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14/08/2013

"Baleine de Londres" : impunité...

Les délits de finance sont-ils vraiment des délits ? ou des mises en oeuvre "un peu audacieuses" de la dérégulation libérale ?

 


Le Français Bruno-Michel Iksil, issu de l'école Centrale « dont raffolent les salles de marché » (Le Monde, 14/05/2012), était « le trader star du Chief Investment Office (CIO), direction des investissements de la banque d'affaires américaine JP Morgan Chase ». Ses collègues le surnommaient « la baleine de Londres » à cause de l'énormité de ses positions ; lui-même se flattait plutôt «de marcher sur les eaux » (miracle auquel les analphabètes postmodernes résument la vie du Christ). On pense au Fabrice Tourre de chez Goldman Sachs, qui se surnommait lui-même « Fabulous Fab »... Mais là non plus le miracle n'a pas eu lieu : Iksil fit perdre 6 milliards de dollars à la banque, « à la suite de paris ratés » sur des produits financiers ultrasophistiqués, les credit default swaps. D'où son inculpation en 2012. Aussitôt le milieu actionna l'argument habituel : « Dans ces énormes organisations style JP Morgan, il y aura toujours un individu ou un petit groupe pour jouer au poker», affirma par exemple aux journaux un professeur d'économie à la Cass Business School... En réalité Iksil n'était pas un électron libre. Le CIO où il officiait dépendait directement du PDG de JP Morgan, Jamie Dimon, et de sa n° 2, Ina Drew ; Iksil se retrouvait ainsi écluser des masses de liquidités. Cette situation l'avait transformé mécaniquement, de « simple investisseur chargé de couvrir les risques », en « spéculateur sur tout et n'importe quoi ». Les « super-bénéfices » engrangés par lui avaient gonflé démesurément les commissions et bonus de la direction de JP Morgan... Non, vraiment, Bruno Iksil n'était pas un électron libre !

Pourtant la banque en fit son bouc émissaire quand le scandale éclata l'an dernier... Exactement comme Tourre fut le bouc émissaire de Goldman-Sachs : en application de l'idéologie libérale pour laquelle seul existe l'individu, responsable exclusif de tout ce qui lui arrive... (sinon ce serait « de l'assistanat »).

Mais la justice américaine est équipée d'escaliers d'incendie. Iksil a passé avec elle un « accord amiable ». Ce n'est pas lui que l'autorité boursière et le régulateur des dérivés et des contrats à termes poursuivront comme bouc émissaire, mais un manager de la banque soupçonné d'avoir (en électron libre?) « tenté de dissimuler les pertes avant que l'affaire n'éclate en ne les faisant pas figurer à leur valeur de marché sur les documents internes de la banque servant à contrôler au quotidien les pertes et profits »... Quant à M. Dimon et Mme Drew, tout va bien pour eux. Le système global ne sera pas mis en cause. Si l'on fermait le casino, où irait l'argent ? à l'économie réelle ? ce serait bien naïf.

 

Commentaires

INVRAISEMBLABLE

> Bien sur! Il est totalement invraisemblable qu'un cadre, même de haut niveau engage des sommes pareilles sans l'accord de son patron....ou alors ils sont complètement idiots, peu vraisemblable.
Pour information: Dans la multinationale de l'équipement automobile ou je travaillais, il fallait l'accord du PDG du groupe pour un investissement de 150000€, et il s'agissait de dépenses bien concrètes, par exemple un moule pour injecter une pièce en plastique.
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Écrit par : Pierre Huet / | 14/08/2013

JUSTICE

> Il faut donc faire justice soi-même :)
http://www.gizmodo.fr/2013/08/14/il-prend-banque-propre-jeu.html
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Écrit par : luc2 / | 14/08/2013

"INDUSTRIE" FINANCIERE

> L'expression "Produits financiers sophistiqués" est une façon pudique de dire que presque plus personne n'y comprend rien car trop complexe.
Et cela est logique, ceux qui les conçoivent sont formés et sélectionnés pour leur puissance mathématique et d'abstraction (polytechniciens, centraliens ...) Si j'avais eu leur capacité j'aurais aussi fait Centrale...
S'ajoute à cela que les règles sont écrites par...des énarques...des avocats...des banquiers...bref des gens dont les qualités sont autres mais qui n'ont certainement pas les mêmes capacités en particulier en terme de réactivité pour rejouer avec les nouvelles règles, détecter les failles.
Au casino, celui qui gagne est toujours...le propriétaire du casino.
Il est loin le temps où nos ingénieurs d'élite faisaient tourner l'industrie réelle et non l'industrie financière.
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Écrit par : Zug / | 14/08/2013

ASPHYXIEE

> Et pendant ce temps-là, aux USA, après Walmart, c'est chez KFC et McDonald que se développent des mouvements sociaux de masse pour accéder au salaire minimum pour vivre. "La classe moyenne n'est pas pressurée, elle est asphyxiée" ("suffocated" en anglais, le terme est très fort).
http://www.theguardian.com/world/2013/aug/10/us-fast-food-protests-wages
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Écrit par : Christian / | 14/08/2013

QUE SI...

> Dans ces histoires, il n'y a délit que si un organisme ou une personne très riche perd de l'argent.
Après, vous avez bien noté que c'est toujours une brebis galeuse qui a commis le délit. Il n'a jamais été poussé à ça. Il n'a jamais été mis dans une situation où il ne pouvait faire autrement. Je suis pour la responsabilité personnelle mais pour les humains. Me demander d'être un surhomme ou un saint extraordinaire est une erreur.
Dans ce système, tous les humains sont posés indépendants et ne s'influençant pas les uns les autres. Les seules influences admises sont celles de la finance. Mais comme ces lois sont bonnes, car naturelles, elles ne peuvent pas pousser à l'échec.
Dans ce système, tout le monde peut devenir fabuleusement riche. S'il n'y arrive pas, c'est de la faute de la personne concernée.
Ce monde d'illusions est en voie d'effondrement sous son propre poids. L'économie réelle ne peut plus le nourrir. Il se nourrit de papier imprimé par les banques centrales pour pouvoir continuer à tourner. L'inflation ne menace pas l'économie réelle car elle rapporte pas assez à ces gens. Cet argent ne nous arrivera jamais entre nos mains. Il va servir à nous faire payer plus de dettes.
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Écrit par : DidierF / | 14/08/2013

UNE VOLONTE POLITIQUE INTERNATIONALE !

> Il serait si simple de mettre en œuvre des règles de bon sens pour empêcher ces activités sans aucune valeur ajoutée (l'argent est gagné uniquement parce que d'autres en perdent !). Mais pour cela il faudrait une volonté politique internationale çar sinon un pays jouera les francs tireurs pour accueillir les banques en mal d'argent facile.
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Écrit par : Ludovic / | 14/08/2013

RENVERSER LA TABLE

> Volonté politique internationale? ça ne viendra jamais. Il y aura toujours des Etats tirant profit du "casino" qui ne s'inscriront pas dans un système régulé. Par contre, par des dispositifs simples mais rigoureux de contrôle des changes et des institutions financières, des grands et de petits pays peuvent en sortir comme un dont on ne parle plus, et pour cause, l'Islande.
En outre, les sommes qui alimentent le "casino" proviennent des marges commerciales démentielles que permet une mondialisation déséquilibrée des échanges qu'il faut réfréner d'urgence.
Il ne faut donc pas mettre le monde autour d'une table pour en discuter, il faut renverser la table.
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Écrit par : Pierre Huet / | 15/08/2013

Les commentaires sont fermés.