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19/02/2013

Marc Dutroux : l'infernal face au libéral

Il reste en prison. Mais pour un motif accessoire :



Il avait été condamné en 2004 à la réclusion perpétuelle, qui se réduit en Belgique à 45 ans (avec libération au bout de quinze). Le 4 février dernier, Marc Dutroux a demandé à purger à domicile le reste de la peine. Sitôt connue du public, cette requête a soulevé l'indignation, les psychiatres et sa propre mère témoignant que le tueur d'enfants, non repenti à 56 ans, "récidiverait certainement".

Le tribunal de Bruxelles vient de dire non à Dutroux. Celui-ci présentera de nouveau sa demande en 2014.

La décision du tribunal de l'application des peines se fonde en effet sur un motif faible : si Dutroux ne peut pas purger sa peine à domicile, c'est, déclare le juge, qu'il n'a plus de domicile. Ce qui nuit à sa "capacité de réinsertion"...

Cet argument tombera si quelqu'un offre un toit à Dutroux.

Il faut pourtant se souvenir de ce qu'a fait cet être – et qu'il referait, si l'on en croit sa propre mère. Rapts, viols, séquestrations dans ses caves, meurtres de petites filles et de jeunes adolescentes (par la faim ou de ses propres mains) : un dossier qui a glacé le sang des enquêteurs. Le tout avec une absence totale de remords... Vingt ans après les faits, Dutroux continue, disent les psy, à "attribuer aux autres la responsabilité de ses actes". Il ne cache même pas son désir de suprimer ses parents "pour hériter plus vite". Sa mère déclare : "j'espère ne plus être de ce monde quand il sortira de prison."

En 1986, il avait déjà été arrêté pour séquestrations, enlèvements et viols de mineures de moins de 16 ans. Condamné en 1989 à 13 ans de prison, il avait été remis en liberté dès 1992, contre l'avis des psychologues... Tout ce que le juge trouve à opposer à sa libération en 2013, c'est qu'il ne remplit pas les critères sociaux nécessaires à sa "réinsertion".  La réinsertion sociale de Marc Dutroux !

Réclamer l'application intégrale des peines serait inhumain dans la plupart des cas. Mais Dutroux ne ressemble pas à la plupart des cas : il y a en lui quelque chose d'infernal, qui inquiétait déjà les experts judiciaires avant ses crimes de 1995-1996.

A l'époque des dures certitudes séculières, les jurés envoyaient les Dutroux à la guillotine. Dans l'Europe floue de 2013, le juge libéral se sent pris de vertige et se raccroche à ce qu'il peut... Face au problème du mal, les sociétés ont toujours oscillé entre deux fausses solutions : le nettoyage et la complaisance.

 

Commentaires

LES VICTIMES

> La Belgique et la France souffrent bien des mêmes maux. Une telle mentalité judiciaire est à l'origine de plusieurs meurtres chez nous aussi.
Il faudrait réinsérer les victimes...
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Écrit par : Pierre Huet / | 19/02/2013

L'ECHELLE DES PEINES

> Pour être honnête: j'ai un peu de difficulté avec la position de l'Eglise, s'agissant de la condamnation de la peine de mort. Actuellement, en France, nous avons un "tassement" du haut de l'échelle des peines. Beaucoup de crimes sont susceptibles d'entraîner une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité. Laquelle se soldant, sauf peine de sûreté incompressible, à un emprisonnement d'une vingtaine d'années (ce qui est déjà énorme...je trouve d'ailleurs que la prison à vie...à vie, comme aux USA, où le principe de la non-confusion des peines s'applique, est inhumain). Au risque de choquer, je pense qu'il est très rassurant pour un citoyen de savoir que l'Etat se soucie à ce point de sa sécurité qu'il est prêt à donner le mort à celui qui y attenterait. Même si on n'est que dans l'ordre du symbolique. Même si le citoyen en question sait que cette peine sera peut-être très rarement prononcée, et encore moins souvent exécutée. De plus, à l'instar du feu P. Brückberger, je ne peux m'empêcher de penser que la peine de mort permet au condamnné de sortir (sans jeu de mots déplacé), "la tête haute". Sans la perspective de sa fin prochaine, Jacques Fesch serait-il devenu un saint ?

