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16/04/2013

"Nous ne devons plus attendre des lois civiles qu'elles défendent notre vision de l'homme"

 cardinal vingt-trois,eglise catholique,libéralisme

Le discours d'ouverture du cardinal Vingt-Trois

à l'assemblée des évêques français :



<< Les événements ont un peu bouleversé le calendrier de notre rendez-vous de printemps. Une des conséquences sera que plusieurs évêques, et notamment nos frères d'Outre-Mer, seront absents de notre assemblée.

 

1.  Un nouveau pontificat.

Le mois de février a été fertile en surprises. La renonciation du pape Benoît XVI à l'exercice de sa charge d'évêque de Rome et de Souverain Pontife a été la première, dans tous les sens du terme. Nous connaissons tous suffisamment Benoît XVI pour savoir que ce fut, de sa part, une décision mûrement réfléchie avec le souci principal du bien de l'Église. Les congrégations générales et le conclave ont abouti à l'élection du pape François dans la liesse médiatique que nous avons constatée. Nous savons combien cet engouement risque d'être éphémère quand il ne s'attache qu'aux signes les plus superficiels. Mais, durable ou pas, la bienveillance ne fait jamais de mal. Ces deux événements ont constitué une épreuve de vitalité pour notre Église, avec les inquiétudes, voire le désarroi, que certains ont pu éprouver, mais aussi avec l'espérance à laquelle nous étions tous appelés : Dieu n'abandonne jamais son Église. Pendant quelques jours, cette Église a fait la « une » des médias. Ils ont montré que nous existons et que notre existence les intéresse. L'accueil très favorable réservé à l'élection du pape François témoigne d'une attente réelle de nos contemporains. Je me permets de souligner quelques traits marquants de cette période de transition.

Sans faillir à notre serment de ne rien révéler du conclave, je puis vous dire que les dix jours pendant lesquels les cardinaux ont procédé à l'élection du nouveau pape ont été des journées d'une exceptionnelle intensité spirituelle. La prière que nous vivions ensemble, les échanges quotidiens pendant les congrégations générales furent des moments d'une belle gravité et d'une grande fraternité. Le vote lui-même, avec sa ritualisation et sa solennité, était une paraliturgie dans laquelle chacun cherchait comment accomplir au mieux la volonté de Dieu.

L'élection du cardinal Bergoglio marque un tournant dans la vie de notre Église. Il est le premier pape à n'avoir du concile Vatican II qu'une connaissance médiatisée. Il n'y a absolument pas participé à aucun titre, ni évêque, ni expert. Nous sommes entrés dans le temps des héritiers, que nous sommes tous, et il me semble que les modalités d'interprétation des textes conciliaires et de leurs applications vont devenir particulièrement importantes et significatives. Vous vous rappelez sans doute de la ligne donnée par Benoît XVI dans son discours à la Curie sur l'herméneutique de la continuité (22 décembre 2005). Elle prend une actualité nouvelle dans ce temps que nous vivons.

Comme tout le monde, vous aurez remarqué comment le pape a mis en valeur sa mission d'évêque de Rome qui est le fondement de sa charge universelle. Il ne s'est pas contenté de le faire le premier soir à la loggia de Saint Pierre. Il a repris avec persévérance cette ligne dans ses interventions et ses prédications. Peut-être faut-il y voir une intention d'infléchir au moins la représentation que l'on se fait du pape et les attitudes à son égard ? Certains, sautant allègrement par-dessus la tête des évêques ne voient-ils pas dans le pape une sorte de super évêque, ou, mieux encore de curé du monde... ? Il me semble que la manière de faire suivie par le pape François induira une pratique plus conforme à la tradition et à l'ecclésiologie. Le pape n'est pas en séjour à Rome comme il pourrait être ailleurs. Il est pape parce qu'il est évêque de Rome. Comme les cardinaux français ont eu le privilège de le faire de vive voix, je renouvelle ici, en notre nom à tous, l'expression de notre profonde communion au Pape François et l'assurance de notre prière pour son ministère.

