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27/10/2013

Le pharisien et le publicain

Ne déformons pas l'évangile :

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Luc 18 , 9-14 est l'un des évangiles les plus connus, donc les plus déformés. Dans les années 1970, le progressisme standard voulait que le pharisien soit un bourgeois moraliste, et l'intégrisme daubait sur un "pharisaïsme du publicain" censé  "excuser la faute" et "dévaloriser les observances"... En 2013, sous l'emprise du consensus libéral [1], le sens de la faute est aussi oublié que le sens du rite. Les mots  "pharisien et publicain" restent en circulation, mais parfois de manière abusive : pour récuser toute correction fraternelle, toute controverse sur des idées, il est facile d'accuser de pharisaïsme ceux qui ne sont pas d'accord et qui vous le disent. Mais c'est un abus de langage... Ce que Jésus reproche aux pharisiens n'est pas de discuter les opinions d'autrui (Jésus lui-même le fait) : c'est de s'avantager de l'autorité divine [2] pour imposer à tout le monde les normes d'un clan.  

Evangéliser n'est pas endoctriner. La foi n'est pas un système : c'est une Rencontre. Dieu n'est pas un programme : c'est une Personne. De quoi devrions-nous témoigner à l'intention d'autrui ? Non de "valeurs" ou de "convictions", mais "des raisons de l'espérance qui est en nous" (épître de Pierre), et la première des raisons est que nous ne sommes que les porteurs de cette espérance.

Nous ne possédons pas la vérité [3], c'est elle qui nous possède : voilà le message chrétien. Il est subversif dans une époque libérale qui rejette la notion de vérité partageable, et qui somme chacun de croire que tout dépend de son moi.

 

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[1] L'économicisme libéral et le consumérisme fabriquent le relativisme de masse, dont la cathophobie est l'un des effets.

[2] comme dira le duc de Saint-Simon au XVIIIe siècle, pour qualifier l'attitude d'une "cabale de dévots" à la Cour.

[3] cf l'entretien du pape avec Scalfari et le discours du cardinal Vingt-Trois aux conseils pastoraux, note de ce blog hier.

  

Commentaires

CONNU OU PAS

> Beau, ça, Plunkett, vraiment…mais…permettez moi une question de vieux prof : pourquoi ne donnez vous pas le texte de Luc ? Il est vraiment trop connu ?

H.

[ PP à H. - J'ai en effet l'impression qu'il est très connu ; je me trompe ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Haglund / | 27/10/2013

LE TEXTE

> Luc 18, 9-14 :

Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d'être justes et qui méprisaient tous les autres :

« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L'un était pharisien, et l'autre, publicain.

Le pharisien se tenait là et priait en lui-même : 'Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain.

Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.'

Le publicain, lui, se tenait à distance et n'osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : 'Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !'

Quand ce dernier rentra chez lui, c'est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l'autre. Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. »
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Écrit par : PP / | 27/10/2013

DIFFICILE

> Mais c'est si difficile de ne pas être un tantinet pharisien !
J'avais raffolé d'un dessin publié par Famille Chrétienne ou l'on voyais quelqu'un prier ainsi dans le temple: "Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme ce pharisien."
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Écrit par : Pierre Huet / | 27/10/2013

CONNU OU PAS

> Je ne sais si vous avez raison : qu'est que qui est connu ou pas, aujourd'hui…difficile à dire. Mais il me semble que quand on ne cite pas un texte, c'est qu'on craint un peu sa force, et qu'il vous échappe…N'empêche que votre commentaire est beau.
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Écrit par : Haglund / | 27/10/2013

LA PLACE DU PUBLICAIN

> Il est certain que le bourgeois libéral d'aujourd'hui - bobos et autres - se trouve très bien et méprise ceux qui ne sont pas de son avis, les traitant de fascistes, d'obscurantistes (nous chrétiens) ou de populistes.
Mais il est certain que ce ne sont pas eux que vise le texte, mais les gens qui pensent avoir la foi en Dieu et qui se permettent de juger les autres en refusant d'accueillir leur repentir. Dans ce cas, les bobos libéraux prendraient la place du publicain s'ils en venaient à se convertir. Guettons-en donc les signes, évangélisons et gardons espoir.
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Écrit par : Guadet / | 27/10/2013

CONNU, MAIS...