Feld


[ De PP à Feld - Le défunt dominicain Bruckberger, qui avait accompagné plusieurs condamnés à mort en 1945, estimait que dans certains cas la peine capitale valait mieux que la prison à vie, et justifiait ce raisonnement par la dignité humaine. Il est permis de ne pas le suivre. Cela dit, l'Eglise a une position contradictoire : d'une part les papes depuis Jean-Paul II militent contre toute peine capitale comme si c'était une question réglée dans leur esprit ; d'autre part, le catéchisme de l'Eglise catholique (§§ 2266-2267) admet la peine capitale "dans des cas d'une extrême gravité". Il est permis de considérer que le cas Dutroux était "d'une extrême gravité"... Mais en Belgique on ne tue que les malades, les vieillards et les déments : pas les tueurs sadiques et multirécidivistes. (Plus nombreux que les seconds, les premiers coûtent donc plus cher à la Sécurité sociale : ils creusent le déficit, contrevenant ainsi aux directives budgétaires européennes). ]

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Écrit par : Feld / | 19/02/2013

LA PEAU DE DUTROUX

> Autre fait troublant : comment se fait-il que les co-détenus de Dutroux ne lui aient pas "fait la peau" ? Dans la société carcérale, le meurtrier d'enfants est un mort en sursis.

Feld

[ De PP à Feld - Je suppose qu'on l'avait placé en isolement... ]

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Écrit par : Feld / | 19/02/2013

CONTRADICTIONS OU EVOLUTIONS

> C’est vrai que la position de l’Eglise sur la peine de mort m’a un peu perturbé ; j’étais tombé par hasard sur le catéchisme de concile de Trente. Et le passage sur ce sujet absolument clair : la peine de mort était bonne (citations bibliques pertinentes à l’appui), à condition d’être pratiquée avec mesure. Et le nouveau catéchisme cherche à retourner la position de l’Eglise. Ça m’a vraiment déstabilisé car j’avais toujours considéré que la doctrine catholique se développait sans cesse, et ne se contredisait jamais. Cette contradiction m’a plus gêné que la position de l’Eglise en elle-même à dire vrai. A titre personnel, je trouve plus humain de tuer un grand criminel que le laisser moisir en prison jusqu’à sa mort, mais en France, ni la peine de mort ni la prison à perpétuité n’existent (sauf cas rarissimes), il n’y a pas besoin de faire semblant d’éprouver des remords pour être relâché, et lorsqu’on remet en cause ce problème, toutes les belles âmes s’énervent (ce sont les mêmes qui s’agacent lorsqu’on emet l’idée que l’on pourrait diminuer les 220 000 avortements par an en France, allez comprendre leur logique).

Gilles


( De PP à Gilles :
- Le catéchisme actuel ne contredit pas celui de Trente, puisqu'il admet la peine de mort dans les cas extrêmement graves.
- C'est le pape Jean-Paul II, pour sa part et à titre personnel, qui a combattu toute peine de mort...
- Cette "contradiction" n'est donc pas successive, mais simultanée ; et elle n'engage pas la foi, seul domaine dans lequel la non-contradiction (comme l'infaillibilité) soit consubstantielle à l'Eglise.
- Si vous cherchez dans d'autres domaines, de type sociétal ou culturel, vous n'aurez pas de mal à trouver de nombreuses "contradictions" - ou plutôt évolutions - dans des attitudes de l'Eglise tributaires de l'état des mentalités ambiantes et des connaissances séculières. Entre la conception de l'univers à l'époque de l'affaire Galilée et les déclarations de Jean-Paul II sur le cosmos, par exemple, il n'y a pas "contradiction" mais évolution. ]

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Écrit par : Gilles / | 20/02/2013