L'insistance du pape pour appeler l'Église à se porter à la « périphérie » de notre monde est sans doute beaucoup plus riche de sens que ne le laisserait supposer une écoute rapide. Il est clair qu'il vise bien les périphéries sociales de nos sociétés et qu'il nous invite à rejoindre tous ceux que la vie malmène. Mais, et cela est moins entendu et souligné, il parle aussi beaucoup des « périphéries existentielles » qui ne visent pas seulement la marginalité sociale, mais aussi les drames intérieurs de la liberté humaine et le désespoir qui résultent d'un monde qui prodigue des jugements sévères sans annoncer l'espérance de la miséricorde. Ne voyons-nous pas que, sous les apparences d'un libéralisme moral ou, pour mieux dire, d'un libertarisme moral, nos sociétés secrètent une avidité pour dénoncer les coupables qui ne se soumettent pas à la loi commune ? La « nouvelle évangélisation », engagée depuis plus de vingt ans, doit se développer en intégrant cet objectif prioritaire d'annoncer une espérance à ceux que la vie afflige.

 

2.  Notre engagement dans la nouvelle évangélisation

Pour nous, la nouvelle évangélisation se présente dans une société en pleine mutation et les signes de cette mutation ne manquent pas. Les longs mois de débat à propos du projet de loi de mariage pour les personnes de même sexe ont fait apparaître des clivages qui étaient prévisibles et annoncés. Ces clivages sont un bon indicateur d'une mutation des références culturelles. L'invasion organisée et militante de la théorie du genre particulièrement dans le secteur éducatif, et, plus simplement, la tentation de refuser toute différence entre les sexes en est un signe. C'est le refus de la différence comme mode d'identification humaine, et en particulier de la différence sexuelle. C'est l'incapacité à assumer qu'il y ait des différences entre les gens. On se refuse à gérer le fait que les gens ne sont pas identiques. Ils ne sont pas identiques dans leur identité sexuelle mais ils ne sont pas plus identiques dans leur personnalité, et le principe incontournable de la vie sociale c'est précisément de faire vivre ensemble des gens qui ne sont pas identiques, de gérer les différences entre les individus sur un mode pacifique et non pas sur un mode de violence.

Or, si l'on fait disparaître les moyens d'identification de la différence dans les relations sociales, cela veut dire que, par un mécanisme psychologique que nous connaissons bien, on entraîne une frustration de l'expression personnelle, et que la compression de la frustration débouche un jour ou l'autre sur la violence pour faire reconnaître son identité particulière contre l'uniformité officielle. C'est ainsi que se prépare une société de violence. Ce que nous voyons déjà dans le fait que l'impuissance à accepter un certain nombre de différences dans la vie sociale, aboutit à la cristallisation de revendications catégorielles de petits groupes, ou de sous-ensembles identitaires, qui pensent ne pouvoir se faire reconnaître que par la violence. Notre société a perdu sa capacité d'intégration et surtout sa capacité d'homogénéiser des différences dans un projet commun.

Pour ma part, je pense que la loi pour le mariage des personnes homosexuelles participe de ce phénomène et va l'accentuer en le faisant porter sur le point le plus indiscutable de la différence qui est la différence sexuelle, et donc va provoquer ce que j'évoquais : l'occultation de l'identité sexuelle comme réalité psychologique et la fermentation, la germination d'une revendication forte de la reconnaissance de la sexualité différenciée. Cette explication simple échappe à un certain nombre d'esprits avisés, qui devraient pourtant se préoccuper de la paix sociale dans les années qui viennent. Que tous les moyens aient été mis en œuvre pour éviter le débat public, y compris dans le processus parlementaire, peut difficilement masquer l'embarras des promoteurs du projet de loi. Passer en force peut simplifier la vie un moment. Cela ne résout aucun des problèmes réels qu'il faudra affronter de toute façon. Pour éviter de paralyser la vie politique dans un moment où s'imposent de graves décisions économiques et sociales, il eût été plus raisonnable et plus simple de ne pas mettre ce processus en route.

Ainsi, se confirme peu à peu que la conception de la dignité humaine qui découle en même temps de la sagesse grecque, de la révélation judéo-chrétienne et de la philosophie des Lumières n'est plus reconnue chez nous comme un bien commun culturel ni comme une référence éthique. L'espérance chrétienne est de moins en moins reconnue comme une référence commune et, comme toujours, ce sont les plus petits qui en font les frais. C'est un profond changement d'abord pour les chrétiens eux-mêmes. Vouloir suivre le Christ nous inscrit inéluctablement dans une différence sociale et culturelle que nous devons assumer. Nous ne devons plus attendre des lois civiles qu'elles défendent notre vision de l'homme. Nous devons trouver en nous-mêmes, en notre foi au Christ, les motivations profondes de nos comportements. La suite du Christ ne s'accommode plus d'un vague conformisme social. Elle relève d'un choix délibéré qui nous marque dans notre différence.

