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13/09/2012

Le chrétien dans notre société ?

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Rencontre avec le dominicain

Thierry-Dominique Humbrecht

autour de son livre

L'évangélisation impertinente

http://radionotredame.net/emission/le-grand-temoin/13-09-2012



 

Dans cet entretien et dans son livre*, le P. Humbrecht situe avec force le double devoir du chrétien aujourd'hui :

- admettre que les Français d'aujourd'hui n'ont aucune idée de la foi chrétienne,

- et assumer ce que cette situation exige des croyants : devenir capables d'expliquer la foi à qui le leur demandera.

Sommes-nous capables d'expliquer le Credo au musulman qui nous croit polythéistes, ou à l'agnostique contemporain qui n'a aucune idée du christianisme (demande le P. Humbrecht) ? Si nous ne le sommes pas, notre devoir est d'acquérir une formation.

Le dominicain indique comme seule formation indispensable l'étude intégrale du Catéchisme de l'Eglise catholique, somme – très accessible – des connaissances nécessaires.

Cette indication est salubre. En effet, ce qu'on attend du catholique de 2012 est qu'il explique le noyau central de la foi, qui s'adresse à tous et à chaque époque : donc au présent tel qu'il est, non tel que les nostalgiques voudraient qu'il soit ; et dans un langage et une démarche clairs, fermes, mais fraternels. On écartera donc les pseudo-formations proposées par des clubs de nostalgiques. Evangéliser consiste à vivre et communiquer la foi, non l'esprit de parti. En matière de foi, l'Eglise est légitime. Ne nous laissons pas détourner d'elle par les agents de la surenchère.

 

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* L'évangélisation impertinente – Guide du chrétien au pays des postmodernes (Parole et Silence, 284 p.)



 

Commentaires

PAS BEAUCOUP

> Quand on lit les controverses anti ou pro Eglise catho, il n'est jamais question de religion en soi mais toujours de machins plus ou moins politiques. A croire que la religion ne compte pas beaucoup aux yeux des anti-religieux et ... des religieux.
______

Écrit par : vitriol / | 13/09/2012

LE PROBLÈME

> Bien d'accord avec le fait que les français sont en large majorité très ignorants de la foi chrétienne.
Mais c'est pire que ça : ils croient la connaitre ! Et tout est vu et tout est entendu : ils n'ont pas besoin d'écouter puisqu'ils savent.
Et une énorme partie du problème et là.

Gégé


[ De PP à Gégé - D'où la nécessité - si l'on veut évangéliser - de surprendre, et a fortiori de ne pas ressembler aux vieilles caricatures... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Gégé / | 13/09/2012

> OUI.
Vivre et communiquer la foi qui nous fait vivre.
______

Écrit par : Christine / | 13/09/2012

EXPERIENCE

> Quand une personne, en dehors de la sphère catholique aborde le sujet de la religion, c'est en général avec des idées reçues très générales sur l'Eglise, la messe tous les dimanches, le mariage des prêtres, ... Tout le monde connait.
Mais notre foi n'a rien à voir avec cela. Il faut immédiatement recadrer la conversation en commençant par le début, notre foi en Jésus Christ. Il faut d'abord faire connaître Jésus. Le reste vient ensuite, naturellement.
Je crois profondément en Jésus Christ, donc ma présence à la messe le dimanche n'est évidemment pas une contrainte mais un besoin vital. Avec les jeunes ceci est d'autant plus important, il faut donner du sens.
Ceci est ma petite expérience d'évangélisation.
______

