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29/10/2012

Nouvelle évangélisation : le message du synode à chaque catholique de la planète (1)

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+ les 58 propositions :


 


 

<<   Frères et sœurs,

«Que la grâce et la paix soient avec vous tous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ le Seigneur» (Rm 1,7). Nous, évêques du monde entier, réunis à l’invitation de l’évêque de Rome, le pape Benoît XVI, pour réfléchir sur « la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », avant de rentrer dans nos Églises particulières, nous voulons nous adresser à vous tous, pour soutenir et orienter le service de l’Évangile dans les différents contextes où nous nous retrouvons pour témoigner.

 

Comme la Samaritaine au puits de Jacob

Nous nous laissons illuminer par une page de l’Évangile: la rencontre de Jésus avec la Samaritaine au puits de Jacob (Jn 4, 5-42). Il n’y a pas d’homme ou de femme qui ne se trouve, à un moment de sa vie, comme la femme de Samarie, près d’un puits avec une cruche vide et l’espérance de trouver la réalisation de l’aspiration la plus profonde du cœur, la seule qui puisse donner sa pleine signification à l’existence. Aujourd’hui, nombreux sont les puits qui s’offrent à la soif de l’homme, mais un discernement est nécessaire afin d’éviter des eaux polluées. Il est urgent de bien orienter la recherche pour ne pas devenir la proie de désillusions destructrices.

Comme Jésus au puits de Sychar, l’Église aussi ressent le devoir de s’asseoir aux côtés des hommes et des femmes de notre temps, pour rendre présent le Seigneur dans leur vie, afin qu’ils puissent le rencontrer, car lui seul est l’eau qui donne la vie véritable et éternelle. Seul Jésus est capable de lire jusqu’aux tréfonds de notre cœur et de nous dévoiler notre propre vérité : «Il m’a dit tout ce que j’ai fait», confesse la Samaritaine à ses concitoyens. Cette annonce, à laquelle se joint la question qui ouvre à la foi : «Ne serait-il pas le Messie?», montre comment celui qui a reçu la vie nouvelle dans la rencontre avec Jésus ne peut manquer de devenir porteur de vérité et d’espérance pour les autres. La pécheresse convertie devient messagère du salut et conduit à Jésus tout son village. De l’accueil du témoignage, les gens passeront à l’expérience personnelle de la rencontre : «Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde».

 

Une nouvelle évangélisation

Conduire les hommes et les femmes de notre temps à Jésus, à la rencontre avec lui, est uneurgence qui touche toutes les régions du monde, celles de récente tout autant que celles d’ancienne évangélisation. Partout en effet se ressent le besoin de raviver une foi qui risque de s’obscurcir en des contextes culturels quien entravent l’enracinement personnel, le rayonnement social, la clarté de contenu et les fruits cohérents.

Il ne s’agit pas de tout recommencer à zéro, mais de s’insérer dans le long chemin de la proclamation de l’Évangile, avec le zèle apostolique de Paul, lequel en vient à dire : «Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile!»(1 Co 9, 16). Depuis les premiers siècles de l’ère chrétienne jusqu’à aujourd’hui, cette population de l’Évangile a parcouru l’histoire et a édifié des communautés de croyants dans toutes les parties du monde. Qu’elles soient petites ou grandes, elles sont le fruit du dévouement de missionnaire et de nombreux martyrs, de générations de témoins de Jésus, vers lesquels se tourne notre mémoire reconnaissante.
Les
scénarios sociaux et culturels changeants nous appellent à quelque chose denouveau : vivre d’une manière renouvelée notre expérience communautaire de foi et son annonce, au moyen d’une évangélisation «nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes, dans ses expressions» (Jean-Paul II, discours à la XIXe assemblée de la CELAM,Port-au-Prince 9 mars 1983, n.3), une évangélisation – comme nous l’a rappelé Benoît XVI – «orientée principalement vers les personnes qui, tout en étant baptisées se sont éloignées de l’Église, et vivent sans se référer à la pratique chrétienne [...], pour favoriser chez ces personnes une nouvelle rencontre avec le Seigneur, qui seul remplit l’existence de signification profonde et de paix; pour favoriser la redécouverte de la foi, source de grâce qui apporte la joie et l’espérance dans la vie personnelle, familiale et sociale» (homéliede la célébration eucharistique pour l’inauguration solennelle de la XIIIe Assemblée ordinaire du Synode des évêques, Rome le 7 octobre 2012).

