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10/07/2012

Mgr Gerhard Müller, nouveau préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi : [1] "engagé dans la théologie de la libération"

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Deux extraits d'un entretien avec Mgr Müller dans la Mittelbayerische Zeitung... entretien reproduit en d'autres lieux (ce même jour) avec des amputations inadmissibles – qui en faussent le sens au point de faire dire à Mgr Müller le contraire de sa pensée :


 

 [en rouge, ce qui a été coupé sur d'autres sites]

 

<< MBZ : Votre engagement dans la théologie de la libération a-t-il compromis votre nomination ?

GM – Je ne sais pas. À la foi catholique (si vous la connaissez) appartiennent essentiellement le devoir social, la responsabilité envers le monde, l'amour du pauvre. Théologie de la libération est une formule, mais toute théologie chrétienne a quelque chose à voir avec la liberté de l'homme. Dans ce contexte, en Amérique latine aussi cela concerne des questions théologiques : par rapport à une misère et une indignité que beaucoup de gens autour de nous ne peuvent imaginer, par rapport à cette injustice flagrante, nous ne pouvons pas nous contenter de passer en haussant pieusement les sourcils. La foi et l'action bonne vont ensemble. Ce sont les deux faces d'une même monnaie.

MBZ – Êtes-vous alors en accord avec le pape ?

GM – En accord total. Même quand il était mon prédécesseur à la CDF [Congrégation pour la doctrine de la foi], il n'a pas mis en cause la théologie de la libération dans sa intégralité, mais certains de ses aspects – ce que j'appuie pleinement : la théologie de la libération n'est pas un vague mélange de communisme et de foi catholique. La théologie, s'il s'agit de catholicisme, doit puiser les réponses à ses propres sources. L'enseignement social de l'Eglise catholique a prouvé sa supériorité par rapport à l'analyse marxiste : nous ne voulons pas d'une société divisée en riches et pauvres, dans laquelle l'un a accès à l'éducation, et non l'autre... Travailleurs et employeurs ne doivent pas agir les uns contre les autres en purs groupes d'intérêts, mais servir tous le bien commun. Nous devons être critiques à l'encontre de la marchandisation rampante de tous les aspects de la vie : l'économie est là pour les gens, non l'inverse.

MBZ – Eu égard à ce que vous dites là, on vous a classé parmi les « libéraux »*. En êtes-vous surpris ?

GM – Vous savez, saint Thomas d'Aquin dit : « Deus maxime liberalis est – Dieu est le Grand Libéral ». Dans ce sens originel, liberalis veut dire « libéral et généreux ». En ce sens j'aime être libéral. >>

On a reconnu ici le sens médiéval du mot «libéral », qui est radicalement le contraire du libéralisme économique. Au XIIIe siècle, « libéral » s'applique à la générosité noble qui s'affiche par le gaspillage de munificence ; d'où le cri des donateurs aux grandes fêtes populaires : « largesse ! ». D'où aussi le terme de « libéralité »... Dieu est libéral au sens médiéval, parce qu'Il donne avec surabondance et gratuité : sans attendre de retour sur investissement. C'est l'inverse du profit capitaliste.

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* Ce qui précède montre - sauf pour des aveugles - que le mot « libéraux » est employé par le journaliste de la MBZ dans son acception américaine (= « progressistes »), non dans son acception française (libéralisme économique).