INTERETS

> Tout débat autour de la mort est aujourd'hui tellement faussé par les intérêts libéraux, comme vous le montrez bien cher PP, qu'il vaut mieux en effet s'abstenir de tuer, même si dans la théorie je suis pour la nécessité de poser la peine de mort, ou plus exactement de remettre sa vie. Au nom de la dignité humaine du criminel, il devrait être pensable je crois de reconnaître que dans certains cas extrêmes, le prix à payer pour sa responsabilité, c'est de déposer sa vie aux pieds de la société tout entière.
Dans le contexte actuel, il est par contre tout-à-fait justifié de désacraliser ici la sexualité (seul argument qui s'y oppose),en opérant des violeurs récidivistes de manière définitive. On ne fait pas tant de cas de conscience pour mutiler(mutilation aussi sexuelle!) à la chaîne des millions de femmes victimes du cancer du sein.
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Écrit par : Anne Josnin / | 20/02/2013

PAS DE DOUBLE DISCOURS

> Il me semble en tout cas difficile de tenir un double discours sur la valeur de la vie. De dire par exemple à un tétraplégique (prisonnier de la plus terrible manière) qu'elle vaut la peine d'être vécue et à un condamné à perpétuité qu'il serait plus digne de l'euthanasier.
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Écrit par : luc2 / | 20/02/2013

THEOLOGIE ET PEINE DE MORT

> Pour une revue très complète de la question de la peine de mort à la lumière de la théologie:
http://www.firstthings.com/article/2008/08/catholicism-amp-capital-punishment-21
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Écrit par : luc2 / | 20/02/2013

@ luc2


> Il ne s'agit pas d'un double discours: je ne place pas la dignité humaine dans un mode de vie extérieur, une autonomie dans les gestes du quotidien par exemple,réduite à néant chez un tétraplégique, mais dans un mode d'être intérieur, une ouverture de la conscience d'amour. Quand la source de cette conscience d'amour, qui nous fait êtres de relation, est-elle complètement obstruée? Quand le suis prisonnier des handicaps de mon corps, ou de mes vices? Dans les deux cas le choix reste, soit de me fermer le coeur à l'autre (parce que j'ai trop mal, ou parce que j'ai banni toute sensation de mal) soit de m'ouvrir à l'autre, à la Vie, au prix d'une déchirure intime, parfois au paroxysme de la douleur. C'est vrai. Dans les deux cas demeure la possibilité de sortir de sa tour d'invulnérabilité. Mais Socrate nous le disait déjà, c'est infiniment plus facile à celui qui subit, qui donc reste libre de ne pas s'identifier au mal qui l'accable (il parlait de l'injustice), qu'à celui qui est cause de ce mal, avec lequel, pour peu qu'il puisse porter un regard sur lui, il s'assimile et qui le dépersonnalise (d'où le désespoir de Judas: en lui rendant son argent, les grands-prêtres ont tués, condamnée à jamais sa conscience d'amour bien plus efficacement qu'en le faisant arrêter à son tour, et mettre à mort) . Il me semble que, dans certains cas extrêmes,exceptionnels, le seul moyen de retrouver sa liberté intérieure, de se re-personnaliser,est d'accepter de déposer sa vie.

Mais peut-être que je me trompe, peut-être avez-vous raison cher Luc2. Reste que je me méfie énormément, dans le contexte actuel, du principe de cohérence apparente (qui permet les regroupements identitaires), qui cache un mode de pensée binaire et procède par exclusion ("ou tu es pour la vie pour tous, ou tu es un assassin de personnes handicapées"). C'est toute la grandeur de notre conscience que d'avoir à discerner dans l'infini des nuances d'une situation unique le ton juste, qui ne peut-être trouvé par un QCM établi à-priori. Tâche que l'on voudrait aujourd'hui retirer aux médecins comme aux juges, à la société toute entière, en la remplaçant par des protocoles, une hyper voire supra-législation qui se décline automatiquement, mathématiquement, en "si.....alors". (le film "I Robot" est intéressant sur ce plan), tentation que l'on retrouve aussi bien du côté des pro-life que des pro-choice.
Enfin honnêtement je ne peux pas dire à un tétraplégique d'aimer sa vie, qui suis-je pour me mettre à la place d'autrui? Mais je me sais appelée à témoigner de ce qui donne du prix à la mienne, même au coeur de ses échecs, de ses souffrances, de sa médiocrité.
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Écrit par : Anne Josnin / | 21/02/2013

