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20/03/2013

Le business dérégulé nous gave de "produits de masse" potentiellement dangereux

C'est ce que révèle (une fois de plus) ce rebondissement : la découverte chez Spanghero de 56 tonnes de viande de mouton britannique préparée selon le procédé de raclage sur l'os, interdit depuis l'épizootie d'encéphalopathie spongiforme !

 


Ce stock de viande illégale devait servir – et a peut-être en partie servi – à fabriquer des merguez, faisant ainsi courir un danger à des milliers de consommateurs.

La viande venait du trader néerlandais qui avait déjà fourni le faux boeuf à Spanghero.

Vous avez bien lu : les produits alimentaires destinés aux foules sont aiguillés par des traders ! A l'ère de la dérégulation et du productivisme de masse, il n'y a pas de différence de système entre le casino financier et l'arnaque alimentaire ; et ils sont couverts par les autorités pseudo-politiques. Le ministre français de l'Agriculture geint que les pouvoirs publics néerlandais ne répondent pas à ses demandes d'investigation chez le trader : « il y a un vrai souci », dit-il. Mais c'est plus qu'un souci. C'est un système. M. Le Foll n'a pas besoin d'aller à La Haye pour le constater ; il lui suffirait de dresser la liste des entreprises françaises d'agro-alimentaire et de distribution restées (et restant) muettes devant l'affaire Spanghero.

L'entreprise Spanghero affirme qu'elle croyait acheter de l'agneau haché à la main, non de la viande "mécanique". Les experts objectent qu'on ne peut pas confondre les deux : elles n'ont pas la même apparence. Mais que Spanghero soit dupe ou complice est sans intérêt : c'est le système entier qui est en cause, de l'élevage concentrationnaire (chimique et cannibale) aux traders qui vendent et revendent, à la vitesse de l'électronique, dans l'indifférence des soi-disant gouvernements.

Sans oublier la responsabilité du consommateur ! Le productivisme, reposant sur l'extension illimitée de ses marchés, a organisé le boom absurde de la consommation de bidoche dans le monde depuis cinquante ans – mais avec l'assentiment du citoyen lambda. Aujourd'hui chaque Français mange annuellement 86 kilos de viande (235 grammes par jour) et chaque Américain 120 kilos (330 grammes par jour. La ration raisonnable serait de 90 grammes par jour, selon la revue médicale britannique The Lancet [1].

Violation de la nature et violation de l'humain par la chaîne la plus directe : l'alimentation... Si nous voulons pouvoir accuser le système, commençons donc par ne pas en être complices. Ainsi nous appliquerons, à ce domaine particulier, la directive générale du pape dans son homélie d'hier : avoir soin de la création tout entière, nature et personnes.

 

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[1] La production d'un kilo de boeuf émet autant de gaz à effet de serre que 60 km en voiture. Elle entraîne la consommation de 71 litres d'essence et de 15 000 litres d'eau. Selon l'étude de Fabrice Nicolino, la production de viande mondiale représente 65 % des émissions d'hémioxyde d'azote, 37 % des émissions de méthane, 18 % de l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre et 9 % des émissions de CO2.

 

Commentaires

LE TRADING

> L'application du "trading" et de la spéculation à l'agriculture devrait faire réfléchir tous ceux qui s'intéressent aux problèmes éthiques. Comment peut-on accepter que des fortunes se fassent en vendant et revendant des biens vitaux dont dépend la survie de l'homme? À ce rythme, bientôt, les nouveaux joujoux des traders seront les hommes eux-mêmes.
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Écrit par : Mahaut / | 20/03/2013

VEGETARISME

> Une seule solution: le végétarisme (à base de produits bio et locaux, cela va sans dire).
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Écrit par : grzyb / | 20/03/2013

Grzyb :

> une autre solution pour ceux qui aiment la (bonne) viande : acheter directement chez un éleveur bien choisi, voire avoir ses propres animaux !
Élever (avec amour) et tuer (avec respect) soi-même l'animal que l'on va consommer (forcément avec modération), ça change tout.
Sans parler des innombrables produits secondaires que nous fournissent nos bestioles : lait, oeufs, cuir, laine, entretien du paysage, recyclage des déchets verts, tendresse (si si !), et j'en passe, c'est extraordinaire.
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Écrit par : PMalo / | 20/03/2013

SANS VIANDE ET SANS POISSON

> Dans la même inspiration que le "carême avec la Création" de la Fraternité des chrétiens indignés, connaissez-vous l'initiative du site Chrétiens unis pour la terre qui propose un "carême sans viande et sans poisson"?
http://chretiensunispourlaterre.wordpress.com/
Un petit livret (qu'on peut lire sur leur site) propose des textes très intéressants (aussi d'auteurs protestants et orthodoxes) sur l'alimentation végétarienne originelle, sur les dérives actuelles de l'agro-business, et propose quelques recettes de cuisine "pour un temps de paix et de solidarité avec toute la Création".

