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10/08/2012

Changement d'ère : 'Nature' dit le vrai et le faux

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Ce ne sont pas les humains qui sont en trop, c'est le système productiviste :



 

Débat de spécialistes autour de l'étude Approaching a state-shift (« un changement d'état ») in Earth's biosphere. Publiée dans la revue scientifique Nature et signée d'une vingtaine de chercheurs, elle rappelle ce que tout le monde sait* : l'exploitation illimitée des terres émergées amènera la dynamique des écosystèmes à un point de basculement et à de nouveaux équilibres qui ne seront pas favorables à la vie humaine. Conclusion du paléo-écologue Barnosky (qui a coordonné l'étude de Nature) : « Si l'humanité continue comme elle l'a toujours fait, sans réaliser qu'elle est devenue une puissance géologique, au même titre qu'un volcan ou une météorite, elle va au devant de très mauvaises surprises, comme des déstabilisations économiques ou politiques qui dégraderont sensiblement notre qualité de vie. Toutefois, les humains sont assez intelligents et si nous multiplions vite des actions nous pourrions peut-être inverser le cours des choses. »

J'ai souligné les points litigieux :

a) l'humanité n'a pas « toujours » surexploité le reste de la création ! (prétendre qu'elle l'a « toujours » fait revient à prendre parti contre l'humain). La surexploitation commence avec l'idéologie libérale prométhéenne du XVIIIe siècle et l'orientation qu'elle a donnée à l'industrialisation du XIXe.

b) « Notre qualité de vie » est une expression dangereusement proche de la formule « mode de vie » (« le mode de vie des Américains n'est pas négociable », dixit GWBush) ! il ne faut pas sauvegarder « notre » qualité de vie (occidentale), mais changer radicalement de mode de vie pour le bien commun de l'humanité ;

c) la formule « multiplier des actions » est équivoque : elle laisse penser que des bricolages technologiques permettraient de poursuivre sur la voie du productivisme. C'est la supercherie à la mode, montée par les multinationales (greenwashing) et gobée par les naïfs qui prennent ça pour de « l'espérance ».

d) Ajoutons que l'étude de Nature associe (comme dit Libération, 10/08) « la pression démographique actuelle » et « le niveau de développement et de consommation afférent » : d'où la proposition (c'est Libé qui résume) de « réduction drastique et forcée de la démographie ». Comme si le productivisme-consumérisme était consubstantiel à l'humanité ! On retrouve ici le malthusianisme prêché dans les universités d'été du Medef et que combat à juste titre l'équipe de La Décroissance... Ce n'est pas l'humain qui est en trop, c'est le productivisme.

 Soulignons aussi que cette idée s'applique, non seulement aux malthusiens, mais (vice-versa) à leurs adversaires cathos… Sils veulent la natalité, ils doivent cesser de prôner le libéralisme ! La Terre ne pourra nourrir encore plus d'habitants qu'au prix d'une révolution totale du système économique : fin de la spéculation foncière et alimentaire, fin des productions destinées au consumérisme-gaspillage de l'hémisphère nord, restitution aux cultures vivrières des immenses espaces accaparés par les agro-carburants, etc ; toutes choses impensables dans le cadre de la dérégulation libérale. (On est surpris que des catholiques puissent encore ignorer ces évidences, démontrées de longue date par Pax Christi, le CCFD et les - véritables - agronomes chrétiens).

Mais qui prendra ces décisions révolutionnaires ? Là est tout le problème. Sans un mouvement de masse international, le politique ne ressuscitera pas. Et c'est lui (seul) qui peut agir... Comme le dit clairement le climatologue Jean Jouzel : « Au GIEC nous ne faisons pas de préconisations politiques**. On fait un diagnostic sur le fait que les émissions de gaz à effet de serre sont responsables du réchauffement***. Le choix de réduire ou non ces émissions, c'est aux hommes politique de le faire... » Le moins qu'on puisse dire est qu'ils n'en prennent pas le chemin.

 

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* sauf (en apparence) Christophe de Margerie et Claude Allègre.

** Jouzel est sévère à l'égard de l'étude de Nature : il lui reproche précisément de faire des propositions « politiques », ce qui n'est pas le rôle des scientifiques. (D'autant que le malthusianisme libéral affleure dans ces propositions en ce qui concerne la démographie).

*** Cf la repentance de l'ex-climatosceptique Muller, voir ici la note du 7/08.


 

Commentaires

LES MANAGERS NE NOUS SAUVERONT PAS

> En plus du côté écoblanchiment, l'expression « multiplier des actions » montre que ses auteurs sont enfermés dans l'activisme et le "bougisme" contemporain. Il faut une conversion pour s'en rendre compte, mais la planète a besoin avant tout d'hommes tournés vers Dieu, qui Seul peut nous tirer de là. Les managers, même en costume vert, ne nous sauveront pas.
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Écrit par : Gilles Texier / | 10/08/2012

L'INTERDEPENDANCE

> "Aide toi le Ciel t'aidera !" Ainsi par notre avidité nous défions l'ordre cosmique et mettons en péril notre survie par notre ignorance des processus biologiques d'addiction qui nous font agir, persistant dans l'erreur de l'ideologie monstrueuse de la croissance, liée à l'avoir qui a éludé l'être. Nous oublions l'interdépendance que nous avons avec notre prochain et l'écosystème...
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Écrit par : Géraldine / | 12/08/2012

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