Lellouche oublie la politique étrangère de Sarkozy

Dans le JDD, Pierre Lellouche (UMP) tonne contre Hollande et sa politique étrangère. En partie à juste titre. Sauf que...

 

M. Lellouche reproche au nouveau président :

- «  son annonce du retrait des forces françaises combattantes d'Afghanistan, qui nuit à la crédibilité de la France et à la fierté de nos armées » ;

- «son évocation aussi imprudente qu'irréfléchie d'une intervention militaire française en Syrie, fût-elle sous mandat de l'ONU. »

Bien sûr nous sommes en campagne électorale, période durant laquelle les déclarations dénuées de sens sont admises. Mais :

a) tout le monde connaît l'échec de la guerre US en Afghanistan, et le rôle de supplétifs auquel les Américains avaient dédaigneusement réduit leurs alliés : deux évidences qui rendent absurdes le prétexte de « crédibilité » et le prétexte de « fierté » ;

b) tout le monde sait que l'intervention sarkozyenne en Libye fut « imprudente et irréfléchie », et que ses conséquences seront graves pour l'Afrique, le Proche-Orient et l'Europe. Les postures de Hollande envers la Syrie ne sont pas plus ineptes que la politique étrangère de son prédécesseur.

Pierre Lellouche se rend-il compte de ce qu'il dit, lorsqu'il conclut : "l'ennui, c'est que le monde réel ne fonctionne pas comme un coup médiatique à la manière de François Hollande" ? Cette formule s'appliquait autant (voire mieux) au règne de Nicolas Sarkozy. Qui lui-même n'innovait pas en la matière, sauf dans les formes... Après Villepin¹, Kouchner et Juppé, Fabius sous Hollande ne nous réserve sans doute aucune surprise. Il continuera, comme les précédents, dans les slogans et les foucades politically correct : la classe dirigeante française a perdu toute notion de géopolitique depuis les années 1990.

 

________

1. Sauf dans le seul cas de la guerre d'Irak, Villepin fut un homme de vent. Lire à ce sujet l'hilarante BD Quai d'Orsay (deux albums).