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14/01/2013

Hervieu-Léger, une rengaine surannée

 Annoncer que le mariage homosexuel est " la fin du catholicisme en France"... et dire ça la veille du 13 janvier, et au contre-pied des sociologues sérieux ! C'est ce qu'a fait Danièle Hervieu-Léger, vestige du "religieusement correct" des années 1990 :

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Danièle Hervieu-Léger a raté son destin. Elle s'est crue – durant les années 1990 – dotée d'une autorité personnelle de très, très grande envergure ; être sociologue ne lui suffisait pas, elle se voulait mère Fouettard d'un nouveau christianisme, débarrassé du kérygme et aligné sur les modes. La dame parcourait les diocèses en faisant des propositions qu'on ne pouvait pas (pensait-elle) refuser : donnant son avis sur tout, y compris sur l'eucharistie, elle indiquait au clergé ce qu'il fallait faire et ne pas faire, penser et ne pas penser.

Mais on ne peut être et avoir été. Le XXIe siècle ne ressemble pas à ce que la dame avait décidé.

Dans Le Monde paru le 12 janvier, Mme Hervieu-Léger décrète que, puisque l'Eglise catholique récuse le mariage homosexuel, alors le mariage homosexuel sera "un jalon sur le chemin de la fin du catholicisme en France." Pas de chance pour elle ! Le lendemain 13 janvier déferle dans Paris une marée humaine parmi laquelle les catholiques sont très nombreux : ce qui amène les observateurs à constater que l'Eglise garde une puissance de mobilisation remarquable – et que cette bataille du mariage lui apporte des forces nouvelles.

Si Mme Hervieu-Léger lisait autre chose que ses propres écrits, si même elle lisait le journal qui les publie, elle aurait appris dans Le Monde paru le 11 janvier que, grâce à cette bataille, "l'Eglise a trouvé des ressources lui permettant de reprendre pied dans la société". Cette observation était faite par l'universitaire Philippe Portier [1], tout aussi qualifié que Mme Hervieu-Léger mais nettement mieux informé. Il ajoutait, à propos de l'Eglise de France : "Son discours et son action lui permettent de peser sur le débat, de proposer des référentiels de réflexion conformes à sa doctrine, et de témoigner d'une véritable capacité de mobilisation. Elle constitue comme un point de ralliement dans une période où les partis politique ne le sont plus... Elle a pu toucher au delà de ses propres troupes en répondant au sentiment de 'panique morale' d'une partie de la population qui, sans être pratiquante ni même religieuse, attend qu'on préserve des repères stabilisés d'existence..." Selon Portier, nombre de contemporains, "sans adhérer aux normes de l'Eglise, peuvent se retrouver [avec elle] sur des éléments de droit naturel ou anthropologique".

Portier constate aussi que ce combat sociétal de l'Eglise est en conflit avec la "culture de l'autonomie et de la subjectivité morale", autrement dit l'hyper-individualisme de la société de marché ; et que ce conflit peut lui aliéner une partie de l'opinion (la plus influencée par le pilonnage des médias commerciaux). Mais le fait est là : le conflit rouvre au catholicisme un vaste terrain d'évangélisation, pour amener à la foi cette nouvelle espèce qu'on appelle les "incroyants cathophiles".

Cela, Mme Hervieu-Léger ne veut ni le voir, ni le savoir. Elle est enfermée dans son système qui date de la fin du siècle dernier. Elle refuse de constater ce que même Libération (14/01) constate : « La gauche a commis une erreur d'appréciation. Se fondant sur le déclin du catholicisme, elle n'a pas imaginé que les réseaux cathos possédaient encore une telle capacité de mobilisation. Ces derniers ont agrégé autour d'eux d'autres mouvances religieuses comme les protestants évangéliques, très actifs, ou les musulmans... L'habileté a été de faire du mariage pour tous une question de société, et non pas un enjeu religieux, et d'axer son opposition non sur le mariage en tant que tel, mais sur la filiation, thème sur lequel l'opinion est plus réceptive. Malgré son ambiguïté politique, l'Eglise catholique va capitaliser sur l'ampleur de cette mobilisation. Elle lui donne du poids dans son combat actuel et dans d'autres à venir... S'il est minoritaire, le catholicisme connaît une mutation interne : moins de troupes, certes, mais plus militantes. Et plein de nouveaux alliés, religieux et politiques. »

L'affaire du mariage homosexuel ne signe pas la fin du catholicisme en France ; elle signe la fin de l'hervieuléger, pensée fossile.

