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09/11/2013

Catholiques français : l'heure du choix

- ou le réveil-évangélisation avec le pape François,

- ou le dérapage semi-païen dans la « défense des valeurs » :

 


99 % des catholiques français disent aimer le pape François. Une grande partie d'entre eux comprennent son appel radical au réveil et au témoignage : aider l'homme et la femme d'aujourd'hui à connaître le Christ, c'est la seule priorité. 

Pour que ce témoignage soit reçu, le catholique (explique François) doit révolutionner sa vie personnelle en la ressourçant dans la foi et l'Evangile... Cette rénovation oblige chacun à nettoyer son catholicisme : et notamment à se libérer des réflexes –  semi-païens par nature –  de milieu ou de parti.

Crier « vive ce pape » en diffusant des idées contraires aux siennes, faire naviguer des opinions partisanes sous le pavillon du pontife qui les dénonce, serait un énorme mensonge ; voire un mensonge publicitaire s'il s'agissait d'enseignes et de fonds de commerce.

C'est l'heure d'y voir clair. Déjà sous Jean-Paul II et Benoît XVI, certains mentaient en prônant comme « catholique » un mélange de passéisme, d'ultralibéralisme et de xénophobie (incompatible avec  Centesimus Annus et Caritas in veritate), et en dérapant dans la « défense des valeurs » (?) au lieu d'avancer au large vers la nouvelle évangélisation comme l'Eglise ne cessait de nous y inviter. Ces impostures sont encore moins viables sous le pape François, qui nous prend à revers en établissant le contact direct avec les foules incroyantes –  pour simplifier les enjeux, clarifier le message et indiquer aux foules ce qu'elles devraient pouvoir attendre des catholiques !

Nous sommes là pour « donner les raisons de notre espérance » à ceux qui viendront nous les demander, comme dit la première lettre de Pierre. Encore faut-il que notre façon d'être leur en donne envie ! Ce ne sera pas le cas s'ils nous voient vivre et penser comme des païens.

 

 

Commentaires

LA QUESTION AMBIGUË DES "VALEURS"

> Le problème, c'est le mot de "valeurs", qui a de la valeur, mais qui est dévalorisé par son ultra-valorisation... pour ceux qui comprennent... Ce qu'on appelle les valeurs chrétiennes, c'est, j'espère, la prise en compte des plus faibles (Matthieu 25, ce que vous aurez fait au plus petit d'entre les miens...), l'humilité (Celui qui n'a jamais péché... la paille et la poutre...), la persévérance dans le pardon, la non-violence, l'amour des ennemis... il y a aussi "ne séparez pas ceux que Dieu a unis", et c'est à prendre en compte, mais tout ce qui est traditionnel n'est pas a priori évangélique... c'est complexe...

N.


[ PP à N. :

Oui, c'est complexe !
On peut voir les choses sous deux angles.

a) angle théorique : il y a des "valeurs" qui dérivent (par surcroît) de l'Evangile. Elles concernent la personne, et peuvent irriguer aussi la société dans la mesure où l'agir évangélique des personnes peut s'institutionnaliser ici et là.
Il y a aussi des "valeurs" correspondant aux fondamentaux anthropologiques, donc communes à l'humanité entière (et formant en cela le socle de la doctrine sociale de l'Eglise).
Sous cet angle, oui, on peut parler de "valeurs" à soutenir.

b) angle pratique aujourd'hui : seule la droite politique parle de "valeurs" à "défendre", et dans ce cas il s'agit soit de verbiage, soit de mensonges (p. ex. invoquer la "liberté entrepreneuriale" alors que, depuis le putsch libéral des années 1990, les banques-casinos rechignent à financer les entreprises).

Le danger actuel pour les catholiques, appâtés par le mot "valeurs", est d'être piégés par le verbiage ou le mensonge de la droite politique, et de se laisser engluer par elle dans un pseudo-combat pour naïfs.
Le pape François exhorte les catholiques à prendre leurs responsabilités dans tous les domaines, y compris politique, mais en veillant à toujours donner la priorité à l'évangélisation. Un engagement politico-illusoire qui se substitue à l'évangélisation est une perte de temps, voire une faute grave...
Surtout quand cet engagement finit par amener le catholique à pactiser avec des intérêts (et/ou des idées) incompatibles avec le christianisme. Ce fut le cas à gauche autrefois. C'est le cas à droite - et surtout à l'extrême droite - en ce moment. D'où certains dérapages que l'on constate, et qui impliquent même des prêtres en tant que tels. )
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Écrit par : Ninelene / | 09/11/2013

