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13/10/2012

Prix Nobel de la paix à l'UE : inexact et dérisoire

Qu'a donc fait l'Union européenne en faveur de la paix ?

europe

 


Après le prix Nobel de la Paix décerné à Obama avant qu'il ait fait quoi que ce soit, Thorbjørn Jagland (président du comité Nobel norvégien) vient de poser un nouvel acte d'Ubu en donnant le prix à... l'Union européenne. On sait que ce prix récompense en principe – selon la volonté d'Alfred Nobel (1895) – « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ». On ne voit pas en quoi l'UE satisfait à cela. Ni même la construction européenne depuis soixante ans ; car l'absence de frictions entre pays d'Europe n'a pas tenu au bon Robert Schuman ni à ses épigones, mais à la peur qu'inspirait l'URSS des deux côtés du Rideau de fer.

La première « situation de guerre » que dut affronter l'UE, dès sa naissance en 1992, fut l'éclatement de la Yougoslavie. Non seulement la guerre serbo-croato-bosniaque ne fut pas empêchée par l'UE, mais l'Allemagne a armé les Croates et les Bosniaques (ultérieurement l'UCK kosovare) ; pendant ce temps, la France s'acharnait à faire intervenir... les Etats-Unis, aveu de nullité géostratégique de la part de l'Europe dans son propre espace.

La seconde « situation de guerre » fut, à partir de 2001, l'intervention croissante de forces européennes – France en tête – dans l'occupation militaire de l'Afghanistan. L'UE n'a pas émis la moindre réserve envers cette guerre (qui allait durer dix ans avant de s'achever sur l'échec prévisible) ; elle lui a manifesté approbation et soutien, à sa manière : c'est-à-dire de façon machinale et en langage automatique.

 Pendant ce temps, en 2008, se déroulait brièvement une troisième « situation de guerre » : l'absurde invasion géorgienne de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, approuvée par Washington, et dont l'UE (tétanisée par la volonté américaine) ne sut pas dissuader Saakachvili. On connaît la suite.

Sans oublier l'installation sur le sol européen du nouveau système de missiles stratégiques américain, dirigé contre la Russie comme le proclame aujourd'hui Mitt Romney...

En 2011, il ne semble pas que l'UE ait fait quoi que ce soit pour empêcher Paris, Londres et Washington de lancer sur la Libye les attaques qui allaient instaurer la situation actuelle ; le testament d'Alfred Nobel réservant le prix (en principe) à une action de paix menée durant l'année précédant son attribution, il ne pouvait donc aller à l'UE – comme le fait froidement remarquer Ulf Sverdrup, directeur de l'Institut norvégien des Affaires étrangères.

Le côté surréaliste de la chose, c'est que M. Sverdrup approuve quand même la décision du comité Nobel.

Donner le prix à l'UE relève en effet d'une mécanique. La décision du comité a été dictée par son secrétaire général Geir Lundestad : il avait prévenu dès 2008 que l'on devait trouver un moyen de donner le prix à l'UE, entité trop politiquement correcte pour être oubliée. On a attribué à l'Europe le prix Nobel de la paix, faute de pouvoir lui attribuer celui de l'Economie.

 

18:42 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : europe

Commentaires

BOURLANGES

> Comme dit Jean-Louis Bourlanges : "ce n'est pas l'Europe qui a fait la paix, c'est la paix qui a fait l'Europe."
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Écrit par : Gustavo / | 13/10/2012

