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15/05/2012

François Hollande devrait relire Marcel Pagnol

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 ...et lui rendre hommage ce matin après Jules Ferry et Marie Curie :



 

Né en 1895 d'un hussard noir de la IIIe République issu des écoles normales, « ces séminaires où l'étude de la théologie était remplacée par des cours d'anticléricalisme » (la Gloire de mon père), Marcel Pagnol a donné son nom aux amicales laïques des écoles de l'Hexagone. Il symbolise donc ce qu'est censé aimer François Hollande en matière de références. Mais on imagine l'indignation qui l'aurait saisi devant certains articles du programme Hollande durant la campagne présidentielle de 2012... Proposons au nouveau président de la République cette réflexion de Marcel Pagnol extraite de L'Eau des collines :

<< Un soir d'hiver, à la campagne, devant de flamboyantes bûches, je pensait tout à coup à Sparte, à ses lois, à ses moeurs, à son idéal... Lorsqu'un enfant naissait, une commission d'experts venait donc l'examiner, dans la chambre même de l'accouchée... Quant aux enfants « réformés » par ce « conseil de révision », les vieux sages les emportaient sous le bras, et allaient les jeter dans un gouffre voisin, qui s'appelait le Barathre. Finalement, cette race si belle, et si soigneusement épurée, que nous a-t-elle laissé ? Des noms de rois, auteurs de lois aussi sévères qu'un règlement pénitentiaire, des noms de généraux, dont les armées ne dépassèrent jamais les effectifs d'un régiment, des noms de batailles, dont la plus célèbre est le glorieux désastre des Thermopyles, et les murs effondrés d'une petite ville. Ces pierres éparses sous des ronces ne cachaient pas une Vénus, un Discobole, une Victoire ailée... Au centre d'un paysage quelconque, ces ruines anonymes ne sont pas dominées par un lumineux Parthénon, haut dans le ciel sur une Acropole, mais accroupies dans l'ombre au bord d'un trou. Ces hommes furent des Grecs de la grande époque, à deux pas d'Athènes, mère de l'intelligence et des arts. Pourquoi leur héritage est-il si misérable ? C'est parce qu'ils ont sacrifié leurs poètes, leurs philosophes, leurs peintres, leurs architectes, leurs sculpteurs ; c'est parce qu'ils ont peut-être précipité sur les rocs aigus, au fond du Barathre, un petit bossu qui était Esope, ou le bébé aveugle qui eût chanté à travers les siècles les Dieux et la gloire de leur patrie... Et parmi les trop pâles petites filles qui tournoyèrent un instant, frêles papillons blancs, à travers la nuit verticale du gouffre, il y avait peut-être les mères ou les aïeules de leur Phidias, de leur Sophocle, de leur Aristote ou de leur Platon ; car toute vie est un mystère, et nul ne sait qui porte le message ; ni les passants, ni le messager. >>

Il y a une différence apparente entre Sparte, tyrannie du collectif, et notre société, empire de l'individuel. Mais notre société aussi est en proie au vertige de l'eugénisme. Que l'eugénisme vienne de lois collectivistes (comme à Sparte) ou du caprice individuel (comme dans notre société libérale), qu'il soit idéologique ou pseudo-médical, le résultat est le même : c'est l'antithèse de la vie et le contraire de la civilisation. François Hollande devrait réfléchir à la portée de masse de certaines de ses promesses électorales ; il est encore temps.

 

 

Commentaires

LE SYSTÈME ACTUEL

> Même si Hollande réalisait la nocivité de ses mesures, renoncerait il à les appliquer pour autant ? Le système démocratique actuel ne place au pouvoir qu'un type de personnes bien particulier : ambitieuses à la limite de la folie, sans honneur, prêtes à toutes les compromissions, aux idées et à la morale en constante évolution. En clair, des hommes acceptant de sacrifier ce qui fait d'eux des hommes, la recherche de la vérité, pour ne devenir que les rouages d'un système.
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Écrit par : Gilles Texier / | 15/05/2012

LA CAMARADE JEANNETTE

> Les "valeurs d'aujourd'hui" sont le contraire des valeurs laïques de 1900. Rappelons même qu'en 1950 Jeannette Vermeersch, la compagne de Maurice Thorez, était contre la peine capitale en général "sauf" (disait-elle) "dans le cas des avorteurs". On mesure l'évolution depuis.
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Écrit par : louis rossel / | 15/05/2012

> C'est à rappeler à Jean-Luc "drapeau rouge" Mélenchon, nostalgique du PCF des fifties, mais qui veut mettre partout des centres d'IVG ouverts jour et nuit.
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Écrit par : chimney sweep / | 15/05/2012

PAGNOL CHRETIEN ?