Écrit par : Maria / | 14/09/2012

DEBAT

> Je ne crois pas qu'auprès des non-chrétiens, nous serons signes de l'amour du Christ, d'abord et avant tout par des exposés clairs et rigoureux du Credo ou du Catéchisme de l'Eglise Catholique.
Attention, très loin de moi l'idée que la connaissance approfondie que nous en avons et notre capacité à la partager serait sans importance. Je dis juste que cela est secondaire, dans le sens que cela vient après, dans un second temps.
Nous ne toucherons pas le plus intime des cœurs par un surarmement théologique, encore moins dans les habits superbes de nos très hautes vertus, mais bien plutôt désarmés des images idéales du bon-chrétien que nous croyons être.
Dans mon chemin de conversion personnelle, entamé si je puis dire un peu arbitrairement il y a plus de 10 ans, les témoignages qui furent pour moi des signes me retournant le cœur, sont venus de chrétiens, ou de non-chrétiens, chez qui j'ai entraperçu un mystère de grâce du fond de leurs découragements, de leurs doutes et de leurs blessures dont ils m'ont fait part, tout comme dans leur écoute et dans le sens qu'ils ont su donner au désespoir qui était alors le mien.
Ils furent pour moi signes évangélisateurs dans le partage de nos communes vulnérabilités, véhicules de la Providence et semeurs des graines de la foi, dans le terreau de cette misère dans laquelle on se reconnaît frères en Christ.
A contrario, les chrétiens qui se présentaient à moi en condescendant à me donner des leçons de haute charité et de pureté morale ou sexuelle, étaient les parfaits contre-témoignage qui entretenaient en mon esprit la confusion jusqu'à parfois me décourager dans mon cheminement : si l'Eglise c'est ça...
Du jour au lendemain, la grâce de la foi et la joie soudaine de voir enfin s'ouvrir un chemin de vie, ne m'ont pas été données en récompense de mes immenses vertus et de mes si belles idées, mais alors que j'étais à genou, du fond de l'impasse désespérante dans laquelle je me trouvais, la gorge nouée par toutes mes angoisses et les mains sales de toutes les pauvretés affectives, relationnelles, familiales ou professionnelles qui étaient alors plus que jamais les miennes.
C'est d'abord dans cette poussière que mon cheminement en Eglise trouvait son élan premier. C'est là, c'est à dire au plus bas de moi-même que Vincent, mon premier accompagnateur Jésuite, est venu se salir. Non pas en me bombardant de son savoir ecclésial, mais en me donnant la vie par son écoute, sa bienveillance, sa patience, par lesquelles ont grandies en mon cœur l'émerveillement d'y reconnaître l'amour du Christ.
J'étais bien loin du Catéchisme de l'Eglise catholique face auquel je continuai de me rebeller. Jusqu'au jour, plus tard, au moment qui convenait à mon cheminement, où je l'ai découvert pour ce qu'il était réellement. Je m'y suis plongé, avec une joie profonde, et sa lecture contribua grandement a donner sens et à enracnner ma foi naissante.

SL


[ De PP à S. - Bien sûr, et ce que dont vous témoignez est frappant. Mais ne confondons pas moralisme et kérygme. Et n'opposons pas ce qui va ensemble : "soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte. Mais que ce soit toujours avec douceur et respect..." (1 P 3, 15-16, TOB). "Demandent compte" se traduit aussi par "demandent raison" (BJ et Segond 21). En effet l'espérance chrétienne n'est pas irrationnelle puisqu'elle repose sur un événement daté et situé. Mais pour qu'on vienne nous en "demander les raisons", encore faut-il que notre façon d'être ait donné envie de venir nous les demander ; et vous avez raison d'insister sur cette condition qui est absolument nécessaire. Mais non suffisante... Combien de chrétiens se trouvent incapables d'expliquer ce en quoi ils croient (n'en étant pas très sûrs), même quand on le leur demande ? D'où l'utilité de l'analyse du P. Humbrecht. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Serge Lellouche / | 14/09/2012

ARTICULER LES CHOSES ET SITUER LES ENJEUX

> Je pense que le complément de Patrice au témoignage de Serge articule bien les choses et situe bien les enjeux. Je crois que le sens que le pape veut donner à l’année de la foi qui va s’ouvrir par le synode du mois d’octobre est celui d’une profonde réforme spirituelle de l’Eglise fondée sur le socle de la foi. Le lien qu’il fait entre connaissance de la foi et nouvelle évangélisation tient en effet de la nécessité de « rendre compte de l’espérance qui est en nous » (donc connaître la foi de l’Eglise) ; et aussi de la nécessité d’avoir une foi surnaturelle très forte pour évangéliser, laquelle peut être puissamment nourrie par l’intelligence de la foi. Ce lien capital entre foi et intelligence de la foi, toute l’aventure spirituelle de l’Eglise en témoigne à travers les siècles. A chaque fois qu’il y a eu réforme spirituelle féconde, il y a eu une plongée au cœur l’intelligence de la foi.
J’ai lu diverses réactions à la lettre apostolique « Porta fidei » annonçant l’année de la foi, il y a parfois eu des réductions du type « Le pape croit que la simple distribution de catéchismes de l’Eglise catholique va évangéliser ! ». Les choses sont beaucoup plus profondes que cela. Ce qu’il veut nourrir, c’est la foi des fidèles, cette foi qui déplace des montagne, cette foi qui répand l’évangile.