RISIBLE

> Risible éditorial du 'Monde' du week-end (sans doute par le même écriveron qui réclame le gaz de schiste). Titre : "Un prix Nobel de la paix amplement mérité". Perles :
- "En ces temps de défaitisme européen, l'attribution du prix Nobel de la paix à l'Union européenne (UE) doit être accueillie avec joie..." (Donc l'UE n'a rien à voir avec la paix, c'est un prix de dopage).
- La construction européenne "a offert au Vieux Continent soixante années de prospérité et de paix". (Ridicule ! c'est l'inverse : la paix globale et la prospérité globale ont permis aux eurocrates de se constituer un labyrinthe doré, mais dès que la crise globale arrive l'UE part en morceaux !)
- " Les défauts de l'euro sont en passe d'être corrigés". (Ah bon ? comment ça ?)
- Et ce prix de la Päix, comment on le justifie ? Par cetrte acrobatie grotesque du raisonnement : "L'UE reçoit un prix Nobel de la paix intérieure". Autrement dit on félicite les Etats membres de ne pas s'être envahis militairement les uns les autres, chose qui aurait très bien pu arriver, je ne sais pas, entre l'Italie et l'Autriche à propos du Sud-Tyrol / Haut-Adige ? C'est vrai, on n'est pas passé loin du pire (vorwärts ! für Vaterland ! avanti ! vincere, vincere, vincere !).
- Mais envers les autres pays européens non membres de l'UE ? "Impuissante lorsqu'éclate la guerre de Yougoslavie, elle n'a pas su devenir une force extérieure singulière. Entité commerciale internationale, elle n'existe pas militairement, diplomatiquement, bref politiquement -autrement que par l'exemple qu'elle donne". (L'exemple de quoi, mamma mia ?).
Ne comptons pas sur l'éditorialiste pour tirer la conclusion : l'UE, ce machin du libre-échange, ne peut pas, ne veut pas, ne sera jamais une volonté politique. Ce truc est voué à la dislocation.
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Écrit par : torbenn / | 13/10/2012

LA QUESTION

> La question fondamentale serait de savoir si le prix Nobel est encore légitime ou s'il n'est pas devenu du despotisme? Il est fini le temps où les lauréats s’appelaient Mère Térésa ou Martin Luther King... Personnellement, j'étais ravi de cette attribution à l'Union européenne mais je ne vous cache pas que votre article me fait réfléchir et remet mon enthousiasme en question!
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 13/10/2012

PAS D'ACCORD

> N'en deplaise a tous les anti europeens, il se trouve que l'europe de l'ouest a connu une periode de paix depuis 1945 et qu'en meme temps l'europe a essayer de monter cette entite certes qu'est l'union europeenne. Il est donc assez naturel de penser que les deux evenements sont correles . Libre a vous de penser que cela ne l'est pas, je prefere penser que cela l'est. Il suffit de regarder les editoriaux grecs et allemands pour comprendre qu'on pourrait tres rapidement se retrouver dans une situation "annees 30". Beaucoup de gens semblent l'avoir oublie mais la paix doit se gagner tous les jours . L'union europeenne a des defauts certes mais elle a le merite d'exister : a partir du moment ou vous passez du temps avec vos voisins a discuter de la taille autorisee des saucissons ou de la feta , il y a peu de chance que vous alliez lui faire la guerre le jour d'apres ...
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Écrit par : Bertrand / | 13/10/2012

SI...

> Si l'U.E. avait une politique étrangère commune et avait un seul ministre qui la représente, le prix aurait déja été plus crédible, sans même parler d'une seule armée oeuvrant pour la paix.
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Écrit par : pashine / | 14/10/2012

LADY ASHTON

> Nous devions avoir un ministre des Affaires étrangères européen, les Etats membres ont décidé que ce serait un haut représentant, histoire d'être certain que FR, GB et DE pourraient encore jouer les premiers rôles médiatiques. Et pour être certain d'achever la fonction, ils nommèrent Cathy Ashton. Vous la reconnaîtriez? Elle ne nous en fait pas voir de toutes le couleurs, c'est sûr (clin d'oeil pour les enfants de la pub des années 1980).
Ceci dit, je ne vais pas hurler avec les loups. L'intégration européenne a été facteur de paix, c'est ma conviction. PP relève en effet certains symptômes de notre faiblesse diplomatique, mais ce n'est quand-même pas toute l'histoire. Prenons garde à ne pas considérer tout pour acquis. En matière de paix, tout est si fragile.
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Écrit par : Edgard Depré / | 14/10/2012

PAS ETONNANT

> On sait maintenant le rôle de l'équivalent américain de "la cavalerie de St George" dans l'action des "pères de l'Europe" dans les année 50. Pas étonnant que l'Europe soit incapable de se différencier de l'OTAN. Aussi faut-il craindre que sa prochaine action pacifique ne soit dirigée contre l'Iran.
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Écrit par : Pierre Huet / | 15/10/2012

GORBY

> et le prix Nobel de la Paix à Gorbatchev quelques semaines avant qu'il n'écrabouille les Lituaniens sous les chenilles de ses chars, c'était pas mal non plus.
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Écrit par : zorglub / | 16/10/2012

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