  

Commentaires

ENFIN

> Quelqu'un qui sait de quoi il parle ! Et ça fait du bien que l'homme de confiance du pape,
le "M. Doctrine" de Benoît XVI (ce qui n'est pas peu dire), dise fort et clair que la théologie de la libération est un fruit naturel de la foi catholique, une fois écarté le parasitage castro-guévariste des années 1980.
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Écrit par : ned / | 11/07/2012

L'EGLISE N'EST PAS LIBERALE

> Très bien la mise au point de Mgr Müller à travers saint Thomas. L'Eglise catholique n'est pas libérale. Tous les papes depuis Léon XIII, particulièrement les deux derniers, ont actualisé la critique de l'idéologie du profit et de la volonté de puissance illimitée qui constitue le libéralisme depuis ses pères fondateurs Smith et Malthus. Il est temps que les Français sachent que le libéralisme catho est une imposture, circonscrite à une demi-douzaine de baratineurs hétérodoxes déguisés en zouaves pontificaux
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Écrit par : Simon Postel / | 11/07/2012

ON EST D'ACCORD

> Désolé de vous contredire, mais si vous lisez l'introduction au christianisme de Ratzinger, vous comprendrez que le marxisme a assumé la théologie, au lieu de son contraire. Mgr Muller dit la même chose, car la théologie doit puiser à ses propres sources. Aussi, Ratzinger a libéré la théologie. Face aux scandales de la pauvreté criante, une injure à Dieu et aux pauvres, qui crie jusqu'au ciel, la théologie est libérante par elle-même, sans puiser dans le marxisme, ni dans la politique. Je crains que vous succombiez au piège d'user le politique pour faire de la théologie. L'Eglise prône la théologie de la liberté.

AA


( De PP à AZ - je ne comprends pas pourquoi vous croyez me contredire : je pense la même chose que vous, et je l'ai écrit cinquante fois ]

réponse au commentaire

Écrit par : Alfred Albrecht / | 12/07/2012

THEOLOGIE DE LA LIBERATION

> Je comprends. Alors ne doit-on pas changer votre titre ? Car Mgr Müller ne prône pas la théologie de la libération, mais est, au nom de la théologie du côté des pauvres écrasés par un système d'oppression.

AA


( De PP à AA - Relisez ce que Mgr Müller dit de la vraie théologie de la libération. Et il ne désavoue pas la formule de son intervieweur, qui lui parle de son "engagement" dans ce domaine... N'ayons donc pas peur des mots : la notion - non faussée - de "théologie de la libération" est parfaitement catholique (et à recevoir comme telle), comme Joseph Ratzinger lui-même l'explique dans sa célèbre "Instruction" de 1986 dont j'ai souvent parlé ici, et dans le sillage de laquelle se situe Mgr Müller. C'est pourquoi il souligne son accord avec le pape à ce propos. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Alfred Albrecht / | 13/07/2012

EXACTEMENT

> Être "au nom de la théologie du côté des pauvres écrasés par un système d'oppression", c'est exactement la définition de la vraie théologie de la libération qui mène à changer le système quand il est devenu oppressif (structure de péché). C'est ce que nient les libéraux mais que démontre le cardinal Ratzinger depuis au moins les années 80. Et que les catholiques français refusent d'entendre, on ne sait pas pourquoi.
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Écrit par : Amos / | 13/07/2012

AU NOM DE QUOI ?

> « Les catholiques français », tiens donc ? Je ne suis pas convaincu. Des catholiques dans ce style, j’en ai déjà rencontré, y compris dans ma famille ; mais ils appartenaient tous au même milieu social, un milieu protégé, où l’on vit sous cloche, dans la fréquentation quotidienne des élites de la nation.
Il ne s’agit que d’une minorité, la « minorité visible » pourrait-on dire… Au nom de quoi ces gens-là devraient-ils représenter « les catholiques français » ?
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 14/07/2012

Mgr MÜLLER ET LA THEOLOGIE "CORRECTE" DE LA LIBERATION

> Dans son entretien à L'Osservatore Romano du 26 juillet, Mgr Müller raconte qu'en 1988 il a été invité à un séminaire avec le théologien dominicain du Pérou, Gustavo Gutierrez :
« Je m’y suis rendu avec quelque réserve... mais j’ai pu constater qu’il faut distinguer entre une théologie de la libération erronée [ "un mélange de la doctrine d’une auto-rédemption marxiste avec le salut donné par Dieu"] et une autre théologie de la libération correcte. Je considère que toute bonne théologie a un rapport à la liberté et la gloire des enfants de Dieu. »
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Écrit par : Théologie de la libération / | 29/07/2012

