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16/02/2013

Laurent Joffrin devrait s'informer

Ce matin à France Inter, conversation "d'éditorialistes" :



Laurent Joffrin et Christophe Barbier en viennent évidemment à la renonciation de Benoît XVI... Joffrin déclare que cette décision est un geste "laïc", et que c'est le seul geste appréciable de ce pape qui, par ailleurs, incarnait le contraire de "l'esprit de Vatican II" – puisqu'il refusait le mariage des prêtres et les nouvelles moeurs.

Le directeur de la rédaction d'un grand magazine ne devrait pas trancher sur un sujet qu'il n'a pas pris la peine de connaître. Benoît XVI quitte ses fonctions parce que ses forces ne lui permettent plus d'assumer le service de successeur de saint Pierre : qualifier cette décision de "laïque" n'a aucun sens, à moins que le journaliste ne pense que la religion doit se vider du religieux (tout "bon" acte étant forcément "laïque").

Quant à Vatican II, Joffrin n'en sait visiblement rien. Il n'en a pas lu une ligne, comme la plupart des gens. Les journalistes ne sont pas la plupart des gens (ils sont chargés d'informer, ce qui exigerait qu'ils s'informent eux-mêmes), mais les neuf dixièmes d'entre eux croient que Vatican II fut réuni pour vider le catholicisme de ses "dogmes" et l'aligner sur les mots d'ordre de la société de marché ; Joffrin est dans cette foule de journalistes non-informés (donc non-informants) en la matière.

Proposons-lui une lecture. C'est le passage du dernier discours de Benoît XVI au clergé de Rome, le 15 février, où le pape évalue notamment le problème des médias et de Vatican II :

 

<< Il y avait le concile des Pères – le vrai concile – mais il y avait aussi le concile des médias. C’était presque un concile en soi, et le monde a perçu le concile à travers eux, à travers les médias.

Donc le concile immédiatement efficace qui est arrivé au peuple a été celui des médias, pas celui des Pères. Et, alors que le concile des Pères se réalisait à l’intérieur de la foi, et c’était un concile de la foi qui cherche l’'intellectus', qui cherche à se comprendre et à comprendre les signes de Dieu en ce moment, qui cherche à répondre au défi de Dieu en ce moment et à trouver dans la Parole de Dieu la parole pour aujourd’hui et pour demain, alors que tout le concile – comme je l’ai dit – se déroulait à l’intérieur de la foi, comme 'fides quaerens intellectum', le concile des journalistes ne s’est pas réalisé, bien évidemment, à l’intérieur de la foi, mais à l’intérieur des catégories des médias d’aujourd’hui, c’est-à-dire hors de la foi, avec une herméneutique différente.

C’était une herméneutique politique. Pour les médias, le concile était une lutte politique, une lutte pour le pouvoir entre différents courants au sein de l’Église. Il était évident que les médias prendraient position en faveur de la tendance qui leur paraissait la plus conforme à leur monde. Il y avait ceux qui cherchaient la décentralisation de l’Église, le pouvoir pour les évêques puis, à travers l’expression "peuple de Dieu", le pouvoir du peuple, des laïcs. Il y avait cette triple question : le pouvoir du pape, transféré ensuite au pouvoir des évêques et au pouvoir de tous, la souveraineté populaire. Bien entendu, pour eux, c’était cette tendance-là qui devait être approuvée, promulguée, favorisée.

Il en était de même pour la liturgie : la liturgie n’était pas intéressante en tant qu’acte de la foi, mais comme une chose où l’on fait des choses compréhensibles, une chose d’activités de la communauté, une chose profane. Et nous savons qu’il y avait une tendance, ayant également des fondements historiques, à dire : la sacralité est une chose païenne, éventuellement une chose de l’Ancien Testament aussi, mais dans le Nouveau Testament, le seul fait qui compte, c’est que le Christ est mort dehors : c’est-à-dire en dehors des portes, c’est-à-dire dans le monde profane. Par conséquent la sacralité devait être abandonnée, le culte était également profane : le culte n’est pas culte, c’est un acte de la collectivité, de la participation commune, et donc aussi la participation comme activité.

