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05/02/2013

Même Londres parle de scinder les banques. À quoi jouent les députés français ?

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Envers ce casino, le PS plus complaisant que les tories ?



 

Vexant pour l'Elysée, pour Matignon et pour le groupe PS à l'Assemblée nationale : au moment où les socialistes français consacrent leur peu d'énergies à la loi Taubira, le gouvernement britannique conservateur brave le Mammon bancaire – au moins en paroles. Hier 4 février, à Londres, le ministre des Finances George Osborne a déclaré : «[La Banque d'Angleterre] et le Trésor auront le pouvoir d'opérer une séparation totale entre banque de détail et banque d'investissement... Nous allons 'électrifier la cloison'... Nous n'allons pas répéter les erreurs du passé, mais prendre les devants en nous armant. Les Britanniques ont besoin de savoir que les leçons ont été retenues. »

Osborne a précisé : « Nous n'allons pas nous contenter d'un cloisonnement. »

Le « cloisonnement » (se borner à prier les banques de bien vouloir filialiser leur activité de casino) n'est qu'un faux-semblant. Or c'est le summum de l'audace aux yeux de Pierre Moscovici et du  Guerrier du Désert, à en juger par la nullité de leur projet de loi bancaire.

D'où le réquistoire que publie le Collectif Roosevelt [1], sous le titre Démocratie... ou bancocratie ? :

« Le projet de loi sur la séparation des banques sera discuté en février au parlement. Pourtant, cette promesse symbolique ne sera pas tenue. Loin de là... »

« La vigueur s'est transformée en rachitisme... »

«  [Le projet de loi] propose tout juste de filialiser les banques de dépôts et les banques d'affaires. Et seulement 1% des activités financières seront cantonnées dans une filiale... 99 % des activités les plus dangereuses continueront d'être couvertes par l'Etat en cas de défaillance, et donc de menacer les dépôts des Français et notre économie. »

«  La filialisation ne règle rien, elle n'empêche pas une maison mère d'être mise en difficulté par la faillite d'une de ses filiales, un étudiant en première année d'économi sait cela... »

«  Pourquoi ce choix de filialiser plutôt que de séparer, alors que de très nombreux économistes et dirigeants de premier plan se sont prononcés en faveur [d'une séparation stricte] entre les activités commerciales et les activités de marché ? Pourquoi le projet français est-il le plus timide, le moins ambitieux, le plus frileux de tous ceux envisagés actuellement sur la planète : Volcker aux Etats-Unis, Vickers en Royaume-Uni et Liikanen au sein de l'Union européenne ? Pourquoi refuser de mettre le système bancaire français à l'abri ? Pourquoi protéger une poignée de banquiers et de traders (il y a en tout 9018 traders qui travaillent pour ces quatre banques) [2] ? Pourquoi les laisser continuer à prendre des risques inconsidérés sur les marchés en se servant de l'argent des contribuables comme d'une assurance tous risques ? »

«  Le projet du gouvernement, prévu initialement pour les premiers mois du quinquennat, a été reporté au début de l'année 2013 sous la pression du lobby banquier, le temps de vider la promesse de toute sa substance. »

« Seuls les principaux dirigeants des quatre grandes banques françaises ont été auditionnés par les rapporteurs du projet en séance plénière. Les économistes indépendants et soucieux d'obtenir une séparation stricte des banques n'ont quant à eux été reçus que par une seule personne et dans des conditions indignes de la République. » [3]

« Nous sommes près de 25 000 citoyens à demander aux élus et aux députés d'agir pour muscler le projet de loi... » (www.monadversairecestlafinance.fr)

 

Hollande et son équipe semblent aveugles devant une colère populaire que Cameron et les siens ont perçue de leur côté. Osborne explique : «  Notre pays a payé un prix plus élevé que toute autre économie majeure en raison de ce qui allait très mal dans notre système bancaire. »   Il ajoute : « La colère que ressent la population est vraiment réelle. » Les dirigeants français devraient venir l'écouter (dès qu'ils auront fini de fleurir la loge de Mme Taubira)... Ce serait dans leur intérêt, sachant que 84 % des Français sont favorables à une séparation stricte des banques : sondage Ifop, juillet 2012. « Si la volonté du peuple ne peut être imposée par les législateurs, alors pourquoi demande-t-on au peuple de voter ? » Et le jour où les Quatre Grandes Banques auront perdu au casino les économies des Français, où se cacheront Moscovici et Hollande ?

