Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/04/2013

Cette société lutte contre les réalités humaines

 loi taubira,libéralisme,jacques maritain

Deux textes prémonitoires de Jacques Maritain (1929) :



1. «  Ce n'est pas parce que l'enfant naît démuni de tout qu'il trouve pour l'accueillir une famille monogamique, qui n'a pas été, quelques jours avant sa naissance, détruite par le divorce. C'est parce que ses parents ont établi entre eux une société conjugale dont la fin était la bonne éducation humaine de ceux qui les continueraient, et non pas la satisfaction de leur sensualité ou la collaboration dans l'édification d'une fortune... »

2. « La morale de Kant oppose absolument le monde de la Liberté et celui de la Nature, et séparant l'éthique de l'ontologie, ne fait que commander, sans connaître. Elle ne peut rien comprendre à la vraie morale, à la véritable science pratique, qui connaît, et ne commande pas seulement, mais qui connaît pour commander, et dans la lumière d'une fin à atteindre. La Morale, la science qu'Aristote appelait Ethique, ne suppose pas seulement la connaissance de Dieu et la connaissance métaphysique de ce qu'est l'homme. Elle contient aussi dans sa texture propre la connaissance de ce que sont les choses de l'activité libre humaine, de ce que sont leurs relations réciproques, de ce que sont leurs relations avec les choses de la nature, parce que tout cela ne peut être connu vraiment (d'une façon qui pénètre l'essence et la raison d'être) que par ordre [*] aux fins humaines à réaliser. Il en résulte qu'elle n'existe comme science qu'à condition d'interpréter l'expérience à la lumière des vraies fins... »

  Jacques Maritain, Clairvoyance de Rome (Spes 1929).

 

Observations :

1. Selon la notion classique, la "fin" (le mobile et la destination) d'une "société conjugale" est la "bonne éducation humaine" de l'enfant qui prolongera ses parents. Selon la notion libérale de 2013, la conjugalité (ou ce qu'il en reste) n'a plus de "fin" : elle flotte au gré de la "satisfaction de la sensualité" d'une paire d'adultes, et/ou de l'intérêt financier de ces adultes et du commerce qui les environne.

2. Spéculateurs, publicitaires et politiciens, aucun des maîtres de la société actuelle n'a lu Kant – mais leur idéologie paroxystique (celle du capitalisme tardif) oppose comme jamais auparavant "la Liberté" à "la Nature", sépare "l'éthique" de "l'ontologie", et veut "commander sans connaître". La loi Taubira prélude au Meilleur des mondes qui va suivre.

 

____________

[*] « ordre » au sens thomiste : « être ordonné à », « orienté vers ».


 

Commentaires

> Analyse philosophique succincte mais qui dévoile l'essentiel !
______

Écrit par : Vincent / | 25/04/2013

APPLICABLE A LA NATION

> Merci beaucoup !
On peut aussi appliquer le passage ci-dessous à la nation puisque la nation est la continuité de la famille selon la DSE.:
"une société conjugale dont la fin était la bonne éducation humaine de ceux qui les continueraient, et non pas la satisfaction de leur sensualité ou la collaboration dans l'édification d'une fortune... »
La France c'est la Sécu, le "droit à l'avortement", etc une organisation d'intérêts (comme l'est officiellement l'Union Européenne !) qu'on peut quitter dès qu'on n'y trouve plus ce qu'on recherchait ?
Ou est-ce un héritage qu'on n'a pas plus choisi que ses parents, ses frères et soeurs ou ses enfants mais qu'on aime généreusement pour y croître en science et sagesse afin de faire le bien et à terme de s'ouvrir aux autres nations comme on s'ouvre aux autres familles en se mariant ?
Les petits libéraux sortis d'écoles de commerce prévoient TOUS de quitter la France "parce qu'on y paie trop d'impôts" et que "les salaires sont plus élevés en Chine ou en Australie".
Tas d'ingrats !
Vous la quittez elle qui vous a donné vos écoles, vous a soignés, protégés. Et quand le faites-vous ? lorsqu'elle a besoin de vous ! vous quittez vos frères et sœurs qui n'en ont pas les moyens.
______

Écrit par : E Levavasseur / | 25/04/2013

ARIÑO ET MARITAIN

> Je copie ici un texte de Philippe Ariño que vous pouvez retrouver sur son blog (http://www.araigneedudesert.fr/page/temoignages.html). Il me semble que cela va entièrement dans le sens de l'analyse de Maritain. Cette fuite du Réel est au coeur du débat "Mariage pour tous".

