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18/09/2012

La contradiction insensée

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...symptôme postmoderne :



Interviewé ce matin à France Culture pour son ouvrage Enquête sur les modes d’existence : une anthropologie des modernes*, Bruno Latour a qualifié d'insensé le fait "que des compte-rendus soient en contradiction complète avec les pratiques".

Approuvons le philosophe des sciences, et ajoutons que notre société produit de nombreux cas de cette contradiction insensée.

Exemple : décrire comme "construction de la communauté européenne" une pratique qui réduit l'Europe à une impersonnalité vouée au libre-échangisme.

Autre exemple : décrire comme "recherche d'une sortie de la crise" une posture qui n'ose pas toucher aux causes de la crise.

Dans le domaine catholique, deux contradictions insensées se sont succédées. Vers 1970-1980, certains appelaient "pari sur l'espérance" une pratique consistant à saper la foi ; depuis quelques années, d'autres appellent "prendre au sérieux la doctrine sociale" une pratique consistant à prôner (sur des points importants) autre chose que la doctrine sociale. Comme quoi le postmoderne influence même ceux qui se croient immunisés.

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* La Découverte.

 

Commentaires

AUSSI

> Faire pour faire, dire pour dire, faire pour dire… Dire pour faire ? Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous… C’est valable aujourd’hui, aussi !
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Écrit par : Denis / | 18/09/2012

LES MOTS

> Bravo! du reste, tous ceux qui se sont insurgés contre les totalitarisme brutaux ou feutrés ont dénoncé ces perversions des mots.
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Écrit par : Pierre Huet / | 18/09/2012

NOUS Y SOMMES

> Nous y sommes enfin. Lorsqu'on lit 'Fides et Ratio' du pape Jean-Paul II on apprend que «récemment, ont pris de l'importance certaines doctrines qui tendent à dévaloriser même les vérités que l'homme était certain d'avoir atteintes.»
Est notamment visée cette mode répandue en philosophie de dénigrer le principe de non-contradiction. Mode qui n'est plus si récente que ça puisqu'elle date des débuts du XXe où l'on a cru découvrir (mécanique quantique en physique notamment), que le principe de non-contradiction était peut-être dépassé. On trouve, par exemple, des traces de ces questions à l'adresse suivante : http://segr-did2.fmag.unict.it/~polphil/polphil/lukas/PouivetLukas.html ou encore ici: http://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phane_Lupasco
Car une fois n'est pas coutume, c'est semble-t-il de la Pologne que tout est parti (même s'il y a des signes avant-coureurs chez Hegel) (On se reportera à mon avis à Husserl dans ses « Prolégomènes à la logique pure » pour ce qui est de montrer que les lois de la logique ne peuvent se fonder sur celles de la psychologie; l'approche de Maritain dans « Distinguer pour unir ou les degrés du savoir » sur les liens entre l'être réel et l'être de raison est elle aussi intéressante).
De là on en arrive à un dénommé Korzybski ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Korzybski ) qui n'est à mon humble avis de lecteur-amateur de philosophie n'est pas si connu que ça pour ses travaux en logique. En revanche, Korzybski est bien connu par les psychologues pour sa « sémantique générale ». Et c'est là qu'est, à mon avis, le problème. Des psychologues américains ont cru bon, pour teinter leur discours ( souvent plein de bon sens) , d'un discours scientifique, d'y adjoindre des remarques sur la physique quantique (via Korzybski) et c'est ainsi qu'on se retrouve avec des braves gens formés à ces méthodes en entreprise ou en école de commerce qui vous racontent que « la carte n'est pas le territoire » (passe encore), mais aussi que « à chacun sa vérité », « chacun a sa part de vérité à dire », « que si tout est faux et tout est vrai, alors tout est dans tout et tout vaut tout et tout est permis », « que la réalité n'existe pas », « que n'existent que des réalités plus ou moins confortables »... Je ne jette pas le bébé avec l'eau du bain; il y a du bon dans la psychologie, mais le discours pseudo-scientifique qui l'accompagne est un vrai tissus de contre-vérités. (Faire Google: « la réalité n'existe pas »)
De là, on en arrive à ce sublime exercice de cafouillage auquel nous ont habitué les économistes et hommes politiques ces derniers temps, tout habitués à croire que « la réalité n'existe pas », que « une chose et son contraire peuvent être vraies en même temps », et... puis quoi encore? Vient alors la question cruciale pour des économistes: l'Etat doit-il dépenser plus ou dépenser moins? J'en ai vu (Christian Saint Etienne, par exemple) nous expliquer que l'Etat devait dépenser moins mais l'Europe plus... Et au total ça fait combien? En plus ou en moins? Bref la confusion la plus totale.
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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 18/09/2012