> Merci d'avoir retrouvé ce joyau ! Et si Pagnol était, au fond, un des plus chrétiens parmi nos auteurs? La plupart de ses pièces, romans ou films, qui se recoupent n'ont-ils pas comme ressort le pardon par amour? Plus chrétiens en tout cas que bien des Grands Hommes reconnus comme tels de la littérature catholique, si lugubres, sentencieux ou pleurnichards.
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Écrit par : Pierre Huet / | 15/05/2012

> Merci pour ce très beau texte ! Je diffuse.
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Écrit par : Charles Vaugirard / | 15/05/2012

FLOGNARDE

> Bien vu ! D’autant mieux que le nouveau président, avec ses manières bonhommes, paraîtrait davantage accordé à Marcel Pagnol qu’à Jules Ferry.
Oui donc à la ruralité, à la proximité, à l’école de la vie entre bastides et garrigue.
Non à la fausse urbanité des villes et aux fantasmes de puissance et croissance des eugénistes.
Oui à la Corrèze des milhassous et de la flognarde, non aux potions amères de l’Europe spartiate !
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Écrit par : Denis / | 15/05/2012

JULES

> Jules Ferry, oui mais sans n'en rien omettre :
« Vous êtes l’auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de famille ; parlez donc à son enfant comme vous voudriez que l’on parlât au vôtre : avec force et autorité, toutes les fois qu’il s’agit d’une vérité incontestée, d’un précepte de la morale commune ; avec la plus grande réserve, dès que vous risquez d’effleurer un sentiment religieux dont vous n’êtes pas juge. »
(rappelé ce matin à la radio, enfin sur RND)
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Écrit par : Franz / | 15/05/2012

@ louis rossel et chimney sweep:

> Oui, il est bon de rappeler à la " gauche de la gauche" (Parti de Gauche, NPA et le PCF d'aujourd'hui) que Jeannette Thorez-Vermeersch était farouchement opposée à l'avortement et, au-delà, à toute pratique malthusienne. On pourrait citer aussi Benoit Frachon, dirigeant de la CGT et du PCF, stalinien bon teint, qui s'inquiétait dés les années 50 qu'on ne propose plus aux ouvriers qu'un consumérisme "à l'américaine": voiture, télé et pavillon, ou encore George Séguy, même profil que le précédent, qui dans les années 70 encore affirmait que les revendications homosexuelles n'avaient rien à voir avec celles des ouvriers. En ce temps-là le discours du PCF était bien construit et affirmatif: c'est le peuple qui défend la morale et la met en pratique alors que la bourgeoisie l'invoque haut et fort mais ne s'y soumet guère...Les choses ont-elles changé?
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Écrit par : grzyb / | 15/05/2012

COMMUNISTES

> C'est drôle : j'ai toujours eu l'impression qu'il y avait, chez les communistes français, une véritable répulsion-fascination pour le christianisme. Anecdotique mais symptomatique : à la médiathèque de ma commune de banlieue Sud, divers gauche ex-communiste (un bastion historique du PCF), on trouve à la fois les oeuvres de Staline (si, si), le Jésus de Petitfils, l''Histoire du Christ' de Papini et 'l'Imitation de Jésus-Christ' (ce dernier ouvrage, acheté il y a quelques semaines...)
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Écrit par : Feld / | 16/05/2012

QUELS AUTEURS ?

> Une question à Pierre Huet : à quels auteurs de "la littérature catholique, si lugubres, sentencieux ou pleurnichards" pense-t-il ? Simple intérêt d'amateur de littérature, sans distinction.
Par avance, merci.
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Écrit par : thierry bruno / | 20/05/2012

Les commentaires sont fermés.