C.


[ De PP à C. - C'est tout simplement le carême orthodoxe, qui est très rigoureux... Mais nos grands oecuménistes franchouillards des années 1970 ont trouvé plus confortable de supprimer l'abstinence dans le catholicisme. Ce qui révèle la vraie nature de leur "oecuménisme"... ]

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Écrit par : cristiana / | 20/03/2013

MELANGE

> Il suffit de savoir qu'il y a trois ans l'UE pensait donner l'appellation "vin rosé" à du vin rouge mélangé à du vin blanc... pour savoir que ceux qui nous gouvernent vivent sur une autre planète.
l'argument principal n'était évidemment pas la qualité

EL


[ De PP à EL - Le mélange était d'ailleurs prôné par des eurocrates allemands, originaires d'un pays dont les prétentions viticoles font rigoler le reste du monde depuis assez longtemps. ]

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Écrit par : E Levavasseur / | 20/03/2013

LA MAIN INVISIBLE

> 90g par jour, cela signifie que la consommation de viande n'a pas à être nulle. Même s'il est difficile de passer de 235g à 90g sans passer par la case 0 (dialectique, quand tu nous tiens), je suggère que l'élevage en montagne qui a du plomb dans l'aile soit favorisé (car seuls des animaux peuvent à la fois trouver de la nourriture et rendre la montagne belle -sans eux, la montagne est un maquis). Cela fournit des métiers certes d'une exigence que celui qui veut gagner des millions derrière un écran, le derrière sur une chaise, serait incapable d'accepter.
Mais la viande n'y concurrence pas la plante, contrairement à la plaine.
Mais non, je rêve : puisque le mouton austral vaut quelques pourcents de moins que le mouton pyrénéen, il faut être réaliste : l'agriculture montagnarde est devenue irrationnelle... Et les bergers doivent logiquement émigrer vers les villes pour trouver un job (alors qu'ils avaient un métier) derrière un ordinateur. Deviennent-ils traders ? Pour sauver leur peau, devront-ils sacrifier leurs régions et leurs habitants ?
Sûrement. C'est la mondialisation. C'est l'informatique. Il paraît qu'on n'y peut rien. C'est la main invisible. La fessée fait mal.
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Écrit par : Jean / | 20/03/2013

BONNE VIANDE BIO : DES ADRESSES

si on aime la viande, on PEUT en manger de la bonne et saine, voici des adresses les amis!! je les connais tous! En particulier, "les millefleurs", les plus rustiques. Et il faut les encourager, c'est notre avenir.
http://www.agriculturepaysanne.org/files/portrait-ferme-Jolivel.pdf
http://milfleurs.free.fr/
http://lafermebiologique.directetbon.com/
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Écrit par : catherine / | 20/03/2013

AU SERVICE DE LA CREATION

> Jean : "Et les bergers doivent logiquement émigrer vers les villes pour trouver un job (alors qu'ils avaient un métier)."
Plus qu'un métier : un mode de vie. Berger de montagne, c'est 24/24h.
Si, comme nous le rappelle notre pape François, le véritable pouvoir, c'est le service, dans le cas du berger, c'est l'homme au service de l'animal.
Pour avoir de la bonne viande, du bon lait, de la bonne laine et de belles montagnes, il faut se mettre au service de la Création. C'est là la véritable domination de l'Homme sur la nature.
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Écrit par : PMalo / | 20/03/2013

LES DEUX SEULS MOYENS

> Le seul moyen de ne pas collaborer à cette industrie de la viande davantage protégée par l'Etat et l'Europe que la santé du consommateur est de devenir végétarien, ou si l'on ne peut pas se passer de viande de réduire sa consommation et de ne manger que de la viande bio. Pour les effets collatéraux désastreux au niveau écologique, sanitaire, du bien-être animal etc. Voir le livre de Fabrice Nicolino "Bidoche". La déforestation, l'expulsion des petits paysans et des indiens, donc le remplissage des bidonvilles au Brésil et en Argentine viennent de l'extension sans bornes de la culture de soja OGM destiné à nourrir le bétail européen... L'hypocrisie de l'interdiction des OGM dans nnotre pays. En mangeant de la viande industrielle nous consommons indirectement des OGM. La famine dans le monde serait résolue si nous baissions de manière conséquente notre consommation de viande et avec elle bien des problèmes de santé et de pollution. Les eaux de la Bretagne porcine sont dans un état lamentable mais on continue tout de même cet élevage inhumain. Toutes les surfaces agricoles destinées à nourrir les animaux de l'élevage industriel libérée pour nourrir les humains: quelle révolution cela serait!
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Écrit par : Robert Culat / | 21/03/2013