"Le grand ennemi des pro-mariage-pour-tous, c’est la différence des sexes
Quand je discute avec les pro-mariage-pour-tous, je constate qu’ils ont quitté le Réel à un détail tout simple : ils ne reconnaissent pas la différence des sexes comme une réalité humaine, et qui plus est, une réalité positive et aimante. Pour eux, dire que dans le monde, il y a des hommes et des femmes, non seulement c’est bête tellement c’est évident, mais ça ne fait pas sens, c’est de la fiction et de l’idéologie. Et à leurs oreilles, l’expression « différence des sexes » résonne comme le mal absolu. C’est le signe qu’ils se trouvent face à un ennemi homophobe. Parce que pour eux, la différence des sexes n’est pas une réalité corporelle que chaque être humain porte sur lui par sa sexuation, n’est pas une réalité psychique et psychologique, n’est pas une réalité d’amour, n’est pas une réalité sociale. Ils la voient comme une nouvelle théorie abstraite faite pour les embêter et les soumettre, comme une invention patriarcale bourgeoise, comme une théorie homophobe, comme un clivage de domination de l’homme sur la femme, comme un destin anatomique, comme un conditionnement culturel ou, beaucoup plus « positivement », comme des rôles non-prédéfinis, comme un champ d’exploration et d’auto-détermination artistique, scientifique, techniciste, amoureuse, cinématographique. En les écoutant et en essayant de discuter avec eux sur la différence des sexes, je vois bien que nous n’évoquons pas la même chose, que nous ne sommes pas sur le même registre, même si nous employons a priori la même expression. Moi, je parle de la réalité biologique, concrète et souvent aimante, de la différence des sexes ; et eux me parlent des images – en générale stéréotypées et violentes – de la différence des sexes. Je parle de Réel ; eux me parlent de « regards », d’intentions, de médias, de « rôles », de « clichés » (à déconstruire). Ils sont enfermés dans un cinéma, emprisonnés dans leur monde télévisuel et internétique. Ils nient la réalité de la différence des sexes parce qu’ils voient bien qu’elle n’est ni complètement biologique, ni complètement culturelle. Elle est l’alliance des deux, un cadre d’amour idéal que si le biologique et le culturel s’acceptent mutuellement. Au final, ils lui reprochent de ne pas être une réalité totalitaire, mais d’être seulement un trésor fragile, une promesse d’Amour."
______

Écrit par : Vincent / | 25/04/2013

LES FINS

> Il reste à interpréter la notion de "fins" de l'activité morale et qui la spécifient comme telle. Je me situe ici dans le contexte des possibilités naturelles de l'être humain, non détruites par le péché, et évidemment restituées à elles-mêmes par la grâce salutaire de Jésus-Christ dans une destinée historique.
Or il me semble qu'une vieille distinction aide à distinguer pour unir, et donner un bon éclairage sur cette notion de "fins".
Il y a d'abord la "finis operis", la fin inscrite dans l'œuvre voulue, et son caractère homogène ou non à qui la pose, dans la richesse intrinsèque à son être. Cette action va-t-elle me faire grandir ou me diminuer voire me détruire ? Telle est la question contenue dans la position de l'acte relativement à son objet qui est un certain être en rapport avec le mien, d'abord avec sa nature essentielle, mais aussi avec son profil historique.
Il y a ensuite la "finis operantis", la fin inscrite dans le sujet voulant, comme cause première de la réalisation de l'œuvre volontaire. Or cette fin n'est pas purement subjective, mais elle s'enracine dans la capacité native de l'homme de se diriger, de se déterminer pour acter son propre développement (Voir Saint Thomas d'Aquin Summa Theologiae 1-2ae, Prologue).
Ainsi, l'homme bon fait fonctionner librement ses possibilités natives (qu'elles soient essentielles ou historiques ou particulières) et finalement son être porteur de ces possibilités - ce qui est un bien - en posant des actes qui mettent en œuvre ses possibilités au bénéfice de son être et de ces possibilités elles-mêmes dont la mise en œuvre devient de plus en plus aisée (acquisition des "habitus" ou dispositions stables à agir).
Cela induit que la poursuite d'une fin humaine se fait et se lit sur deux registres : son objet propre en relation avec la richesse du sujet, et sa mise en œuvre en tant que telle ou poursuite de la perfection qui est propre aux possibilités humaines dans la nature des choses.
Cela implique enfin une conception de la loi et de la loi naturelle tout à fait originale.
1. La loi comme décret de la raison et la loi comme contenu de ce décret ; je pense qu'il n'y a pas de loi sans prise en compte simultanée de ces deux aspects ; d'un côté, le caractère "raisonnable" de la loi ne peut exister si celle-ci ne renforce pas le bien effectif des personnes et des communautés ; on a ici l'opposition au formalisme juridique de la pure "volonté générale" ; d'un autre côté, le caractère obligatoire de la loi ne peut exister que si celle-ci entend obliger pour déterminer le sujet dans la poursuite de la fin ; on a ici la différence entre volonté et velléité, et l'affirmation du caractère "seigneurial" de l'être humain en participation à la seigneurie de Dieu..

