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28/04/2012

Le "national identitaire" : un des pièges relativistes guettant les catholiques depuis le siècle dernier

 C'est ce que souligne la publication des archives du cardinal Gomá, primat d'Espagne pendant et après la guerre civile :

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Madrid, 1939 : le cardinal Gomá et le sabre d'honneur "offert au Christ" (sic) par Franco.


 

ROME, vendredi 27 avril 2012 (ZENIT.org) Une collection de 13 volumes contenant des documents de la guerre civile en Espagne, tiré des archives du cardinal Isidro Gomá (1869-1940), personnage clef de l’histoire de l’Eglise en Espagne, au XXe siècle, vient d’être présenté  au bureau des archives nationales de Madrid. Une des nouveautés apparues à la lecture de ces volumes : la présence fournie de témoignages sur le refus du nazisme par le futur pape Pie XII.  « Nous ne nous attendions pas à en trouver autant », a déclaré l’historien José Andrés Gallego, un des auteurs de l’œuvre intitulée Archivo Gomá. Documentos de la Guerra Civil. Né  à Calatayud, en 1944, le Pr José Andrés Gallego enseigne actuellement au Conseil supérieur pour la recherche scientifique espagnol.

Zenit - Qui était le cardinal Gomá ?

José Andrés Gallego - C’était le primat d’Espagne durant la guerre civile. Le conflit éclata alors qu’ils se trouvait dans la vallée de l’Ebre, pour des soins thermaux à Belascoáin; il était malade, souffrait, je crois, de colique rénales assez importantes. Et c’est ce qui lui a sauvé la vie : il se réfugia à Pampelune, où il fut accueilli au couvent des sœurs de Saint-Joseph.

Quelle signification a-t-il eu dans l’histoire de l’Espagne et de l’Eglise?

Au Vatican, ils ont attendu longtemps avant de reconnaître le gouvernement de Franco, pour d’évidentes raisons diplomatiques. Ils avaient ponctuellement des informations sur la persécution religieuse en zone républicaine, mais ignoraient qui avait le dessus chez les militaires qui s’étaient rebellés. Ils ont donc décidé de nommer Gomá, au poste de représentant personnel de Pie XI auprès de Franco lui-même. Cela signifiait que, jusqu’à ce que Cicogni fût nommé nonce, il le remplaça et joua un rôle très important dans les orientations du nouvel Etat. La possibilité que le nouveau régime puisse se diriger vers le nazisme préoccupait beaucoup Rome et les évêques espagnols.

Qu’apporte ce livre à l’historiographie ?

Les archives du cardinal Gomá ont longtemps été une pierre précieuse, dont on attendait l’ouverture mais qui n’arrivait pas. Nous avons pu travailler sur cela et, dès le début, avons compris que le meilleur service à rendre était de le mettre à la disposition des historiens et de tous ceux qui veulent se faire jugement propre. Il y avait plusieurs milliers de documents, il a donc fallu sélectionner et nous avons obtenu ces treize volumes. Leur publication a demandé plus de dix ans et divers livres – fondés en grande partie sur cette documentation – ont déjà été publiés.

Le livre apporte un nouvel éclairage au contenu de la fameuse lettre pastorale des évêques espagnols, de 1937 ?

Oui, c’est très clair. Les évêques espagnols, mais surtout Gomá – recevaient beaucoup de lettres pour savoir ce qui s’était réellement passé en Espagne. Et la plupart d’entre eux jugèrent bon d’écrire une lettre détaillée. C’est Gomà lui-même qui l’a écrite puis envoyée aux autres pour obtenir leur nihil obstat, en unissant les divers points de vue comme il le pouvait et la publiant avec la signature de presque tous les évêques.  

L’archevêque de Tarragone, Vidal i Barraquer, et l’évêque de Vitoria, Mateo Múgica, refusèrent de signer. Dans une lettre à Gomá, Mgr Vidal i Barraquer expliqua que, dans son cas, il n’était pas prudent qu’il signe, même s’il était d’accord dans la substance. Mateo Múgica refusa – à mon avis, pour de bonnes raisons – estimant qu’il ne pouvait signer une défense des autorités qui l’avaient empêché de retourner dans son diocèse, l’accusant de nationalisme basque.

