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15/05/2013

Rémi Brague et l'écologie humaine

rémi brague,écologie humaine


Dans son essai Les ancres dans le ciel, paru au Seuil en 2011, le philosophe chrétien Rémi Brague (de l'Institut) indique l'ampleur d'une écologie humaine indissociable de l'écologie de l'environnement :

 


 

<< L'autodestruction de l'humanité est devenue une possibilité très concrète. Les divers moyens de cette autodestruction, en attendant mieux, sont au nombre de trois : la destruction de l'environnement, l'arme atomique, l'extinction démographique. Le "en attendant mieux" pourrait être un dépassement de l'homme par les techniques biologiques. […] [De cette idée] la formulation la plus brillante et la plus bruyante est sans doute la proclamation du Zarathoustra de Nietzsche : "l'homme est quelque chose qui doit être dépassé". Elle est d'autant plus intéressante qu'elle ne vient, en fin de compte, que […] deux siècles et demi après les slogans de Bacon et de Descartes [1] sur la domination de la nature par l'homme. Depuis lors, les notions d'antihumanisme, de transhumanisme, de posthumanisme, etc, ont en tout cas envahi le discours public... >>

 <<  Les armes du suicide :

Depuis les débuts de l'ère industrielle, l'humanité rejette des déchets que la planète a du mal à éliminer et qui compromettent son confort et peut-être sa survie. Elle détruit sans pouvoir remplacer des protections naturelles, menaçant ainsi la régularité du climat. Elle consomme des énergies qui ne se renouvellent pas et s'épuisent...

Depuis les années 1940, avec l'armement atomique et ses perfectionnements successifs, l'humanité a la capacité de se détruire en totalité par une spectaculaire conflagration, en appuyant sur un bouton.

Depuis les années 1960, avec les progrès de la contraception artificielle, mécanique ou chimique, l'humanité a la capacité de se détruire peu à peu par extinction, discrètement, passivement, sans peut-être même s'en rendre compte, en cessant tout simplement de se reproduire... Le fait très simple que l'existence des générations futures dépende tout entière de la volonté de la génération présente n'est que rarement réfléchi. >>

 

Voilà l'urgence intellectuelle et morale : crier partout, le plus fort possible, que le suicide démographique et biotechnologique est inséparable du suicide par destruction de l'environnement !

- L'humanisme et l'écologie ne sont pas "parallèles" : ils sont liés.

- L'écologie ne fournit pas une "analogie" au combat pour l'humain : elle en est indissociable, parce qu'elle lutte contre le même ennemi.

- Cet ennemi, cause de la destruction de l'humain et du naturel, est le système économique productiviste avec son annexe idéologique, le libéralisme.

Voilà ce qu'il faut expliquer, marteler, mettre à chaque instant sous les yeux de tous.

Il n'y aura pas d'écologie humaine hors de cette prise de conscience !

____________

[1] cf L'écologie de la Bible à nos jours, note de ce blog du 13/05.

 

Commentaires

TOUT

> Tout est lié. Arrêtons nous catholiques de cloisonner la vie. Arrêtons nos génuflexions furtives devant la loi de l'argent.
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Écrit par : nanny / | 15/05/2013

COMMENT

> Autrement dit : comment amener nos sociétés de croissance et de consommation à la contrition et donc la limitation des appétits et des besoins ?
« Industriel, j’ai péché. Libéral, j’ai péché. Consommateur, j’ai péché… »
Vous imaginez la révolution : cesser de regarder l’Amérique – qui a comme chacun sait « Dieu à ses côtés » – comme un modèle ? et la puissance des nations – chrétiennes ou non –, comme une fin ?
Promouvoir partout le petit, l’humble, le pauvre et « poverello » : « François d’abord ! » ; faire avancer la paix dans la sobriété et le partage !
Avoir les mains ouvertes… et déjà avoir des mains ! (capables d’autre chose que de tapoter sur un clavier, je parle évidemment pour moi).
Vous vous rendez compte du programme ? Et d’ailleurs, où le trouve-t-on ce programme ? Et s’il n’existe pas, qui va l’écrire ?
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Écrit par : Denis / | 15/05/2013

FAUSSE REFERENCE

> Remi Brague est une référence du petit milieu libéral-conservateur. Apparemment, ils ne l'ont pas lu. Enfin, pas plus que les autres.