ON NE POURRA PLUS DIRE LE CONTRAIRE

> Voilà qui règle la question !
Personne ne pourra plus prétendre que toute théologie de la libération est mauvaise en soi.
Ni que Mgr Müller "ne se réfère pas au concept de théologie de la libération".
C'était clair pour les rares catholiques qui avaient lu l'Instruction Ratzinger de 1986, mais justement ils furent rares. L'ignorance a permis aux autres d'éviter le sujet ou d'affirmer
une chose fausse.
Tous ceux qui continueraient maintenant à affirmer cette chose fausse contrediraient la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
"Roma locuta est, causa finita".
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Écrit par : churubusco / | 29/07/2012

COMPLICES

> Ceux qui refusent la définition catholique de la théologie "correcte" de la libération, refusent en réalité l'idée qu'on puisse contester le système économique actuel au nom de l'Evangile. ce sont des chiens de garde. pas des chrétiens.
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Écrit par : lubomir / | 29/07/2012

LE DOCUMENT DE 1986

> "Il n'est pire sourd que celui qui ne veut point entendre", dit le proverbe. Un obstiné m'affirme que le cardinal Ratzinger n'a pas écrit... ce qu'il a écrit, dans l'Instruction de 1986 sur la théologie de la libération ! (document que cet obstiné n'a pas lu et refuse de lire : attitude étrangement désinvolte de la part d'un "papiste" affiché).
J'encourage tous les laïcs catholiques à se procurer ce document de 1986 et à l'étudier, pour ne plus se laisser intoxiquer par ceux qui confondent leurs propres opinions avec la parole de l'Eglise.
Pour mémoire, je rappelle ici un passage du document en question (section 5, "La doctrine sociale de l’Eglise : pour une praxis chrétienne de la libération"):

« La priorité reconnue à la liberté et à la conversion du cœur n’élimine nullement la nécessité d’un changement des structures injustes. Il est donc pleinement légitime que ceux qui souffrent de l’oppression de la part des détenteurs de la richesse ou du pouvoir politique agissent […] pour obtenir des structures et des institutions dans lesquelles leurs droits soient vraiment respectés…
Un défi sans précédent est aujourd’hui lancé aux chrétiens qui oeuvrent à réaliser cette civilisation de l’amour qui condense tout l’héritage éthico-culturel de l’Evangile. Cette tâche requiert une nouvelle réflexion sur ce qui constitue le rapport du commandement suprême de l’amour à l’ordre social envisagé dans toute sa complexité. La fin directe de cette réflexion en profondeur est l’élaboration et la mise en route de programmes d’action audacieux en vue de la libération socio-économique de millions d’hommes et de femmes dont la situation d’oppression économique, sociale et politiquer est intolérable…
[Sur] la radicale transformation culturelle indispensable pour résoudre les graves problèmes que notre époque doit affronter [ :] la culture que notre époque attend sera caractérisée par la pleine reconnaissance de la dignité du travail humain, qui apparaît dans toute sa noblesse et sa fécondité à la lumière des mystères de la Création et de la Rédemption…
Une telle culture du travail reconnaîtra que la personne du travailleur est principe, sujet et fin de l’activité laborieuse. Elle affirmera la priorité du travail sur le capital et la destination universelle des biens matériels (6).»

J'ai déjà publié (plusieurs fois) cet extrait. Mais certains refusent d'admettre : 1. qu'il existe ; 2. qu'il fait autorité en ce qui concerne la question de la théologie de la libération ; 3. qu'il est signé du futur Benoit XVI...
Qu'ils se débrouillent avec leur conscience.
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Écrit par : PP / | 02/08/2012

Les commentaires sont fermés.