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09/09/2012

Ayn Rand + Hayek : leur emprise posthume sur Ryan est critiquée par l'un des meilleurs historiens US

 Timothy Snyder, 43 ans, professeur à Yale, auteur du best-seller international  Terres de sang, dénonce " l'idéologie dépassée" à laquelle se réfère Paul Ryan (ci-dessous à gauche), gourou de Romney :

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L'ultralibéralisme se fonde sur la même structure mythique que le marxisme autrefois. C'est "du marxisme inversé"* ! Le culte libéral de la "main invisible du marché" (qui nie les injustices ou les déclare nécessaires), est le décalque du culte léniniste du "processus de l'histoire". Au nom du marché, les libéraux prônent le dépérissement de l'Etat** comme le prédisait Marx au nom du socialisme fruit du libéralisme... Le duo Romney/Ryan (ticket républicain à la présidentielle américaine de 2012) "fait sienne une idéologie dépassée, s'emparant d'une partie du pire qu'ait produit le XXe siècle et le présentant comme un projet pour le XXIe".

Auteur de ce constat (dans une analyse traduite par Le Monde d'aujourd'hui sous le titre Jouissance de l'inégalité) et spécialiste de l'Europe centrale et orientale, l'historien Timothy Snyder sait ce que fut "le pire du XXe siècle". Il a publié en 2010 une étude de 700 pages intitulée Terres de sang – L'Europe entre Hitler et Staline***, livre qui a un grand retentissement des deux côtés de l'Atlantique. L'article de Snyder situe nettement le passif des deux parrains du libéralisme de Paul Ryan : le doctrinaire Friedrich Hayek et la paranoïaque Ayn Rand. Hayek inspira la politique économique de ryan,romney,ayn rand,friedrich hayekl'Autriche des années 1930 : ce fut "l'un des Etats l'un des moins interventionnistes d'Europe, ce qui laissa sa population à la merci de la Grande Dépression – et d'Hitler". Rand, romancière et chef de secte "dont Ryan affirme qu'elle lui a inspiré sa carrière politique", "fournit le discret mais émoustillant élitisme" : "dans ses romans, les souffrances des Américains ordinaires – ces 'parasites', comme elle les désigne dans Atlas shrugged (La Grève, Belles ryan,romney,ayn rand,friedrich hayekLettres 2011) – servent de contrepoint aux plaisirs extraordinaires (qu'elle décrit en termes sexuels bizarres) des héroïques capitaines d'industrie..." Mère spirituelle de Ryan, Rand "célèbre le capitalisme anarchique débridé qui magnifie l'inégalité et apporte le plaisir aux riches qui y ont droit parce que ce sont des gens merveilleux, et la souffrance aux masses qui le méritent parce qu'elles sont stupides". On ne se méfie pas assez de l'influence des romans sur les idées politiques... Du cocktail Hayek-Rand, le duo républicain Romney-Ryan tire son marxisme inversé : "raconter aux Américains vulnérables qu'ils sont forts afin de les amener à voter en faveur de politiques qui les rendraient encore plus vulnérables".

ryan,romney,ayn rand,friedrich hayekTimothy Snyder n'est pas un militant. C'est un historien. Il sait de quoi il parle : la politique, dit-il, "est affaire de choix entre contraintes et biens, et non l'histoire d'un bien unique qui triompherait si seulement les tenants du mal le laissaient fonctionner sans contrainte". Les marxistes d'hier croyaient en cette notion dialectique de la politique. Les libéraux d'aujourd'hui ("ultras" ou non) y croient encore. Les gens raisonnables ne peuvent y croire, et surtout pas les chrétiens : rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

 

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* ...ce qui le rend incompatible avec la pensée sociale chrétienne.

** Ne pas confondre cette phobie libérale («l'Etat est nuisible ») avec l'idée catholique d'un Etat recentré sur les tâches qu'il est seul à pouvoir assumer. (Or les catho-libéraux font cette confusion depuis vingt ans... et y persévèrent malgré les explications de l'Eglise).