 

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[1] directeur d’études à l’École pratique des hautes études (Paris-Sorbonne), où il occupe la chaire Histoire et sociologie des laïcités, au conseil scientifique duquel il siège. Depuis 2008, il est directeur du groupe Sociétés, religions, laïcités.

 

Commentaires

CA SUFFIT

> Ca suffit avec cette bonne femme, qu'elle prenne sa retraite, elle a l'âge de ma grand-mère ! Elle ne comprend rien au phénomène de foi et répète la même chose depuis vingt-cinq ans.
Pour qui se prend-elle ? C'est aussi vieux et lassant que le boniment de Séguéla.
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Écrit par : Nati / | 14/01/2013

IN OCULO

> Cela me rappelle le livre "Tous les chemins ne mènent plus à Rome" écrit par un groupe de théologiens arrogants et aigris cinq ans avant la chute du mur de Berlin: digitus in occulo usque ad claviculum.
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Écrit par : B.H. / | 14/01/2013

FAIRE DES PHRASES

> Cette vieille dame qui passe son temps à s'admirer parler me donne envie de citer mon grand maître à penser, M Lautner et mon film de chevet, 'Les tontons flingueurs' :« C’est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases. »
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Écrit par : gdecock / | 15/01/2013

LES SALONS XVIIIe

> Elle est dans la logique de ces penseurs des Lumières qui s'asseyaient à leur bureau pour penser le monde et qui considéraient que depuis leur bureau, leur vision du monde était supérieure à celle de ceux qui y vivent. Le problème que j'ai avec ça est que je peux me faire une image de la réalité si j'y pense. Ce n'est pas la réalité. Décréter ensuite que mon modèle est la réalité et que j'y ai tout compris me mène automatiquement à dire des bêtises (la dame) et à provoquer des catastrophes si j'ai le pouvoir (Kampuchea démocratique).
Ces gens se voient comme les Lumières de la masse aveugle qu'il faut guider. Vous illustrez ici une des limites de ce modèle.
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Écrit par : DidierF / | 15/01/2013

Merci

> Merci à Patrice de Plunkett pour ce post d'utilité publique (et merci pour son blog décalé et intelligent).
Il est effectivement temps que "Danièle" prenne sa retraite. Elle nous épuise.
Ok pour le remplacement par Philippe Portier, nettement plus intéressant.
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Écrit par : Jean-Yves Riou / | 15/01/2013

TATIE DANIÈLE

> Tatie Danièle, l'heure est venue de te retirer dans une verte campagne.
Tu pourras régner sur les Adap.
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Écrit par : Tryphon 2 / | 15/01/2013

LES CATHOS CHANGENT

> Un des mérites du succès du 13 janvier c'est de montrer que le catholique français a changé : le public de Tatie Danièle ayant quitté l'Eglise depuis longtemps, il ne reste que les croyants militants. C'est un progrès car c'est eux qui évangélisent. (Pour évangéliser il faut avoir envie de le faire, et pour en avoir envie il faut... croire au Christ). Ras le bol des faux catholiques de sondages qui ne croient pas en Dieu.
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Écrit par : emmeline / | 15/01/2013

'LE MONDE'

> Cet article m'avait choquée. Merci pour cette réponse, ne vaudrait-elle pas un article ou un droit de réponse dans LE MONDE ?
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Écrit par : camille / | 18/01/2013

