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01/12/2012

Paris : au Palais, les juristes catholiques en colloque sur la liberté religieuse

          Une journée de travail sur un sujet brûlant :

 christianisme,catholiques



Dur week-end pour le cardinal Burke, président de la Cour de cassation de l'Etat du Vatican. De Biarritz, où il présidait au colloque sur la vie, il s'est envolé pour Paris, où il a présidé ce samedi le colloque de la Confédération des juristes catholiques sur la liberté religieuse. Dans le cadre (très XIXe siècle) de la première chambre de la cour d'appel, au Palais de Justice, le cardinal intervenait sur le thème Fondements du droit et liberté religieuse. Occasion, pour lui – à l'heure où les dominants en sont à insulter le christianisme* – de rappeler un certain nombre de notions :

> « une vie politique stable dépend de l'objectivité de la loi »

> « les citoyens ont le droit d'être gouvernés par la loi et non par des intérêts partisans »

> « la démocratie ne peut être réduite au pouvoir des majorités »

> « les vraies sources du droit sont la nature et la raison »

> « défendre les critères du droit est notre tâche dans ce moment historique »

> « sans la reconnaissance du bien commun, la société est livrée à la violence et à la destruction par l'individualisme débridé »

> « les lois d'une nation démocratique doivent coïncider avec le bien commun »

> « le dévouement au bien commun est une obligation de la justice et de la charité »

> « enfermer la religion dans la sphère privée est un danger pour la société, dans la mesure où la religion apporte une contribution vitale au dialogue national »

> « l'Eglise joue un rôle irremplaçable en Europe par la formation de citoyens »

> « pourquoi perdre la force que la foi chrétienne apporte à toute nation ? »

> « Quand l'Eglise participe à un débat public pour formuler des réserves, ce n'est pas de l'intolérance ou de l'interférence : c'est pour éclairer les consciences – même s'il faut se mettre en conflit avec des situations de pouvoir ou d'intérêts personnels... » 


Avant l'intervention du cardinal Burke, le président des Juristes catholiques français (le Pr Joël-Benoît d'Onorio) avait introduit les travaux de la journée par une série de mises au point magistrales :

> La notion de liberté religieuse, « pierre d'achoppement entre le concile Vatican II et la réaction traditionaliste », fut un grand acquis « doctrinal et pastoral ». Le concile n'a nullement changé la pensée de l'Eglise en la matière, il a reformulé la même réalité selon un nouveau point de vue dans un nouveau contexte : « les droits fondamentaux de la personne humaine face à l'Etat libéral qui ne croit à rien »... « Parmi ces droits : celui de ne pas être inquiété par l'Etat pour des questions de foi. »

> « La liberté religieuse ne se réduit pas à la simple liberté d'opinion. L'acte de foi est personnel, c'est-à-dire qu'il n'est pas collectif ni sociologique. Il est également libre (« pas de contrainte en religion) et doit être extériorisable : une liberté religieuse théorique serait insuffisante. »

> «Avoir la foi est un droit inné, supérieur à l'Etat et antérieur au droit positif. »

> « L'idée de ''laïcité'' est la réponse française au problème de la liberté religieuse dans la cité. D'autres pays ont trouvé d'autres réponses. »

> «Une laïcité neutre est impossible : toute loi fait nécessairement référence à un principe. »

> « Quand l'Etat définit la morale, la liberté de conscience disparaît. »

> « En France, le ministère de l'Education tend à se transformer en ministère de la Rééducation : qu'enseignera-t-on dans les écoles, au nom de la ''morale laïque'', sur les sujets touchant à l'éthique fondamentale – qui pour certains a un soubassement religieux ? »

> « Le relativisme empêche la convivialité : il érige en normes les particularismes. »

> « L'individualisme exacerbé sacralise les intérêts de chacun et les habille de néologismes : ''parentalité'', ''démariage'', ''mariage pour tous''... »

> « Le Parlement devient une chambre d'enregistrement en matière sociologique. On fait des lois à partir des pathologies sociales. Inversant la vieille formule de Portalis, on s'inspire des moeurs pour corriger les lois. »

> «La souveraineté de l'Etat n'existe que dans la sphère du politique, pas dans celle de l'éthique ou du scientifique... »

> « Le vrai et le faux, le juste et l'injuste, ne se décident pas au suffrage universel. »

Autres interventions : le recteur Joseph Maila, directeur de la prospective au ministère des Affaires étrangères (La problématique religieuse dans les relations internationales), Mgr Alain Lebeaupin, nonce auprès de l'UE à Bruxelles (La liberté religieuse dans la diplomatie pontificale), le Pr Ombretta Fumagalli Carulli, membre de l'Académie pontificale des sciences sociales (Liberté religieuse et réciprocité dans le dialogue inter-religieux), le Pr Alfonso Lopez de La Osa Escribano, de la faculté de droit de l'université Complutense de Madrid (La liberté religieuse selon les normes européennes), le Pr Yves Gaudemet, de l'université Assas-Panthéon Paris II (Liberté religieuse et laïcité en France).