*** Gallimard.

 

Commentaires

LE PAUVRE HOMME

> Tiens! justement, un « catho-libéral », fervent de Hayek, est passé hier à la radio, dans une émission très appréciée de ce blog. Le pauvre homme est paniqué; les communistes sont parmi nous! Et de dénoncer les traitres, les faux-libéraux, bref, les crypto-socialistes...
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 09/09/2012

SNYDERS ET LA LETTRE DE SAINT JACQUES

> L'article lumineux de Timothy Snyder :
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/08/jouissance-de-l-inegalite_1757543_3232.html
Le titre "jouissance de l'inégalité" est éloquent. Opposons au sado-masochisme libéral, une des lectures de ce jour, dans la lettre de saint Jacques (2,1-5):
"Mes frères, ne mêlez pas des considérations de personnes avec la foi en Jésus Christ, notre Seigneur de gloire.
Imaginons que, dans votre assemblée, arrivent en même temps un homme aux vêtements rutilants, portant des bagues en or, et un homme pauvre aux vêtements sales.
Vous vous tournez vers l'homme qui porte des vêtements rutilants et vous lui dites : « Prends ce siège, et installe-toi bien » ; et vous dites au pauvre : « Toi, reste là debout », ou bien : « Assieds-toi par terre à mes pieds ».
Agir ainsi, n'est-ce pas faire des différences entre vous, et juger selon des valeurs fausses ?
Écoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n'a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? Il les a faits riches de la foi, il les a faits héritiers du Royaume qu'il a promis à ceux qui l'auront aimé."
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Écrit par : Serge Lellouche / | 09/09/2012

BIEN VU

> « Marxisme inversé » : c’est très bien vu. Ainsi est-on passé de la dictature du prolétariat à la dictature de l’actionnariat !
Leçon de l’histoire : il a fallu trois quarts de siècle pour en finir avec une mise en œuvre concrète de cette dictature du prolétariat, l’URSS. Combien de temps pour mettre à bas la dictature des actionnaires ? Lesquels, comme chacun sait, ferment les yeux sur toutes les déviances financiaro-financières actuelles pourvu que leur soit assuré un dividende suffisant, quitte à ce que ce soit de l’argent salement acquis – rapporté à la doctrine sociale de l’Eglise.
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Écrit par : Denis / | 09/09/2012

BIOSHOCK

> Demi-hors sujet, mais depuis que je suis cette polémique, je ne peux m'empêcher de penser à un grand jeu-vidéo, Bioshock. Un monde imaginaire où un certain RYAN (aussi^^) défend les mêmes thèses.
Les concepteurs se sont librement inspiré d'Ayn Rand d'ailleurs. Regardez cette courte vidéo, vous risquez d'être surpris
http://www.youtube.com/watch?v=_IcTHrUuLuA
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Écrit par : Alexis / | 09/09/2012

LA QUESTION

> Avec ce paradoxe considérable que cette "Jouissance de l'inégalité" a quand même besoin d'Etats extrêmement fort dans les domaines régaliens et surtout sécuritaire et militaire, comme l'est l'Etat fédéral américain, et son colossal et inefficace appareil militaire, pour exercer son hégémonie, et d'un appareil bureaucratique lourd et omniprésent comme celui de Bruxelles pour casser les libertés des "parasites", par exemple interdire des semences ou les moulins à eau. Ce qui explique à mon sens la confusion que font bien des catholiques (et que j'ai faite moi-même dans le passé). La question du rôle de l'Etat reste à remettre sur le métier.
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/09/2012

EN FAIT

> En fait, les libertariens sont paradoxalement demandeurs d'Etat.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 09/09/2012

RYAN, RAND AND C°

> ... mais j'avais mal lu la 2ème note qui précise "l'idée catholique d'un Etat recentré sur les tâches qu'il est seul etc"
Mais il faut quand même se rassurer: quand un catholique rencontre un autre catholique, il est assez rare qu'ils parlent de ce M Ryan et encore moins de cette harpie de Ayn Rand dont ce blog m'a fait découvrir l'existence. Au fait, comment se prononce son prénom? Haine?
PH


[ De PP à PH : D'après le buzz aux USA, 'Atlas shrugged', le roman-manifeste d'Ayn Rand, serait pour les Américains "le livre le plus lu après la Bible". ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 10/09/2012

PAS DANS LES PAROISSES

> Oui, mais je pensais à la France. Son bouquin n'a pas l'air de faire le buzz dans nos paroisses.

