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12/01/2013

Mariage gay : la tribune commandée – puis refusée – par Rue 89...

 mariage

 

...à Pierre Jovanovic

   (Sciences Po Paris) :

 


 

Depuis huit jours, les grands médias – papier/télé – ont sollicité nombre de jeunes chrétiens : articles commandés, interviews téléphoniques, enregistrements pour les télévisions... Mais à l'arrivée, aucun de ces entretiens, ni de ces articles, n'a été publié ou diffusé. Explication : les analyses qu'ils développaient n'avaient rien à voir avec les propos irrationnels que les médias auraient voulu entendre. Exemple : la tribune ci-dessous, écrite par Pierre Jovanovic pour Rue 89 qui la lui avait demandée... avant de la refuser en dernière minute, sans aucune explication !

 

 

Tribune de Pierre Jovanovic

 

<<  Merci au mariage pour tous! Merci au gouvernement et merci à l’Inter-LGBT ! Grâce à leur prosélytisme agressif pour "l’égalité des droits", ils ont poussé les opposants à sortir du bois, et à approfondir une conviction essentielle sur la société, l'écartant de toute tentation homophobe.

A la veille de la "Manif pour Tous" du 13 janvier, les tribunes et articles en tous genres se sont multipliées sur le sujet. Les Français sont soumis à un matraquage constant, pour et contre le projet de loi, mais qui rend le débat vain, stérile et frustrant.

Le temps est venu d’en finir avec les arguments, et de tirer les premières leçons de la controverse: que nous a-t-elle apporté ?

Côté catholique, le mariage pour tous a suscité une salutaire réflexion en interne, sur la forme, la réaction à ce projet, et sur le fond, la sexualité et la place des personnes homosexuelles dans l’Eglise.

Seuls trente-trois évêques sur plus d’une centaine composant la Conférence des évêques de France ont directement appelé à manifester dimanche prochain. Il n’y a pas de ligne arrêtée quant à l’attitude à avoir, et le débat sur le projet de loi traverse les paroisses, les aumôneries et autres lieux d’Eglise. Contrairement à ce que croient certains, sans doute trop marqués par Le nom de la rose ou Les Guignols de l’info, l’Eglise catholique fait l'unité autour d'une autorité ménageant de larges espaces d’expression en son sein.

Ce fut l’occasion de redécouvrir et de se réapproprier la doctrine catholique sur l’homosexualité, qui a toujours fait primer la dignité intrinsèque de chaque personne. C’est au nom de cette doctrine que les catholiques ont rejeté massivement l’homophobie, en excluant Civitas et en ralliant la "Manif pour Tous" en novembre dernier.

Au-delà de l’homosexualité, le chrétien du 21e siècle est invité à revisiter la"carte routière" du désir, pour reprendre la jolie formule du curé de la Cannebière, le Père Zanotti-Sorkine. Les préjugés s’érodent, même au cœur du petit milieu BCBG versaillais, si fermé à ce sujet, qui a rencontré des témoins comme Philippe Ariño, jeune gay lui racontant le vécu des personnes.

Le débat a permis à l’archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, de rappeler dès le mois d’août qu’en 2010, les évêques de France avaient proposé aux fidèles une prière contre l’homophobie. Le cardinal, souvent brocardé, est pourtant un de ceux qui donnent le plus de gages anti-homophobes au quotidien. En janvier 2009, il alla spontanément à la rencontre d’un groupe d’homosexuels qui protestait violemment devant la basilique de Fourvière, à la stupeur des fidèles, sans avoir peur d’ouvrir les portes. J’y étais, et son exemple m’a bouleversé.

La position de l’Eglise ne se situe pas sur le terrain des valeurs. Au nom des valeurs ou d’une morale, écrivait récemment l’évêque de Nanterre Mgr Gérard Daucourt, des "athées pieux" agissent en contre-témoignage de l’Evangile. Les chrétiens n’adhèrent pas au christianisme comme à un programme politique, ils adhèrent à Jésus-Christ.

L’Eglise n’est donc ni sectaire, ni monolithique. Elle réfléchit en communauté, et va de l’avant, grâce au coup de pouce de réactionnaires restés fossilisés en 1903, lorsque le gouvernement anticlérical expulsa manu militari les moines chartreux de leur monastère.