Ces traductions, banalisations de l’idée de concile, ont été virulentes dans la pratique de l’application de la réforme liturgique ; elles étaient nées d’une vision du concile au-delà de sa propre clé, la foi. Il en est de même pour ce qui est de la question de l’Écriture : l’Écriture est un livre, historique, qui doit être traité historiquement et rien d’autre, et ainsi de suite.

Nous savons que ce concile des médias était accessible à tout le monde. C’était donc le concile dominant, plus efficace, et il a créé beaucoup de calamités, beaucoup de problèmes, vraiment beaucoup de malheurs : séminaires fermés, couvents fermés, liturgie banalisée… Et le vrai concile a eu du mal à se concrétiser, à se réaliser ; le concile virtuel était plus fort que le concile réel.

Mais la force réelle du concile était présente et, peu à peu, elle se concrétise de plus en plus et devient la vraie force qui, en outre, est également la vraie réforme, le vrai renouvellement de l’Église. Il me semble que, cinquante ans après le concile, nous constatons que ce concile virtuel se brise, disparaît, et qu’apparaît le vrai concile avec toute sa force spirituelle. Et il est de notre devoir, justement en cette Année de la foi, en commençant par cette Année de la foi, de travailler pour que le vrai concile, avec sa force de l’Esprit-Saint, se réalise et que l’Église soit réellement renouvelée. Espérons que le Seigneur nous aide. Moi, retiré dans la prière, je serai toujours avec vous, et ensemble nous avancerons avec le Seigneur. Dans cette certitude : c’est le Seigneur qui est vainqueur ! >>

 

Source :  http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=1502132_magister

 

Commentaires

UN TEL TEXTE, EN UN TEL MOMENT

> Un tel texte de Benoît XVI, prononcé en un tel moment devant le clergé romain, a d'évidence valeur de testament et donc d'avertissement.
Et qui va au-delà des médias quelconques car le "Concile des médias" fut largement l'oeuvre d'une certaine presse catholique, dominante en France, et de mouvements de laïcs. Mais Benoît XVI ne désigne pas qu'eux, même s'ils furent moteur; mais aussi tous ceux qui y prêtèrent l'oreille, en particulier au sujet de la réforme liturgique, sujet encore sensible sur le "terrain".
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/02/2013

GRADE

> Quand il prend du grade, le pisse-copie devient un pisse-éditos ...
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Écrit par : Luc2 / | 16/02/2013

LE META-CONCILE

> Le paradoxe, c'est que de nombreux pères conciliaires ont appliqué le concile des médias plutôt que le concile réel... qui était pourtant leur œuvre. Ils ont privilégié des catégories hors de la foi : politique, sociologique, culturelle voire psychologique (être chrétien devient fondamentalement une attitude).
Mais la foi n'était pour autant pas absente : ils ont cru que l'extraordinaire transformation des mentalités dans les 30 Glorieuses était l'œuvre de l'Esprit Saint, à reconnaître dans la foi. Sous la conduite de l'Esprit qui était en train de renouveler la face de la terre, l'humanité accédait enfin à une maturité définitive, quittant l'enfance. A partir de là, le concile n'était plus à considérer dans son contenu mais comme événement historique, point d'entrée de l'Eglise dans cet âge adulte, en symphonie avec le monde. Le concile est devenu fondamentalement une dynamique historique. C'est ce qu'on pourrait appeler le métaconcile.
Ainsi, celui qui n'adhérait pas au métaconcile avait 3 caractéristiques principales :
- Il ne savait pas lire les signes des temps 
- Il était l'un de ces "prophètes de malheur" dénoncés par Jean XXIII en ouverture du concile
- Il manquait de foi dans l'Esprit Saint...
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 16/02/2013