LA SOURCE

> Merci Patrice, c'est très clair ! Laissons les "valeurs" aux marchands et buvons à la source !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 09/11/2013

NOUVELLES MOEURS ET LIBERALISME

> Même s'il elle n'aborde pas la question de la foi, une intervention très intéressante d'Henri Hude, qui fait clairement le lien entre "nouvelles moeurs" et libéralisme économique :

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Rebatir-le-bien-commun-comment-nous-allons-gagner

A remarquer : M. Hude s'est adressé à un auditoire américain !
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Écrit par : Feld / | 09/11/2013

@ PP

> Je découvre le blog d'Henri Hude. Très agréablement surpris (j'avais tendance à ranger ce Monsieur dans la catégorie des "libéralo-cathos")
Je suis tombé en particulier sur cette 'lettre ouverte à ceux qui veulent vraiment gagner", lumineuse :
http://www.henrihude.fr
(il faut "scroller" un peu pour l'atteindre)
Extrait :
"C'est du pharisaïsme, inversement, de faire comme si on pouvait avoir une authentique défense de la famille sans avoir souci des intérêts populaires et sans rompre radicalement la solidarité avec l'égoïsme monstrueux de l'oligarchie. C'est du pharisaïsme de faire comme si on pouvait détester la politique et l'idéologie libertaires quand il s'agit des mœurs familiales, et les supporter tranquillement quand il s'agit des mœurs économiques et qu'elles écrabouillent le peuple, sans trop frapper encore l'élite conservatrice."

Feld


[ PP à Feld - L'ami Hude a évolué depuis l'époque où il tentait de construire une théorie libérale et catholique à la fois... Le voir rejoindre les positions lucides est une joie. Voir certains sites saisi d'accès de lucidité (alors qu'ils étaient empêtrés jusqu'ici dans des esquives à la Naudet) est un grand encouragement. La persévérance paie : les lignes bougent parmi les catholiques. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 09/11/2013

ENJEUX

> A la fois, on ne saurait mieux dire, ni mieux percevoir les enjeux.
Et…

Tout d'abord, vraiment, faites attention à une phrase comme celle ci : "Ce ne sera pas le cas s'ils nous voient vivre et penser comme des païens." Saint Paul est loin, et se dire païen est pour tout un chacun aujourd'hui plutôt une marque de bonne santé psychique et de réaction antipuritaine. Vous ne serez pas compris.

D'autre part…vous vivrez et vous penserez comme tout le monde, et personne ne songera à exiger autre chose de vous. Ce n'est sûrement pas le constat que des catholiques sont faillibles qui éloigne d'eux les hommes de ce temps. Non. C'est ce qu'ils disent. Ce sont ces paroles inacceptables qui sortent d'eux, sur des sujets que je ne vous rappellerai pas, et qui n'ont pas uniquement trait aux moeurs.

Vous connaissez mieux que moi le passage :

"Et, ayant appelé la foule, il leur dit: " Ecoutez et comprenez! Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l'homme. " Mathieu, 15,10-11.

Essayer de purifier ce qui sort de la bouche (billets et posts de blog compris, ce que nous faisons ici est plus de la parole couchée par écrit que de l'écriture, il faut toujours se souvenir de ne pas y écrire ce qu'on ne dirait pas à quelqu'un dont on voit le visage)…dans ce domaine, bien des catholiques ne sont pas au niveau où en sont…mettons les "gentils" d'aujourd'hui. C'est cela qui scandalise, à juste titre; et des efforts dans ce domaine toucheraient beaucoup plus que des changements de vie radicaux — assez improbables…

H.


[ PP à H.

- Quand je dis : "païens", je le dis au sens fort. Le "païen" est celui qui rend carrément un culte à l'idole de l'Or (le libéral) ou du Sang (l'extrême droite). Ce n'est pas le Français moyen... "Païen" ne veut pas dire "non-croyant".

- A la limite, le païen le plus choquant est... le chrétien pactisant avec un paganisme.

- Ne jamais écrire ce qu'on ne dirait pas à une personne en chair et en os ? Certes ! Je peux vous certifier que ce que j'écris ici, je le dis en débat public et à des gens de droite comme à des gens de gauche, dans le Pas-de-Calais comme en Touraine.
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Écrit par : Haglund / | 09/11/2013

@ PP

> vous savez de quoi je veux parler. Des propos comme ceux que vous tenez sur ce billet ne peuvent à mon sens que rencontrer un succès mérité. Ce sont…les autres propos, dont je vous parle. Moi encore, je vous fais régulièrement part de mon indignation. Tant qu'on se parle…mais songez à tous ceux qui ont définitivement renoncé à vous la dire. Il y a là un océan où peut très bien sombrer le catholicisme aujourd'hui. Je pense que votre pape comprend très bien le danger, et c'est pour cela qu'il demande aux catholiques de changer de discours. Pas seulement aux tradis.
______

Écrit par : Haglund / | 09/11/2013

@ PP,

> Sur un autre fil, mais en lien avec celui-ci, en réponse à un commentaire, vous écriviez récemment ceci...
"Il faut sortir de l'illusion de l'unanimisme catho, dans la mesure où elle veut faire taire ceux qui contestent le système économique dominant. Rien ne se fera d'utile hors de cette contestation, qui figure en toutes lettres dans les documents du Magistère!"

