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29/06/2012

Une vision catholique de la crise, après l'échec inévitable du sommet de Rio

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Sauf sur l'ambiguité du "développement durable", les catholiques italiens semblent plus lucides que des Français encore empêtrés dans les niaiseries des années 2000 :



ROME, mercredi 27 juin 2012 (ZENIT.org) – La crise dont on a discuté à Rio+20 est fille de celle dont on a parlé au G20 : en effet Rio+20 est lui aussi le fruit d’un modèle de développement qui ne tient pas compte du bien commun tant sur le plan économique que financier, social et environnemental. Or, le monde a besoin d’un nouveau modèle fondé sur le respect durable de l’homme et de la création, estime Carmine Tabarro, de la communauté catholique Shalom, qui propose cette réflexion sur l’événement.

***

<<  Vingt ans après le Sommet de la Terre de Rio (1992), les dirigeants du monde politique et économique se sont retrouvés dans la même ville pour une conférence mondiale sur le Développement durable, appelée Rio+20, se donnant pour mission de recommencer à promouvoir un développement qui ne nuise pas à l’environnement et de trouver de nouvelles stratégies qui permettent un développement durable à l’échelle mondiale.

Malheureusement, le développement durable n’est décliné que d’un point de vue environnemental, oubliant - comme l'affirmait déjà Paul VI dans Populorum Progressio - que « toute l’Eglise, dans tout son être et son agir, tend à promouvoir le développement intégral de l’homme, quand elle annonce, célèbre et œuvre dans la charité »,  et  que «ce développement authentique de l’homme  concerne unitairement la totalité de la personne dans chacune de ses dimensions »...

Cette affirmation de Paul VI suggère une perspective de longue durée, mais cette culture de la durabilité n’a pas été jugée prioritaire par les décideurs politiques qui, dans leur agenda, ont fait passer avant elle les problèmes économiques considérés plus urgents.

De manière prophétique Paul VI, toujours dans l’encyclique Populorum Progressio, rappelle en ce sens que les institutions  ne sont pas en soi une garantie pour le développement, le bien-être et le respect de l’homme.

D’ailleurs la récession actuelle  est la démonstration que les institutions n’ont pas été capables de garantir un développement durable. Et ce problème influe de manière importante sur la santé du système économique mondial. [...]  La réduction systématique de la demande globale des familles a été en partie compensée par une hausse de la dette et par un processus de financiarisation qui a augmenté progressivement la part du FIRE (finance, assurance et immobilier) dans le revenu.

Le FIRE a d’abord soumis la politique et malgré une législation mondiale de faveur, n’a pas réussi à maintenir le taux de croissance tendancielle des pays industrialisés au niveau de la période de Bretton Woods (1945-1971)...

A son tour la crise financière a détérioré considérablement les indices de durabilité au plan environnemental, économique, social, dans un cercle vicieux qui risque de se propager encore longtemps.

Mais la crise n’aurait même pas commencé si, comme le recommande Benoît XVI au numéro 67 de son encyclique  Caritas in veritate, l’on avait mis en place un gouvernement de l’économie mondiale. «  Pour assainir les économies frappées par la crise, pour prévenir son aggravation et de plus grands déséquilibres, pour procéder à un souhaitable désarmement intégral, pour arriver à la sécurité alimentaire et à la paix, pour assurer la protection de l’environnement et pour réguler les flux migratoires, écrit-il, il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale, comme celle esquissée par mon prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII. »

Et cette Autorité, poursuit le pape dans son encyclique «devra être réglée par le droit, se conformer de manière cohérente aux principes de subsidiarité et de solidarité, être ordonnée à la réalisation du bien commun,  s’engager pour la promotion d’un authentique développement humain intégral qui s’inspire des valeurs de l’amour et de la vérité ».

Ainsi, l’envolée du prix du pétrole en juillet 2008 ne saurait être interprétée comme un phénomène dû au hasard, mais comme l’indice d’un système énergétique insoutenable reposant sur l’utilisation  de combustibles fossiles qui sont  les principaux responsables de la pollution atmosphérique et des effets nocifs de cette altération de la qualité de l’air.

Par ailleurs, si l’on considère aussi les sources de pétrole non conventionnels, la plupart des études existantes prévoient que l’offre de pétrole est destinée à atteindre, dans les années à venir, le pic de la dite courbe de Hubbert, puis qu’avec le temps celle-ci commencera à baisser.

Faute de mesures urgentes et massives qui accélèrent la transition à un système énergétique alternatif basé sur les sources d’énergie renouvelable, le prix du pétrole constituera probablement un frein insurmontable pour une reprise économique durable dans le temps.

[Au sommet de Rio], très positif : le point de vue du Saint-Siège qui a réussi dans sa tentative de séparer les politiques de sauvegarde de la création de l’imposition de programmes visant à réduire le nombre des naissances.

Le Saint-Siège a eu aussi un rôle important en rappelant tous les thèmes du magistère et en particulier celui de Benoît XVI. Il a été encore une fois question de progrès comme vocation humaine, un appel transcendant où l’homme ne peut et ne saurait renoncer. [...]  L’Evangile serait un élément fondamental du développement, car le Christ en y « révélant le mystère du Père et de son amour, révèle aussi pleinement l’homme à l’homme ». Car, « quand Dieu est mis de côté, notre capacité à reconnaître l’ordre naturel, le but et le bien,  commence à s’estomper ». >>