LE PROBLÈME

> C'est un sujet où il y aurait effectivement beaucoup à dire. Personnellement, je me demande si une certaine catégorie de criminels n'est pas composée de possédés.
Concernant la remarque de Luc, je tiens à souligner que la vie du tétraplégique vaut la peine d'être vécue à cause de ce qu'il peut apporter aux autres par son attention, son affection et aussi sa prière, si par bonheur il est chrétien. Le criminel qui se repent ( et ce repentir peut ne débuter que de très nombreuses années après son crime), sa vie aussi vaut la peine d'être vécue.
Ces considérations ne doivent pas nous faire oublier qu'il est premier de protéger la société. Mon père, qui était visiteur de prison, jugeait que la peine de mort était plus humaine que la prison à vie. Seulement, condamner à mort implique que quelqu'un devra exécuter la sentence. C'est une lourde responsabilité que l'on donne au bourreau, obligé de devenir un meurtrier, même si c'est un meurtre légal. C'est ce qu'avaient compris je crois les anciens Egyptiens puisqu'ils ne tuaient pas les condamnés à mort mais les enfermaient dans une cellule sans manger ni boire (ce qui n'est pas forcément très humain pour le condamné).
Et les jugements qu'on porte sont extérieurs, correspondent à une expérience donnée. J'ai donnée l'opinion de mon père, j'ignore si elle est partagée par tous les visiteurs de prison qui ont connu la situation avant et après l'abolition de la peine de mort. Est-ce que ce jugement ne tenait pas pour beaucoup à des conditions de vie indignes dues à la surpopulation carcérale ? Quand on voit les réactions des prisonniers, certains tentent de se suicider pour des peines relativement courtes : est-ce à dire qu'il ne faut plus condamner à la prison ?
Il semble que nos sociétés aient les moyens matériels pour mettre hors d'état de nuire les criminels sans pour autant les tuer et sans mettre en danger la vie des gardiens. Cela permettrait de respecter l'interdit : tu ne tueras point ton semblable. Le problème, c'est que cet interdit, on le transgresse allègrement pour des personnes innocentes, parce qu'elles sont porteuses de maladie (trisomie) ou de malformation (bec de lièvre), sous le prétexte qu'elles coûteraient trop cher à la société. Les parents ne sont pas contraints à l'avortement, mais fortement incités - et culpabilisés dans certains cas. Alors, évidemment, dire : il faut de l'argent pour que les criminels aient des conditions de vie digne en prison, c'est un discours qui passe mal.
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Écrit par : Barbara / | 21/02/2013

@ Anne,

> En fait, je réagissais moins à votre intervention qu'à celle de Gilles (il serait plus humain de tuer le prisonnier que de le condamner à passer sa vie en prison), argument de "compassion" qu'il me semble très risqué de développer: que répondre alors à ceux qui, au nom de la même compassion DEMANDENT à être exécutés.
Pour votre argument, je le comprends mais il me semble supposer que le condamné accepte d'être exécuté, ce qui est tout de même assez rare - et confine alors au suicide. J'avoue que, pour ma part, je me méfie surtout de la très forte subjectivité qui présiderait à la décision qu'un crime est exceptionnellement grave. A combien de morts commence-t-on? Au-delà de la légitime émotion qu'ils soulèvent, des meurtres d'enfants sont- ils réellement plus graves que des meurtres d'adultes tout aussi innocents?
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Écrit par : Luc2 / | 21/02/2013