GP


[ De PP à GP - Séquelle du vieux "progressisme" déspiritualisant (1970-1980) : chaque fois qu'on entend parler du catéchisme de l'Eglise catholique, on déclare que c'est un objet ridicule. C'est généralement dit par des gens : a) bétonnés dans leur individualisme anti-institution, donc viscéralement libéraux - même ceux qui se croient de gauche ; b) n'ayant jamais eu la curiosité d'ouvrir ce livre, donc ne connaissant pas son intelligence et sa richesse arborescente.
A ceux d'entre eux qui admettraient l'existence d'autres points de vue que le leur, je conseille (respectueusement, vu leur âge moyen) de lire le commentaire de Serge et celui de Guillaume. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Guillaume de Prémare / | 14/09/2012

Cher Patrice,

> je n'oppose pas ces deux dimensions, je les articule en affirmant le primat de l'un sur l'autre.
Au grotesque progressisme anti-catéchisme que vous évoquez à juste titre répond, pour prendre l'exemple de Guillaume, l'évangélisation productiviste par la distribution du catéchisme à la pelle, ou à la cool via l'Ipad, ou à la noble via sa chaire. Et hop le tour est joué.
Cessons de croire que nous évangéliserons la terre entière par une pédagogie claire et savante de la foi chrétienne, et retrouvons (oui Guillaume!) cette renversante profondeur dans laquelle notre foi s'enracinne, sans la redécouverte de laquelle l'évangélisation est une confortable opération de com ou une coquetterie théologique.
C'est d'abord à la source de la croix que souffle le vent évangélisateur. Et au pied de la croix, on n'a pas de stylo à la main et on est loin du chapitre sur les sept sacrements de l'Eglise dans le CEC. On n'y a plus que nos yeux pour pleurer, nos mains pour implorer le ciel, et les yeux du cœurs pour y entrevoir déjà l'aurore de la résurrection.
Tout s'enracine d'abord dans notre foi vivante dans le Christ et dans la mémoire des instants d'éternité desquels elle est née. J'ai décrit dans mon témoignage ce qu'il en fut de ma propre conversion ; et ça ne retire en rien l'importance qu'ont représenté pour moi dans une seconde phase les enseignements en Eglise relatifs à la foi catholique, notamment pendant les deux années de catéchuménat précédent mon baptême. Et je ne voyais nullement du moralisme évangélisateur dans cet enseignement des frères et des sœurs de Jérusalem, car il restait situé à sa juste place. Il contribuait à structurer ma foi, à lui donner les repères dont j'avais et ai toujours grandement besoin.
Je me souviens bien qu'au début de mon accompagnement dans le cadre du catéchuménat, était discrètement posé sur la table, entre mon accompagnateur et moi, cet énorme « Catéchisme de l'Eglise Catholique », tel un signe auquel je n'échapperai pas.
Sueures froides... Cette vision avait en effet quelque peu tendance à me rebuter, un tantinet à me crisper. Des vieux restes de mes certitudes progressistes infantiles : les dogmes de l'Eglise catholique et tout le tralala et autre goliaseries.
Mon accompagnateur savait mieux que moi ce qui se jouait là, de mon consentement ou non à grandir et à inscrire mon chemin de foi, envers et contre tout, dans un acte de foi et de confiance posé dans l'Eglise du Seigneur.
Jusqu'au jour où il me proposa, avec sa délicatesse habituelle, que nous le lisions et l'étudions ensemble. Moi qui croyait voir dans ce livre un gros glaçon pondu par une sèche hiérarchie, je l'ai ouvert en y découvrant un chaudron, un bouillonnement vivant de la foi catholique, dont les mots venaient intimement faire écho au mystère de ma conversion, m'aidant à structurer le sens que je pouvais lui en donner. Sans ce guide, ma foi naissante se serait égarée en des sentiers sans issue. C'est une certitude.
Tout comme les enseignements que je recevais, il fut décisif dans la fortification de ma foi, mais, et c'est en cela que je fais une distinction nette, sa lecture ne fut pas l'étincelle première à la source de ma foi.
Les tomates qui ont poussées sur mon balcon cet été ne sont pas sorties de terre grâce au tuteur posé dans la terre, sans lequel pourtant elles n'auraient jamais pu parvenir à maturité. Bon...
L'éducation à la foi, incontournable, n'en demeure pas moins subordonnée à des « évènements » évangélisateurs initiaux, qui dépassent nos raisons et qui relèvent du cœur à cœur, d'une rencontre providentielle, d'un geste ou d'un regard dans lequel on est saisi par la miséricorde de Dieu. Le fragile et puissant éveil de la foi, cette sorte de miracle premier, n'est pas de l'ordre du savoir rationnel. C'est d'abord une folie qui nous fissure sans prévenir.
L'intelligence, la proclamation et la pédagogie de la foi, ce que vous appellez le kérygme, s'il ne s'enracine pas d'abord dans l'expérience intime de la grâce reçue du milieu de nos failles, pour le coup risque de devenir un moralisme, ou une évangélisation de salon.
Les apôtres que le Christ a choisi pour annoncer la Bonne Nouvelle à sa suite, n'étaient précisément pas de prime abord des grands connaisseurs de la doctrine et cela a me semble-t-il un sens assez profond. N'oublions quand même pas trop vite que l'Eglise de Dieu s'est fondée selon Sa volonté autour de douze personnes tout de même assez inconvenantes et bien peu recommandables aux yeux des bien-pensants de leur temps. Ils avaient notamment cet insupportable défaut d'avoir été choisis dans la boue vivante du réel plutôt que sous la bulle hermétique et sans tâche des gardiens du savoir de Dieu. Quand même pas un détail pour notre sujet...
Il en va de la conversion personnelle de nos cœurs comme il en va de la conversion des structures politiques de l'humanité entière. De la même façon, je ne crois pas que nous évangéliserons l'humanité dans le sens de la sobriété partagée en Christ, d'abord par de clairs exposés de la doctrine sociale de l'Eglise. Cela serait si beau, si doux, comme une lettre à la poste, sans fracas aucun, entre gens biens, instruits et civilisés !
Mais cela serait encore une fois contourner le mystère du corps crucifié. La réalité est brute et violente, comme toute naissance à la vie. C'est dans la croix de l'effondrement qui vient, dans la douleur des masques qui tomberont, au milieu des larmes des irradiés de Fukushima, au dessus des monceaux de cadavres d'africains ou autres sacrifiés sur l'autel de la croissance du PIB occidental et chinois, dans la froide désolation du cimetière des euthanasiés et des indésirables trisomiques, dans les cris et les larmes d'effroi face au mal que nous avons commis et que nous finirons par voir, que le Ciel s'ouvrira, qu'il nous sera donné, qu'il nous est déjà donné d'être signes évangélisateurs. J'en ai foi.