2. Il n'y a pas de loi naturelle sans législateur et acte législatif, c'est à dire sans parole à la fois "raisonnable" et impérative. Ce qui veut dire que la parole créatrice doit être relayée par la parole humaine qui statue humainement sur la parole créatrice inscrite dans le réel en se l'appropriant. La loi naturelle est à mon sens le fruit de cet acte d'appropriation par l'homme de la parole créatrice inscrite dans les choses. Il n'y a donc formellement de loi naturelle que pour les hommes au terme d'un acte d'appropriation.
A partir de tout ceci, on pourrait - mais je ne le ferai pas pour ne pas épuiser les autres - relire la question de normativité ou force contraignante de la biologie en éthique, dans des domaines aussi sensibles que l'écologie humaine en général, la régulation des naissances contraceptive et abortive, la parenté naturelle, la conjugalité naturelle. Chacun pourra faire ce travail. Pour ma part, je maintiens ensemble ces 2 principes de "contenu raisonnable" et "d'appropriation humaine", qui caractérisent la loi et l'agir moral lui-même, en véritable respect de toute nature et en pleine participation humaine à la providence créatrice de Dieu, sachant que cette appropriation s'opère dans un parcours historique et connaît de la gradualité acquisitive.

On pourrait enfin revisiter ce qui vient de se passer concernant l'adoption de la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe : par rapport au législateur, seul compte le caractère formel de la loi, obligatoire par expression de la volonté générale conformément à la Déclaration et à la Constitution ; par rapport à l'intitulé et au contenu de la loi, seule compte la notion d'ouverture à certains, sans égard sérieux au contenu qui affecte toutes les situations matrimoniales sans exception ; par rapport à la république, seule compte la représentation du peuple en termes de souveraineté du peuple lui-même ; par rapport à l'ordre public, c'est l'enregistrement des militances particulières qui se mue en ordre public directionnel, dans l'acte même où on le fait disparaître ; par rapport à la capacité législative humaine, qu'elle soit morale ou politique, c'est le refus de la précédence normative au droit positif qui se mue en instance première ; "l'homo legislator" ne connaît ni Dieu, ni maître, ni nature, ni sens commun de l'appropriation de la nature. Il est bien seul et, bientôt, il ne sera plus grand-chose, sinon pour bâtir au plan social une maison sans fondations, en cendres et en ruine.

