Réponse à un catholique pro-OGM

... pour l'aider à discerner divers aspects du problème :

Non sur ce blog mais dans mon courrier personnel, je reçois d'un médecin catholique une lettre me reprochant durement d'avoir parlé en termes positifs de l'expérience Séralini au micro d'une radio chrétienne. La lettre s'accompagne d'accusations violentes envers la personne du Pr Séralini - et n'envisage pas que les censeurs de celui-ci puissent procéder à une contre-expérience. (Remplacer la confrontation scientifique par la querelle de personnes est l'attitude libérale depuis Claude Allègre). En outre, mon contradicteur déclare que « s'opposer aux OGM en 2012 c'est s'opposer aux locomotives en 1850 » (slogan récurrent à droite ainsi que chez Ayrault, Montebourg et Le Foll). Et il n'aborde pas le problème OGM sous son angle véritable : celui de l'industrie agro-alimentaire. D'où la réponse que je lui ai adressée, et qui ne surprendra évidemment pas les lecteurs de ce blog :

<< La contradiction eût été mieux portée contre le Pr Séralini, si les contradicteurs invités par les radios et les télévisions n'étaient, par ailleurs, liés aux industriels agro-alimentaires... comme c'est hélas le cas, révélé ultérieurement dans la presse écrite.

Si l'expérience Séralini est erronée, il faut la réfuter par une contre-expérience. Vous savez (beaucoup mieux que moi sans aucun doute) que la science ne progresse que de cette façon. Faire excommunier Séralini par une agence lourdement compromise elle-même avec l'industrie, est une méthode étrange et qui n'aboutira qu'à renforcer la conviction des anti-OGM.

Je me permets enfin, quoi que n'étant qu'un simple journaliste, de n'être pas tout à fait de votre avis en ce qui concerne le caractère progressiste et humanitaire de l'industrie agro-alimentaire transgénique. (Car c'est d'elle et de son commerce qu'il est question dans cette affaire, et non de la liberté du chercheur dans son laboratoire). Sur ce point je serais assez tenté de suivre le cardinal ghanéen Turkson, président du conseil pontifical Justice et Paix, qui voit dans la généralisation des semences OGM "un business pour enrichir certain" et "le jeu de la dépendance économique à maintenir à tout prix". Ou Mgr Arackal, évêque du Kerala, qui demande avec ses confrères "une interdiction complète des semences génétiquement modifiées en Inde" pour protéger les petits paysans. Incompétent sur le plan scientifique, comme vous me le faites observer à si juste titre, j'essaie d'être à l'écoute de l'Eglise dans le monde - notamment en ce qui concerne ses positions économiques et sociales dans les pays pauvres.

En vous priant de me pardonner de vous avoir donné un motif de désaccord... >>, etc.