint Paul: "la Création toute entière gémit dans les douleurs de l'enfantement".

Cela confère une immense dignité, une immense beauté à ce monde, et chacun des actes matériels que nous y posons se voit conférer un poids d'éternité, appelé à se voir un jour passer au crible de la charité (qui présuppose d'abord la justice).

http://www.lesechos.fr/16/05/2013/lesechos.fr/0202768035102_la-charge-du-pape-francois-contre-la---tyrannie---des-marches.htm

http://www.slate.fr/story/80701/pape-finance
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Écrit par : j. warren / | 04/04/2014

LIBÉAUX SECTAIRES

> le "good business" du "mariage" homo, internet et le libéralisme,

Le nouveau P-DG de Firefox, Brendan Eich, qui s'était engagé contre le mariage gay, a démissionné. Sa nomination avait fait partir la moitié du Conseil d'administration.

www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/guerric-poncet/firefox-mozilla-empetre-dans-la-pire-crise-de-son-histoire-04-04-2014-1809095_506.php

www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/guerric-poncet/firefox-en-guerre-contre-firefox-31-03-2014-1807502_506.php

"Le cofondateur de Mozilla fait polémique jusque dans les équipes de l'organisation à but non lucratif, essentiellement parce qu'il a soutenu financièrement en 2008 un projet de loi contre le mariage gay"

mais si on soutient un "projet pour", pas de problème (cf google et cie se portant amicus curiae à la Cour Suprême pour le "mariage" homo)...

le libéralisme est un totalitarisme.
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Écrit par : E Levavasseur / | 04/04/2014

LE LIBERALISME FAIT DISPARAITRE LES CLASSES MOYENNES

> Un graphique à propos de Chicago établi d'après les chiffres très officiels du US Census Bureau : les zones vertes représentent les riches, au fil des ans elles sont plus sombres et plus grosses. Les zones orangées représentent les pauvres, au fil des ans elles sont plus sombres et BEAUCOUP plus grosses. Les zones grises représentent les classes moyennes : elles ont disparu. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi Pascal Lamy trouve bizarre qu'on ne soit pas pressé d'y aller nous aussi.
Mais qu'il se rassure : de toute façon, faute de leader, tout le monde y va, de San Francisco à Vladivostok.

http://chicago.cbslocal.com/2014/04/03/amazing-graphic-shows-chicagos-middle-class-disappear-before-your-eyes/
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Écrit par : Christian / | 05/04/2014

DEUX OBSERVATIONS

> J'ai trouvé tous les commentaires très intéressants dans la mesure où ils montrent que les choses sont moins manichéennes que ce que l'on lit assez souvent dans ce blog.
Je voudrais simplement faire deux observations très courtes en accord avec des choses déjà dites.
D'abord, il est clair que la fameuse optimisation par le marché est une évidente utopie qui n'a aucun début de démonstration. A supposer qu'elle soit valable, elle ne s'appliquerait qu'a une économie théorique avec des marchés parfaitement fluides etc... etc... Cela n'existe pas, comme certains l'ont montré plus haut, et de toute façon les lamentables efforts faits pour assurer une libre concurrence, indispensable à la réalisation de ce paradis sur terre, sont impuissants à maîtriser les acteurs qui cherchent tous les moyens de la contourner et y arrivent.
La deuxième observation rejoint une réflexion faite plus haut sur le comportement des banques, obligées de "danser" tant qu'il y a de la "musique", dont j'ai moi-même été témoin.
La théorie, on devrait pouvoir la discréditer : elle n'a pas plus ni moins de fondement que la théorie marxiste, il est inconcevable que des gens instruits et honnêtes puissent encore l'invoquer.
Mais le comportement des gens et des institutions lorsqu'il y a de l'argent à gagner ou à perdre, c'est une autre affaire...