Cette fracture se manifeste aussi dans les intentions de légiférer sur la laïcité. Nous avions déjà exprimé notre perplexité devant les projets de loi limitant la liberté individuelle dans l'habillement ou les signes distinctifs des religions. Autant il est compréhensible que la vie commune, notamment dans les entreprises, soit régie par des règles de cohabitation pacifique, autant il serait dommageable pour la cohésion sociale de stigmatiser les personnes attachées à une religion et à sa pratique, spécialement les juifs et les musulmans. Dans ce domaine, les mesures coercitives provoquent plus de repliement et de fermeture que de tolérance et d'ouverture. Faut-il voir un signe inquiétant dans le fait que, à ce jour, aucun des cultes connus en France n'a été consulté ni même contacté sur ces sujets et qu'aucun n'est associé au travail préparatoire ?

C'est dans ce contexte général que nous devons réfléchir aux conditions de la nouvelle évangélisation. Pour vivre dans notre différence sans nous laisser tromper et tenter par les protections trompeuses d'une organisation en ghetto ou en contre-culture, nous sommes appelés à approfondir notre enracinement dans le Christ et les conséquences qui en découlent pour chacune de nos existences. À quoi bon combattre pour la sauvegarde du mariage hétérosexuel stable et construit au bénéfice de l'éducation des enfants, si nos propres pratiques rendent peu crédible la viabilité de ce modèle ? À quoi bon nous battre pour défendre la dignité des embryons humains, si les chrétiens eux-mêmes tolèrent l'avortement dans leur propre vie ? À quoi bon nous battre contre l'euthanasie si nous n'accompagnons pas humainement nos frères en fin de vie ? Ce ne sont ni les théories ni les philosophes qui peuvent convaincre de la justesse de notre position. C'est l'exemple vécu que nous donnons qui sera l'attestation du bien-fondé des principes.

La mobilisation impressionnante de nos concitoyens contre le projet de loi autorisant le mariage des personnes de même sexe a été un bel exemple de l'écho que notre point de vue pouvait avoir dans les préoccupations de tous. Au-delà des sondages prédigérés, l'expression des préoccupations profondes rencontre une inquiétude réelle sur l'avenir qui se prépare. Réduire ces manifestations à une manie confessionnelle rétrograde et homophobe ne correspond évidemment pas à ce que tout le monde a pu constater.

Nous savons bien que les alertes que nous formulons devant des risques que l'on impose à la société sans aucune application du principe de précaution ne sont pas toujours comprises ni acceptées. Mais nous ne pouvons pas rester muets devant les périls. Comment se taire quand nous voyons les plus fragiles de notre société menacés ? Les enfants et les adolescents formatés au libertarisme sexuel, les embryons instrumentalisés dans des recherches au mépris des derniers résultats internationaux, des personnes en fin de vie dévalorisées dans leurs handicaps et leur souffrance et encouragées au suicide assisté, les lenteurs ou les incohérences de la prise en charge des demandeurs d'emploi, des familles dans la misère soumises aux rigueurs des expulsions sans alternative, les camps de roms démantelés en nombre croissant, etc.

La pointe du combat que nous avons à mener n'est pas une lutte idéologique ou politique. Elle est une conversion permanente pour que nos pratiques soient conformes à ce que nous disons : plus que de dénoncer, il s'agit de s'impliquer positivement dans les actions qui peuvent changer la situation à long terme. Il s'agit de nous laisser nous-mêmes évangéliser par la bonne nouvelle dont nous sommes les témoins. Alors, l'écart qui doit apparaître entre notre manière de vivre et les conformismes de la société ne pourra pas être perçu comme un jugement pharisien, mais comme un espace d'appel et comme une espérance. Nous pouvons nous souvenir de l'épître de Pierre que nous avons lue dernièrement à l'Office des Lectures : « Ayez une belle conduite parmi les païens, afin que, sur le point même où ils vous calomnient comme malfaiteurs, ils soient éclairés par vos bonnes œuvres et glorifient Dieu au jour de sa venue. » (I P. 2, 12).