Si j'en crois mes lectures, le Conseil Constitutionnel (qui est un juge souverain) ne pourra confronter la loi aux principes induits par elle qu'en termes de droit positif, et non pas de normativité naturaliste, fût-elle simplement mentionnée dans les textes sans jamais acquérir la qualité d'un principe gouvernant le droit (à ce titre il est à mon sens salutaire que l'expression normative du droit naturel ne figure pas dans le corpus des droits positifs, à peine d'être abrogeables). C'est ainsi que les mentions des "pères et mères" ou de "l'homme et de la femme" ne sont que l'expression d'un état actuel du droit positif au-dessus duquel il n'existe rien dans le droit.
Il est possible cependant qu'une inégalité formelle de dénominations entre les couples régis par le droit antérieur et par le droit à venir fasse apparaître une rupture d'égalité ; ou que l'inégalité dans l'écriture de la filiation ne porte les mêmes conséquences, ou que l'illisibilité de la filiation ne soit invoquée. Il est possible enfin que l'appartenance des présomptions maternelles et paternelles de parenté au corpus du droit de la famille ne créent dans celui-ci un double régime juridique pour raisons d'impossibilité biologique, et donc une autre rupture d'égalité.
On voit ici que, le droit étant formaliste, sont hors sujet le recours à la loi naturelle, au sens commun, a fortiori à la morale naturaliste, pour ne retenir - et c'est déjà exploitable - que le principe d'égalité des citoyens devant la loi et sa lisibilité. Les laïcs catholiques ont donc à mon sens une tâche devant eux, pour faire valoir une conception équilibrée de l'objectivité en morale, et de l'encadrement contextuel de la loi en politique, notamment par le sens commun et, en celui-ci, par une juste référence à la nature sans aucun mépris pour quiconque.
______

Écrit par : Père Christian / | 25/04/2013

KANT

> Le paragraphe sur Kant est très intéressant. Il ne faut cependant pas se méprendre : pour Kant, c'est dans la mesure où nous faisons notre devoir, sans aucune recherche d'intérêt égoïste, que nous sommes libres.
______

Écrit par : phil / | 25/04/2013

CONSCIEMMENT FOLLES

> Déni, transgression et saccage… le propre des libertés devenues folles. Et consciemment folles, c’est le plus tragique, dès lors qu’il s’agit de battre en brèche le Réel pour que l’« Homme » puisse donner libre cours à toutes ses fantaisies.
Un de mes proches décrivait ainsi la méthode à suivre en matière de transgression et de saccage : « Entrer dans la structure pour la faire éclater ». C’est ce qu’ont voulu faire les associations LGBT et ce qu’elles pensent avoir réussi avec Mme Taubira, en entrant dans le corps du modèle structurant des familles qu’est le mariage, pour le faire éclater. En investissant, pour le subvertir, cet état civil, avec le soutien de la navrante « gauche culturelle » héritière de toutes les transgressions des années 70 (bien cernée par le philosophe Jean-Pierre Le Goff, l’autre matin, sur Radio Notre-Dame).
Ci-gît, donc, le mariage aliéné, devenu structure de péché – d’aucuns le requalifient : « mariage si vil » ?
Prions pour les homosexuels qui vont s’engager dans ces liens au risque de s’y perdre et de perdre les enfants qu’ils décideront de « procréer » ou qu’ils auront la responsabilité d’élever.
______

Écrit par : Denis / | 25/04/2013

Bonjour M. de Plunkett,

Nous travaillons sur un projet d'association organisant des séjours pour personnes fragilisées en Bretagne.
Nous avons besoin d'aide.
Merci,

Philippe

[ PP à PLM - Pouvez-vous nous en dire plus ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe le Moal / | 25/04/2013

CACTUS HUMAINS

> Notre société lutte contre toutes les réalités. A quand les cactus humains et les drones agricoles semi-biologiques ? Je ne plaisante pas :
http://actu.orange.fr/une/en-vie-aux-frontieres-du-design-des-organismes-vivants-pour-fabriquer-demain-afp_1754790.html
______

Écrit par : Christian / | 25/04/2013

MARITAIN ET L'ART

> Jacques Maritain a écrit un livre passionnant en Esthétique : "Art et scolastique", publié en 1920.
D'après l'ancien archevêque de Cantorbery, Rowan Williams, Maritain est un auteur essentiel pour qui veut réfléchir théologiquement sur la création artistique. Et Umberto Eco ("Art et beauté dans l'esthétique médiévale") le fait figurer en bonne place dans sa bibliographie.
______

Écrit par : Blaise / | 25/04/2013

NATURE ET LIBERTE

> Dans l'histoire de la philosophie, on parle même, à l'époque moderne, de la lutte des deux "règnes", celui de la Nature et celui de la Liberté : pour les uns, l'homme n'est que nature déterminée, pour les autres, il n'est que liberté auto-normée... La position catholique, comme toujours, est sans exclusion, et résumée par la conjonction de coordination 'et' : l'être humain est à la fois un être de nature ET de liberté, et tout le travail de son existence est d'harmoniser les deux.
______

