26/11/2013
Pape François : sa première 'exhortation apostolique'
Texte intégral : ici
(Voir notamment - parmi bien d'autres choses - la critique papale de la fausse théorie économique de la rationalité du marché...)
Présentation du document par Mgr Fisichella, président du Conseil pontifical pour la promotion de la Nouvelle Evangélisation :
<< Evangelii gaudium : l'Exhortation apostolique du Pape François écrite à la lumière de la joie, pour redécouvrir la source de l'évangélisation dans le monde contemporain. C'est ainsi que l'on pourrait résumer le contenu de ce nouveau document que le Pape François donne à l'Eglise pour préciser les chemins que la pastorale doit emprunter dans un avenir immédiat. C'est une invitation à retrouver une vision prophétique et positive de la réalité, sans pour autant se cacher les difficultés. Le Pape François nous encourage et nous engage à regarder devant nous, au-delà de ce temps de crise, faisant une nouvelle fois de la croix et de la résurrection du Christ l' « étendard de la victoire » (85).
A plusieurs reprises, le Pape François fait référence aux Propositiones du Synode d'octobre 2012, montrant ainsi combien la contribution du Synode fut importante dans la rédaction de cette Exhortation. Le document va cependant plus loin que l'expérience synodale. Le Pape y imprime non seulement sa propre expérience pastorale, mais aussi l'invitation à accueillir le moment de grâce que vit l'Eglise, afin d'avancer avec foi, conviction et enthousiasme la nouvelle étape de l'évangélisation. Reprenant l'enseignement de Evangelii nuntiandi de Paul VI, il place de nouveau au centre la personne de Jésus Christ, premier évangélisateur qui appelle chacun de nous à prendre part avec lui à l'œuvre du salut (12). « L'action missionnaire est le paradigme de toute œuvre de l'Eglise » (15) affirme le Saint Père. C'est pourquoi il nous faut accueillir ce temps favorable pour discerner et vivre la « nouvelle étape » de l'évangélisation (17) qui s'articule autour de deux thèmes qui forment la trame de l'Exhortation. D'une part, le Pape François s'adresse aux Eglises particulières, confrontées aux défis et aux opportunités propres aux différents contextes culturels, pour qu'elles soient en mesure de spécifier le travail de nouvelle évangélisation dans leurs pays. D'autre part, le Pape indique un dénominateur commun, pour que toute l'Eglise, et chaque évangélisateur, puisse adopter une méthode commune, signe que l'évangélisation est un chemin où l'on marche à plusieurs, jamais de façon isolée. Les sept points, regroupés dans les cinq chapitres de l'Exhortation, constituent la vision du Pape à propos de la nouvelle évangélisation : la réforme de l'Eglise sur la voie de la mission, les tentations des agents pastoraux, l'Eglise comprise comme la totalité du Peuple de Dieu qui évangélise, l'homélie et sa préparation, l'intégration sociale des pauvres, la paix et le dialogue social, les motivations spirituelles de l'engagement missionnaire. Le lien entre tous ces thèmes est l'amour miséricordieux de Dieu qui va à la rencontre de chacun pour manifester le cœur de la révélation : la vie de chacun trouve son sens dans la rencontre de Jésus-Christ et dans la joie de partager cette expérience d'amour avec les autres (8).