Sans doute aurons-nous l'occasion d'échanger sur tout cela au cours de cette assemblée.

 

3.  Notre programme de travail

Le déplacement du calendrier de notre assemblée en réduit la durée, et donc nos possibilités de travail. Je vais donc réduire aussi cette intervention liminaire au maximum. Trois sujets principaux sont inscrits à notre programme : les statuts de l'enseignement catholique, le diaconat permanent et le groupe de travail sur la présence des catholiques dans la société contemporaine. Mais, comme nous l'avons décidé en novembre dernier, nous aurons aussi à procéder à un certain nombre d'élections pour les postes arrivés à échéance. Parmi ceux-ci, il y a ceux du président, des deux vice-présidents et du secrétaire général dont aucun n'est rééligible dans sa fonction. C'est donc une occasion pour moi de vous exprimer ma reconnaissance pour votre confiance et la bienveillance avec laquelle vous m'avez permis d'exercer ma charge de président et de remercier Mgr Laurent Ulrich et Mgr Hippolyte Simon pour leur collaboration fraternelle et Mgr Antoine Hérouard pour sa gestion efficace des services de la Conférence. Nous avons essayé de faire de notre mieux pour que la conférence épiscopale joue au maximum son rôle d'instance de partage et de communion et vous me permettrez de profiter de l'occasion pour exprimer notre reconnaissance commune aux secrétaires généraux adjoints et à toutes les personnes qui assurent une mission dans les services de la conférence.


Commentaires

ECOLOGIE HUMAINE

> "Les enfants et les adolescents formatés au libertarisme sexuel, les embryons instrumentalisés dans des recherches au mépris des derniers résultats internationaux, des personnes en fin de vie dévalorisées dans leurs handicaps et leur souffrance et encouragées au suicide assisté, les lenteurs ou les incohérences de la prise en charge des demandeurs d'emploi, des familles dans la misère soumises aux rigueurs des expulsions sans alternative, les camps de roms démantelés en nombre croissant, etc."
Voilà tout le champ de l'écologie humaine ! On attend que ses promoteurs annoncés prennent en compte les chômeurs, les expulsés et les étrangers, au lieu de tout réduire à l'avortement.
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Écrit par : jean-eudes / | 16/04/2013

"CONTRE-CULTURE"

> Merci à PP de diffuser ce texte. Tout est dit.
Une question cependant :
"Pour vivre dans notre différence sans nous laisser tromper et tenter par les protections trompeuses d'une organisation en ghetto ou en contre-culture, nous sommes appelés à approfondir notre enracinement dans le Christ et les conséquences qui en découlent pour chacune de nos existences."
Le christianisme n'est-il pas une contre-culture dans notre monde actuel (cf "culture de mort" de Jean-Paul II)? Ou bien est-ce que Mgr 23 sous-entend que le christianisme n'est pas une "culture contre quelque chose" mais bien une "culture pour" quelque chose (la vérité, la vie...) Ou alors, il oppose dans cette phrase la "culture", un peu superficielle, à la Foi ancré profondément en Christ ?
Il me semble par exemple que, sans tomber dans le principe de la secte, on peut vivre dans une culture qui pourrait se faire appeler "contre-culture" dans le monde occidental tout étant parfaitement ouverte et accessible à tous en tant que culture chrétienne (donc aussi partagée par des peuples à l'autre bout de la terre).
merci de vos explications !

Dgeni


[ PP à Dgeni - "Contre-culture" : terme inadéquat parce qu'équivoque. Certes, le christianisme est une autre vision de la vie que le matérialisme mercantile, et la culture qu'il fait naître est l'inverse du libéralisme culturel. Mais le mot "contre-culture" est nocif dans la mesure où il peut aussi évoquer un repli, une introversion, qui seraient incompatibles avec l'évangélisation ("sortir pour aller vers les autres", dit le pape François). D'où la réticence constante de l'Eglise à l'égard de ce terme. ]
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Écrit par : Dgeni / | 16/04/2013