EXTREME

> Ca serait peut-être bien, en premier lieu, de s'interroger sur l'imaginaire collectif se représentant la figure du «criminel», en particulier du «criminel extrême». Quelles figures surgissent en premier lieu à l'esprit quand il s'agit de le nommer, et quand il s'agit d'envisager et de justifier à l'encontre du «monstre» un éventuel recours et retour à la peine de mort? Quel mal extrême reconnaissons-nous spontanément et viscéralement, et de quel mal extrême détournons-nous notre esprit, devenu insensible à un type de mal se développant de façon d'autant plus redoutable que son abjection profonde est voilée sous l'enveloppe subtile de la banalité, de la rationalité et de la normalité sociale ? Pourquoi un tel écart dans l'imaginaire collectif entre la reconnaissance évidente d'un certain type de crimes horribles, et le voile du déni jeté sur d'autres crimes horribles procédant selon de tout autres mécanismes à l'oeuvre? Comment se construit ou ne se construit pas la figure épouvantable du «criminel extrême» ?
Il me semble que ce questionnement (de quels crimes abominables parlons-nous ?) constitue la première étape incontournable de la réflexion, avant la seconde : au nom de la dignité humaine, que faire de ces criminels ?
Je trouve particulièrement frappant de voir à quel point l'imaginaire collectif du «crime abominable», justifiant donc l'éventuelle sanction suprême, se surpolarise sur le crime directe, brute, nous terrifiant d'autant plus spontanément qu'il est visible, effectué sans intermediaires institutionnels, par le seul élan destructeur de la pulsion de mort surgissante, et avec photos à l'appui et à la une dès le lendemain, du monstre et de sa victime, exposés au peuple horrifié.
Les pages suivantes du même journal sont ensuite beaucoup plus tranquillement et banalement consacrées aux mesures gouvernementales pour stimuler la compétitivité de nos entreprises, à l'ouverture d'une nouvelle mine d'uranium au Niger, aux politiques d'ajustement structurels du FMI à Haïti, puis aux politiques menées avec détermination en Europe du Nord afin de faciliter le recours à l'avortement, et d' «assouplir» les conditions légales à l'euthanasie : Combien de morts ? Dans quelles conditions effroyables ?
L'émotion et l'indignation collective sont d'autant plus imperméables aux crimes structurellement organisés, contrairement aux crimes irruptifs des tueurs en série ou des assasins d'enfants, pour deux raisons principales me semble-t-il : d'une part ces crimes procèdent d'une très longue chaîne de développement séparant et rendant invisible le lien entre une décision prise proprement au sommet d'une tour de la défense ou sous les lustres d'une académie des sciences, et le cimetière des affamés et des irradiés en Afrique, ou celui des indésirables trisomiques en occident ; d'autre part, ces crimes sont absouts du sceau de la raison instrumentale, grand principe justificateur et unificateur de notre temps. La science économique et médicale définissent le cadre de l'impérieuse nécessité, derrière laquelle on se range collectivement envers et contre tout éventuels « dégâts collateraux », car, pas vrai, le risque zéro, ça n'existe pas.
«Tu ne tueras point». Je suis personnellement opposé à la peine de mort, que ce soit à l'encontre d'Anne Lauvergeon, de Marc Dutroux, ou de Christine Lagarde.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 21/02/2013