SOKAL ET BRICMONT

> Pour étayer mon propos on peut aussi s'intéresser à l'affaire Sokal et Bricmont: http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Sokal
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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 18/09/2012

PROPOSITIONS

> Je propose la relance de l'économie par l'austérité la plus dure, l'achat de la confiance par des milliards d'euros ou dollars, la création d'emplois par contractions de personnel, la raison qui soutient les "pussy riots", la privatisation des bénéfices et la socialisation des pertes, la violence contre l'Eglise et le respect de l'Islam, le socialisme de Tony Blair, la révolution conservatrice, la liberté bobo, la lutte contre le tabagisme et pour le cannabis, l'égalité de traitement envers les gens se réclamant d'une différence, la création de la réalité par les USA, la volonté de la commission européenne d'unir les peuples, les Irlandais qui doivent payer les dettes de leurs banquiers, les Lettons qui émigrent pour que leur pays redevienne prospère, la lutte contre tout frein moral et pour la sécurité maximale, le doux commerce, la liberté pour tous et les règlements pour protéger cette liberté, l'athéisme qui devient une religion, le refus de toute morale car toute morale est le mal.
Si j'ai bien compris, trouver des contradictions n'est vraiment pas un problème.
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Écrit par : DidierF / | 18/09/2012

@ Nicolas Dangoisse

> On a fait dire beaucoup de chose à la Mécanique Quantique, tout comme à la Relativité du reste. Les vulgarisateurs, parfois idéologues, se sont emparés soit de réflexion inachevées comme le paradoxe du voyageur relativiste de Langevin, ou même de canular de fin de congrès gobés tout crus, comme le fameux chat de Schroedinger censé être à la fois mort et vivant, mais au prix de deux erreurs de raisonnement dans l'application du principe de superposition quantique.
MDR ! LOL !
Ou c'est moins drôle, et il faut hélas taper dur, c'est quand un grrrrand philosophe catholique va s'enferrer la dedans, comme on l'a vu dans le stupéfiant livre-entretien de Jean Guitton avec les frères Bogdanov (Dieu et la science -Grasset 1991), dont le sommet est leur dissertation sur les hologrammes dont ils déduisent que le tout peut être dans la partie mais ou il est clair qu'ils n'en n'ont jamais bien regardé ni qu'ils aient réfléchi dessus. Mais ça ne fait rien tout les gens bien se sont pâmés d'admiration devant ce bouquin.
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Écrit par : Pierre Huet / | 18/09/2012

SON POINT FORT

> Le point fort de Jean Guitton, et l'importance de son rôle historique, c'était plutôt sa réflexion autour des questions d'exégèse et et son engagement dans l'oecuménisme. C'est effectivement un grand philosophe catholique, je le dis sans ironie; mais il devenait faiblard lorsqu'il touchait aux domaines de la science et de la métaphysique.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 19/09/2012

> Pourquoi pas !
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Écrit par : Roger / | 19/09/2012

@ Roger

> Pourquoi pas quoi?

@ BJL

> Oui, il aurait mieux fait de ne pas se fourvoyer dans ce domaine! J'avoue être de surcroît peu réceptif à son style et un article déjà ancien paru dans 'La Croix', sur la "foi des simples et la foi des sages", m'avait fortement choqué et prévenu contre lui.
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Écrit par : Pierre Huet / | 19/09/2012

@ Pierre Huet

> Effectivement, il avait ses côtés agaçants. Mais c'était une personnalité à facettes multiples. Ce qui explique qu'il ait exercé un attrait sur des personnes aussi diverses que Paul VI, Camus ou Althusser.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 19/09/2012

Les commentaires sont fermés.