L'espionnage des groupes français par la NSA est aggravé par le futur accord de libre-échange euro-américain

 

Voilà la réalité du système économique global :

  

Pire que George Clooney dans Gravity... Les libéraux partent à la dérive dans l'espace. Ils tentent de sauver leur théorie une fois de plus [1] mais sont noyés dans l'évidence : l'espionnage de la France par la NSA est le premier effet du futur accord de libre échange euro-étatsunien. Les 70,3 millions de conversations téléphoniques et de SMS français interceptés par la NSA en quatre semaines (du 10/12/2012 au 8/01/2013) correspondent à l'une des phases de la « négociation » de cet accord, imposé par Washington à Bruxelles et Paris. Les groupes visés par l'espionnage de la NSA sont ceux que leurs homologues américains voient en ennemis : EADS, Dassault, Thalès, ou encore Alcatel, voué à la consomption par son prédateur US, Lucent, après l'aberrante fusion de 2006 qui a tué la sécurité des communications françaises via les câbles sous-marins.

Le gouvernement français était au courant, de même que l'exécutif européen. Ils feignaient de ne pas savoir. Le dossier tapageur publié par Le Monde (daté d'aujourd'hui) oblige Paris à une gesticulation pour sauver les apparences vis-à-vis de l'opinion publique, qui méprisait déjà l'Elysée pour beaucoup de raisons. M. Valls condamne l'espionnage d'un « allié » par un « allié », M. Fabius convoque l'ambassadeur Rivkin qui se prête flegmatiquement à cette séquence ; puis M. Fabius échange propos convenus et poignées de main avec un John Kerry en visite... Le président Hollande improvise au téléphone avec le président Obama... Mais Washington traite les protestations françaises par dessous la jambe : un porte-parole de la Maison Blanche déclare que l'affaire est classée, que les relations franco-américaines sont au beau fixe, et que de toute façon les Etats-Unis ont le droit de collecter des informations « pour leur sécurité » : informations « dont ils font aussi bénéficier la France... » On ne voit pas en quoi espionner Alcatel, dont les USA vont supprimer six sites (Toulouse, Rennes, Eu, Ormes, Villarceaux et Lannion), pourrait bénéficier à la France.

Quel que soit l'angle sous lequel on l'envisage, une affaire pareille montre ce que camoufle le libéralisme.

Sous l'angle du modèle actuel, il est clair que la planète économique n'est pas un Disneyland (« One World ») ni un « win-win », comme la propagande imbécile des années 2000 voulait nous en convaincre : c'est plutôt une guerre. Mais une guerre asymétrique, menée avec réalisme par presque tous (tels les Etats-Unis subventionnistes, protectionnistes, espions de leurs « alliés »), et subie docilement par l'Union européenne, seul espace au monde à donner tous les droits à ses concurrents extérieurs... et même à refuser de distinguer entre un extérieur et un intérieur, cf. l'ubuesque relance de « l'élargissement » depuis huit jours à Bruxelles.

Sous l'angle de la contestation du modèle actuel, l'affaire NSA est tout aussi éloquente. Il y a encore dix ans, de sympathiques naïfs nous adjuraient d'adhérer à la « vision » étatsunienne de la « globalisation » : « faire tomber toutes les barrières » était, à les entendre, « conforme à l'Evangile ». C'était confondre non seulement barrières et frontières, mais Dieu et Mammon : ce que l'Evangile commande justement de ne pas faire !

L'idole des dix ans écoulés était sans frontières. Depuis deux ou trois ans, l'humanité voit que c'est une idole, et qu'elle entraîne le monde à sa perte. Mais rien n'est fait pour la renverser... Dans ce contexte, l'affaire de la NSA n'est qu'un épisode pittoresque.

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[1] à la façon des communistes des années 1960-70 : « notre théorie est bonne et n'a jamais été appliquée correctement », etc.