Comment étaient les rapports entre le cardinal Gomá et les évêques d’autres pays?

Très cordiaux. La documentation abonde d’écrits du monde entier, en déclarations de solidarité et, très souvent, en aides financières, fruits de collectes entre les catholiques des divers pays.

Quelle fut l’attitude du Saint-Siège ?

Nous ne nous attendions pas à trouver dans la documentation de Gomá des témoignages aussi explicites de la position du cardinal Pacelli, secrétaire d’Etat de Pie XI, contre le nazisme. Eugenio Pacelli et le cardinal Pizzardo ont tout mis en œuvre pour garantir que les évêques espagnols diffusent l’encyclique  contre le nazisme « Mit brennender Sorge », de 1937, et ils le firent en passant par le cardinal Gomá. La question était délicate pour trois raisons : d’abord, parce que les nazis étaient des alliés de Franco, deuxièmement pour que la diffusion de l’encyclique coïncide  avec la décision de Franco d’unir la Phalange (mouvement politique de tendance nationaliste, ndlr) et les Requetés (miliciens carlistes, ndlr) en un seul parti et,  vu que beaucoup parmi les premiers l’acceptèrent malgré eux, on craignait que l’encyclique ne soit interprétée comme un refus des Phalangistes et, enfin, parce qu’il y avait des évêques qui pensaient – et ils le dirent à Gomá, dans leur courrier – que le thème de l’encyclique n’avait rien à voir avec l’Espagne.

C’est pour cette raison qu’elle a été retardée, pour choisir le meilleur moment. Et ce furent les jésuites de la revue Razón y fe qui obligèrent le cardinal Gomá à accélérer sa publication ; ils lui expliquèrent que dans Razón y fe toutes les encycliques du pape étaient publiées et qu’ils n’auraient fait aucune exception. >>

 

Note de PP – Sur cette période espagnole, je me permets de conseiller la lecture de mon livre L'Opus Dei, enquête sur le 'monstre' (Presses de la Renaissance 2006), chapitres 1 et 2 :

 <<  En avril 1939, le cardinal Isidoro Gomá, archevêque de Tolède et primat d'Espagne, voulait encore voir en Franco '' l'instrument des plans providentiels de Dieu sur la patrie'' ; mais quatre mois plus tard, au bruit incessant des salves des pelotons d'exécution, le même cardinal publie une lettre pastorale (intitulée Leçons de la guerre et devoirs de la paix) pour demander le pardon et la réconciliation. Franco réplique en interdisant froidement la diffusion de cette lettre. L' ''instrument des plans de Dieu'' fait taire l'Eglise...

<<  Qu'est-ce que le régime franquiste, qui assujettit l'Espagne en cette année 1939 ? Un édifice bizarre dont le ''souverain'', homme sans pardon, se mêle aussi de catholicisme. Franco s'est proclamé ''caudillo d'Espagne par la grâce de Dieu''. ''Caudillo'' est un vieux terme qui veut dire chef ; ''par la grâce de Dieu'' est un cadeau de l'évêque de Salamanque. Ce prélat a qualifié de ''croisade'' le soulèvement militaire en septembre 1936. Jusque là, les généraux n'avaient pas invoqué la religion ; à partir de la lettre de l'évêque, Franco s'est octroyé une légitimité céleste...

<< Franco veut que Dieu lui soit utile. Dans un pays dont plus de la moitié de la population reste attachée à une certaine vision catholique des choses, être là ''par la grâce de Dieu'' aide à garder la main. Mais pour Franco comme pour les idéologues de la Phalange, le catholicisme est d'abord une composante de ''l'identité nationale espagnole''. Durant les années 1940, le régime va multiplier les manifestations politico-religieuses. Inaugurations solennelles de lieux de culte, discours de ministres exaltant ''l'Espagne de Thérèse d'Avila'' (sic), soutanes et chemises bleues, signes de croix et bras levés : cette utilisation du religieux par le politique – les historiens la nommeront ''national-catholicisme'' – irrite le cardinal catalan Vidal i Barraquer, exilé en Italie, qui explique ainsi la situation au pape Pie XII : ''Il est regrettable de voir comment les évêques se prêtent à faire une religion patriotique, basée sur des messes champêtres et des Te Deum... Les pèlerinages au Pilar, tellement à la mode, plutôt que de former le peuple dans la vraie piété, tendent à créer une image d'hispanisme.''