PH

[ De PP à PH - Certes non. Et la révélation de la cathophobie ultralibérale va en navrer plus d'un... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 10/09/2012

L'ETAT ET AYN RAND

> « En fait, les libertariens sont paradoxalement demandeurs d'Etat. »
Comparez ces deux articles écrits par des libertariens avant et après le changement de discours du Front national sur l'intervention de l'Etat dans l'économie, c'est à dire après que Marine Le Pen ait tourné le dos aux reaganomics prônées jadis par Jean-Claude Martinez. Regardez bien les dates auxquelles ils ont été écrits. Je ne fais pas de commentaires sur les citations. Voici le premier : http://www.quebecoislibre.org/031220-3.htm On y trouve ce qui suit: « (...) Mais ce que les Français étatisés jusqu'à la moelle ne comprennent pas, c'est que Le Pen propose une réduction massive de la taille de l'État et de ses interventions, et que cela constitue l'antithèse du nazisme comme du fascisme dans ce qu'ils ont de plus fondamental. »
Et le second, après que le FN se soit détourné du libéralisme : http://www.quebecoislibre.org/12/120815-14.html On y trouve ce qui suit: « Le fait le plus marquant dans le discours du Front national est sans nul doute sa critique radicale et virulente du libéralisme, plus souvent qualifié d'« ultralibéralisme », ce qui la conduit à s'attaquer à la mondialisation (rebaptisée « mondialisme ») et aux marchés financiers pour prôner un retour au protectionnisme, une sortie de l'euro, une fermeture des frontières et une préférence nationale. »
Le libertarien a besoin d'un Etat; on ne me fera pas croire que le Front national ait jamais proposé la disparition de l'Etat, et certainement pas de l'Etat régalien. En tous cas un Etat tel que pourrait l'instaurer le FN ne dérange pas certains libertariens, pourvu qu'il fut libéral en économie.
J'ai même parfois l'impression que le FN de Jean-Marie Le Pen, attaché au libéralisme économique, gênait aux entournures les partis de gouvernement car le programme économique du FN de l'époque, c'était ce vers quoi tendaient ces partis. Je pense même que c'est la pente vers laquelle tend le projet européen, dans son état actuel. (Cela n'engage que moi)
Ayn Rand était minarchiste si on en croit le net, c'est à dire partisane d'un Etat assurant ses seules fonctions régaliennes. Un professeur d'économie nous avait dit que la différence entre les marxistes et les anarchistes c'est que les premiers visaient le dépérissement de l'Etat après une phase de transition par l'Etat socialiste où régnerait la dictature du prolétariat alors que les anarchistes méfiants préféraient une disparition immédiate de l'Etat.
La société voulue par Ayn Rand me paraît tellement terrifiante que je ne vois pas comment sans Etat, c'est à dire en état d'anarchie, elle pourrait tenir. Les gens se révolteraient. Et pour l'empêcher, une seule solution: l'Etat.
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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 10/09/2012

AYN RAND LA PRÊTRESSE

> Pour avoir baragouiné avec un architecte américain il y a quelques mois, j'ai compris en effet l'importance de l'influence de Ayn Rand là-bas (dont je n'avais jamais entendu parler à la fac). Dans son école d'architecture, il y avait des cours de philosophie, et j'ai eu droit à un véritable apologétique de la pensée d'Ayn Rand. J'ai été un temps abusée parce que la pensée d'Aristote y est apparemment beaucoup sollicitée, réquisitionnée plutôt, au service de la construction du surhommme. Jusqu'où cet homme, disciple-apôtre de la prêtresse (c'est ainsi qu'elle m'est apparue), semblait malheureux, désemparé de ne pouvoir étendre sa toute-puissante maîtrise de lui-même sur son entourage... Bienheureuse vulnérabilité: il n'y a pas d'autre voie.
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Écrit par : Anne Josnin / | 10/09/2012

LE DELIRE LOGIQUE DE PASCAL SALIN

> Dans un article de La Tribune, « Un zéro pointé », paru le 30/04/11 (http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/3/79/49/48/Reponse-a-Salin.pdf), Jean-Philippe Robbé, répondant à l’ultra-libéral Pascal Salin, expliquait qu’en droit les actionnaires des grandes entreprises « ne sont propriétaires que des actions, pas de l’entreprise. » Pascal Salin partage effectivement la croyance friedmanienne selon laquelle les actionnaires seraient propriétaires de l’entreprise ; et, par conséquent, il est persuadé comme son gourou, que « les dirigeants des firmes » n’ont pour « responsabilité sociale […] que celle de gagner le plus d'argent possible pour leurs actionnaires. »
Ce travail de déconstruction de ce qu’on appelle la « théorie de l’agence », Jean-Philippe Robbé en a fait un exposé détaillé dans son article, « Pour en finir avec Milton Friedman : Misère de la théorie de l’agence » (http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/3/79/49/48/Pour-en-finir-avec-Milton-Friedman---final-FR---150212.pdf). Cet article est le fruit d’un séminaire au Collège des Bernardins : « L’entreprise au-delà de la finance » : (http://www.collegedesbernardins.fr/index.php/rencontres-a-debats/audio/seminaires.html?audio_category=seminaires&mode=audiolist&course_id=58). Voici son intervention en document power point : http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/3/79/49/48/Presentation-Friedman---041211---B.pdf
Le débat Robbé-Salin a été mis en ligne sur Dailymotion :
http://www.dailymotion.com/video/xjbx8y_echec-et-mat-pascal-salin-jean-philippe-robe-sur-l-entreprise-le-15062011_news
Fascinant ! Salin remet en cause l’existence même de l’Etat…
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 11/09/2012