Écrit par : Alex / | 26/04/2013

> merci Christian pour ce lien
______

Écrit par : henri / | 26/04/2013

LMPT-NDDL

> Appel aux lecteurs de bonne volonté : nous essayons de rameuter des Veilleurs à Notre-Dame des Landes. Qui en est ?
Faites passer.
______

Écrit par : JG | 26/04/2013

@ Alex

> bien comprise, c'est-à-dire dans son élan propre, la nature est chemin de liberté, c'est ce que nous montre très bien Bergson. Il est temps de laisser tomber le triste monde kantien,l'orgueil déicide (et en haine d'une nature à ordonner de force) de sa conception de la volonté, qu'une religion purement formelle, à des milles de la foi chrétienne, ne limite que très artificiellement et donc très provisoirement. Il est temps de découvrir enfin l'élan vital, joyeux, qui nous relie à l'ensemble des vivants, depuis le plus humble unicellulaire de nos océans premiers jusqu'aux saints. La conscience est ce double mouvement d'abaissement-élévation, par ses épousailles avec la matière inerte régie selon les lois de la physique, épousailles où s'inventent graduellement, dans cette information dynamique de la matière, de nouveaux espaces de jeu où s'insère l'imprévu (mais non pas l'"indésiré", comme le croit Sartre), jusqu'au jaillissement de l'homme, et de l'homme debout!, co et auto-créateur. Nous sommes libres à un point que nous n'imaginons pas.
______

Écrit par : Anne Josnin / | 26/04/2013

@ JG

> bonne idée mais donnez une date !
on se joint à un projet une fois qu'il est monté. sinon on dit oui-oui à l'idée et ça ne veut rien dire.
Enfin, n'oubliez pas que la plupart sont étudiants et qu'on arrive en mai...
______

Écrit par : E Levavasseur / | 26/04/2013

CELLES QUI SE SENTENT EXCLUES

> Dans les partisans du mariage pour tous j'ai rencontré des mère seules; pour la quasi totalité , la présentation du tryptique "père-mère-enfant" est ressentie comme une non reconnaissance de leur situation, comme un jugement dévalorisant. C'est à dire qu'ils pensent justifier, leur situation de parents isolé éduquant un/des enfants, en soutenant le mariage homosexuel. Pour eux cette loi est un moyen de dire : on peut élever un enfant en dehors du tryptique "P+M+E". J'ai eu beau essayer de leur dire que donner un modèle comme le meilleur, n'est pas déjuger ou ne juger que négativement d'autres situations, je n'ai pas convaincu. Ces personnes hors du tryptique se sentent, je pense, en fait exclues. Si l'on pouvait répondre à cette demande (cette angoisse ?), le nombre de partisans pourrait encore diminuer.
______

Écrit par : franz / | 26/04/2013

@ franz

> Peut-être peut-on leur dire "et si c'était possible vous souhaiteriez que le papa ne soit pas parti ?
Eh bien nous sommes à vos côtés puisque quand nous disons que nous souhaitons que les enfants soient élevés par un père et une mère cela s'applique à tous les enfants."
Au passage : quand nous disons que nous sommes opposés à la GPA et la PMA, c'est valable en général, la chose en elle-même n'est pas bonne
C'est valable aussi bien pour les "hétéros" que pour les "homos".
______

Écrit par : E Levavasseur / | 26/04/2013

LA REFERENCE

> le texte de Jacques Maritain m'a beaucoup intéressé. Pourriez-vous me dire à quelle page du livre "Clairvoyance de Rome" se trouve ce texte? Merci
Elkana Levi


[ PP à E. - Je l'ai dans l'édition de 1984 des Oeuvres complètes de JM, volume III, page 1118 : Editions universitaires (Fribourg - Suisse) et éditions Saint-Paul. Si vous avez 'Clairvoyance de Rome' dans une autre édition, vous trouverez le passage dans les premières pages du chapitre III. ]

réponse au commentaire

Écrit par : elkana / | 26/04/2013

VECU

> merci. La philosophie est pleine charité lorsqu'elle éclaire le vécu et offre des repères dans le fouillis de la vie.
______