<< En 1939, la confusion est donc grande dans l'Eglise espagnole. Comment refuserait-elle l'aide du nouveau pouvoir ? Mais comment ne pas voir que cette aide est manipulatrice et que son idéologie dénature la foi chrétienne ? Dès le mois de mai, la Conférence des évêques métropolitains se réunit à Tolède et s'interroge. Elle sent quelque chose de malsain dans le rapport de forces qui s'installe dans le pays. Les évêques craignent que la Phalange ne s'empare de l'Etat et ne devienne un pouvoir totalitaire – à l'image ce qui se fait ailleurs en Europe. L'Eglise n'aime pas l'idéologie des phalangistes. Leur jeune leader José Antonio Primo de Rivera, fusillé en 1936 à Alicante, se disait catholique ''puisqu'espagnol'' : ce relativisme n'était guère théologique. Ses successeurs vont plus loin : ils se rêvent en émules de Mussolini ; or on connaît la phrase du Duce : ''Je prends le citoyen à la naissance et je le garde jusqu'à la mort, moment où je le rends au pape.'' D'autres phalangistes lorgnent du côté de l'hitlérisme, pourtant condamné depuis 1937 par une encyclique de Pie XI1...  La Phalange exalte (exclusivement) une vision identitaire de la vie : « Nous voulons être plus espagnols que nous ne l'avons jamais été », proclame-t-elle. Une déclaration martiale qui ne veut pas dire grand-chose et n'aboutit qu'à transformer le pays en camp retranché... >>


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1. Mit brennender Sorge (« Avec un brûlant souci »). Cette encyclique a été mise au point avec Pie XI par les évêques allemands et le cardinal Pacelli. La Phalange tentera d'empêcher sa diffusion en zone "nationale".


 

Commentaires

RELATIVISME

> D'accord avec ça : "justifier" le catholicisme par on ne sait quel accord entre lui et le subjectivisme nationaliste, n'est pas mieux que de le justifier par on ne sait quel accord avec le marxisme (comme c'était la mode il y a quarante ans). Dans les deux cas c'est du relativisme, donc la fin de la foi.
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Écrit par : segadors / | 28/04/2012

UN DANGER CONNU DE LONGUE DATE

> C'est le problème posé depuis le XIXe siècle par le nationalisme : pour construire un sentiment d'appartenance des citoyens à la communauté nationale, cette nouvelle "foi" a besoin de marqueurs identitaires forts : le catholicisme en Espagne, l'anglicanisme en Angleterre, l'orthodoxie en Russie...
La foi chrétienne est pour ainsi dire colonisée par un autre système de croyances, mise au service d'objectifs qui lui sont fondamentalement étrangers.
Rappelons que le nationalisme ou « phylétisme » a été condamné en 1872 comme hérésie par le patriarcat de Constantinople. L'Eglise catholique n'est donc pas la seule à s’être alarmée du danger.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 28/04/2012

BERGSON ET LES "SOCIETES CLOSES"