Le premier chapitre développe la réforme de l'Eglise sur la voie de la mission, appelée à « sortir » d'elle-même pour aller à la rencontre des autres. Le Pape y exprime la « dynamique de l'exode et du don que représente le fait de sortir de soi, de cheminer et de semer toujours, et toujours plus loin » (21). L'Eglise doit faire sienne l' « intimité de Jésus qui est une intimité itinérante » (23). Comme nous y sommes désormais habitués, le Pape s'attarde en des expressions qui font leur effet et crée des néologismes pour faire comprendre la nature de l'évangélisation. Parmi eux, le « Primerear », c'est-à-dire Dieu qui nous précède dans l'amour, montrant à l'Eglise le chemin à parcourir. L'Eglise n'est pas dans une obscure impasse, mais avance sur les pas du Christ (Cf. 1 P 2, 21), pour cela sûre du chemin qu'elle parcourt. C'est pourquoi elle avance sans peur. Elle sait qu'elle doit « aller à la rencontre, chercher ceux qui sont loin, parvenir jusqu'aux croisements des routes pour inviter les exclus. Son désir de proposer la miséricorde est inépuisable » (24). Pour aller dans cette voie, le Pape François insiste sur la « conversion pastorale », qui veut dire passer d'une vision bureaucratique, statique et administrative de la pastorale à une perspective missionnaire, où la pastorale est en état permanent d'évangélisation (25). De même qu'il y a des structures qui facilitent et soutiennent la pastorale missionnaire, il y a malheureusement « des structures ecclésiales qui peuvent conditionner le dynamisme évangélisateur » (26). L'existence de pratiques pastorales dépassées et fanées oblige à la créativité pour repenser l'évangélisation. En ce sens, le Pape affirme : « Une détermination des objectifs sans un travail de recherche communautaire des moyens à prendre pour les atteindre est vouée à demeurer une pure fantaisie » (33).
Il faut donc « se concentrer sur l'essentiel » (35) et savoir que seule une dimension systématique, c'est-à-dire unifiée, progressive et proportionnée de la foi, peut nous venir en aide. L'Eglise doit pouvoir établir une « hiérarchie des vérités » et sa relation avec le cœur de l'Evangile (37-39). Il nous faudra éviter de tomber dans le piège d'une présentation de la foi seulement sous son aspect moral, en s'éloignant du caractère central de l'amour. Dans le cas contraire, l' « édifice moral de l'Eglise risque de s'effondrer comme un château de carte, et ceci est le plus grand danger » (39). Le Pape insiste fortement pour que l'on trouve l'équilibre entre le contenu de la foi et le langage pour l'exprimer. La rigidité avec laquelle on tient à la précision du langage peut parfois en ruiner le contenu en se détournant d'une authentique vision de la foi (41).
Le passage important de ce chapitre est le n° 32 où le Pape François montre l'urgence qu'il y a à avancer dans certaines perspectives de Vatican II. Il s'agit en particulier du primat du Successeur de Pierre et des Conférences épiscopales. Déjà, dans Ut unum sint, Jean-Paul II avait demandé qu'on l'aide à mieux comprendre les objectifs du Pape dans le dialogue œcuménique. Le Pape François va dans le même sens et se demande si une telle aide ne pourrait pas parvenir d'une évolution du statut des Conférences épiscopales. Un autre passage (n° 38-45) est particulièrement important quant aux conséquences qu'il implique dans la pastorale : le cœur de l'Évangile « s'incarne dans les limites du langage humain ». La doctrine s'insère dans la « cage du langage », pour employer une expression chère à Wittgenstein, ce qui implique un vrai discernement entre la pauvreté et les limites du langage, et la richesse - souvent encore inconnue - du contenu de la foi. Le danger est réel que l'Église ne prenne pas en compte cette dynamique. Il peut ainsi arriver que sur certaines positions, il y ait comme un enfermement et une sclérose du message évangélique, en n'en percevant plus le développement propre.
Le deuxième chapitre est consacré aux défis du monde contemporain et aux tentations qui amoindrissent la nouvelle évangélisation. Tout d'abord, le pape affirme qu'il est nécessaire de retrouver son identité sans complexe d'infériorité qui amènerait à « cacher son identité et ses convictions... parvenant ainsi à étouffer la joie de la mission en une sorte d'obsession d'être comme tout le monde et d'avoir ce que les autres possèdent » (79). Les chrétiens tombent alors dans un « relativisme encore plus dangereux que le relativisme doctrinal » (80), parce qu'il touche directement la façon de vivre des chrétiens. Il arrive ainsi que dans de nombreuses manifestations de la pastorale, les initiatives sont plombées par la mise en avant de l'initiative et non des personnes. Le pape affirmé que la tentation est réelle et commune d'une « dépersonnalisation de la personne ».