PAS D'ACCORD

> Et alors comment expliquez-vous que 41% des catholiques pratiquants soient pour le mariage pour tous ? Les catholiques qui se sont mobilisés à la manif de Paris sont de plus en plus comme mon Eglise : de droite, de milieux sociaux aisés. Nous allons vers une Eglise de purs. Tremblons, nous autres, les mères-célibataires, les familles recomposées, les divorcés-remariés, les familles homoparentales. Nous essayons de vivre dans une certaine vérité nos relations, mais halte-là, on nous renvoie que nous ne sommes pas des purs, des bien comme il faut des familles de 1 papa + 1 maman + des enfants.
En ce sens, je rejoins l'analyse de Mme Hervieu-Léger. Ceux qui ont fuit ou pris du recul avec humanae-vitae ressemblent sans aucun doute à ceux qui aujourd'hui sont pour le mariage pour tous et qui ne supportent pas la pensée unique dans l'Eglise (parce que le débat, depuis la prière du 15 août, on ne nous y donne pas accès dans l'Eglise)... Alors braves gens si vous voulez une Eglise de purs, c'est votre choix, mais on est bien loin de l'Evangile...

Anne


[ De PP à Anne (qui n'est pas A.J., précisons-le !) :
- Je comprends que vous parliez ainsi, parce que visiblement vous avez eu affaire à des gens qui se prenaient pour des "purs".
- Ceux qui se prenaient pour des "purs", à l'époque de Jésus, étaient les pharisiens - et on sait ce qu'il leur a dit. Mais de là dire que ceux qui vous ont blessée incarnent à eux seuls la foule immense du 13 janvier, et que les mobiles de cette foule étaient forcément mauvais, et de là à dire que ceux qui adhèrent au kérygme et au Credo sont des pharisiens..., il y a une marge.
- Or c'est à peu près ce que raconte Mme Hervieu-Léger depuis trente ans...
- Des mères-célibataires chrétiennes, des familles recomposées chrétiennes, des divorcés-remariés chrétiens, beaucoup lisent ce blog, beaucoup fréquentent la Fraternité des chrétiens indignés. Aucun ne met en question la parole du Christ dans l'Evangile.
- Aucun chrétien croyant, à ma connaissance, n'est assez conformiste pour répéter que les laboratoires de biotechnologie sont l'avenir de la reproduction humaine, et qu'il faut cesser de croire qu'un homme et une femme sont nécessaires pour faire un enfant. Or c'est bien de cela qu'il s'agit dans l'affaire du mariage homosexuel, stade suprême du marketing de nos comportements... Et ça n'a rien à voir avec la souffrance des mères célibataires ou des divorcés remariés.
- Autant les situations de souffrance sont à respecter, autant il serait injuste de faire peser sur la société entière (et sur la définition même du foyer père-mère-enfant) le poids artificiel de la revendication du minuscule lobby LGBT.
- A ce sujet, je vous suggère de rencontrer des homosexuels non conformistes et d'en parler avec eux : par exemple Philippe Ariño, auteur de "L'homosexualité en vérité". Ils sont mieux placés que nous pour parler de leur vie - et ils ne sont pas nécessairement d'accord avec le lobby LGBT, soutenu par les grands médias et les forces de l'argent.
- Permettez-moi aussi d'attirer votre attention sur le fait que le milieu catholique, même s'il reprend énergie et foi ces temps-ci, est très faible par comparaison avec cette machinerie des médias et de l'argent. Le plus célèbre avocat du mariage gay est tout de même M. Blankfein, pdg de Goldman Sachs, qui trouve que c'est du "good business"...
Ne renversons donc pas les rôles. Les catholiques sont les plus faibles aujourd'hui. Crier contre eux n'est pas un acte de rébellion : c'est même un peu l'inverse. Et je peux vous garantir qu'ils ne ressemblent pas tous - et même pas souvent - à la caricature que vous esquissez dans votre message. Je ne la crois pas inspirée par le ressentiment mais par une blessure.Vous découvrirez, tôt ou tard, que ceux qui vous ont blessée ne sont pas la totalité du peuple chrétien.]

réponse au commentaire

Écrit par : Anne / | 22/01/2013

« LE COMBAT BIEN MENE DE L'EGLISE »

Dans le courrier des lecteurs du 'Monde' (23/01) :