> Des sociétés closes.
(et non, ce n'est pas de Popper, mais antérieur à son ouvrage)
Dans son ouvrage "Les deux sources de la morale et de la religion", que je viens de commencer, Bergson nous propose un éclairage très intéressant sur la différence entre la société humaine, ouverte, et les sociétés, même les plus civilisées, extensions de la famille et du village, closes. Voici quelques extraits:
"...entre la nation, si grande soit-elle, et l'humanité, il y a toute la distance du fini à l'indéfini, du clos à l'ouvert. On se plaît à dire que l'apprentissage des vertus civiques se fait dans la famille, et que même, à chérir sa patrie, on se prépare à aimer le genre humain (...) C'est là un raisonnement à priori, issu d'une conception purement intellectualiste de l'âme. (..) ce qui encourage d'ailleurs l'illusion, c'est que, par une heureuse rencontre, la première partie du raisonnement se trouve être d'accord avec les faits : les vertus domestiques sont bien liées aux vertus civiques, pour la raison très simple que famille et société, confondues à l'origine, sont restées en étroite connexion. Mais entre la société où nous vivons et l'humanité en général il y a, nous le répétons, le même contraste qu'entre le clos et l'ouvert; la différence entre les deux objets est de nature, non plus simplement de degré.Que sera-ce, si l'on va aux états d'âme, si l'on compare entre ces deux sentiments, attachement à la patrie, amour de l'humanité? Qui ne voit que la cohésion sociale est due, en grande partie, à la nécessité pour une société de se défendre contre d'autres, et que c'est d'abord contre tous les autres hommes qu'on aime les hommes avec lesquels on vit?
Tel est l'instinct primitif. Il est encore là, heureusement dissimulé sous les apports de la civilisation; mais aujourd'hui encore nous aimons naturellement et directement nos parents et nos concitoyens, tandis que l'amour de l'humanité est indirect et acquis. A ceux là nous allons tout droit, à celle-ci nous ne venons que par un détour; car c'est seulement à travers Dieu, en Dieu, que la religion convie l'homme à aimer le genre humain; comme aussi c'est seulement à travers la Raison, dans la Raison par où nous communions tous que les philosophes nous font regarder l'humanité pour nous montrer l'éminente dignité de la personne humaine, le droit de tous au respect."

Je comprends à présent pourquoi je cherche à redéfinir la famille, et mon intuition d'un piège à vouloir défendre, comme le font actuellement nombre de catholiques, notre vision embourgeoisée, en partie crypto-païenne, de la famille.
Ce qui s'est vécu dans l'Eglise d'Espagne de Franco, merci cher Patrice de nous le faire connaître pour aujourd'hui.
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Écrit par : Anne Josnin | 28/04/2012

HOBBES N'EST PAS LOIN

> Ce que je n’accepte pas dans ce texte de Bergson (que j’admire par ailleurs), c’est ceci : « […] la cohésion sociale est due, en grande partie, à la nécessité pour une société de se défendre contre d'autres, et […] c'est d'abord contre tous les autres hommes qu'on aime les hommes avec lesquels on vit […] »
Hobbes n’est pas loin : la sociabilité humaine interprétée comme une réponse culturelle à la guerre de tous contre tous ! Pourtant, même si nous acceptions la version girardienne du mythe hobbesien, il n’en resterait pas moins vrai que c’est la réciprocité qui est première, non l’hostilité envers son semblable. Des expériences ont montré que dès les premiers instants de sa naissance le nourrisson fait preuve d’empathie envers sa mère, et noue avec elle des relations essentielles à son développement psychique ultérieur et à sa survie.

Du point de vue des sciences humaines, Bergson se trompe quand il allègue un « instinct primitif », jugulé par la culture, et d’où découleraient les tensions et les conflits entre le proche et le lointain. Il aurait dû inverser les termes : ce sont les cultures, dans la mesure où elles sont marquées par le péché originel, qui sont porteuses de rapports violents. Historiquement nous voyons bien que tout rapport de différenciation et de hiérarchisation entre les hommes a tendance à générer des inégalités et de la violence : l’opposition entre l’homme et la femme (Adam et Eve), entre le pasteur et l’agriculteur (Abel et Caïn), etc. Et chez les Grecs anciens, aux temps héroïques de l’illiade et de l’Odyssée, le mensonge et la ruse étaient des vertus lorsqu’ils étaient mis au service de sa parenté ou de ses alliés contre l’étranger… Comme le dit Jean-Marie Le Pen : « J’aime mieux mes filles que mes cousines, mes cousines que mes voisines, mes voisines que des inconnus et les inconnus que des ennemis. »