Le débat actuel par ailleurs le contraire d’un duel classique droite-gauche. Il est intéressant de constater que la défense du mariage homme-femme rend obsolètes les clivages traditionnels, malgré les tentatives de récupération. La charge de Vincent Peillon contre l’enseignement catholique ne peut se comprendre que dans une stratégie d’enfermer la réflexion, en présentant l’Eglise comme la tête de la contestation, alors qu’elle est loin d’être la seule. De son côté, la ligne copéiste, défendue par des individus opportunistes ou sans convictions sur le sujet, doit inviter à la lucidité sur ses réelles motivations ; tout comme il est certain que beaucoup de manifestants dimanche seront moins là contre le mariage gay que pour s’en prendre à François Hollande.

Il est révélateur que sur l’étrange carte de France de la délation lancée par les Jeunes socialistes, tous les élus "homophobes" contre le projet de loi sont UDI, UMP ou FN, alors que, pour ne citer qu’eux, le maire de Quimper Bernard Poignant et le député de l’Oise Patrice Carvalho sont membres du PS et du Front de gauche.

Finalement, le débat sur le mariage pour tous permet de déceler une polarité entre deux visions du monde opposées. Le premier, guidé par le respect de l’humain et ancré dans le réel, propose de bâtir la société en partant de ses bases fondamentales, dont l’altérité sexuelle. Le second projet, "progressiste", se retrouve phagocyté par l’ultralibéralisme dominant, qui promeut un homme-consommateur isolé de ses semblables, refusant toute influence alors que son identité est construite avec autrui, et projetant la réalisation de ses désirs comme normes sociales. Société fondée non sur la défense du faible, mais sur le droit du plus fort, et bien souvent du plus riche. Cela n’étonnera personne que le PDG de la banque d’affaires Goldman Sachs Lloyd Blankfein ait affirmé : "Equality is just good business."

Et si le mariage pour tous ouvrait enfin le vrai débat sur le choix de la société dans laquelle nous voulons vivre ? Espérons que le pouvoir médiatique n’empêchera pas ce dernier. >>

 

 

19:19 Publié dans Idées, Société | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : mariage

Commentaires

> Excellent. La dernière phrase est essentielle...
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Écrit par : Vincent / | 12/01/2013

> Merci pour cette contribution au débat.
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Écrit par : B.H. / | 12/01/2013

RECONFORTANT

> Oui, c'est très réconfortant de voir le nombre de bons textes, intelligents, argumentés, rigoureux et bienveillants qui ont été écrits et publiés ici ou là depuis le début de ce "débat". Quel plaisir de se rendre compte qu'il y a tant de chrétiens formés capables de rendre compte clairement et calmement de leur foi, capables d'établir un juste rapport entre l'intellectuel, le moral et le spirituel, et qui manifestent le désir de s'engager pour un monde meilleur.
______

Écrit par : Christine / | 12/01/2013

NOTRE NOUVEL AFGHANISTAN ?

> Et pendant ce temps-là, dans l'indifférence quasi-générale, un nouvel "Afgha" se prépare, l'opération Serval :
http://www.marianne.net/blogsecretdefense/
Un Conseil de défense (présidé par le PR) sera réuni demain : l'affaire est d'importance.
______

Écrit par : Feld / | 13/01/2013

PAS D'ACCORD

> N'étant pas spécialement contre le mariage-gay (plutôt pour), j'apprécie quand même lire les argumentations des deux partis s'opposant sur la question.
Là, j'ai cru un peu à quelque chose d'assez sympa. Même si c'est assez pro-église etc, mais je ne le reprocherai pas, l'article dans sa globalité est bien. Le report de plusieurs choses qui ne sont pas passées dans les médias est même très bien.
Non mon seul reproche, c'est la conclusion qui n'a absolument rien à voir avec le reste de l'article. Comment, après avoir rappelé des faits & des informations, l'auteur peut balancer en 10 lignes que le débat n'oppose que des gens respectueux de l'homme, ancrés dans le réel etc à des gens nombrilistes, extrémistes, moutons et bornés ?
En ces 10 lignes, l'auteur a clos le débat qui motive son geste. Il a posé sa conclusion, qu'on ne peut contester et fini sur une ouverture "pour la forme" puisqu'elle n'a pas lieu d'être, le paragraphe précédent prouvant à quel point elle est rhétorique.
Bref, je comprend que cet article n'ait pas été publié. Cette fin est choquante, mal amenée et à l'opposé du reste de l'article.
Il n'y a pas de justification, pas d'explication ou d'argumentation. La quasi-totalité de l'article a défendu la chrétienté, les 14 dernières lignes ont clos le débat sur le Mariage-Pour-Tous.
Pas vraiment dans l'optique journalistique du "discutons-en".