De la même façon, le défi de l'évangélisation devrait être abordé comme une chance pour croître, plutôt que comme une raison de tomber en dépression. Mort à l' « esprit défaitiste » (88). Il nous faut retrouver le primat de la relation personnelle sur la technique de la rencontre qui déciderait comment, où et pour combien de temps il faudrait rencontrer les autres en partant de ses préférences (88). Parmi ces défis, il nous faut relever ceux qui ont un rapport direct avec la vie. La « précarité quotidienne avec ses funestes conséquences », les différentes formes de « disparité sociale », le « fétichisme de l'argent et la dictature d'une économie sans visage », l' « exaspération de la consommation » et le « consumérisme effréné »... nous place face à une « globalisation de l'indifférence » et une « dépréciation moqueuse » de la morale, qui exclut toute critique de la domination du marché, qui, à travers la théorie de la « rechute favorable » illusionne sur les réelles possibilités d'agir en faveur des pauvres (Cf. N° 52-64). Si l'Eglise demeure crédible en beaucoup de pays du monde, y compris là où elle est minoritaire, c'est en raison de ses œuvres de charité et de solidarité (65).
Pour l'évangélisation de notre temps, face au défi des grandes « cultures urbaines », les chrétiens sont invités à fuir deux expressions qui en détruisent la nature et que le Pape François appelle « mondanité » (93). Il s'agit en premier lieu de la « fascination du gnosticisme » : une foi repliée sur elle-même, sur ses certitudes doctrinales, et qui transforme l'expérience qu'on en fait en critères de vérité pour juger les autres. Le « néo pélagianisme autoréférentiel et prométhéen » de ceux pour qui la grâce n'est qu'un accessoire tandis que leur engagement et leurs forces sont seuls responsables du progrès. Tout ceci contredit l'évangélisation et crée une sorte d' « élitisme narcissique » qui doit être repoussé (94). Qui voulons-nous être, se demande le Pape ? « Généraux d'armées défaites » ou bien « simples soldats d'un bataillon qui continue à combattre » ? Le risque d'une « Eglise mondaine drapée dans le spirituel et le pastoral » (96) est bien réel. Il nous faut donc résister à ces tentations et offrir le témoignage de la communion (99) qui s'appuie sur la complémentarité. A partir de là, le Pape François milite pour la promotion des laïcs et des femmes, de l'engagement pour les vocations et les prêtres. Regarder ce que l'Eglise a accompli comme progrès ces dernières années nous éloigne d'une mentalité de pouvoir, au profit du service pour une construction unifiée de l'Eglise (102-108).
L'évangélisation est la mission de tout le peuple de Dieu, sans exclusive. Elle ne peut être réservée ou déléguée à un groupe particulier. Tous les baptisés sont directement concernés. Dans le troisième chapitre de l'Exhortation, le Pape François en explique le développement et ses étapes. On met en évidence en premier lieu le « primat de la grâce » qui agit inlassablement dans la vie de tout évangélisateur (112). Puis est développé le rôle des différentes cultures dans le processus d'inculturation de l'Evangile, et le danger de tomber dans « l'orgueilleuse sacralisation de sa propre culture » (117). Enfin, on parle du rôle fondamental de la rencontre personnelle (127-129) et du témoignage de vie (121). On insiste enfin sur la valeur de la piété populaire, où s'exprime la foi authentique de tant de personnes qui donnent ainsi le témoignage de la simplicité de la rencontre de l'amour de Dieu (122-126). Pour terminer, le Pape invite les théologiens à valoriser les diverses formes d'évangélisation (133), et s'arrête assez longuement sur l'homélie comme forme privilégiée d'évangélisation, et qui demande une vraie passion et un vrai amour de la Parole de Dieu et du peuple qui nous est confié (135-158).
Le quatrième chapitre est consacré à la dimension sociale de l'évangélisation. C'est un thème cher au Pape François parce que « si cette dimension n'est pas clairement prise en compte, on court le risque de défigurer le sens authentique et intégral de la mission d'évangélisation » (176). C'est le thème majeur du lien entre l'annonce de l'Evangile et la promotion de la vie humaine en toutes ses expressions. La promotion intégrale de toute personne nous empêche d'enfermer la religion en un fait privé, dépourvu de conséquences sur la vie sociale et publique. Une « foi authentique implique toujours un désir profond de changer le monde (183). Deux grands thèmes font partie de ce passage de l'Exhortation. Le Pape en parle avec une grande passion évangélique, conscient que l'avenir de l'humanité est en jeu : l' « intégration sociale des pauvres » et « la paix et le dialogue social ».