SOMALIE

> Les libertariens devraient adorer la Somalie, heureux pays sur lequel ne pèse pas la tyrannie d'un Etat. Mais ce "paradis" est hélas menacé.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 11/09/2012

A QUOI SERVENT MAINTENANT LES ETATS

> Le règne sado-masochiste de la "Jouissance de l'inégalité" ne réduit pas la force des Etats, il ne fait que réorienter radicalement ce pour quoi et ceux vers qui cette force est mise au service.
On n'organise pas n'importe comment un suicide collectif, une mise à terre du principe du bien commun et le transfert du pouvoir au profit des grands prêtres jouisseurs de l'Ego.
Démanteler une à une les prérogatives de l'Etat, par exemple en matière monétaire, fiscale ou de droit du travail; transformer méthodiquement et avec une détermination sans faille la vocation de l'Etat dans sa défense de la souveraineté populaire vers celle de la caste de toutes les jouissances oligarchiques, tout en prenant bien soin de ne jamais le dire et de faire croire qu'on fait le contraire, cela demande en effet une administration et une idéologie d'Etat hautement compétentes, ardentes à la tâche, bref un Etat fort.
Qui croit encore que le déploiement de force des "armées nationales" soit mis au service de la sécurité vitale des nations et des populations?
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Écrit par : Serge Lellouche / | 11/09/2012

à Serge Lellouche

> "Qui croit encore que le déploiement de force des 'armées nationales' soit mis au service de la sécurité vitale des nations et des populations?" - En effet, et ça met en question la vocation militaire aujourd'hui ! C'est ce que pense mon propre frère officier, bien revenu de ses illusions de jeune cyrard.
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Écrit par : zimmerwald / | 11/09/2012

LE DELIRE LOGIQUE DE PASCAL SALIN (SUITE)

> Fascinant ! Salin remet en cause l’existence même du Néo-Libéralisme!(lol)
Je vous assure qu'il a écrit: http://www.quebecoislibre.org/020216-9.htm
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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 11/09/2012

Suites aux réflexions de Serge Lellouche, zimmerwald, Blaise Join-Lambert :

> oui, et cet emploi de la puissance publique pour casser l'économie humaine au profit de la financière est un élément de brouillage de la compréhension du rôle de l'Etat par le public. Pour reprendre un mot célèbre, ce type d'Etat est effectivement davantage un problème qu'une solution. Il y a un fameux recentrage à faire.
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Écrit par : Pierre Huet / | 11/09/2012

DETTES

> L'Etat d'aujourd'hui, ou plutôt les Etats d'aujourd'hui, du monde occidental, ce sont des dettes faramineuses qui ne peuvent être remboursées alors qu’elles sont dues. Elles ont été émises par les gouvernements successifs pour permettre aux populations de vivre de la rente versée par l’Etat. Mais cette rente a été consommée et donc détruite, mais la dette qui en est sa source est toujours due. Ces montagne de dettes impossibles à rembourser selon liquidées cependant par un appauvrissement généralisé des populations ayant confié leur épargne aux Etats sous la répression financière de nouveau en vogue (cf. Retour de la répression financière – juin 2011 – Carmen reinhart, Jacob Kirkegard et Belen Sbrancia).
Comment ne pas évoquer les déficits permanents des Etats qui continueront à alimenter la dette dès lors qu’il y aura maintient du niveau de dépenses publiques ou Etat-providence ? Des impôts qui condamnent toute incitation à l’investissement donc à la croissance. Un chômage de masse croissant qui résulte des dettes, déficits et absence d’investissements ?
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Écrit par : goufio / | 02/11/2012

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