Je n'aurai qu'un mot (enfin un peu plus) : merci ! Et c'est ce que j'aime dans votre blog depuis près de 5 ans que je le fréquente! Je vous le dis en toute sincérité. Vous ne vous donnez pas le beau rôle qu'aiment se payer à peu de frais les vendeurs de consensus, qui en profitent au passage pour admirer dans leur beau miroir l'image sublime d'artisans de paix et d'unité qu'ils sont hautement convaincus d'être aux yeux de l'entre-soi communautaire.

Voilà ce qu'écrivait Albert Camus en 1948, invité chez les dominicains pour un cycle de conférences sur le thème «Ce que les incroyants attendent des chrétiens » :

« Ce que le monde attend des chrétiens, est que les chrétiens parlent, à haute et claire voix, et qu'ils portent leur condamnation de telle façon que jamais le doute, jamais un seul doute, ne puisse se lever dans le cœur de l'homme le plus simple. C'est qu'ils sortent de l'abstraction et qu'ils se mettent en face de la figure ensanglantée qu'a prise l'histoire d'aujourd'hui. Le rassemblement dont nous avons besoin est un rassemblement d'hommes décidés à parler clair et à payer de leur personne.»
http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/ce-que-l-incroyant-camus-attendait-des-chretiens-07-11-2013-46210_16.php

J'insiste : merci à vous de parler à haute et claire voix, que cela plaise ou non et sans calcul de retour sur investissement!

(PS : les frais de pommade bio sont gratuits :)


@ Feld,

Merci pour ce texte d'Henri Hude, chrétien indigné par l' «égoïsme monstrueux de l'oligarchie». Apparemment il est en pleine « conversion » intellectuelle et politique, c'est réjouissant.

Néanmoins, dans un court paragraphe de son texte, je crains qu'il ne se trompe lourdement en croyant voir dans les Bonnets Rouges la manifestation d'une révolte contre l'oligarchie, quand ce mouvement semble bien être plutôt une révolte populaire manipulée par l'oligarchie, dirigée contre un Etat qui ne se placerait que trop insuffisamment à son service.

Il est à craindre que dans le climat de révolte généralisé qui est le nôtre, les plus fragilisés par l'égoïsme monstrueux de l'oligarchie et manipulés par elle, ne soient tragiquement en train de se tromper de cible. Dira-t-on, c'est le principe même de la montée du FN.
SL


[ PP à SL :

A propos du "rien ne se fera d'utile en dehors de la contestation du système économique dominant", je précise :
- "rien"... dans le domaine sociétal, et dans la part de l'évangélisation qui dépend de notre attitude sociétale.
- Mais il y a aussi l'immense part du témoignage évangélique qui ne concerne que la vie de chaque personne, prise individuellement, et où les questions de société ne sont pas toujours déterminantes ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Serge Lellouche / | 09/11/2013

PAGANISME ET IDOLATRIE

> Euh... Haglund, je ne sais si PP vous comprend (?), mais pour moi vos propos sont un peu sibyllins !

Je repense en lisant le billet de Patrice au magnifique texte déjà cité sur ce blog du regretté Mgr Renaudin, qui fut curé de St Philippe du Roule à Paris, puis évêque de Pontoise, dans un livre-entretien avec J.F. Bouthors, paru il y a une dizaine d'années chez Bayard :

" - On parle pourtant volontiers des « valeurs chrétiennes ».
- Eh bien, pour parler net, cela m'inquiète un peu. Je ne voudrais pas que, quelle que soit la grandeur de ces valeurs, elles prennent la place de Dieu. Dieu seul est Dieu.

Même la liberté n'est pas Dieu, même la tolérance n'est pas Dieu, même la justice n'est pas Dieu, même la famille n'est pas Dieu.

Moi, comme évêque, je n'ai pas d'abord à défendre des valeurs, aussi grandioses soient-elles. Je souhaite bien sûr que nous partagions tous les valeurs qui découlent de notre foi en Dieu fait homme, mais comme je désire surtout que chacun rencontre personnellement Jésus !
Je dois annoncer Jésus.