 

La rencontre personnelle avec Jésus-Christ dans l’Église

Avant de dire quelque chose sur les formes que doit assumer cette nouvelle évangélisation, nous ressentons l’exigence de vous dire, avec une conviction profonde, que la foi se décide tout entière dans le rapport que nous instaurons avec la personne de Jésus qui vient le premier à notre rencontre. L’œuvre de la nouvelle évangélisation consiste à proposer de nouveau, au cœur et à l’esprit souvent distraits et confus des hommes et des femmes de notre temps, et avant tout à nous-mêmes, la beauté et la nouveauté de la rencontreavec le Christ. Nous vous invitons tous à contempler le visage du Seigneur Jésus-Christ, à entrer dans le mystère de son existence, donnée pour nous jusqu’à la Croix et confirmée comme don du Père par sa Résurrection d’entre les morts et qui nous est communiquée par l’Esprit. C’est dans la personne de Jésus que se dévoile le mystère de l’amour de Dieu le Père pour toute la famille humaine qu’il n’a pas voulu laisser à la dérive d’une impossible autonomie, mais qu’il a réunie à lui en un pacte d’amour renouvelé.

L’Église est cet espace offert par le Christ dans l’histoire afin que nous puissions le rencontrer, parce qu’il lui a confié sa Parole, le Baptême qui nous rend fils de Dieu, son Corps et son Sang, la grâce du pardon du péché dans le sacrement de la Réconciliation surtout, l’expérience d’une communion qui est le reflet du mystère même de la Sainte Trinité, la force de l’Esprit qui suscite la charité envers tous.

Il faut favoriser des communautés accueillantes, dans lesquelles tous les exclusse sentent chez eux, des expériences concrètes de communion, qui, avec la force ardente de l’amour – «Voyez comme ils s’aiment(Tertullien, Apologétique, 39, 7) – attirent le regard désenchanté de l’humanité contemporaine. La beauté de la foi doit resplendir en particulier dans les actions de la liturgie sacrée, dans l’Eucharistie dominicale avant tout. C’est proprement dans les célébrations liturgiques que l’Église dévoile en fait son visage d’œuvre de Dieu et rend visible, dans les paroles et dans les gestes, le sens de l’Évangile.

C’est à nous aujourd’hui de rendre concrètement accessibles des expériences d’Église, de multiplier les puits auxquels inviter les hommes et les femmes assoiffés, pour faire rencontrer Jésus, véritable oasis dans les déserts de la vie. Les communautés chrétiennes en sont responsables et, en elles, c’est chaque disciple du Seigneur qui l’est aussi. C’est à chacun qu’est confié un irremplaçable témoignage, afin que l’Évangile puisse croiser l’existence de tous ; c’est pourquoi la sainteté de vie nous est requise.

 

Les occasions de rencontre avec Jésus et l’écoute de la Parole

On se demandera comment faire tout cela. Il ne s’agit pas d’inventer on ne sait quelles stratégies, comme si l’Évangile était un produit à placer sur le marché des religions, mais de redécouvrir la façon dont, dans la vie de Jésus, les personnes se sont approchées de lui et ont été appelées par lui, afin d’introduire ces mêmes modalités dans les conditions de notre temps.

Rappelons-nous par exemple comment Pierre, André, Jacques et Jean ont été interpellés par Jésus dans le contexte de leur travail, comment Zachée a pu passer de la simple curiosité à un chaleureux partage du repas avec le Maître, comment le centurion romain lui a demandé d’intervenir à l’occasion de la maladie d’une personne chère, comment l’aveugle de naissance l’a invoqué pour être libéré de sa marginalisation, comment Marthe et Marie ont vu leur hospitalité, chez elles et dans leur cœur, récompensée par sa présence. Nous pourrions continuer à parcourir les pages de l’Évangile pour illustrer combien, dans des conditions variées, la vie des personnes s’est ouverte à la présence du Christ. Nous pouvons en faire autant avec ce que nous disent les Écritures concernant l’expérience missionnaire des apôtres dans l’Église primitive.

La
lecture fréquente des Saintes Écritures, illuminée par la Tradition de l’Église qui nous les a transmises et en est l’authentique interprète, est non seulement un passage obligé pour connaître le contenu même de l’Évangile, c’est-à-dire la personne de Jésus dans le contexte de l’histoire du salut, mais elle nous aide aussi à trouver de nouveaux espaces de rencontre avec lui, des modalités vraiment évangéliques, enracinées dans les dimensions fondamentales de la vie humaine : la famille, le travail, l’amitié, la pauvreté, les épreuves de la vie, etc.

 

Nous laisser évangéliser nous-mêmes et nous disposer à la conversion

Ne pensons surtout pas que la nouvelle évangélisation ne nous concerne pas personnellement ! Ces jours-ci, à plusieurs reprises, des voix se sont levées parmi les évêques pour rappeler que, pour pouvoir évangéliser le monde, l’Église doit avant tout se mettre à l’écoute de la Parole. L’invitation à évangéliser se traduit en un appel à la conversion.