SL


[ De PP à SL - J'ai très bien compris ce que vous vouliez dire. Mais nulle part je n'ai vu de distribution de catéchismes, ni entendu dire que l'exposition claire et savante suffisait. Par ailleurs nous n'avons jamais cessé, sur ce blog, de mettre en exergue la phrase de la première lettre de Pierre qui implique le lien indissoluble du témoignage de vie et de l'intelligence de la foi. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Serge Lellouche / | 15/09/2012

PORTA FIDEI

> Guillaume, votre référence à "Porta fidei" tombe vraiment à point dans cette discussion. La lecture de ce texte lumineux de Benoit XVI est incontournable. Je m'y replongerai avec joie dès aujourd'hui:
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/motu_proprio/documents/hf_ben-xvi_motu-proprio_20111011_porta-fidei_fr.html
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Écrit par : Serge Lellouche / | 15/09/2012

Serge,

> Peut-on vraiment affirmer que le chemin de conversion qui fut le vôtre soit le seul possible? L'Esprit souffle où il veut et il nous prend chacun là où nous en sommes. Disant cela, je ne minimise pas le rôle de la Croix et des larmes spirituelles - seul détergent connu pour nettoyer notre cœur de la couche de fumier qui l'obscurcit (pour reprendre les mots du père trappiste qui a fait mon éducation catholique). Mais simplement, je veux dire que ces larmes ne sont pas forcément le point d'entrée à la foi. Elles viendront nécessairement, mais peut-être plus tard.
Par exemple, mon trappiste me disait aussi quelque chose que je pouvais très bien comprendre: Dieu est plus encore beau que bon. On va à Dieu parce que l'on est séduit. Je dirais même bouleversé par la folle beauté que l'on pressent. Et cette séduction peut bien passer par l'intellect. J'ai lu que ce fut le chemin de René Girard. Quant à moi, je me souviens de combien je fut secoué par ce passage de "Joie de croire, joie de vivre" du père Varillon. Il établissait ce parallèle entre deux passages des évangiles: le Christ qui lave les pieds de ses disciples / le Christ qui affirme: qui me voit voit Dieu mon Père. Et Varillon de commenter: on sent le sol trembler. Ce fut exactement ce que je ressentis à l'époque.
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Écrit par : Luc2 / | 15/09/2012

