Que notre justice "surpasse celle des pharisiens"

De l'évangile de ce matin, à la vénération de la Couronne d'épines de la Passion du Christ (Notre-Dame de Paris) cet après-midi :

 

Jésus dit (Matthieu 5, 20) : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux. »¹

Dans la Bible et dans cette parole du Christ, « justice » désigne à la fois la conduite humaine selon la Loi (Ezéchiel 3, 16-21) et la piété irréprochable (Ezéchiel 18, 5-26, Psaumes 18, 21-25 ; 15,18 ; 24, 38 ; 140, 14). : ce que je dois à autrui, et ma conformité à la volonté de Dieu, sont deux aspects de la même chose.

Si je me fais de la volonté de Dieu une idée légaliste, sectaire, abstraite, je ferai de ma religion un rite de tribu : une guerre contre « ceux qui ne sont pas nous ». Je ne serai capable que de parler à ma tribu : ce qui est l'inverse du témoignage. C'est ainsi que les dignes pharisiens (implacables sur la théorie, excessifs sur la pratique²) méprisaient non seulement l'étranger païen mais la moitié de leur propre peuple : les compatriotes impurs, ceux qui n'étaient pas dignes de faire partie des « préférés de Dieu ». Ainsi les pharisiens forgeaient l'image d'un Dieu s'imposant à tous mais réservé à quelques-uns, donc absurde.

Le Christ dit à ses disciples de suivre une autre voie que celle des pharisiens. Il ne s'agit évidemment pas de tourner le dos à la Loi révélée (dans les versets précédents, Jésus dit : « n'allez pas croire que je suis venu abolir la Loi et les prophètes »). Il s'agira de vivre la Révélation mais différemment : pour autrui, non pour soi, et sous l'éclairage nouveau de la Résurrection. Les disciples devront aller à la rencontre de toute l'humanité, païenne autant que juive. C'est ainsi qu'ils « entreront dans le Royaume des cieux » qui commence ici-bas.

 

> Un signe de l'universalité du Royaume : la foule cosmopolite qui remplit la cathédrale de Paris tous les vendredi de Carême (cet après-midi par exemple) pour vénérer la Couronne d'épines de la Passion du Christ, relique attestée depuis l'Antiquité.

 

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1.  Antienne de l'office de ce matin (liturgie catholique des Heures) et évangile de ce matin.

2. Ils multipliaient les prescriptions (les « barrières »: c'était leur expression) pour protéger leur identité, confondue avec l'orthodoxie.