Écrit par : Dupont / | 26/04/2013

COMME ICARE

> Le chef d'oeuvre d'Henri Verneuil «I Comme Icare» (1979), avec Yves Montand, ici en intégralité : http://www.youtube.com/watch?v=iyDzZoyOJzY , nous aide à comprendre la nature du mal qui nous tient de sa griffe, et dans lequel s'enracine le déni de l'humain.
La longue et célèbre scène centrale de l'expérience scientifique (de 1h06 à 1h26) est emblématique de la barbarie libérale-productiviste dans laquelle nous sommes tous si profondément immergés et depuis si longtemps, que nous avons cru, parce que nous l'avons sagement appris en famille, à l'école, à la fac et dans nos journaux, qu'elle était une haute et remarquable civilisation, celle du progrès.
Dans le film, sous fond d'une intrigue politico-judiciaire évoquant celle de l'assassinat de JFK, cette expérience scientifique met en présence un chercheur et deux individus, dont il est expressément demandé à l'un d'infliger à l'autre des décharges électriques de plus en plus puissantes, lorsque ce dernier répond dans l'erreur à des questions lambdas qui lui sont posées, sous couvert d'une pseudo-expérience sur les capacités de mémorisation.
L'individu «tortionnaire», très loin d'être un monstre de violence et de méchanceté, est tout au contraire une personnalité des plus débonnaire, ordinaire et plutôt sympathique.
L'expérience va démontrer son très haut degré de soumission à l'autorité de la blouse blanche, enrobée en son esprit d'une légitimité telle, qu'au nom de ses injonctions, le bourreau ordinaire est prêt à faire subir à son prochain les pires souffrances...on va le voir, jusqu'à certaines limites cependant.
En effet, atteint un certain stade de souffrances qu'il lui a fait subir à coup de décharges électriques allant de 15 à 480 volts, l'individu est pris dans la tenaille d'un conflit intérieur devenu insoutenable entre d'une part sa soumission aveugle et automatique à l'autorité de la science qui lui commande de jouer le jeu de la réprimande jusqu'au bout, et d'autre part le réveil instinctif de sa compassion naturelle à l'égard d'un être humain visiblement au seuil de l'agonie.
Loin dans le jeu, très loin, la lumineuse révolte de la compassion finit par prendre le dessus sur la soumission, et l'individu, transpirant des sueurs d'un conflit intérieur enfin dénoué, finit par dire stop à l'autorité mortifère de la blouse blanche.
Que la «victime électrocutée» s'avère être un excellent acteur, qui n'a bien sûr subit aucune souffrance mais les a parfaitement bien mimé, paraîtrait presque ici secondaire quant à ce que révèle cette scène : la démonstration est faite du degré de cruauté à l'égard de la vie humaine, dont est capable en toute banalité «l'homme moderne» ayant profondément intégré, jusqu'à en devenir l'esclave et sous ses apparences les plus civilisées, le discours de la science toute-puissante comme référentiel indiscutable des critères du bien et du juste.
Dramatique inversion métaphysique d'un monde plongé dans l'oubli de Dieu, où notre rapport à la vie est devenu subordonné à l'idole de la raison instrumentale scientifique. Quand le réel humain est invité de gré ou de force à se conformer au modèle scientifique préétabli qui le domine et le définit, l'homme n'est plus regardé comme un enfant de Dieu, en cela digne d'un respect absolu, mais comme une chose manipulable, jetable, transformable, marchandisable, selon les besoins objectifs de la raison scientifique auto-divinisée. Ce rapport à la vie que nous avons d'abord scientifiquement testé avec les créatures inférieures, il s'agit de nous l'appliquer à nous-même.
Et nous sommes tous invités, de gré ou de force, à faire nôtre et à imiter le paradigme dominant, qui nous est imposé de façon d'autant plus redoutablement pernicieuse, que vendu sous la séduisante appellation d'un progrès des libertés individuelles et par la promesse fantasmatique et non moins séduisante : grâce à la science, tout deviendra possible, toute limite sera enfin abolie.
N'en sommes nous précisément pas là, individuellement et collectivement, en 2013, à l'heure de la loi Taubira, de la loi d'Areva et de la loi de la croissance?