S'agissant du premier point, l'Eglise, à travers la nouvelle évangélisation ressent comme sienne la mission de « collaborer pour résoudre les causes instrumentales de la pauvreté et pour promouvoir le développement intégral des pauvres », comme d'accomplir « des gestes simples et quotidiens de solidarité face à la misère concrète « qui est chaque jour devant nos yeux »(188). Ce qui ressort de ces pages denses, c'est l'appel à reconnaître la « force salvifique » des pauvres, et qui doit être au centre de la vie de l'Eglise avec la nouvelle évangélisation (198). Il nous faut donc redécouvrir d'abord l'attention, l'urgence, la conscience de ce thème, avant toute expérience concrète. Pour le Pape François, non seulement l'option fondamentale pour les pauvres doit être réalisée, mais elle est d'abord une « attention spirituelle » et « religieuse » et est pour cela prioritaire (200).
Sur ces thèmes, la Parole du Pape François est franche et sans détour. Un « Pasteur d'une Eglise sans frontière » 8 210), ne peut se permettre de regarder ailleurs. C'est pourquoi il demande avec force de considérer la question des migrants et énonce clairement les nouvelles formes d'esclavage. « Où est celui qui tue chaque jour dans la petite fabrique clandestine, dans le système de prostitution, les enfants utilisés pour mendier, en celui qui doit travailler caché parce qu'il n'est pas régularisé ? Ne nous leurrons pas. Il y a de nombreuses complicités » (211). De mille manières, le Pape défend la vie humaine depuis son commencement et la dignité de tout être vivant (213). Sur le second aspect, le Pape énonce quatre principes qui sont le dénominateur commun pour l'avancée de la paix et sa traduction sociale. Peut-être en mémoire de ses études sur R. Guardini, le Pape François semble créer une nouvelle opposition polaire. Il rappelle en effet que « le temps est supérieur à l'espace », « l'unité a le dessus sur le conflit », la « réalité est plus importante que les idées », et « le tout est supérieur aux parties ». Ceci nous amène au dialogue comme première contribution à la paix, et qui concerne, dans l'Exhortation, la science, l'œcuménisme et le rapport avec les religions non chrétiennes.
Le dernier chapitre parle de l' « esprit de la nouvelle évangélisation » (260). Elle se développe sous l'action de l'Esprit Saint qui anime de façon toujours nouvelle l'élan missionnaire à partir de la vie de prière où la contemplation tient la place centrale (264). La Vierge Marie « étoile de la nouvelle évangélisation » est présentée, en conclusion, comme l'icône de l'annonce et la transmission de l'Evangile que l'Église est appelée à vivre avec enthousiasme et dans l'amour du Seigneur Jésus.
« Ne nous laissons pas voler la joie de l'évangélisation ! » (83). Le langage de cette Exhortation apostolique est clair et immédiat, sans rhétorique ni sous-entendu. Le Pape François va au cœur des problèmes de l'homme d'aujourd'hui, qui demandent à l'Église plus qu'une simple présence. Il lui est demandé de renouveler ses programmes et sa pratique pastorale dans le sens de la nouvelle évangélisation. L'Evangile doit être adressé à tous, sans exclusive. Certains, cependant, sont privilégiés. Sans équivoque, le Pape François précise son orientation : « Ce ne sont pas tant les amis et les riches voisins, mais plutôt les pauvres, les infirmes, ceux qui sont souvent dévalorisés et oubliés... aucun doute ou explication ne doivent affaiblir ce message si clair » (48).
