Centrafrique : le Quai d'Orsay incrimine "les chrétiens"

...au mépris de ce qui se passe réellement sur le terrain :

 

 

Qu'il s'agisse de Russie, de Proche-Orient ou d'Afrique, les éloquences de M. Fabius correspondent rarement aux réalités. En voici un nouvel exemple : ce matin, le ministre des Affaires étrangères a déclaré que le carnage des dernières 24 heures à Bangui devait être attribué à « l'opposition entre des groupes chrétiens et... d'autres ». Formule étrange ! Pourquoi le ministre ne désigne-t-il que les « chrétiens », sans préciser qui sont les « autres » ?

Mais au vu de la situation réelle sur le terrain, on se demande s'il faut soupçonner M. Fabius de parti-pris. Il a plutôt l'air de parler sans savoir. 

 

En effet la milice « anti-balaka », qui vient de tuer une centaine de personnes à Bangui, paraît être surtout l'instrument de M. Joachim Kokaté : le bras droit de l'ex-président Bozizé, évincé en mars par un coup de force du Séléka... La milice anti-balaka est née dans la région et l'ethnie de M. Bozizé. Selon le témoignage des humanitaires de l'ONG Human Rights Watch, les anti-balaka portent des t-shirts à l'effigie de M. Bozizé. Et ce dernier avait déjà tenté, en mars, de transformer en guerre de religion l'épreuve de force avec ses opposants du Séléka... Il réédite le coup aujourd'hui, avec cette fois la coopération (involontaire?) du Quai d'Orsay.

 

Le chaos centrafricain ne vient pas de causes religieuses, mais de l'inexistence de pouvoirs publics dignes de ce nom : l'Etat dans ce pays n'est qu'une fiction et ne se signale que par des putschs successifs. (Bozizé lui-même s'était emparé du pouvoir par la force en 2003 : d'où une première guerre civile en 2004-2007). Et si M. Fabius tient à aligner des commentaires, il pourrait nous raconter – au lieu d'une fable antireligieuse – le contexte économique de cette nouvelle expédition postcoloniale ; en nous parlant d'Areva et de l'uranium du Mbomou-Bakouma, par exemple...