Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/08/2012

Dominique de Guzman et l'Europe de 2012

Les gens ne tiennent compte "que des exemples" :

 saint dominique,catholiques,christianisme,europe



Faire mémoire de saint Dominique (1170-1221), ce n'est pas se réfugier dans le passé. C'est actualiser ce qu'il disait : « Il me semble impossible de ramener à la foi, par des paroles seules, des hommes qui ne tiennent compte que des exemples... Si vous étalez des façons de vivre contradictoires, vous édifierez peu, vous détruirez beaucoup, et les gens refuseront de vous suivre. »

Les « gens » dont il parlait étaient les cathares. Le catharisme n'était pas un christianisme* malgré ses emprunts de vocabulaire : c'était une religion inverse, fondée sur la haine envers le monde (la matière, la natalité, la femme) et sur la croyance en deux dieux... Résurgence du vieux manichéisme apparue dans les Balkans, cette religion non chrétienne s'était répandue à travers la moitié de l'Europe**. Les cadres cathares donnaient l'exemple de la sincérité en menant une vie simple et pauvre, alors qu'une grande partie du clergé catholique profitait du système socio-économique de l'époque. D'où la création révolutionnaire de Dominique de Guzman : un ordre d'apôtres pauvres (« frères mendiants »), vivant selon une logique autre que celle de la société ambiante, afin de faire comprendre la foi chrétienne à des gens qui ne la connaissaient plus. Ou plus exactement : à des pauvres, devenus cathares par désespoir de vivre. Beaucoup plus difficile était de re-christianiser des élites sociales, devenues cathares par intérêt de classe et de pouvoir (ne plus rendre compte de leurs faits et gestes à quiconque, s'autoriser n'importe quoi par mépris envers le monde matériel).

Il y a un parallèle avec la situation du christianisme en notre temps. L'époque actuelle ignore le contenu de la foi chrétienne, mais s'y croit hostile. Elle rejette les idées mais remarque les exemples vécus : les mauvais exemples (pratiques antisociales d'un « grand patron chrétien ») et les bons exemples (mère Teresa). C'est ce que voulait dire la phrase de saint Dominique citée plus haut. La nouvelle évangélisation de l'Europe ne passe pas d'abord par les « idées », elle passe d'abord par les coeurs.


_________

* En dépit de ce qu'affirment certains historiens français (qui devraient étudier le contenu du christianisme).

** Le catharisme n'était donc pas « une expression de la culture occitane » (contrairement à ce que croient les offices de tourisme et les néo-nazis).

*** « Dominique s’engageait là dans une entreprise originale, en réaction contre un clergé local appesanti par l’appareil féodal, lié au conservatisme sacral d’une économie rurale, dépourvu des moyens d’affronter la culture en effervescence dans les villes nouvelles. Dès 1204, Dominique avait contesté publiquement les puissants appareils mis en branle, avec les légats du pape Pierre de Castelnau, Arnaud Amaury, qui menaient, dans la ligne des évêques-soldats, leur entreprise contre les dogmes cathares» (...reconnaît la Grande Encyclopédie Larousse, tout en disant à tort que les cathares prônaient un « retour à l'Evangile »).

 

Commentaires

LE MYTHE CATHARE

> Le mythe cathare est une des choses exaspérantes de la sous-culture actuelle. Ca a commencé en 1965 avec le feuilleton télé de Stellio Lorenzi (ce vieux stal plein de talent !) :
c'est alors que les offices de tourisme du Sud-Ouest se sont jetés sur le label "cathare",
et ça a proliféré jusqu'à devenir un slogan automatique ("le pays cathare", etc).
S'ils avaient eu la moindre idée de ce que le catharisme fut vraiment, ils auraient été horrifiés. Mais comme on se roule dans la fausse mémoire sans connaître du tout l'histoire....
En tout cas c'est un des points de départ (parmi bien d'autres) de la cathophobie qui structure aujourd'hui la sous-culture.
______

Écrit par : lotario conti / | 08/08/2012

LE COEUR

> "La nouvelle évangélisation de l'Europe ne passe pas d'abord par les « idées », elle passe d'abord par les coeurs". La formation "doctrinale" peut être nécessaire mais ce n'est qu'un moyen, non un but (et encore faut-il vérifier la vraie origine de la "doctrine" qu'on fait circuler).
C'est au coeur que Jésus s'adresse.
C'est du coeur que naît la prière.
On peut être "formé doctrinalement" au catholicisme et être un faux catholique, Philippe Henriot par exemple.
On peut être "debilissimus" (note de séminaire de Jean-Marie Vianney) et être l'un des grands mystiques rayonnants de l'histoire du christianisme.
______