 

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[1] Libération, 5/02. Le Collectif Roosevelt a été fondé en 2012 pour proposer « des réformes d'ordre financier, économique, social et environnemental ».

[2] Les quatre « banques universelles » françaises : BNP-Paribas, Société générale, Crédit agricole et Natixis.

[3] Ils ont donc été méprisés... comme les représentants des religions dans le pseudo-débat sur la loi Taubira. Quant on a le même adversaire, n'aurait-on pas des points communs ? Ceci devrait amener les membres du Collectif à réfléchir. Voire, pour l'un d'entre eux, à soigner son TOC cathophobe.

 

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Commentaires

LE CONTRÔLE DES FLUX FINANCIERS

> Oui, c'est une bonne idée mais encore faut-il, en même temps rétablir le contrôle des flux financiers entre pays, car s'il y a communication financière entre des banques prétendument scindées via des des établissement off-shore et au moyen si rapide de virements électroniques, cette disposition sera en grande partie platonique. Et pour établir le contrôle des flux de change, il faut avoir sa monnaie, donc son état souverain, ce qu'est encore partiellement le Royaume Uni, ce que n'est pas la fictive République Française.
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Écrit par : Pierre Huet / | 05/02/2013

WORDS, WORDS, WORDS

> Malheureusement, les projets Volcker ou Vickers, on en parle depuis le début de la crise, rien n'est fait, d'année en année, de discussions au Sénat en réécritures successives, ils sont progressivement vidés de leur substance et il n'en reste aujourd'hui plus grand-chose : un peu comme la réforme de santé d'Obama, qui a bien réussi à mettre en place un financement public, mais pas une sécurité sociale publique : seuls perdurent donc les assureurs privés (donc le contribuable paie directement de sa poche un surcroît de dividendes aux actionnaires et la couverture sociale est désormais aux Etats-Unis plus dispendieuse pour le pays et plus rentable pour les spéculateurs, mais pour le reste elle n'a pas changé d'un iota : il faut lire sur ce sujet, par exemple, les excellentes analyses de John R. MacArthur, rédacteur en chef de Harper's). Ici, c'est le même tour de passe-passe ici.
Mon humble avis, c'est que les Etats-Unis et davantage encore l'Angleterre sont plongés dans des scandales financiers dont nous n'avons aucune idée en France (je ne veux surtout pas dire, bien sûr, que nos institutions financières sont d'une probité bouleversante : mais si certaines semblent avoir trempé dans le scandale du LIBOR, c'est quand même la City qui l'a intégralement organisé, avec complicité passive de l'Echiquier - et ce n'est qu'un petit exemple, presque mou par rapport à la dynamique d'ensemble). L'ampleur des malversations atteint dans les pays anglo-saxons un degré tel que les défenseurs du système (the Economist, Seigneur ! Le tabloïd des Renfield qui espèrent devenir un jour Dracula) ou les politiciens en place sont contraints de jouer le grand air de l'indignation et du "vous allez voir ce que vous allez voir". Mais on ne verra rien du tout. Il est impératif de détruire les structures de l'économie financiarisée, je ne saurais être plus d'accord avec ça, mais voilà 4 ans que l'Angleterre nous promet le Vickers qui tue et qui va tout changer, que je l'attend avec impatience parce que je me dis que si la City l'a fait une barrière psychologique tombera et qu'il sera plus facile pour les autres de l'envisager aussi. Mais pour l'instant, comme dirait Hamlet, "words, words, words..." Ils ne feront rien, ni les uns, ni les autres. Dieu veuille, bien sûr, que je me trompe lamentablement ! Car sans cela, la finance perdra quand même (sa dérégulation contient dans ses gènes propres son auto-destruction, à ce titre le petit livre de Frédéric Lordon "Jusqu'à quand ?", très habilement vulgarisé pour être compréhensible de tous, est une pièce à charge destructrice), mais elle perdra en entraînant tout avec elle.
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Écrit par : Christian / | 06/02/2013

FILIATION ET FILIALISATIONS

> L'héritage Hollande : filiations bidons et filialisations pourries ?
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Écrit par : Denis / | 06/02/2013

Vu et démoli par le P. Gaël Giraud:

> http://www.lavie.fr/actualite/economie/gael-giraud-le-projet-de-loi-sur-la-regulation-bancaire-met-le-contribuable-en-danger-05-02-2013-35957_6.php
Et encore, le P. Gaël Giraud ne traite pas des aspect internationaux...
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/02/2013

Les commentaires sont fermés.