À MON TOUR

> Alors bonne lecture ami Serge !
Cette lecture m'a fait un "effet boeuf", un choc spirituel : la foi, oui bien sûr la foi ! Et vous avez 1000 fois raison : la croix, oui bien sûr la croix !
Serge, vous me poussez dans mes retranchements et je vais témoigner à mon tour : j'ai tellement souffert de voir mon fils en baver de manière totalement absurde que j'en suis venu, à un moment, à me poser froidement la question : Dieu est-il bon et veut-il le bien de l'homme ? J'ai répondu oui. Si je n'avais pas, à une époque où tout allait bien, étudié comme un dingue l'intelligence de la foi, je n'aurais peut-être pas compris "l'intelligence" de la croix. D'une certaine manière, ce que j'avais compris de l'économie du salut était resté à un stade très raisonnable ; et voici que tout cela s'est incarné, grâce à Dieu, dans l'expérience de l'absurde, pour devenir une réalité vivante, une vie avec un Jésus bien vivant. Car dans tout cela, le vrai acteur, le vrai pédagogue, c'est Jésus qui frappe à la porte et dit : "Venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, je vous soulagerai".
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 15/09/2012

@ Luc,

> Pendant nos rencontres de catéchumènes le jeudi soir, rien ne m'émerveillait plus que les récits de conversion que faisaient les uns et les autres. J'étais à chaque fois frappé par ce paradoxe : chaque histoire de conversion était à la fois irréductiblement une, tout en revêtant une dimension universelle qui touchait le coeur de tous. Il y avait autant de personnes que de chemins particuliers de conversion, mais il m'est apparu assez nettement comme une communion de vulnérabilités qui réunissait ces chemins.
J'avoue me méfier du côté ligne directe vers la beauté de Dieu par l'intellect. Par contre, je suis très sensible à ce parallèle du Père Varillon qui nous invite à contempler la beauté du Père à travers le passage du lavement des pieds.