Nous sommes pris dans la tenaille d'un même conflit intérieur que le tortionnaire lambda de «I comme Icare», entre notre servile complicité avec les blouses blanches de la science économique, de la science médicale ou de la science physique, et notre intuition qui ne cesse de grandir que notre docilité complaisante à leurs injonctions est complicité de meurtre à l'encontre de notre prochain, à l'encontre des figures humaines les plus vulnérables, à l'encontre de l'ensemble du vivant terrestre.
Dans les tréfonds de notre conscience en voie de perdition, nous avons intégré comme étant crédible, juste et bonne, l'autorité des experts qui a remplacé celle des pères, et qui justifie en nos esprits notre participation active à un mode de (non) vie, dont seule la vaste tuerie en cours le rend «durable».
Derrière les hautes tours de Babel que la publicité et les médias nous demandent sans relâche d'admirer comme les fruits des «lumières de la raison scientifique et démocratique», nous commençons à peine à voir l'étendue du massacre par lequel elles ont été édifiées, avec notre petite contribution technique et intellectuelle à tous, artisans décervellés de la décivilisation libérale-productiviste.
Tétanisés sous l'emprise du discours des experts, perçus dans leur sérieux plutôt que dans leur monstruosité (effet magique de la blouse blanche), nous continuons donc d'infliger à la vie des décharges électriques de plus en plus insupportables, en continuant, parce qu'on nous demande d'y croire et d'y voir un progrès fondamental, de jouer le jeu de l'avortement, du nucléaire, de la PMA-GPA, des OGM, du libre-échange, de l'euthanasie, de la biologie de synthèse, du retour à la croissance, des gaz de schistes, de la mondialisation, du dernier ipad, des manipulations d'embryons humains ou des nanotechnologies...
Mais nous avons un intérêt égoïste à demeurer demeurés. C'est celui que nous fait miroiter le séducteur libéral, flattant en nous par ces mirages hig-tech le règne perpétuel de nos désirs infantils étroitement centrés sur nous mêmes, sur la satisfaction de notre confort et de notre «bien-être» individuel, dans le mépris de l'autre, dans l'enfouissement toujours plus loin de cette compassion pour notre prochain, pourtant irréductiblement inscrite au plus intime de l'image de Dieu qui nous habite tous. Dans l'ouverture à cette trace inaltérable de Dieu en nous, se réveille notre conscience la plus vive et la plus bouleversante d'être reliés dans le mystère d'amour du Christ à la grande fraternité universelle des hommes et de toute créature.
Cette chape de plomb libérale-productiviste, grand étouffoir de notre intime compassion avec la vie en Christ, n'est-elle pas le pâle visage du complot moderne contre la vie intérieur, nommé par Bernanos ?
Jusqu'où allons-nous jouer le jeu ? Jusqu'où allons nous nous soumettre, en pensée et en acte, au mythe pseudo-scientifiquement posé du «progrès»? A quel stade de souffrances banalement infligées à la vie en son nom, notre compassion profonde va-t-elle engendrer un stop au massacre techno-productiviste en voie de généralisation ?
Et nous catholiques, si prompts à promouvoir la dignité de l'homme en fondant des mouvements d'écologie humaine main dans la main avec des experts des catastrophes nucléaires blanchement enblousés (sans que cela ne pose visiblement de problème à PERSONNE), plutôt qu'avec des penseurs et acteurs alternatifs de la décroissance, jusqu'où allons-nous nous soumettre aux experts et poliment jouer le jeu?
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 27/04/2013

Serge,

> il y a quelques mois, Arte (je crois) a diffusé à plusieurs reprises un reportage très impressionnant sur ce sujet.
Il s'agissait de reproduire une expérience déjà réalisée il y a quelques décennies aux USA, expérience apparemment montrée dans ce film que tu nous proposes.
Les mécanismes psychologiques étaient très bien expliqués.
Je n'ai plus les chiffres, mais la comparaison des résultats entre l'expérience US et l'expérience renouvelée plus récemment était assez inquiétante...
Juste un petit regret : les auteurs du reportage en déduisaient à la fin dans un petit laïus idéologique émouvant que l'autorité était mauvaise par essence, que nous étions formatés dès le plus jeune âge à obéir, et faisaient donc finalement une apologie assez maladroite -et déplacée- d'un libéralisme individualiste forcené, d'une déconstruction de l'image paternelle, etc, bien à la mode.
Contresens...
______

Écrit par : PMalo / | 27/04/2013

> Monsieur Plunkett, merci pour les références.
______

Écrit par : elkana / | 27/04/2013

Les commentaires sont fermés.