IGNARE

> Laurent Joffrin, c'est qui?.....
un vrai clown de service, parfait dans le rôle de bobo et de marionnette médiatique, piégé de nombreuses fois sur les articles de son propre journal.
Un nul en connaissance sur les religions; je l'ai vu aussi agir sur la démystification de la personnalité du général de Gaule, qui sans doute devait être très amoureux du régime de Mussolini, mais dans son souhait de dictature a été arrêté par quelques hommes de gauche autour de lui.
ah la la, qu’est-ce qu'on doit aux hommes de gauche! ce sont les enfants du messie et les sauveurs de notre pays et de l'humanité toute entière. même les régimes communistes n'étaient pas communistes ! si si, il l'a dit.
Ce type je ne le supporte plus du tout à le lire ou à l'entendre, tellement sa suffisance et son orgueil sont évidents. Quelle arrogance.
Des gens de bien il y en a à gauche comme à droite, les sauveurs, ils ne sont ni d'un camp ni d'un autre. Quant à son discours sur le pape et le concile Vatican 2, quelle poilade : un ignare de la foi et de l'Eglise.
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Écrit par : jean-christian / | 17/02/2013

ECOLE

Il y a un point commun entre François Hollande, Laurent Joffrin et Michel Onfray : ils sont tous les trois passés par l'enseignement catholique. Pour ce qu'il leur en est resté,il y a de quoi se poser des questions !
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Écrit par : Eric Dubois / | 17/02/2013

@ Guillaume de Prémare

> Vous écrivez ici un réquisitoire implacable et concis sur une génération d'hommes d'Eglise!
Il ne décrit que trop bien ce que nous avons vécu et montre à quel point Benoît XVI a été et est libérateur par son diagnostic.
Merci!
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Écrit par : Pierre Huet / | 17/02/2013

A Guillaume de Prémare :

> quels sont les pères conciliaires qui ont interprété ainsi leur Concile ? On aimerait avoir des noms pour savoir si c'est vrai à la fin. Moi, je vois plutôt que ce furent les petits sous-secrétaires, technocrates chargés de l'application, qui inventèrent un esprit du Concile leur donnant les mains libres.
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Écrit par : JG / | 18/02/2013

@ Eric Dubois

> L'enseignement catholique vous avez dit?
Il serait intéressant de faire un sondage, pour une fois!, sur l'influence qu'elle a pu avoir sur ses anciens élèves.
A comparer alors avec ce qui est donné dans l'enseignement public.
De ce que j'en expérimente aujourd'hui, à quelques exceptions près et certains bémols en raisons d'individualités hors-normes, la croix y est aujourd'hui un logo, qu'on cherche à ériger en label High Quality. L'idolâtrie du marché et de la performance (les parents-pardon- les enfants-rois étant les clients) l'a souvent corrompu plus que l'enseignement public, où des restes de l'idéal républicain rappellent parfois davantage l'esprit évangélique.
Dans des écoles modestes qui se battent pour survivre, dans des établissements techniques et professionnels par nature sensibles aux jeunes en difficulté et gardiennes parfois de belles traditions de charité chrétienne, on trouve parfois davantage de vécu chrétien. La modestie étant une porte à la vertu d'humilité, par où on peut se laisser enseigner par le Maître (et encore, là aussi le rouleau compresseur de l'Educ Nat formate sans former et stérilise à leur insu des génération de bonnes volontés qui croient savoir).
Pour ce qui est de ces messieurs Joffrin and co , peut-être seraient-ils davantage imprégnés d'esprit chrétien s'ils étaient passés par les filières-rebut d'alors, l'atelier et les stages. Tant il est vrai que, lorsque les théories sont insanes, la réalité concrète reste le meilleur évangélisateur.
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Écrit par : Anne Josnin / | 18/02/2013

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