> Le texte est connu, oui, mais chacun voit le pharisien ailleurs, de préférence dans l'autre...

Ce qui fait le tort premier du pharisien, qui est un homme pieux et juste à l'inverse du publicain voleur et corrompu, c'est que, à l'inverse du publicain qui se reconnaît humblement pécheur, il se compare aux autres et se glorifie lui-même.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 27/10/2013

D'UN PASTEUR

> Merci cher Patrice. Je partage votre petit commentaire.
J'ai prêché sur ce texte ce matin :
(..) Si une bonne attitude consistait, comme nous incite à le croire l’attitude du pharisien, en un impôt à payer, si la bonne attitude était un placement, un commandement, une contrainte, si nous étions sous la logique du profit, sous la terreur d'un jugement qui nous menace, ce serait impossible. Ce Dieu là ne ferait qu'ajouter à notre fardeau.
(...) Voilà, notre parabole n’a pas pour finalité de nous montrer que le collecteur d’impôt est meilleur que le pharisien. Cette parabole veut juste rappeler qu’avant toute chose, c’est l’humilité qui est le préalable indispensable à toute action.
Il ne faut donc pas perdre notre temps à nous combattre nous-même car nous combattre nous-même, c'est encore nous regarder nous-même et souvent cette lutte exaspérée contre nous-même ne fait que rendre la tentation, c’est à dire la confusion du bien et du mal, plus violente et plus fascinante. Il s'agit bien plutôt d'échapper à nous-même, d’échapper au pharisien qui nous habite, en nous rassemblant en Dieu, en nous recueillant dans sa Présence, en cessant de faire du bruit avec nous-mêmes. Pour arriver à dire comme le gabelou de notre parabole : « O Dieu, prends en pitié le pécheur que je suis ! » Ainsi, nous aurons cette exigence de ne pas considérer que ce que nous faisons suffit à l’avènement du Royaume de Paix de Dieu."
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Écrit par : Jean-Paul Nuñez / | 27/10/2013

RATZINGER

> Puis-je vous renvoyer à une intervention du cardinal Ratzinger le 2 décembre 2002 rapportée par Zénit dans laquelle il explique notamment: "Il est évident que la vérité ne peut pas être quelque chose que l'on possède. Face à elle, je dois toujours avoir une attitude d'humble acceptation, en étant conscient du risque et en acceptant la connaissance comme un cadeau dont je ne suis pas digne, dont je ne peux me glorifier comme s'il s'agissait d'une conquête personnelle. S'il m' a été donné de connaitre la vérité je dois la considérer comme une résponsabilité qui suppose aussi un service aux autres".
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Écrit par : Caillaud / | 27/10/2013

HIER

> Extrait de l'homélie entendue hier :
- La question de la justification... on cherche souvent à se justifier en rejetant la faute sur les autres.
- Le pharisien commence très bien sa prière, en rendant grâce à Dieu. Cela est très bon. Le problème, c'est qu'il en vient à se centrer sur lui-même et à se justifier lui-même, brodant une belle image de lui-même... mais fausse. Alors que le publicain, lui, se met en vérité devant Dieu : Seigneur, je suis un homme pécheur.
Le prêtre concluait en nous invitant à une relation vraie avec Dieu : par le sacrement de Réconciliation, par la prière qui est action de grâces, demande de pardon, louange.
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Écrit par : Pema / | 28/10/2013

IDENTIFICATIONS

> Comble de la fausse modestie soigneusement calculée : "moi je ne suis qu'un pauvre publicain"

"Le texte est connu, oui, mais chacun voit le pharisien ailleurs, de préférence dans l'autre..."