Comme en d'autres moments importants de son histoire, l'Eglise d'aujourd'hui ressent le besoin d'un regard attentif pour évangéliser à la lumière de l'adoration, avec ce « regard contemplatif » pour voir les signes de la présence de Dieu. Les signes des temps ne sont pas seulement encouragés, mais ils deviennent critères d'un témoignage efficace (71). Premier d'entre nous, le Pape François nous rappelle le mystère central de notre foi : « Ne nous éloignons pas de la résurrection de Jésus, ne nous donnons jamais pour vaincus, arrivera ce qui arrivera » (3). L'Eglise du Pape François se fait compagnon de route de nos contemporains en recherche de Dieu et désireux de le voir. >>
15:41 Publié dans Eglises, Pape François, Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : pape françois
Commentaires
STUPEUR
> stupeur en voyant Yahoo actu annoncer le document de François comme... une énième "condamnation de l'avortement" !
Certes il est question de l'avortement dans le texte parmi les sujets d'aujourd'hui, de façon ferme et brève : mais faire croire aux gens que l'exhortation apostolique ne fait que redire ce que l'Eglise dit sur ce sujet depuis l'époque des premiers chrétiens, c'est un peu gros.
Il n'y a qu'à lire le document pour voir en quoi il innove et mesurer les perspectives et les proportions.
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Écrit par : Jean-Eudes / | 26/11/2013
LE PAPE CONTRE LA THEORIE LIBERALE DE LA RATIONALITé DU MARCHé
> Au point 54 :
"Dans ce contexte, certains défendent encore les théories de la “rechute favorable”, qui supposent que chaque croissance économique, favorisée par le libre marché, réussit à produire en soi une plus grande équité et inclusion sociale dans le monde. Cette opinion, qui n’a jamais été confirmée par les faits, exprime une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant."
Au point 55 :
"Une des causes de cette situation se trouve dans la relation que nous avons établie avec l’argent, puisque nous acceptons paisiblement sa prédominance sur nous et sur nos sociétés. La crise financière que nous traversons nous fait oublier qu’elle a à son origine une crise anthropologique profonde : la négation du primat de l’être humain ! Nous avons créé de nouvelles idoles. L’adoration de l’antique veau d’or (cf. Ex 32, 1-35) a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le fétichisme de l’argent et dans la dictature de l’économie sans visage et sans un but véritablement humain. La crise mondiale qui investit la finance et l’économie manifeste ses propres déséquilibres et, par-dessus tout, l’absence grave d’une orientation anthropologique qui réduit l’être humain à un seul de ses besoins : la consommation."
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 26/11/2013
A Jean-Eudes
> Vous avez raison, mais ce n'est pas non plus la tonalité générale des titres, qui insistent majoritairement sur "la réforme globale de l'Eglise".
On a même le droit à un "Le pape et la tyrannie des marchés" sur Europe1.fr
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 26/11/2013
LA DIMENSION SOCIALE DU KERYGME
> De façon parfaitement anti-libérale, François nous rappelle aussi la dimension indissociablement personnelle ET sociale du Kerygme...
"Confesser que Jésus a donné son sang pour nous nous empêche de maintenir le moindre doute sur l’amour sans limite qui ennoblit tout être humain. Sa rédemption a une signification sociale parce que « dans le Christ, Dieu ne rachète pas seulement l’individu mais aussi les relations sociales entre les hommes ».[142] Confesser que l’Esprit Saint agit en tous implique de reconnaître qu’il cherche à pénétrer dans chaque situation humaine et dans tous les liens sociaux."
Dans ce chapitre: http://www.vatican.va/holy_father/francesco/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium_fr.html#1._Les_répercussions_communautaires_et_sociales_du_kérygme
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Écrit par : Serge Lellouche / | 26/11/2013
Et sur l'Islam, admirable :
> 252 : "La relation avec les croyants de l’Islam acquiert à notre époque une grande importance. Ils sont aujourd’hui particulièrement présents en de nombreux pays de tradition chrétienne, où ils peuvent célébrer librement leur culte et vivre intégrés dans la société. Il ne faut jamais oublier qu’ils « professent avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour ». Les écrits sacrés de l’Islam gardent une partie des enseignements chrétiens ; Jésus Christ et Marie sont objet de profonde vénération ; et il est admirable de voir que des jeunes et des anciens, des hommes et des femmes de l’Islam sont capables de consacrer du temps chaque jour à la prière, et de participer fidèlement à leurs rites religieux. En même temps, beaucoup d’entre eux ont la profonde conviction que leur vie, dans sa totalité, vient de Dieu et est pour lui. Ils reconnaissent aussi la nécessité de répondre à Dieu par un engagement éthique et d’agir avec miséricorde envers les plus pauvres."