@ Patrice et Guillaume,
Il ne s'agit pas de votre blog Patrice, mais des pièges de l'intelligence qui nous concernent tous. Quant à l'histoire de la distribution du catéchisme, le problème n'est pas là. J'ai sans doute maladroitement repris cet exemple au début de mon commentaire, de façon inappropriée car l'enjeu est ailleurs.
Sur le fond de la question : Connaissance de la foi par les textes/Expérience surnaturelle de la foi ; Exposition claire de la foi/témoignage de notre expérience de la grâce etc...
Sur le papier, comme ça, on est toujours d'accord et tout va bien : l'un ne va pas sans l'autre et il ne faut pas oublier la source de notre foi. Mais vous le savez comme moi et il en va pour nous tous, l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Si j'ai tout particulièrement privilégié un versant plus que l'autre (l'expérience du don de la foi avant son intelligence rationnelle) c'est d'une part parce qu'il me semble premier dans le sens où je l'ai indiqué, et parce que je crois que c'est le plus difficile, celui auquel nous résistons tous plus où moins, car il vient toucher à l'intime de la faille qui nous habite et qu'il engage tout notre être.
Pour ma part, c'est une conviction de foi, je crois que le mystère de notre rencontre avec le Christ se joue plus profondément qu'ailleurs en cette faille, si difficile à reconnaître et à assumer. On est donc naturellement tenté de faire de l'intelligence de la foi par les textes, un refuge défensif à la vue angoissante de cette immense béance, du fond de laquelle nous ne parvenons pas toujours à entendre le « ne crains rien » du Seigneur. C'est humain.
Le problème, j'insiste, n'est donc pas en soi l'intelligence de la foi au travers des grands textes d'Eglise, mais bien plutôt ce que nous faisons de la lecture de ces textes. Dans mon chemin de conversion, leur lecture eut en moi un écho retentissant. Encore très récemment, la lecture des textes proposés par F.Huguenin dans « les voix de la foi ».
Mais l'intelligence de la foi comporte donc la possibilité que nous tombions dans ce piège : celui d'une dissociation de l'ordre de la raison et de l'expérience vivante de la foi. Si la connaissance théologique rationnelle n'insuffle pas une ouverture de notre cœur au mystère surnaturel de la grâce, alors qu'est-elle sinon une distraction ?
Et cela déplace le problème : où est l'intelligence de la foi ? Ce que le Christ a caché aux sages et aux savants, il l'a révélé aux petits. On ne peut tout de même pas éluder d'un revers de main la portée renversante de cette vérité évangélique. Elle nous interpelle vraiment profondément quant à ce que signifie « connaître » le Christ.
A cet égard, merci Guillaume pour votre témoignage. Dans la situation personnelle que vous exposez, vous expliquez bien en quoi votre étude approfondie de l'intelligence de la croix vous a largement aidé à donner sens à cette épreuve douloureuse et en somme à mieux la vivre. Au même moment, à l'autre bout du monde, un paysan péruvien illéttré, n'ayant jamais touché un livre de sa vie, a vécu une épreuve comparable à la vôtre. Désarmé intellectuellement face à l'épreuve, dans le Christ, son fardeau s'en est-il trouvé plus ou moins allégé que le vôtre ?
N'y a-t-il pas là un grand mystère d'une grâce consolatrice d'autant plus abondante que donnée aux esprits les plus pauvres ? N'y a-t-il pas une connaissance première du Christ qui ne relève pas du savoir mais bien plus de son amitiée donnée? L'expérience et l'intelligence de la foi ne sont-elles pas réunifiées dans l'amitiée du Christ ?
Heureux les pauvres en esprit car le Royaume des cieux est à eux...
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 15/09/2012

Serge,

> vous m'interrogez à propos du paysans péruvien illettré : "Désarmé intellectuellement face à l'épreuve, dans le Christ, son fardeau s'en est-il trouvé plus ou moins allégé que le vôtre ?" Je crois que vous donnez la réponse dans votre question suivante : "N'y a-t-il pas là un grand mystère d'une grâce consolatrice d'autant plus abondante que donnée aux esprits les plus pauvres ?" Il y a là en effet quelque chose du mystère de la filiation divine : à chacun de ses enfants Dieu donne ce qui est nécessaire ; et à tous il donne la totalité de l'héritage, c'est-à-dire lui-même. Et vous concluez de la manière qui convient le mieux : "Heureux les pauvres en esprit car le Royaume des cieux est à eux..."
Merci Serge pour cet échange qui me fait avancer.
______

Écrit par : Guillaume de Prémare / | 17/09/2012

MERCI

> Serge, Guillaume, modernes pèlerins d'Emmaüs, merci de nous faire partager ce moment de grâce! "Notre coeur n'était-il pas tout chaud?" Le mien oui, à lire vos témoignages où intelligence de la foi et amour de la croix s'enlacent dans l'élan de votre oui: que c'est beau, que c'est beau! Je suis votre ravie.
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Écrit par : Anne Josnin / | 17/09/2012

TROUBLE WILL SOON BE OVER

> Chère Anne, en toute simplicité fraternelle : merci !
Cher Guillaume, joie partagée de cet échange qui ravive ma foi comme il travaille ma raison.
Vous êtes guitariste je crois Guillaume ? Je me permets de vous envoyer ce lien, ce chant d'espérance d'un aveugle dont les yeux du cœur brillent de la miséricorde de l'Ami Jésus. Trouble will soon be over, sorrow will have an end...
http://www.youtube.com/watch?v=D3OFo8MFNkE
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Écrit par : Serge Lellouche / | 17/09/2012

GUITARES

> En effet Serge, guitariste et amateur - entre autres - de negro spirituals. Merci pour le lien : excellent ! Incroyable saveur mélodique et rythmique avec, sauf erreur de ma part, un seul accord ! Et amateur de blues bien sûr : "il y a longtemps sur des guitares, des mains noires lui donnaient le jour, pour chanter les peines et les espoirs, pour chanter Dieu et puis l'amour"...
Merci aussi à Anne pour votre amitié...
Guillaume
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 18/09/2012

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