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10/03/2012

Abraham, la richesse et... le libéralisme ?

Un ami protestant déplore que les catholiques contestent le libéralisme :


« Cela revient, dit-il, à critiquer l'idée même de richesse : critique qui n'est pas dans l'esprit de la Bible, puisqu'Abraham a de grands biens. »

Mais parler de « biens » et parler de « libéralisme » sont deux choses différentes : les biens font partie de la réalité, le libéralisme est une idéologie.

Et à propos d'Abraham, puisque c'est l'exemple choisi : ce n'est pas vraiment un exemple de démarche capitaliste libérale.

Relisons Genèse 12 : Abram, âgé de 75 ans et déjà « très riche en troupeaux, en argent et en or » (13,2), ne réalise aucun investissement : au contraire, il fait un pari d'ordre spirituel. Il obéit à la voix de Dieu qui lui ordonne de quitter le lieu où il vivait avec sa famille. En échange de sa confiance, Dieu lui promet une descendance innombrable (13,16) : c'est autre chose (même dans ce contexte archaïque) qu'une annonce de gain supplémentaire en troupeaux, en argent et en or ; et les chrétiens savent de quelle descendance vraiment innombrable il s'agit. Au chapitre 14, on trouve l'épisode de la guerre victorieuse d'Abram contre Kedorlaomer, à l'issue de laquelle Abram laisse au roi Béra des biens qu'il aurait eu le droit de reprendre (« tu ne pourras pas dire : c'est moi qui ai enrichi Abram »). Puis Abram « donne la dîme » à Melkisédeq le roi-prêtre, figure du Messie, qui « fournit du pain et du vin » et « bénit Abram » : prophétie du Salut... Au chapitre 15, Dieu redit à Abram ce que sera sa « solde », ou « butin » (15,1) : une descendance aussi nombreuse que les étoiles, ainsi que la Terre Promise au nom de l'Alliance.

Tout cette histoire religieuse parle du plan de Dieu envers l'humanité. Ce n'est pas une allégorie capitaliste de l'enrichissement comme produit de la bénédiction divine...

 

 

Commentaires

PROTESTANTS

> En ces temps de fort oecuménisme (et c'est bien dans beaucoup de domaine), on oublie un peu une chose: chez les protestants pour lesquels la vie sacramentelle est bien réduite, c'est la richesse qui est signe de la bénédiction de Dieu. Gardons cette spécificité catholique et témoignons en !

L.


[ De PP à .L. - Ne généralisons pas... Un "évangile de la prospérité" existe dans des milieux protestants, mais beaucoup d'autres n'en sont pas atteints. Dire que pour eux l'argent remplace les sacrements, serait inexact et pour le moins agressif ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : ludovic / | 10/03/2012

NE PAS CONFONDRE

> Entièrement d'accord! Il ne faut pas confondre "être riche et bien gérer ses richesses" avec "tirer un profit maximum des ressources et des êtres pour accroître nos richesse". Je ne crois pas que le protestantisme soit au service du capitalisme tel qu'il est vécu dans nos sociétés.
Merci pour ce partage !
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Écrit par : lionel / | 10/03/2012

PAS LE SEUL

> Votre ami protestant n'est pas le seul à user (et abuser) de la référence abrahamique. Chez certains catholiques par exemple...
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 10/03/2012

PAS UN MODÈLE

> N'oublions pas en sus que ces hommes-là avaient "le droit" de répudier leur femme, d'en prendre plusieurs, etc. "à cause de la dureté des coeurs", comme dira le Christ mille ans plus tard.
Aussi leur vie matérielle ne peut en aucun cas devenir un modèle pour nous qui vivons après la venue du Rédempteur.
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Écrit par : JG / | 10/03/2012

Oui, de quelle richesse parle-t-on ?

"le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue" : Extraits d’un discours de Bob Kennedy en 1968, peu avant son assassinat :
“Notre PIB prend en compte… la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de séquoias ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production du napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise la fabrication du fusil Whitman et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants…
… En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue”.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 13/03/2012

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