253 : "Pour soutenir le dialogue avec l’Islam une formation adéquate des interlocuteurs est indispensable, non seulement pour qu’ils soient solidement et joyeusement enracinés dans leur propre identité, mais aussi pour qu’ils soient capables de reconnaître les valeurs des autres, de comprendre les préoccupations sous jacentes à leurs plaintes, et de mettre en lumière les convictions communes. Nous chrétiens, nous devrions accueillir avec affection et respect les immigrés de l’Islam qui arrivent dans nos pays, de la même manière que nous espérons et nous demandons à être accueillis et respectés dans les pays de tradition islamique. Je prie et implore humblement ces pays pour qu’ils donnent la liberté aux chrétiens de célébrer leur culte et de vivre leur foi, prenant en compte la liberté dont les croyants de l’Islam jouissent dans les pays occidentaux ! Face aux épisodes de fondamentalisme violent qui nous inquiètent, l’affection envers les vrais croyants de l’Islam doit nous porter à éviter d’odieuses généralisations, parce que le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence. "
Aucun faux-fuyant possible.
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Écrit par : Haglund / | 26/11/2013
LE PAPE
> Le pape n'est ni socialiste, ni anti-liberal, ni de droite, ni liberal. Il est notre 'grand timonier' qui nous montre les ecueils a eviter ici ou la. L'ideologie n'est pas sa tasse de the non plus, c'est sur. Mais il ne parle pas au sens politique ou nous l'entendons, c'est un politique au sens le plus noble du terme. Le christianisme n'est pas un courant politique mais un humanisme oppose a tout asservissement, et en ce sens il est tout aussi bien liberal et social.
CB
[ PP à CB - D'accord, bien sûr. Sauf sur un point : comment pourrait-il être libéral, c'est-à-dire idéologiquement relativiste ? Et sur le plan socio-économique : s'il était libéral, il n'attaquerait pas comme il le fait le culte du profit qui est la clé originelle du libéralisme... ]
réponse au commentaire
Écrit par : christophe b / | 27/11/2013
à Haglund
> Il y a un petit membre de phrase important : "une adéquate interprétation du Coran". Toute la difficulté est là ; tant que les musulmans considèreront le Coran comme "la Parole de Dieu incréée descendue du ciel dans une pure langue arabe" et interdiront toute interprétation historico-critique de leur livre saint, il leur sera difficile d'arriver à une interprétation "adéquate".
Il y avait bien eu une telle tentative avec les mutazilites, mais les mutazilites ont été éliminés (eux-mêmes n'étaient du reste pas des enfants de chœur).
Il y a aujourd'hui des tentatives analogues mais uniquement dans les pays non majoritairement musulmans.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 27/11/2013
LECTEURS
> je note que les lecteurs d'un blog plutôt de droite et sympathisant avec les tradis ont parfaitement intégré aujourd'hui cette critique du marché: voyez les remarques des lecteurs sur un article libéral, c'est cinglant:
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/11/la-finance-cette-inconnue.html#comments
Ludovic
[ PP à Ludovic - En effet ! Merci de l'avoir signalé. Ecartelés entre leur appartenance économique et leurs références catholiques, les sites libéraux cathos (oxymore) se trouvent désormais dans l'intéressante position de Ravaillac tiré à quatre chevaux. On n'aimerait pas
être à leur place. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Ludovic / | 27/11/2013
NOUILLE
> Être antilibéral c'est aussi nouille que d'être libéral. Comme passer de Charybde en Scylla.