POSITION CATHOLIQUE ET SOCIETE ACTUELLE

> Benoit XVI parle je crois de ne pas appliquer la peine de mort lorsque des moyens thérapeutiques psychologiques pouvant accompagner le coupable sont possibles.
C'est 100% catholique : on ne désespère pas de la capacité d'un criminel ayant conscience de ses actes, d'accueillir la vérité et donc de reconnaître son crime.
Dieu ne désire pas la mort du pécheur.
Cette position n'a rien à voir avec celle de la société d'aujourd'hui qui est contre la peine de mort d'une part parce que c'est psychologiquement inconfortable, et d'autre part parce qu'au fond, elle est si habitué à la mort de l'innocent que celle-ci ne lui paraît pas si grave.
Le déclin de la haute idée de la vie et de l'innocence est à l'origine du rejet de la peine de mort aujourd'hui : aucun rapport avec la position des derniers papes.
Si la société française d'aujourd'hui est contre la peine de mort, ce n'est pas parce qu'elle aime le prochain à travers le criminel mais parce qu'elle ne conçoit plus l'assasinat comme un crime, abreuvée qu'elle est d'images violentes, de dédain du faible…
Euthanasie, avortement, sacrifice des plus faibles au culte de la finance :le chômage comme variable d'ajustement de l'euro à la place de la dévaluation, n'est-ce pas un sacrifice humain au dieu Mammon ? Notre société s'est durcie...
Son opposition à la peine de mort vient seulement de ce que cela gêne sa recherche du bien-être. Ça trouble son sommeil.
Pour nous chrétiens, qu'est-ce qui compte à part le salut éternel et de prendre tous les moyens d'y arriver et de permettre aux autres d'y arriver ?
Je veux bien qu'on coupe la tête aux criminels sexuels mais qu'on coupe d'abord leurs têtes aux pornocrates. Eux savent ce qu'ils font. Et on verra ensuite si le crime sexuel existe toujours autant.
La peine de mort-vengeance d'une société pleine de certitude et qui craint pour son argenterie n'a rien à voir avec celle appliquée par exemple par saint Louis : il la voyait comme le moyen ultime de faire comprendre la gravité de son geste à un criminel et de l'amener au repentir.
Saint Louis et la société médiévale pensaient que priver le criminel de la vie terrestre pouvait lui faire prendre conscience de la gravité de son acte ; qu'on lui rendait service en le mettant au pieds du mur, face à l'alternative : repens-toi ou perds tout pour l'éternité.
Maintenant où la recherche du bien-être occupe tout, on ne comprend pas cette mentalité où l'on considère que la souffrance fait partie de la vie , où le péché est la marque de l'humanité.
De l'existence de la souffrance on concluait à la nécessité de s'appuyer dessus pour faire pénitence.
De l'existence du péché on concluait à la nécessité de pardonner et de demander pardon ( l'inverse du puritanisme).
A l'inverse imprégnée de l'idée idiote que l'homme est naturellement bon, notre société est incapable de comprendre que l'homme fait le mal. Du coup elle nie l'existence du mal et lorsque c'est impossible, elle le juge impardonnable : elle coupe la tête ou refuse de voir en enfermant, hors de sa vue.
On ne coupe plus la tête mais on n'accompagne pas les criminels.
Cela prouve bien que c'est simplement par puritanisme qu'on ne condamne plus ; pas parce qu'on veut les sauver, les changer mais parce qu'on ne veut pas se salir les mains, on ne veut plus les voir.
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Écrit par : E Levavasseur / | 21/02/2013

Serge et E.Levavasseur:

> quelle belle complémentarité dans vos approches! L'hygiénisme comme seule morale, voilà pourquoi on ne veut plus "se salir les mains, on ne veut plus les voir" (Levavasseur) voilà pourquoi on regarde Dutroux en monstrueux criminel,sorti des oubliettes puantes du Moyen-Age, d'un côté, de l'autre un joueur crapuleux au casino mondial de la finance en tenue James Bond et épouse taille 36 à galas de charité, ou un concentrationnaire d'embryons qui parle en Nobel, avec ce sourire plein d'empathie qui fait tellement de bien!, en hommes de progrès.
Est criminel ce qui fait tache. Les crimes de Dutroux? quelle faute de goût!
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Écrit par : Anne Josnin / | 21/02/2013

CHOQUANT ?

> Ce qui a profondément choqué la Belgique, c'est l'hospitalité offerte par un couvent à l'ex-femme de Dutroux, sa complice qui a laissé des enfants mourir de faim quand son mari était en prison. Pour la motivation du juge, il y a une série de conditions à remplir, si la première ne l'est pas, le juge ne va pas plus loin, ça n'indique pas que, si il avait eu un domicile, Dutroux eut été libéré.

pashin


[ De PP à pashine :
- "La Belgique" ? Non : un certain nombre de Belges. Intoxiqués de cathophobie, au point de refuser de voir que c'est la justice laïque qui a décidé de libérer cette condamnée ! Cette justice laïque ne lui a trouvé d'hébergement que chez des religieuses, seule communauté ayant assez d'abnégation pour assumer ça ! (l'abnégation fait d'ailleurs partie du devoir d'état des religieuses). Il est donc infect de s'en prendre à elles, plutôt qu'aux juges libre-penseurs qui ont pris la décision.
- S'il y a quelque chose de "profondément choquant", et même scandaleux jusqu'à l'os, c'est que le TAP n'ait pas pris la peine d'assortir sa décision d'une phrase adaptée au cas exceptionnellement monstrueux de Dutroux.
- Quand l'opinion excuse les puissants et persécute les faibles, il y a quelque chose de pourri dans le royaume. ]

réponse au commentaire

Écrit par : pashine / | 22/02/2013

Quelques précisions.