BJL


[ De PP à BJL - Oui, Hobbes. Et le désastreux Gustave Le Bon (1841-1931) : un des pères du relativisme de droite. Quand on le relit en 2012, on a du mal à comprendre comment de grands esprits ont pu le prendre au sérieux. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 29/04/2012

Cher Blaise,

> d'accord avec vous! (mon penchant, précédemment reproché, "rousseauiste"). Il faut que je continue ma lecture pour mieux comprendre Bergson, mais ce que je retiens, c'est qu'il y a une conception de la famille qui est l'équivalent du nationalisme au niveau cellulaire de la société, qui se définit par opposition, s'enorgueillit dans la lutte contre ce qui ne lui est pas conforme,enfin s'érige en seul modèle légitime. ...à creuser.
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Écrit par : Anne Josnin / | 29/04/2012

@ BJL

> Peut-on dire que les cultures, marquées par le péché originel portent des rapport violents? oui, mais elles ne font que les véhiculer: ce qui les a viciées , ce sont des sentiments et comportements personnels: envie, jalousie, mimétisme.
-Le mensonge, la ruse, et aussi le vol vertus au service du clan ou de l'ethnie, c'est encore actuel chez beaucoup.
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Écrit par : Pierre Huet / | 30/04/2012

@ Pierre Huet

> Je serai plus radical que vous: nous devons prendre au sérieux la catégorie de "structures de péché".
Ainsi la différence homme-femme, évoquée plus haut : pour quelle raison mystérieuse aboutit-elle dans la plupart des cultures, à une inégalité des sexes? Au fond, il n'y avait rien d'inéluctable à cela... Nous avons affaire dans ce cas de figure, non pas seulement à des sentiments ou des attitudes déplacés, mais à des rapports sociaux stables, qui instituent cette emprise de l’homme sur la femme, et à des productions culturelles justifiant cet état de fait. Les cultures humaines, qui sont bonnes en soi, demeurent donc entachées par le péché originel ; elles ne connaîtront leur accomplissement véritable qu’à la parousie…
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 30/04/2012

@ Anne Josnin

> Pourquoi opposer des « sociétés finies et closes » à une « humanité infinie est ouverte » ? Que les sociétés familiales et nationales ainsi que d’autres, comme les entreprises ou les groupes religieux soient d’extensions limitées, bien sûr, mais n’étant pas figées (naissances, mariages, mort, émigrations, immigration, annexions parfois, acquisition, conversions…) et en communication et commerce plus ou moins forts avec les autres, elles ne sont jamais complètement closes. De son côté, l’humanité a un contour changeant mais bien réel : nous ne somme pas des chimpanzés ni des escargots.
Ce qui est certain, c’est que tel ou tel à un pouvoir d’action plus important sur les sociétés auxquelles il appartient, donc une responsabilité plus grande devant Dieu et les hommes. Aimer le genre humain et respecter toutes les personnes, oui, mais concrètement, nous il ne nous appartient guère de faire en sorte qu’on ne vende pas en Chine du lait maternisé frelaté alors que nous devons éviter de gaver nos enfants de « malbouffe ». Est-il anormal que nous ressentions plus de solidarité et d’affection pour ceux avec qui et pour qui nous avons une action et un destin communs ?
Quant à la conclusion que vous en tirez, elle surprend. Vous cherchez à redéfinir la famille ? Outre que le projet manque de modestie, il risque de faire double emploi avec l’enseignement de l’Eglise ou on trouve déjà bien des choses, ou bien de le contredire. Ou voulez-vous donc en venir ? Vous semblez habitée par une détestation de ceux que vous qualifiez de « bourgeois », mais le sont-ils plus que vous ? Ce type de rancune socio-politique est rarement de bon conseil : il ne faudrait pas que vous vous construisiez une anthropologie sur mesure pour justifier vos choix et vos aversions politiques.
Rejeter les nations, repenser la famille, vous ne serez par la première à le faire, mais n’oubliez pas que ceux de la génération précédente qui s’y sont lancés ont fini libertaires-libéraux pleins de fric.
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Écrit par : Pierre Huet / | 30/04/2012

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