Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/03/2013

Une élection sans équivalent

De quoi faire réfléchir à Sciences Po :



J'entendais ce matin un sociologue affirmer que le pape serait un "empereur", régnant "temporellement" sur un milliard trois cent millions de gens, qui seraient sous l'emprise de l'Eglise "romaine" de l'instant de leur conception à celui de leur mort. Il aurait pu ajouter : et après leur mort, puisqu'il existe aussi une Eglise du Ciel qui doit d'une façon ou d'une autre payer des impôts au César-Pape paré de plumes de paon, comme disait Théodore de Bèze !

On reste rêveur devant cette persistance de stéréotypes cinq fois centenaires ; et d'autant plus rêveur que l'antipapiste en question enseigne à Sciences Po, ce qui montre une résurgence de l'archaïque au sein du postmoderne.

On aimerait d'ailleurs savoir comment ce milieu concilie ses deux affirmations incompatibles : a) "le pape est un empereur" ; b) "le catholicisme fait naufrage". Elles se contredisent : si le catholicisme fait naufrage [1], de quoi le pape est-il l'empereur ? D'autre part, elles témoignent d'un manque de sérieux de la part de ceux qui les énoncent : un minimum d'enquête leur montrerait que le pape n'a aucun pouvoir temporel sur le peuple catholique. A-t-il un pouvoir spirituel ? Oui et non. Oui, dans la mesure où un catholique digne de ce nom adhère au Magistère de l'Eglise, dont le pape est le coordinateur et l'arbitre ; non, dans la mesure (décisive) où nul n'est obligé d'être catholique, et où chaque catholique est libre de cesser de l'être à tout moment. Ce n'est pas le catholicisme qui interdit d'abjurer. C'est l'islam. Je ne vois pas comment on peut se dire "sociologue du fait religieux" si l'on ignore ça... Il est vrai que beaucoup de choses sont incompréhensibles du côté de la pensée-zéro, à l'ère du grand hypermarché.

Revenons aux choses sérieuses. Si l'élection dans la Chapelle Sixtine n'est pas celle du "dernier empereur", elle est sans équivalent au monde : les cent quinze électeurs vont voter après avoir concélébré l'eucharistie et prié l'Esprit Saint de les éclairer. Ce n'est donc pas une élection démocratique, la démocratie (dans sa définition postmoderne) étant le système qui ne tolère aucune transcendance. Et les cardinaux sont coupés du monde pour être protégés des lobbies : leur assemblée n'est donc pas non plus démocratique, au sens où la démocratie (postmoderne) prête aux lobbies l'oreille qu'elle refuse à la transcendance. Voilà de quoi faire réfléchir même un chargé de cours à Sciences Po.

_________

[1] "Naufrage" (ou plutôt grave recul) seulement en France et dans plusieurs pays d'Europe occidentale ! Mais le bobo ignore le monde, tout en se croyant cosmopolite.

 

 

Commentaires

PNEUMATOCRATIE

> Le bobo postmoderne se dit citoyen du monde, tout en ayant une vision très hexagonale du monde ... Hélas, se prétendant universel, il croit incarner l'homme débarassé des préjugés de classes, ce bourgeois, se rêvant prolétaire et ainsi dénonce sans sourciller l'intervention en Irak mais applaudit l'intervention malienne.
Il rêve d'un pape transsexuel athée et le moins blanc possible. Il aura un pape catholique, c'est à dire un pape qui né en Allemagne sera capable d'embrasser l'Afrique dans toutes ses dimensions, un pape qui né en Afrique sera capable de parler en latin, un pape dont l'origine, la couleur n'aura aucune importance ...
L'Eglise est pneumatocrate et n'a que faire de l'avis de ces consultants improvisés qui jouent au pape comme on joue au tiercé ...
______

Écrit par : spooner / | 12/03/2013

SCIENCES PO

> De quoi faire réfléchir Sciences-Po d'autant plus, étant donné les conditions de la récente nomination de leur directeur (ou faut-il dire « mini-empereur » ?)...
______

Écrit par : Olivier / | 12/03/2013

CONFIANTS

> Sans aucun doute il y aurait de quoi faire reflechir etudiants et plus encore...Je note deja comme vous l'avez souligne plus bas une autre tonalite chez les medias, les personnes invitees sont elles aussi de qualite et savent expliquer en quoi cette election, soumise a une inspiration venue d ailleurs, sans candidats et sans campagne est unique. Soyons donc confiants et prions en ces jours si importants pour l Eglise.
______

Écrit par : cabanel / | 12/03/2013

UN VOTE PAR DECENTREMENT

> Mon jeune frère me faisait remarquer qu'avec le système de deux-tiers de voix pour être élu, le vote échappe à la règle du bi-partisme, si bien que les papabili ont peu de chances d'être élu. Au contraire d'un affrontement dans le rapport de force entre deux clans, comme dans nos démocraties, nos cardinaux sont amenés à trouver une troisième voix, à chercher non pas un compromis, mais à se détacher chacun de leurs calculs humains pour entrer dans la volonté divine, là où peut-être ils ne cherchaient pas ( par exemple derrière le troupeau, où Dieu fit chercher le jeune et frêle David!).
Vote par décentrement de son point de vue humainement limité. Oui, une belle leçon de politique, où le Bien Commun est autrement recherché que dans nos pays dit démocratiques!
______

Écrit par : Anne Josnin / | 12/03/2013

LES DEUX TIERS

> Le frère d'Anne a bien vu! Hors de l'Ile de France, j'écoutais ce matin RCF, ou le P. Sylvain Bataille (recteur du séminaire français de Rome) rappelait que la règle des 2/3 a été renforcée, quel que soit le nombre de scrutins, par Benoît XVI, et il attirait l'attention sur le fait que cela pouvait obliger à sortir des combinaisons trop humaines. Benoît XVI abrogeait une disposition de Jean-Paul II prévoyant la majorité simple après un certain nombre de tours de scrutin.
______

Écrit par : Pierre Huet / | 12/03/2013

POUVOIR-SERVICE

> Faut il parler de "pouvoir du pape" fut-il spirituel? Ou bien de "service"? Ouvrier dans la vigne du Seigneur, berger, pêcheur (Lc 5, 10) … autant de « métiers » bien éloignés de celui d’empereur. Son ministère est un service et son autorité est au service de la croissance du peuple de Dieu dans la foi, l'espérance et la charité (cf. étymologie ministerium et auctoritas). Le pape est un humble serviteur et plus encore, le serviteur des serviteurs de Dieu (cf. dernière allocution du Cardinal Barbarin, citant saint Grégoire le Grand)
______

Écrit par : klara / | 12/03/2013

UN AUYTRE SCIENCES PO

> "Réfléchir" et "Sciences Po" ne sont ils pas aujourd'hui des termes inconciliables? A mon grand dam car j'ai personnellement connu de l'intérieur, dans les années post-soixante-huitardes, un autre "Sciences Po", non exempt de défauts certes, et quelquefois majeurs, mais ou la culture et les choses de l'esprit étaient unanimement respectées et célébrées.
______

Écrit par : grzyb / | 12/03/2013

DU BALAI

> Ce qui fait réfléchir aussi, c'est la stupidité et l'inculture abyssales de nos "élites", car là, ce type fait vraiment très fort. Voila qui donne envie de faire un coup de balai !
______

Écrit par : Pierre Huet / | 12/03/2013

Les commentaires sont fermés.