Parfois, je me demande si nous en sommes toujours persuadés. Si on prend les valeurs pour Dieu, le risque est grand de devenir idolâtre et intolérant. Le fanatisme n'est pas loin.

De surcroît, les valeurs peuvent être celles d'une certaine époque, d'une certaine culture. Alors les autres, ceux qui ne s'y reconnaissent pas, qui sont-ils ? des barbares ?

J'insiste, nous annonçons tout autre chose. La Parole. Ni une doctrine, ni une morale, ni une philosophie.

Quelqu'un parle: l'Unique qui s'adresse à chacun de nous, qui nous appelle par notre nom, qui nous rejoint dans le secret de notre cœur et de notre vie.

Pour annoncer cette Parole qui a retenti un jour dans l'histoire, qui a pris un visage et une voix, qui est vivante, il faut d'abord l'écouter. Se soucier de son authenticité est nécessaire, mais cela ne suffit pas.

Il faut encore la dire de façon telle que celui à qui elle s'adresse puisse l'entendre, afin d'être en mesure, s'il le veut, de lui répondre. Et cette Parole s'enrichira de sa réponse. Car la parole de l'homme qui écoute, entend et répond à la Parole de Dieu, fait partie de la Parole de Dieu. "

(Mgr Hervé Renaudin, évêque de Pontoise,
décédé le 18 janvier 2003)
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Écrit par : Michel de Guibert / | 09/11/2013

CE NE SONT PAS DES CATHOLIQUES, CONSTATE UN EVÊQUE

> "un mélange de passéisme, d'ultralibéralisme et de xénophobie (incompatible avec Centesimus Annus et Caritas in veritate), et en dérapant dans la « défense des valeurs »"

C'est bien cette dérive qui est également dénoncée dans cette saine mise en garde de Mgr Di Falco : "gardez bien en tête que quelqu’un qui prétend être disciple du Christ tout en crachant du venin et en incitant à la violence n’est pas catholique."

http://www.diocesedegap.fr/la-chronique-de-mgr-jean-michel-di-falco-leandri-facho-catho-un-mariage-contre-nature/
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Écrit par : Patrick Pique / | 09/11/2013

@ Michel de Guibert

> Je veux bien entrer dans les détails, mais on va de nouveau s'engueuler…
Je crois que vous y mettez un peu de malice…ou peut-être que non ? Alors, je m'explique.

J'ai fait, tous ces derniers mois, l'expérience de propos innommables tenus par des catholiques, qui demandaient ensuite avec ahurissement ce qu'ils avaient bien pu dire de choquant.
J'ai cru longtemps qu'ils se moquaient, mais à présent…

C'est ça que je veux dire : la culture du propos insupportable que (entre-soi ? arrogance ?) l'on perçoit comme faisant absolument partie de la conversation.

Vous ne venez pas un peu de le vivre ? Ce n'est pas un peu ce que vous avez ressenti sur le fil consacré à Léonarda ? Je me souviens que vous vous étrangliez de post en post…vous aviez affaire à des catholiques, vous ne l'ignorez pas — et pas des lefévristes !

Eh bien, cette propension est la clé de la marginalisation de la parole catholique. Je peux même vous dire qu'aujourd'hui, à la différence d'il y a trente ans, on reconnaît au quotidien un catholique non à ce qu'il proclame qu'il l'est, mais à ce qu'il tient ce genre de propos.

Et je crois que votre pape prend ce problème à bras le corps.

A part ça, j'aime bien ce que dit votre évêque. L'ennui est ce discours est écrit (c'est bien normal) de façon assez souple et générale pour que chacun s'y retrouve, y compris un contempteur patenté, qui pourrait (ils sont très forts pour ça) s'en trouver justifié.

Il me semble qu'il faut être plus "carré" : et ces temps ci, au grand dam de certains, vos autorités spirituelles le sont de plus en plus.
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Écrit par : Haglund / | 10/11/2013

MANIERES DE DIRE

> Haglund, vous dites "votre pape", "votre évêque", etc., autrement dit je vois que vous vous situez au dehors de l’Église, ce que j'ignorais jusqu'à présent.

Peut-être, entre cathos se situant au dedans avons-nous parfois une manière de dire qui vous agace ?

Mais pour moi, il n'est pas incompatible, bien au contraire, de vouloir, en même temps, combattre le "mariage pour tous" et sa conséquence au niveau de la filiation par des couples de même sexe et défendre les plus démunis, à commencer par les Roms.

Et tant pis, ou plutôt tant mieux, si on est "inclassable" en disant cela !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 10/11/2013

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