Rouyer


[ PP à Rouyer :
- Merci de ces observations.
- Permettez-moi une précision : ce blog ne croit pas que le monde soit livré à la lutte du dieu bon et du dieu mauvais. Nous ne sommes donc pas "manichéens". Le pape non plus. Lui et nous sommes chrétiens : c'est pourquoi nous luttons contre le système économique actuel. Le pape parle de ce système dans des termes aussi vigoureux que les nôtres, si ce n'est plus. (Raison pour laquelle 'Forbes Magazine' le traite de communiste)... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Rouyer / | 05/04/2014

@ j. Warren

> J'accueille avec joie la parole du magistère. Lorsqu'un pape déclare que la société doit se tourner vers une économie éthique, changer de mode de vie, etc. on se situe au niveau des principes et des voeux qui emportent l'adhésion de toutes les bonnes volontés.
C'est lorsqu'on se confronte aux choix prudentiels de mise en oeuvre que les choses deviennent moins évidente. On découvre alors que le seul domaine sur lequel nous avons un réel empire, et encore non sans la grâce de Dieu, c'est notre propre vie, nos choix personnels, l'accueil que l'on fait ou non à Celui qui peut alors à travers nous, et à la mesure de notre Oui, réaliser non pas nos petits plans fabriqués avec notre intelligence limitée, mais son Oeuvre à Lui. A la plupart d'entre nous il ne demande pas autre chose que d'être une petite flamme d'amour et d'espérance pour éclairer et réchauffer un coin de ténèbre. Sans qu'on en devine généralement les resonnances lointaines.
Cette simplicité et cette humilité restera toujours déconcertante, à nous qui voudrions gonfler les biceps et les neurones en vue de déloger Pharaon de son trône...
Enfin, oui ce monde est transitoire. La Bible entière le crie. Et la Résurrection de la chair, coeur de notre foi, événement réel et non seulement symbolique, déjà réalisé en Jésus Christ, premier né d'entre les morts, l'atteste. Cela ne signifie nullement qu'il faille négliger ne serait-ce qu'une seconde de notre existence ici bas. Seul le Présent est, en vérité. Et donc oui, c'est ici et maintenant qu'il nous faut vivre ce que nous espérons, en faisant fructifier au mieux les talents que nous avons reçu, jusqu'au jour de la Rencontre.
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Écrit par : ph. martin / | 06/04/2014

à ph. martin

> En somme, quand les papes prennent la peine de nous écrire des textes économiques et sociaux pour nous dire que le système économique est à changer, c'est qu'ils veulent nous pousser à l'orgueil et au péché, "gonfler les biceps et les neurones" ? Voilà ce que vous nous dites ? Et vous appelez ça "accueillir avec joie la parole du magistère" ? vous ne manquez pas d'air. "Laurent, serrez ma haire avec ma discipline" (Molière, 'Tartufe').
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Écrit par : le balp / | 06/04/2014

Cher Feld,

> "A mon sens : un très grand livre… chrétien.", écris-tu au sujet du dernier livre de Vincent Cheynet, rédac chef de La Décroissance.
Pour aller (ô combien!) dans ton sens, je ne résiste pas au plaisir de te citer ce passage du livre, même si je sais qu'il ne t'a évidemment pas échappé ;-)...

"Voici trois ans, je suis passé à l'école des Beaux-Arts à Vienne en Autriche. L'"oeuvre" en évidence était la projection en boucle d'un film d'environ une minute où l'on voyait une jeune femme arriver, uriner, puis repartir à l'endroit où la scène avait été tournée. J'ai alors pensé : "C'est la fin du monde." Je suis entré un an plus tard dans la cathédrale de Narbonne. Je me suis dit : "Qu'a produit l'humain de plus merveilleux?" Voici le style de comparaison totalement hérétique pour la petite inquisition biberonnée à l'idéologie libérale-bourgeoise-progressiste pour qui le passé, a fortiori le Moyen-Age, et de surcroît l'art religieux, ne peut renvoyer qu'à un temps sombre face à l'"âge d'or", c'est à dire aujourd'hui, qui ne peut être que meilleur. Je demeure à penser qu'à l'aune de l'art contemporain, notre époque est terrifiante."

Oui un livre renversant, à lire d'urgence, si possible en passant par l'éditeur... http://www.lepasdecote.fr/?p=767
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Écrit par : Serge Lellouche / | 10/04/2014

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