PM

[ PP à PM - Vous avez raison : ils ne lisent rien. C'est ce qui leur donne si bonne conscience. ]

réponse au commentaire

Écrit par : PMalo / | 15/05/2013

NOMBREUX

> Je ne suis pas d'accord avec le pessimisme des commentateurs : je crois que nous sommes très nombreux, ces dernières années, à avoir compris le lien, et la lutte nécessaire sur tous les fronts.
Inutile de se focaliser sur les petits libéraux-conservateurs, qui ne représentent pas grand chose.
La logique est notre force.
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Écrit par : JG / | 15/05/2013

AU COEUR DE NOTRE FOI

> Vous avez cher PP profondément raison, et les propos de Rémi Brague (lui au moins, ils l'écouteront?)attestent auprès d'eux que ce ne sont pas lubies de quelques chrétiens à la marge, mais bien que c'est au coeur, depuis toujours, de notre foi, que cette unité de vie, au niveau personnel comme au niveau social.
Et oui cher PMalo ils n'ont pas besoin de lire leurs références, ils les ont vus en ville chez untel, ils les connaissent bien, si si par leurs cousins, leurs amis dont les enfants fréquentent les mêmes lycées,"surprenant ce que le monde est petit, non?" ...je veux dire que leur carnet de relations leur tient lieu de livre de chevet, et qu'ils s'y réfèrent plus souvent qu'à la Bible et autres ouvrages obligés dont chacun sait qu'ils sont faits pour trôner...sous vitrine dans le salon. Certains d'entre eux lisent pourtant, mais c'est davantage pour briller en dîner, (et si j'ai du talent, je me lance en politique!), que pour se laisser toucher à l'intime.
Intime: ques aquo? Quand tout est dans les manière policées: on apprend aux enfants la génuflexion parfaite et le sourire angélique, on n'apprend pas le silence du coeur qui écoute et la main qui se donne ... Alors, ce n'est pas tant qu'ils sont libéraux, c'est qu'entre gens si bien élevés, tous les dimanches à la messe entourés d'enfants magnifiques, on ne va tout de même pas faire scandale, non? C'est d'ailleurs pourquoi ce qui est accepté à l'égard du peuple en colère, à savoir envoyer les services d'ordre, et qu'il soit ferme!, devient odieux et proprement révoltant dès lors que ce sont gens bien-élevés qui sont malmenés.
Ou ce milieu-là, encore une fois que j'aime!, rejoint le peuple en s'autorisant enfin à se poser, en son sein d'abord, les questions qui fâchent ; ou demain, au premier matin de désertion de nos élites face à la crise qui arrive, ils seront les victimes faciles du désespoir d'un peuple méprisé.
Que ne voient-ils que, eux qui cherchent et s'épuisent parfois à se distinguer de mille et une bonne manières subtiles de ce peuple aux odeurs douteuses, du point de vue de l'élite -qui a sa fortune au chaud là où elle se réfugiera le jour où-, eux donc ne sont qu'idiots utiles au système, logés au même mépris que le reste du peuple, et que les flatteries de notre élite les ont depuis longtemps faites chiens serviles au collier honteux, quand ils se rêvent encore, pour certains plus lettrés, loup solitaire de Vigny,à la pose tragique? Il n'est de noblesse qu'aux côtés de son peuple: il est grand temps pour ceux à qui cela parle encore de quitter là leurs sauteries pour prendre place aux côtés d'un peuple abandonné aux chacals du libéralisme.
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Écrit par : Anne Josnin / | 15/05/2013

JG :

> je fais partie de cette vague de "ces dernières années", je n'ai donc pas vraiment de recul sur le phénomène.
En revanche, aujourd'hui, je constate que la prise de conscience de cette globalité est réelle du coté catho, ou que les langues se délient plus facilement, grâce à la lutte contre le "mariage pour tous".
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Écrit par : PMalo / | 15/05/2013

QUESTION

> "Depuis les années 1960, avec les progrès de la contraception artificielle, mécanique ou chimique, l'humanité a la capacité de se détruire peu à peu par extinction, discrètement, passivement, sans peut-être même s'en rendre compte, en cessant tout simplement de se reproduire..." Ce passage m'interroge car sans faire l'apologie de la contraception (je condamne ses dérives, évidemment!), elle n'a pas empêché la reproduction de l'espèce humaine et cela se constate par l'augmentation démographique. De plus, le taux de natalité en France est très bon!
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 15/05/2013

DISCUSSION

> Sur Rémi Brague, je ne suis pas tellement étonné qu'il soit la référence de certains milieux libéraux-conservateurs. Je me souviens l'avoir entendu tenir sur Canal Académie des propos extrêmement discutables sur la nécessité de s'inspirer de l'éthique du travail asiatique (les Européens ne travaillant pas assez, disait-il : il est certain qu'on travaille plus chez Foxconn, qu'on le veuille ou pas d'ailleurs) et sur l'assaut de l'Occident par le reste du monde qui nécessitait de ne pas chipoter son alliance aux Etats-Unis. Je veux bien que, dans l'exercice simplificateur de l'entretien radiophonique, il ait été obligé de simplifier sa pensée. Mais ce qu'il a dit ce jour-là aurait pu être prononcé tout aussi bien par Francis Fukayama. Je n'en tire aucune conclusion générale sur sa pensée : on ne fait pas d'exégèse à partir d'une émission de radio. Mais ce n'était pas beau à entendre.
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Écrit par : Christian / | 15/05/2013