Ben vrai ! pareil pour la parabole du fils prodigue : nette tendance à l'identification au second fils.
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Écrit par : E Levavasseur / | 28/10/2013

LE SECOND

> je disais "nette tendance à l'identification au second fils dans la parabole du fils prodigue" :
Pour ce qu'il a fait de bien ! (fils obéissant et fidèle, etc)
Pas par son refus d'entrer dans la joie de son père ; refus totalement perdu de vue dès qu'on s'identifie à lui.
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Écrit par : E Levavasseur / | 28/10/2013

CEUX QUI "CONNAISSENT BIEN"

> Tout juste !
On connaît bien:
"Je te rends grâce de ne pas être comme ce pharisien plein d'orgueil avec ses doctrines et ses observances carrées d'un autre âge, issues de l'Église retardataire, qui prétend être du côté de l'unique vérité et, n'a jamais compris l'Évangile aussi bien que moi."

EN


[ PP à l'anonyme - Vous croyez avoir fait le tour du problème en écrivant ça ? Détrompez-vous, et lisez l'entretien du pape aux revues jésuites. Le catholicisme ne s'est pas arrêté avec Pie XII.]

réponse au commentaire

Écrit par : Espérance Nouvelle / | 28/10/2013

à "Espérance nouvelle"

> Vous croyez que le christianisme est une question d'observances ?
Ce n'est pas l'avis de François.
Il vous le dit noir sur blanc tous les jours.
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Écrit par : Nati / | 29/10/2013

> Espérance pas si nouvelle que ça, et même pas espérance du tout, êtes-vous sûre que le catholicisme soit de forme carrée ?
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Écrit par : Quiniou / | 29/10/2013

REPONSES

> Je suis un peu jalouse des tradis…un seul surgit, et c'est la trainée de poudre des réponses !
Quand même, pour le reste, avouez que la vieille prof avait raison : vous avez vu tout ce que déclenche le texte évangélique original ? A toujours préférer.
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Écrit par : Haglund / | 29/10/2013

QUIPROQUO

> Ici le second degré ça ne passe vraiment pas. Au premier c’est plus plat mais soit : ces trois malheureuses lignes ne sont ni un extrait d’Évangile, ni une copie, mais la transcription condensée d’interprétations mille fois entendues à l’école ou « bistro du commerce » pour faire culpabiliser les catholiques, ce sont ces propos-là qui sont « bien connus », plus que l’Évangile, et il n’y a pas d’avertissement stipulant qu’un commentaire sur ce blog n’est bienvenu qu’avec le projet de faire le tour de la question.
Applaudir un article de Patrice de Plunkett et se faire traiter de tradi, avec trois aimables piques de la part de l’auteur, il faut le voir pour le croire…
Une blague pourrait-elle détendre un peu l’atmosphère ?

Amidago


[ PP à Amidago - Je suis consterné de n'avoir pas vu que c'était du second degré, et j'avoue, en le relisant, avoir du mal à m'en persuader. Mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même si ma vue baisse ! ce doit être l'âge... Je vous présente des excuses jusque par terre. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Amidago / | 29/10/2013

NORMALEMENT, "TRADI" N'EGALE PAS "INTEGRISTE"

> "Je suis un peu jalouse des tradis" /"se faire traiter de tradi"
il faudra définir ce mot; il n'est pas -normalement- synonyme d'intégriste.
A condition que ce soit pour l'Eglise, dans l'Eglise, par l'Eglise,
-Vatican II s'inscrivant dans la Tradition de l'Eglise, tradis, nous le sommes.
-Et comme nous voulons que l'Eglise se sanctifie, nous sommes tous -véritablement- progressistes.
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Écrit par : E Levavasseur / | 30/10/2013

PRESENCE

> Oh que je me détourne enfin de mon ego, prisonnière de ma petite vertu ou fascinée par mes vices sans fin, que je cesse de tourner autour de mon moimoimoi si étroit où j'étouffe, que je m'arrache enfin de cette attraction qui me replie sur mon néant pour me déployer, jeter, et perdre en Toi, trois fois Infini! Et que rien n'arrête ma course folle! Que les poussières insignifiantes de ma vie enfin deviennent étincelles de feu jaillissant de ton brasier d'Amour, purs grains de lumière dansant dans l'infini ballet de ta Création! Tout le reste n'est que vanité. Que je devienne ignorante de moi pour devenir Présence et Don joyeux de Toi.
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Écrit par : Anne Josnin / | 31/10/2013

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