Gabriel


[ De PP à G. -Si la fonction des tribunes n'est pas d'exprimer des opinions, alors quelle est leur fonction ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Gabriel / | 13/01/2013

MENSONGE RADIO

> N'oublions pas la radio : Sur France Inter, aux actualités du soir, j'ai surpris le journaliste en flagrant délit de mensonge : il y affirmait que les hommes politiques présents à la manifestation pour tous venaient exclusivement de la droite, c'est-à-dire de l'UMP et du FN. Je peux témoigner de la présence des militants et des élus de gauche et socialistes. Aucun politicien de droite n'a d'ailleurs pris la parole sur le Champ de Mars.
Une société qui s'habitue au mensonge, et dans laquelle la frontière entre vrai et faux devient indiscernable ne peut maintenir longtemps un régime démocratique.
______

Écrit par : Blaise / | 13/01/2013

REMARQUES

> Je pense que, dans ce débat, quelques remarques s'imposent :
1) Le "mariage pour tous" est une formule hypocrite (comme l'I.V.G) : les bébés feraient-ils partie de ce "tous" ?
2) Les références aux "promesses de M. Hollande" sont un subterfuge.
Napoléon, puis Napoléon III, comme Mussolini, Hitler, Franco et consorts sont arrivés au pouvoir par des élections démocratiqques. Doit-on, pous autant, considérer les guerres napoléonnennes, les changements de cap de Napoléon III, la guerre de 1870, les ballillas, les rafles de Juifs, etc. comme légitimes ?
3) L'accusation d'"homophobie" est un non-sens, comme l'a montré Denis Sureau dans "L'Homme Nouveau" du 5 janvier 2013. Etymologi-quement, l'"homophobie" ne signifie rien d'autre que la peur de son semblable !
4) La loi sur le "mariage" entre homosexuels ne changera rien à la nature des choses. Certes, elle compromettra l'avenir des enfants, qui auront du mal à assumer leur identité et à construire leur personnalité, mais les lois de la nature ont la dent dure, comme les scientifiques le savent bien.
5) L'Église catholique a le devoir de témoigner. Elle continue de le faire. La question de convaincre est une autre affaire.
6) La franc-maçonnerie serait-elle vraiment étrangère à cette affaire ? La réponse de M. Manuel Valls au cardinal Barbarin le donne à penser : "Nous sommes très déterminés", a-t-il dit...

Écrit par : Jean-Claude Alleaume / | 14/01/2013

CYNISME

> Merci M. le Président (de votre cynisme) !
J'ai beaucoup aimé la réponse du président à la demande de référendum : "il a déjà eu lieu, c'était mon élection, donc tous les français (qui ont voté pour moi) sont d'accord avec l'ensemble des points de mon programme!".
Superbe ! après "les promesses n'engagent que ceux qui y croient", voici un nouveau slogan qui devrait faire date, et garantir à Mr Hollande de ne pas passer le 1° tour des élections s'il se représente en 2017 car je doute que l'on trouve 10% des français (ou même 5%) d'accord avec l'ensemble des points de son programme !
J'espère que les journalistes (et surtout l'opposition) sauront lui rappeler sa petite phrase. Je pense aussi à la taule que va prendre le PS (et beaucoup d'élus "honnêtes") en 2014 lors des prochaines municipales, car je pense qu'aujourd'hui, beaucoup de français (qui ont voté pour lui) ont mal au c..
Vive la démocratie participative (version PS).
______

Écrit par : gilbert / | 14/01/2013

> Gilbert, la même chose se disait à propos de l'UMP et de Sarkozy quelques mois après son élection...
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Écrit par : PMalo / | 14/01/2013

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