- C'est Michèle Martin qui a laissé mourir de faim Julie et Melissa, dans la cave où les avait enfermées Marc Dutroux, pendant que ce dernier purgeait une peine de prison pour d'autres délits.
- On ne peut pas dire que les Clarisses se sont dévouées pour l'accueillir alors qu'elle avait été libérée. Le fait qu'elle dispose d'un hébergement était une condition nécessaire à sa libération prématurée. Autrement dit, si les Clarisses avaient refusé, Michèle Martin serait toujours au trou et purgerait sa peine jusqu'au bout.
- Ceci dit, comme plusieurs catholiques belges, je soutiens la décision des Clarisses.
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Écrit par : Luc2 | 22/02/2013

LA COMEDIE INHUMAINE

> Principalement à "PP".
Les 2 fausses solutions que vous appelez « le nettoyage et la complaisance », cachent à mon avis 2 graves injustices dont la classe dominante est praticienne plus que de raison, et une grande majorité des citoyens complice. Ces injustices consistent à créer,
- tantôt une illusion donnant l’impression que la tendance voudrait que tout le monde vive pour mieux cacher que tout le monde ne paye pas (exemple lorsque le pouvoir se tourne davantage au nettoyage comme moyen d‘esquiver ses responsabilités politiques, lequel nettoyage veut faire croire qu’il fait tout pour le bien public en faisant payer très cher les gros délinquants leurs fautes pour mieux faire oublier les déficiences dont le système fait preuve en matière de justice sociale ou autre),
- et tantôt une illusion donnant l’impression que la tendance serait ensuite de vouloir que tout le monde paye, pour mieux cacher après, que tout le monde ne vit pas; ce, non pas du fait d’une politique menée au niveau de l’Etat comme pourtant (je crois très fort que) c'est le cas, mais du fait de difficultés que les citoyens ne connaitraient que par leurs seules erreurs, fautes de comportements, modes de gestion interne (exemple lorsque le pouvoir se tourne davantage vers la complaisance comme moyen dont il se sert pour faire croire à un retour à une égalité, à un rééquilibrage à gauche) .
Brièvement, tantôt on passe par la tendance où "tout le monde vit, mais tout le monde ne paye pas"; ou tantôt par la tendance où "tout le monde paye, mais tout le monde ne vit pas'; ce, parce qu'on ne saurait ou ne voudrait apparemment pas tendre à ce que "tout le monde paye et tout le monde vive"! Je pense que la vraie justice remettrait trop de choses en cause pour la classe dirigeante, mais que tôt ou tard ça leur reviendra dessus, dès lors que cette façon médiocre de faire de le politique - que j'appelle plutôt de la comédie inhumaine - n'échappera plus à personne.
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Écrit par : michel Baude / | 23/02/2013

LES CLARISSES

> Je dois dire que j’ai été choqué par le fait que les clarisses fournissent à Michelle Martin les conditions et garanties ayant permis sa libération anticipée. Je n’approuve pas cette décision, même si je comprends les intentions louables des sœurs. C’est très bien qu’elles s’occupent de la personne et de l’âme de Michelle Martin, mais les bons sentiments chrétiens ne doivent pas, à mon avis, contribuer à un déni de justice : Michelle Martin a accompli le tiers de sa peine (8 années sur 30), elle a été condamnée pour des faits d’une gravité et d’une cruauté indicibles. Les sœurs clarisses auraient très bien pu continuer à s’occuper de Michelle Martin par les visites qu’elles lui faisaient en prison. La miséricorde ne doit pas conduire à nier la justice. Il faut comprendre par ailleurs qu’en Belgique, cet épisode a immédiatement succédé au scandale des prêtres pédophiles. Je crois que la hiérarchie catholique belge aurait du tenir compte de ce contexte de scandale public dans lequel se trouvait l’Eglise pour faire renoncer les clarisses à leur projet.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 23/02/2013

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