« Comme le révèle sa tribune 'Le combat perdu de l'Eglise' ('Le Monde' du 14 janvier), Danièle Hervieu-Léger est sociologue et non pas juriste. Sinon, on peut penser que le problème qui est au coeur de sa description du 'combat perdu de l'Eglise' ne lui aurait pas à ce point échappé, et qui est celui de la fonction du droit dans nos sociétés démocratiques. Cette fonction est-elle seulement de faire valoir les droits imprescriptibles des individus dans des sphères toujours plus étendues et plus diverses, comme elle se plaît à le montrer ? Ou aussi d'y marquer des limites ? Que la découverte de relations toujours plus complexes entre les gens comme entre les choses soit un bien (vive Edgar Morin !), certes, mais au risque de s'y perdre. Précisément pour cette raison, la question des limites à inscrire dans ces systèmes complexes n'en est que plus urgente. Et si la tâche présente de l'Eglise, ingrate, mais indispensable et crânement assumée, était de rappeler à nos sociétés démocratiques qu'elles ne peuvent subsister sans poser des interdits, et qu'elles doivent faire accepter par les individus (c'est en cela qu'elles sont démocratiques) ? La seule parole sensée que l'Eglise puisse adresser aujourd'hui aux libertés est de leur dire : 'Vous ne pouvez pas tout.' Or, justement, c'est ce qu'elle fait.

Pierre Tissier, Villié-Morgon (Rhône) »
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Écrit par : luça / | 23/01/2013

MERCI

> Merci pour votre article !
Fortement remotivée dans la poursuite de ma recherche universitaire sur la transmission de la dimension sacrée du patrimoine, je retombais sur des écrits valables de Mme Hervieu-Léger et cherchant davantage d'articles, étais tombée, à l'instant, sur ses prises de positions récentes en faveur du mariage homosexuel et songeait, de lignes en lignes à la retirer purement et simplement du spectre de mes lectures !
Me sentant parfaitement en adéquation avec la réelle vitalité de l'Eglise telle que vous l'évoquez et voyant avec joie et espoir qu'autour de nous, fouettées sans doute par les folies de nos gouvernants, les consciences s'éveillent, voyant enfin que l'humanité se souvient de sa foi, je trouve mille fois condamnables les sociologues cyniques de la prétendues intelligentsia qui se contentent de piétiner les fleurs d'espérance et de conscience de nos contemporains !
Merci donc clairement pour votre réaction sans ambiguïté et sans ménagement pour la prétention intellectuelle de ce chercheur !
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Écrit par : Fanny / | 20/02/2013

PATRIMOINE

> André Chastel et Jean-Pierre Babelon, dans leur livre consacré à "La notion de patrimoine", considéraient qu'à l'origine de ce que nous appelons aujourd'hui patrimoine, il y avait le "sens du sacré" :

« Dans toute société, dès la préhistoire, comme l'indique la belle étude d'André Leroi-Gourhan, le sens du sacré intervient en invitant à traiter certains objets, certains lieux, certains biens matériels comme échappant à la loi de l'utilité immédiate. L'existence des Lares familiaux, celle du palladium de la cité doivent probablement être replacés à l’origine ou au fond du problème du patrimoine. Il faut en rapprocher le sort de certains objets usuels, armes et bijoux, et même d’édifices, qui, pour des raisons diverses, ont échappé à l’obsolescence et à la destruction fatale pour se voir doter d'un prestige particulier, susciter un attachement passionné, voire un véritable culte. L'histoire du développement humain est lié aux comportements à l'égard des morts, dont nous n'avons pas à traiter ici, sinon par rapport aux sépultures ; mais il est lié aussi à des attitudes, à des règles concernant des objets privilégiés qui méritent d'échapper aux fatalités naturelles. [...] » (Editions Liana Levi, 1994, p. 11-12)

D'ailleurs, le "sacer" des Latins peut être rapproché de l'idée de patrimoine : Comme l'écrit Macrobe dans les Saturnales, 3, 3, 2, citant le juriste Trébatius, "sacer" s'applique à « tout ce qui est considéré comme la propriété des dieux ». "Patrimonium" quant à lui, signifiait "bien de famille" - au propre comme au figuré.

Evidemment, la question de la transmission se pose assez différemment quand il s'agit de la propriété des hommes ou de celle des dieux. -
Même si certains bien consacrés aux dieux pouvaient être par la suite transférés aux humains.
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Écrit par : Blaise / | 20/02/2013

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