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Écrit par : ph. martin / | 28/11/2013
LE POINT ET LES NEOCONS
> On peut compter sur ce torche-cul pour être à côté de la plaque :
http://www.lepoint.fr/images/couv/lepoint2150-les-neoconservateurs-a-la-francaise2.jpg
Je ne me définis ni comme un néocon ni comme quelqu'un qui a peur du reste du monde(comme c'est qu'y disent), le pape François non plus.
Tiens ! y aurait-il quelque chose de primaire, de bébête, d'aveugle, de primesautier, de l'ordre du stimulus dans ce journal ?
serait-ce un journal pour paresseux, lâches et indifférents ne pouvant être autre chose que les larbins du libéralisme ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 29/11/2013
DIALOGUE AVEC L'ISLAM ?
> Autant je suis entièrement pour un dialogue avec les musulmans, autant je ne partage pas l'appellation "dialogue avec l'Islam", pour plusieurs raisons :
- l'islam n'est pas un, il y a plusieurs courants qui, on le constate en Syrie par exemple, s'opposent.
- qui dit dialogue dit 2 interlocuteurs prêts à discuter, mais l'islam ne souhaite pas la discussion; mais la conversion, fut-ce au prix du sang.
- En aucun lieu ni en aucun temps l'islam, n'a donné le même statut à un musulman et à un non musulman.
- l'islam dictée par Dieu, refuse l'étude d'autres dogmes. Un chrétien islamologue me disait, il y a certes qq années, qu'il n'existe pas de musulman qui étudient d'autres religion, au vrai sens que l'on donne à étude (qui ne peut être une simple connaissance).
- l'islam n'a pas d'interlocuteur privilégié : quiconque est accepté comme tel par une communauté peut devenir imam.
- certes l'islam à du respect pour Jésus ou pour Marie, mais ce ne sont pas les "mêmes" personnage que pour nous. Pour l'islam le chrétien et le juif sont des personnes qui ne sont pas restés fidèles au message de Dieu et l'ont dévoyé.
- l'islam dès le début a été conçu pour s'impliquer étroitement dans la vie sociétale, et y exerce une contrainte.
- Je dis et répète que l'islam est tolérante quand elle est minoritaire et intolérante quand elle est majoritaire. Ne pas le dire c'est passer un fait sous silence, c'est "refuser d'appeler un chat un chat" !
j'ajouterai qu'hier soir sur RND une ex-musulmane convertie était au bord des larmes parce qu'elle s'indignait contre les mots disant que "le Coran s’oppose à la violence" , elle affirmait que le pape avait du être bien mal conseillé pour écrire cela, n'avait pas du lire beaucoup le Coran, et que c'était peut-être au contraire la principale raison qui l'avait fait quitter l'islam ! Le prêtre lui répondait qu'il fallait à minima d'accepter cela quand bien même fut-ce une erreur, elle répondait qu'on ne pouvait laissait proférer de telles erreurs , c'était comme une condamnation pour les convertis comme elles.
franz
[ PP à F. :
Et personne n'a remarqué que la phrase du pape parle du Coran "bien interprété" ?
Non, vraiment, personne ?
Diable. ]
réponse au commentaire
Écrit par : franz / | 02/12/2013
@ P.P.
> "bien interprété" c'est là qu'est le noeud du pbm. Dans l'islam les juristes ont mis les philosophes dehors depuis fort longtemps. Les "purs" sont déjà révolté contre l'emploi du mot "interprété" : pour eux tout y est dit, tout est clair, il n'y a qu'à appliquer.
Certes on trouve des paroles d'amour de miséricorde, mais à côté il y des paroles d'appel au sang, au meurtre, et cela n'est pas négociable, c'est dicté.
Le seul argument contre cela est qu'il est dit aussi (je le tiens d'un musulman, et j'écris de souvenir donc approximativement) que quand on fait le pélerinage à la Mecque il y a une colline où l'on dépose en arrivant tout ses pêchés, mais, en repartant, ceux commis contre des innocents reviennent sur vos épaules.
Après, reste à s'entendre sur le terme d'innocent ... !
Reste donc à encourager les musulmans à la prière et à travailler d'abord l'amour et la miséricorde.
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Écrit par : franz / | 03/12/2013
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