> Pardon de faire ici quelques citations un peu longues et de prendre le risque de les tirer de leurs contextes respectifs mais je voudrais mieux comprendre ce à quoi nous invite le cardinal Vingt-trois. Ainsi :
1- "L’Église ne peut ni ne doit prendre en main la bataille politique pour édifier une société la plus juste possible. Elle ne peut ni ne doit se mettre à la place de l’État. Mais elle ne peut ni ne doit non plus rester à l’écart dans la lutte pour la justice. Elle doit s’insérer en elle par la voie de l’argumentation rationnelle et elle doit réveiller les forces spirituelles, sans lesquelles la justice, qui requiert aussi des renoncements, ne peut s’affirmer ni se développer. La société juste ne peut être l’œuvre de l’Église, mais elle doit être réalisée par le politique. toutefois, l’engagement pour la justice, travaillant à l’ouverture de l’intelligence et de la volonté aux exigences du bien, intéresse profondément l’Église." Benoît XVI, Deus caritas est, 28 (2006)
Dans cet extrait, quand je lis "Église", je n'entends pas seulement l'institution et les ecclésiastiques mais le peuple (rassemblé et racheté) de Dieu.
2- "Les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la ‘politique’, à savoir à l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun ». Ce bien commun inclut la défense et la promotion de réalités tels que l’ordre public et la paix, la liberté et l’égalité, le respect de la vie humaine et de l’environnement, la justice, la solidarité, etc." Congrégation pour la Doctrine de la foi (2002)
Cette participation à la politique ne peut pas être de l'ordre du "combat" (le seul "combat" à mon sens évangélique est un combat spirituel pour accueillir toujours plus la Grâce : "ne nous laisse pas entrer en tentation") mais du témoignage (le martyr) authentifié par notre manière de vivre et d'aimer.
C'est donc avec une certaine perplexité que j'accueille les propos du cardinal Vingt-trois quand il indique :"Nous ne devons plus attendre des lois civiles qu'elles défendent notre vision de l'Homme. Nous devons trouver en nous-mêmes, en notre foi au Christ, les motivations profondes de nos comportements." Certes, je n'attends pas des lois civiles qu'elles m'indiquent comment répondre, par mes pensées et mes actes, à la question fondamentale du Seigneur "m'aimes-tu ?", mais alors qu'avons-nous donc à attendre des lois civiles ? À quoi sert-il de participer à la vie politique de notre pays si nous n'avons rien à en attendre ? Pouvons -nous rester à attendre que les lois civiles finissent par nous interdire "notre vision du monde" (il y a de nombreux exemples internationaux et c'est l'orientation que prennent très progressivement les décisions de la Cour Européenne des Droits de l'Homme à laquelle nous devons nous soumettre).
C'est une ligne de crête bien difficile à tenir que d'être dans le monde tout en état pas du monde... Pas facile d'être un fidèle laïc finalement.

JLLB


[ De PP à JLLB :
- Cela n'a jamais été facile depuis deux mille ans ! Seule la modulation des difficultés a changé selon les époques et les civilisations.
- A mon humble avis, la formulation (elliptique) du cardinal voulait dire :
"les catholiques français seraient bien inspirés de renoncer, enfin et une fois pour toute, à cette nostalgie du 'bon gouvernement' qui rendrait le catholicisme obligatoire et confortable : nostalgie qui les a empêchés depuis deux cents ans de se lancer dans l'évangélisation directe des masses françaises. Ils seraient d'autant mieux inspirés de le faire, que les pouvoirs publics, aujourd'hui, sont inféodés à une vision du monde radicalement étrangère à la foi chrétienne et incompatible avec elle. Prendre conscience de cette situation n'empêche pas de discuter calmement avec ces pouvoirs publics : mais sans se faire d'illusions, et en cessant de nous comporter comme de vieux propriétaires frustrés de leur bien."
Bien entendu, cette interprétation du propos du cardinal n'engage que moi. ]

réponse au commentaire

Écrit par : J.-L. Leroy-Bury / | 16/04/2013

@ Dgeni et PP:

> alterculture, ça conviendrait mieux ?
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Écrit par : Anne Josnin / | 16/04/2013