 

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* Pour preuve : avant-hier, à l'Assemblée nationale, l'agressivité des députés PS à l'encontre des chrétiens "auditionnés" (quelques minutes) sur le mariage gay.

 

Commentaires

LE CHAMP

> "Les penseurs et philosophes ont quitté le champ de la religion", comme s'en félicite M. Tourret lors de l'audition d'il y a quelques jours.
Peut-être était-il présent hier pour s'en rendre compte par lui-même ?
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Écrit par : PMalo / | 02/12/2012

RAISONNEMENT EN CERCLE

> "« Le Parlement devient une chambre d'enregistrement en matière sociologique. On fait des lois à partir des pathologies sociales. Inversant la vieille formule de Portalis, on s'inspire des moeurs pour corriger les lois. » Ajoutons à cela l'hypocrisie qui suppose les moeurs pour en réalité les façonner par la loi: le discours schizophrène du gouvernement: d'un côté il faudrait légaliser le mariage des homosexuels parce que la société a évolué; de l'autre côté, il faut rééduquer les enfants parce qu'ils n'ont pas intégré la nécessité de légaliser ce mariage...
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Écrit par : Hubert Houliez / | 02/12/2012

OBSOLESCENCE PROGRAMMEE DES DROITS DE L'HOMME

> Vu la chosification de l’humain, la marchandisation de l’enfant, la déréalisation de la famille qui nous sont promises avec l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels, il est heureux que les juristes bossent.
Un exemple (qui a déjà dû être soulevé) : est-ce que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (intégrée au Préambule de notre Constitution) tient encore la route ?
On en connaît l’article 1er : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. »
Qu’en disent nos politiciens ?
L’enfant né par PMA (sigle évocateur : « procréation médicalement assistée » mais aussi, dans le cas qui nous occupe, « père ou mère absent »…) Cet enfant de la PMA, donc, est-ce qu’il naît libre et égal en droits sachant qu’on expulse d’entrée l’un de ses géniteurs, que l’on compte pour rien la « moitié » de sa filiation naturelle, que l’on évacue avec une très grande légèreté le trouble identitaire du futur adolescent et adulte en comptant sur la crédibilité du « roman familial » à inventer?…
Libre et égal en droits, l’enfant de la PMA ?
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Écrit par : Denis / | 02/12/2012

QUESTION

> «Avoir la foi est un droit inné, supérieur à l'Etat et antérieur au droit positif. ». Mais peut-on considérer qu'un boudhiste ou un musulman a la foi ?

JD


[ De PP à JD - Où voulez-vous en venir ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Jean Decras / | 02/12/2012

DISTINGUER FOI ET CROYANCE

> Je crois que Jean Decras fait une distinction entre foi et croyance.
- LA Foi reçue des apôtres qui est LA Foi puisqu'il n'y a un qu'un seul Dieu, une seule révélation, une seule Eglise incarnée ici bas dans l'Eglise militante (que nous formons) qui doit s'efforcer de se convertir chaque jour pour se rapprocher de l'Eglise triomphante, "idéale", celle du Ciel.
- La foi-croyance des religions inventées par les hommes.
Dans ce cas, je suis d'accord et l'Eglise avec moi et avec elle, je précise :
- que ces croyances peuvent contenir des éléments en commun avec la Révélation, donc des choses vraies.
(si un musulman dit quelque chose qui est aussi dans la foi catholique, je ne vais pas dire que c'est faux sous prétexte que c'est un musulman qui le dit ; c'est la Vérité que j'adore pas celui qui en parle)
Quand Jean Paul II embrasse le Coran il y embrasse la part de Vérité qui s'y trouve.
- que ces croyances sont aussi le signe d'une recherche de la Vérité. Recherche estimable malgré les imperfections du résultat final.
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Écrit par : zorglub / | 03/12/2012

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