Nous sentons sincèrement le devoir de nous convertir avant tout nous-mêmes à la puissance du Christ, qui seul est capable de renouveler toute chose, surtout nos pauvres existences. Avec humilité, nous devons reconnaître que les pauvretés et les faiblesses des disciples de Jésus, en particulier de ses ministres, pèsent sur la crédibilité de la mission. Nous sommes, certes, conscients, nous évêques en premier lieu, de ne jamais pouvoir être à la hauteur de l’appel du Seigneur et de la garde qu’il nous a confiée de son Évangile pour l’annoncer aux nations. Nous avons conscience du devoir de reconnaître humblement notre vulnérabilité aux blessures de l’histoire et nous n’hésitons pas à reconnaître nos propres péchés. Cependant, nous sommes aussi convaincus que la force de l’Esprit du Seigneur peut renouveler son Église et la revêtir de beauté, si nous nous laissons modeler par lui. Les vies des saints en sont la preuve. C’est pourquoi en faire mémoire et les raconter est un instrument privilégié de la nouvelle évangélisation. Si ce renouvellement était confié à nos forces, il y aurait de sérieux motifs de douter, mais la conversion, comme l’évangélisation, n’a pas dans l’Église comme premiers acteurs les pauvres hommes que noussommes, mais bien plutôt l’Esprit même du Seigneur. C’est en cela que réside notre force ainsi que notre certitude que le mal n’aura jamais le dernier mot, ni dans l’Église ni dans l’histoire: «Que votre cœur ne se trouble pas et qu’il n’ait pas de crainte» a dit Jésus à ses disciples (Jn 14, 27).

L’œuvre de la nouvelle évangélisation repose sur cette certitude sereine. Nous sommes confiants dans l’inspiration et dans la force de l’Esprit, qui nous enseignera ce que nous devons dire et ce que nous devons faire, même dans les circonstances les plus difficiles. C’est notre devoir, par conséquent, de vaincre la peur par la foi, le découragement par l’espérance, l’indifférence par l’amour.

 

Recueillir les nouvelles chances d’évangélisation dans le monde d’aujourd’hui

Ce courage serein inspire également notre regard sur le monde contemporain. Nous ne nous sentons pas intimidés par les conditions des temps que nous vivons. C’est un monde plein de contradictions et de défis, mais il reste création de Dieu, blessé certes par le mal, mais toujours aimé de Dieu, dans lequel peut germer à nouveau la semence de la Parole afin qu’elle donne un fruit neuf.
Il n’y a
pas de place pour le pessimisme dans les esprits et dans les cœurs de ceux qui savent que leur Seigneur a vaincu la mort et que son Esprit œuvre avec puissance dans l’histoire. Avec humilité, mais aussi avec détermination – celle qui vient de la certitude que la vérité vaincra à la fin – nous rejoignons ce monde et voulons y voir une invitation de Dieuà être témoin de son Nom. Notre Église est vivante et affronte, avec le courage de la foi et le témoignage de tant de ses fils, les défis que l’histoire nous lance.

Nous savons que, dans le monde, nous devons faire face à l’âpre combat contre «les Principautés et les Puissances», «les esprits du mal» (Ep 6, 12).

Nous ne nous cachons pas les défis des phénomènes de globalisation, ni ne les craignons. Ils doivent être pour nous une chance pour l’élargissement de la présence de l’Évangile.

De même les migrations – avec le poids de souffrance qu’elles comportent et dont nous voulons sincèrement être proches par un authentique accueil des frères – sont des occasions, comme cela est déjà arrivé dans le passé, de diffusion de la foi et de communion à travers la variété des formes qu’elles prennent.

La sécularisation, mais aussi la crise de l’hégémonie de la politique et de l’État, conduisent l’Église à repenser sa propre présence dans la société, mais sans renoncer à cette présence.

Les nombreuses et toujours nouvelles formes de pauvreté ouvrent des espaces inédits au service de la charité : la proclamation de l’Évangile engage l’Église à être proche des pauvres et à faire sienne leur souffrance à la manière de Jésus.

Même dans les formes les plus âpres de l’athéisme et de l’agnosticisme nous entendons pouvoir reconnaître, bien que sous la forme de contradictions, non un vide, mais une nostalgie, une attente qui espère une réponse adéquate.

Face à ces interrogations que les cultures dominantes posent à la foi et à l’Église, nous renouvelons notre confiance dans le Seigneur, sûrs que même dans ces contextes l’Évangile est porteur de lumière et capable de guérir chaque faiblesse de l’homme. Ce n’est pas nous qui conduisons l’œuvre de l’évangélisation, mais Dieu. Comme le pape nous l’a rappelé : «La première parole, l’initiative vraie, l’activité vraie, vient de Dieu et c’est seulement en nous insérant dans cette initiative divine, seulement en implorant cette initiative divine, que nous pouvons nous aussi devenir – par Lui et en Lui – évangélisateurs» (Benoît XVI, Méditation de la première Congrégation générale de la XIIIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, Rome le 8 octobre 2012)...  >>



à suivre

 

 

Commentaires

LES 58 PROPOSITIONS DU SYNODE

à lire ici :

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Écrit par : clerus / | 05/11/2012

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