SYMPTOMATIQUE

> jérôme cahuzac parle de "déni". Je crois que là, ce mot est totalement symptomatique de notre génération mauvaise et adultère!
déni de l’altérité naturelle des sexes (oui, la nature n'est pas homophobe, elle est hétérophile pour la conception des enfants et pour leurs filiation);
déni du consumérisme effréné qui est le fruit du libéralisme outrancier;
déni de la situation explosive de nos finances étatiques dans nos contrées dites occidentales et "civilisées";
déni de l'incongruité de cette construction monétaire européenne qu'est l'euro alors qu'il aurait du être si magnifique (déni de l'état réel des dettes de la Grèce pour la laisser rentrer dans l'euro-groupe);
déni dans la modification surprenante de la nature par cause des œuvres libérales des hommes et de leurs industries;
déni de la vérité de Cahuzac à la tête du service qui devait chasser la fuite fiscale;
déni du faux combat proclamé par notre président, qui hait les riches et qui devait combattre la finance....
bref, dénions, dénions, nous verrons bien ce qui en "resteront"..... pour paraphraser le chanteur Renaud ("dès que le vent tournera nous nous en'allerons, tin tin tin"..... eh ben nous aussi, si ça continue comme ça dans notre beau pays : mais nous irons bien plus au Christ et à son Eglise).
"Déni" ! vous voilà armé d'un mot pour nous aider à y voir plus clair, et à bien y discerner notre génération. Merci Jérôme Cahuzac, au moins lui, il a enfin vu "juste".
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Écrit par : jean-christian / | 16/04/2013

cher Patrice,

> (je complète mon post précédent), la preuve que Jérôme Cahuzac nous aide à mieux comprendre les maux de notre génération mauvaise et adultère? Même Jean-Pierre Michel (vice président de la commission des lois au Sénat) emploie ce mot pour nous accuser, alors qu'il use lui même de ce subterfuge : « Vous représentez la pire des homophobies, celle qui est dans le déni ». En d’autres termes, la preuve de votre culpabilité, c’est que vous plaidez l’innocence !....;"le déni" vous dis-je, cher PP, "le DENI" !!! Voilà ce qui caractérise notre génération : le déni de la réalité!
Merci à Cahuzac pour cette parole, je vais l'utiliser à souhait! qu'en pensez-vous?
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Écrit par : jean-christian / | 16/04/2013

VOCABULAIRE

> L'expression "contre-culture", pour désigner le christianisme d'aujourd'hui, a été employée par Benoît XVI à Malte.
Monique T.


[ PP à M.T. - Ce n'est vraiment qu'une question de vocabulaire.Tous les catholiques croyants sont d'accord sur le fond. ]

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Écrit par : Monique T. / | 16/04/2013

A TOUTES LES EPOQUES

> Bonjour,
Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de "bon gouvernement' qui rendrait le catholicisme obligatoire et confortable" ...
Qu'une telle nostalgie projette dans un passé mythique et idéalisé ce qui n'a jamais eu lieu est un fait qui se reproduit à chaque époque.
Pour information, voir, d'Alain de Lille (fin XIIe siècle) l'ouvrage récemment traduit "La Plainte de la Nature - De Planctu naturae" dans lequel, entre autre, l'auteur, théologien et philosophe, mort retiré à Cîteaux, passait en revue toutes les misères humaines: "argent, corruption, mensonge, alcool etc., en insistant sur le cas des moines"!....
Rien de changé sous le soleil.
Nous ne sommes que "le sel de la terre", pas tout le plat!
Au travail ....

Albert E.


[ PP à AE - J'ai une grande affection pour Alain de Lille, adversaire du catharisme ('De fide catholica contra haereticos')... et précurseur de l'écologie, notamment dans son 'Anticlaudianus' (Vrin, 2000) décrivant la Création comme un jardin idéal :
"La Terre pleure, les larmes qu'elle verse sont des pleurs heureux. En une sécrétion perpétuelle elle met au monde une fontaine et sanglote la douce boisson des eaux. Le liquide argenté expulse le limon de sa naissance, revenant à la consistance d'un élément pur il étincelle de son propre éclat, libéré de la boue vagabonde. Cette boisson enivre le sein de la Terre prégnante et incline le souhait de la Terre mère à l'enfantement. La Terre n'est pas jalouse, elle donne aux arbres la même boisson, et leur suggère le désir d'enfanter..."
On pense au retable de l'Agneau mystique. ]

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Écrit par : Albert E / | 17/04/2013

@ Monique T

> En attendant "résistance"
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Écrit par : E Levavasseur / | 17/04/2013

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