ETONNANT

> Je suis plutôt étonné... Dans ses écrits, Brague n'aborde jamais de tels sujets : le droit du travail, la compétition entre modèles économiques divergents, l'atlantisme, etc.
Mais pour séduire les imbéciles, il suffit de quelques mots prononcés de travers.
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Écrit par : Blaise / | 15/05/2013

L'EMISSION

> Vous avez raison, Blaise, c'est pourquoi je prenais soin de dire qu'on ne juge pas une pensée sur 60 minutes d'entretien. J'ajoute que M. Brague ne m'avait pas paru très à son aise, comme si cet exercice de l'entretien radiophonique ne lui convenait pas - et ce n'était pas une conférence, il était interrogé par quelqu'un qui, par ses questions, donnait nécessairement une orientation donnée à la conversation (et Dieu sait que le virage libéral de Canal Académie est consommé ! Ils en sont à inviter la branche parisienne de The Economist...) Donc je m'en tiens à ce que je disais : je n'ai pas aimé ce que j'ai entendu. Mais ça ne me viendrait pas à l'idée de juger là-dessus un corpus d'idées.
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Écrit par : Christian / | 15/05/2013

FESSEE À FERRY

> Un petit plaisir: Remi Brague donnant une fessée publique à Luc Ferry :)
http://www.dailymotion.com/video/x1topt_remi-brague-vs-luc-ferry-kto-24-11_news#.UZP9aKLOt8E
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Écrit par : luc2 / | 15/05/2013

à Arnaud Le Bour

> Vous dites que "le taux de natalité en France est très bon!"
Ce serait à nuancer singulièrement ; certes il est moins mauvais que dans la plupart des pays européens (notamment Allemagne, Italie, Espagne), mais il n'assure cependant même pas le renouvellement des générations (le taux nécessaire pour cela est de 2,1 enfant/femme).
L'augmentation démographique en France doit au solde positif naissances/décès et au solde migratoire.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 16/05/2013

LES SOLS ET LES CITOYENS

> Masanobu Fukuoka, figure de l'agriculture naturelle au Japon a dit fort justement : "Comme un pays traite ses sols, ainsi traite-t-il ses citoyens!"
La France, plus que tout autre pays, violente les corps et les sols fertiles. Notre pays se situe au troisième rang mondial pour l'emploi des pesticides, et elle est championne du monde pour son taux de femme sous contraception, sans parler de sa place indétrônable pour les tranquillisants et les antidépresseurs. Elle tient à son "rang"!
Mais oui mais oui, une même pulsion de mort relie ces deux chiffres.
L'industrie chimique et pharmaceutique remercie la France pour ses louables efforts et pour la culture de mort qu'elle a fait sienne.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 16/05/2013

LE FAUX MODELE AMERICAIN

> Quel modèle ?
Depuis quelques dizaines d'années, le modèle dominant est celui de la société américaine. Or celui-ci souffre d'une fausse innocence : aurait une double palme pour avoir apporter par 2 fois la paix au monde; et ne porterait pas les tares des européens par exemple qui n'ont cessé des siècle durant de se faire la guerre.
Mais ce "peuple" porte en fait dans son inconscient sa conquête par la destruction (l'extermination ?) de la civilisation indienne, qui était loin d'être parfaite, mais était profondément respectueuse de la nature. En réalité le modèle américain est un modèle prédateur (encore plus que celui européen), qui devient perdant car n'est viable que dans un espace de conquête. Or notre terre est un espace fini qui arrive à saturation. Il est évident qu'il faut passer à une attitude gestionnaire (et non plus conquérante).
Le nouvel espace de conquête doit être intérieur (proverbe: les dieux ont caché le divin sur terre en un endroit où l'homme ne penserait jamais à l'atteindre : dans son coeur).
Quelle terre laisserons-nous à ce qui nous suivent ?
Ceux qui nous suivent sont pourtant nos enfants.
Comment ne pas rapprocher ce constant de la tendance actuelle à construire toute sorte de fausses familles (et donc aux liens plus ténus) au lieu de chercher comment protéger, renforcer la famille naturelle.
Rien que pour cela la date du 26 mai vaut de se regrouper à Paris.
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Écrit par : franz / | 16/05/2013

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