COCHONOU ? NON, SMITHIELD

> Ne nous trompons pas sur les marques qui portent des noms bien de chez nous sentant bon le terroir et rappelant le paysan d'autrefois: Justin Bridou et Cochonou... propriétés du groupe Aoste lui-même détenu par l'américain SMITHFIELD géant n°1 de l'élevage industriel porcin... qui a empoisonné l'environnement US dans certains Etats où ces usines à viande à porc sont très nombreuses, rendu malade tous les habitants d'un village mexicain et envahi la Pologne en mettant au chomage tous les éleveurs traditionnels de porcs. L'invasion du marché polonais ayant même bénéficié de subventions européennes! Si vous ne savez pas à quoi ressemble la vie d'une truie inséminée artificiellement jusqu'à ce que mort s'en suive, voilà l'une des nombreuses photos que l'on trouve sur Internet:
http://animaux.l214.com/cochons-porcs/enquete-2008/truie-et-porcelets-en-stabulation-en-stalle--cochons-2008-i446
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Écrit par : Robert Culat / | 21/03/2013

Elevage de montagne :

> Sans être spécialiste je me souviens qu'enfant je voyais durant l'été en Savoie (dans une station d'altitude) souvent des troupeaux en transhumance. Aujourd'hui il n'en passe quasi plus (certes mes vacances sont + courtes) mais surtout en fait les troupeaux "transhument" moins, le berger est plus en moyenne montagne et reste plusieurs jours voire 3 semaines quasiment sur place. De ma rencontre l'été dernier avec l'un d'eux, j'ai cru comprendre que la transhumance coûte trop cher et qu'il n'a plus les moyens, et qu'il va sur les communes où les élus lui propose une "tâche" de "désherbage" avec petite prime... De plus les bergeries d'alpage ne sont plus entretenues, or de nos jour le berger ne va que là où il a un logement (ou une place offerte en refuge). A cela s'ajoute la nécessité d'avoir un patou en sus des chiens de travail du troupeau.
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Écrit par : franz / | 21/03/2013

LA BARRE DE COUPE ET L'EPANDEUR

> Le Minervois où j'habite était autrefois une région d'élevage, et bien sûr viticole. Aujourd'hui ne reste que le vin.
Les gens avaient des terres en montagne au Nord (Montagne Noire), et des vignes dans la plaine du Minervois.
Les troupeaux passaient l'été en montagne (été moins chaud), et l'hiver en bas dans les vignes (hiver moins froid) : les hommes taillaient, les animaux paissaient.
Chaque parcelle de vigne a sa cabane, rdc pour les animaux et étage pour les hommes.
Tout ceci a complètement disparu, ne restent que ces innombrables petites maisons, la plupart menaçant ruine. C'est un crève-coeur !
Il y a encore quelques décennies, chaque ferme était en polyculture-élevage. Les animaux passaient dans les champs après les moissons, engraissaient le sol, nettoyaient les friches ; si vous n'avez jamais vu un sous bois nettoyé par un troupeau de moutons... c'est tristoune et râpé en hiver, mais superbe au printemps : un gazon vert, dense et touffu, tapisse le sol, les branches basses des arbres sont naturellement taillées, ...
L'hyper-spécialisation est une bêtise sans nom. Les exploitations d'élevage paient des fortunes en nourriture pour faire de la viande de m..., et les autres inondent leurs sols de produits en tout genre.
Comme le dit un vieil ami paysan : "un mouton, c'est une barre de coupe à l'avant, un épandeur à l'arrière !"
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Écrit par : PMalo / | 21/03/2013

@ P Malo, Jean et Franz

> Les bergers sont des méchants car ils sont contre le loup et l'ours des Pyrénées.
Si on les écoutait, Olympiade et Julien-Edern (les bobos ont toujours de ces prénoms...) ne pourraient pas raconter aux cocktails de la mairie de Paris, qu'ils ont vu un loup pendant leurs vacances.

@ PMalo
ce qui me crève le coeur aussi à la Montagne Noire, c'est le nombre grandissant d'éoliennes (sans oublier le projet de golf du côté de Montolieu...)
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Écrit par : E Levavasseur / | 22/03/2013

LE PROJET DE GOLF

> Tout à fait, E. Levavasseur !
Deux jeunes couples de mes amis très proches sont directement concernés par ce projet de golf, à Fontiers-Cabardès pour être exact : les propriétaires ("non-exploitants") de la ferme dans laquelle ils travaillent voient les dollars s'agiter devant leurs yeux et ont du mal à résister.
Mais ce n'est déjà plus le Minervois... ;)
Si un jour vous passez dans le coin, faites-moi signe ! PP a mon adresse mail.
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Écrit par : PMalo / | 22/03/2013

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