Écrit par : Dijonnais la confiance / | 08/08/2012

TOURISTIQUE

> L'obsession cathare c'est une aubaine touristique : "pays cathare", "cuvée catahre", "cassoulet cathare" (sic) voire "chateaux cathares" (construits justement par les croisés !)
C'est aussi pour une partie de la littérature actuelle, un prétexte à la cathophobie pour les uns, à l'exaltation régionaliste sous forme de critique de l'Etat central pour les autres qui évoquent (sans rire) "des populations languedociennes toujours profondément marquées 800 ans après" (avant les années 60, plus personne ne connaissait cette période)
C'est également pour les néopaïens une occasion d'écrire des bouquins, d'opérer des cérémonies grotesques et haineuses.
La sous-culture actuelle chante les louanges du catharisme uniquement pour attaquer l'Eglise et serait la première à persécuter les cathares vu qu'elle ne supporte déjà pas ce que dit l'Eglise en matière de domination des passions.
Il ne s'agit pas de nier la brutalité de la croisade (ça parait difficile) mais de rappeler que cette brutalité ne blanchit pas les Cathares pour autant.
La croisade a été aussi atroce que le succès du catharisme aurait été humainement catastrophique.
L'utilisation de la violence en matière religieuse c'est un déni de l'action de l'esprit saint.
______

Écrit par : zorglub / | 08/08/2012

SUR LA NOTE

> OUI, je pense entièrement comme vous sur ce point.
______

Écrit par : Christine / | 08/08/2012

MODERNES

> Oui, tout à fait!
Et si les cathares bénéficiaient d'une si bonne presse actuellement parce que certains états d'esprit s'y reconnaissent?
Haine de la natalité? ça ne manque pas.
Haine de la femme? non bien sûr, ça fait mauvais genre, mais répulsion pour l'autre sexe, ç'est plutôt bien vu.
Haine de la matière? voyez la propagation de l'anorexie.
Perte de tout repère moral? quoi de plus moderne?
______

Écrit par : Pierre Huet / | 08/08/2012

F.M.

> Autre idée qui traîne (fausse ?) : le catharisme continuerait à subsister, dans le sud-ouest, via la FM...
______

Écrit par : Feld / | 08/08/2012

LANGUEDOC

> Correctif à mon message précédent : "continuerait à subsister ...dans le Languedoc" bien sûr (et non dans le sud-ouest)
______

Écrit par : Feld / | 08/08/2012

UN PAYS IMAGINAIRE

> Ce qui pose problème avec les cathares (et qui brouille les travaux dans le champ historique) ce sont les représentations qui se sont propagées de nos jours à partir de l'invention actuelle de leur territoire : le "pays cathare" qui est une création contemporaine et absolument pas médiévale. D'ailleurs les OT disent désormais les châteaux "du" pays cathare en référence à cette création issue d'une politique d'aménagement du territoire. Et cela non pas tant pour rétablir une vérité historique mais pour coller à cette notion territoriale de "pays" qui permet de récolter divers fonds, européens notamment.
Cf. "L'Invention du pays cathare. Essai sur la constitution d'un territoire imaginé", de Marie-Carmen Garcia et William Genieys, L'Harmattan, 2005.
http://www.scienceshumaines.com/l-invention-du-pays-cathare-essai-sur-la-constitution-d-un-territoire-imagine_fr_5565.html
______

Écrit par : Patrick Pique / | 09/08/2012

SUPERCHERIE

> Votre analyse du catharisme est excellente. C'est une infamie et oser défendre au XXI° siècle une telle supercherie relève de l'irraisonnable.
ET dire que Serge Raffy le fringant rédacteur en chef du Nouvel Obs en a fait une apologie.
______

Écrit par : B ernard / | 10/08/2012

@ Feld-marschal

> "quand les gens arrêtent d'être croyants, ils deviennent crédules" disait ma grand-mère
Il est donc tout à fait possible que des francs-maçons soient allés trainer leur jolis tabliers du côté de Montségur.
Les homme de pouvoir, les gens qui cherchent à intégrer les sociétés secrètes sont fascinés par la magie, la psychokinésie, la divination etc. d'après les francs-maçons repentis, ce n'est pas leur adhésion à la fM qui les fait abandonner cette fascination au contraire.
Un incroyable boulgui-boulga pseudo-spirituel sévit dans le Languedoc à base de Rennes-le-Chateau, trésor des templiers, prieuré de Sion, catharisme, Illuminati, fin du monde en 2012.
______

Écrit par : zorglub / | 10/08/2012

Les commentaires sont fermés.